I - Le secret magique n'est plus suite à l'attaque des Churchill revendiquée par les mangemorts. Quelle a été ta réaction ? Tartine mordue, geste en suspens à l’instant même où le regard s’est posé sur l’article en question. Les nouvelles du matin se sont avérées bien mauvaises, guerre ouverte déclarée par un groupuscule qui aurait pu être arrêté bien avant que le pronunciamiento ne soit officiel. Sourcil froncé et soupir sur les lippes une fois la bouchée avalée. Ajoutez un horoscope des plus douteux à l’équation, et rien n’aurait pu être moins annonciateur qu’une journée sous de mauvais augurs.

II - Quelle a été ta réaction suite à la mort tragique d'Adhara Goyle sur le bûcher de la Saint Godric ? Elle avait fait l’effort de se mêler à la populace moldue, de savourer des festivités dont elle n’avait que faire, sous prétexte de jouer la comédie engendrée par l’ancien ministre de la magie. Pressentiment dans les entrailles que la journée ne serait pas au beau fixe, que le retour de bâton ne tarderait pas à poindre. Vieille comptine sur le bout de la langue qu’elle ne pouvait chanter, « ma maman ta maman sorcière tu mourras… ». Phalanges glissées sur les lèvres, choc dans les prunelles, et la paume maritale qui l’extirpe de la foule, la ramène chez eux. Amertume sur la langue, ils ne sont pas plus en sécurité ici qu’ils ne l’étaient à Loutry Ste-Chaspoule.

1928 ● BIRTH - garçon tant attendu ne pointe pas le bout de son nez, déception dans le cœur parental, sans que l’enfant ne le ressente, confiée aux bras les plus doux. Lacune fait pourtant froncer le nez, nul cri ne venant franchir les labres gourmandes. Les médicomages décèleront la tare, aphasie magique, cordes vocales scellées, et qui jamais ne se développeront : pas assez de cas pour entamer une recherche sur le sujet. Puînée s’avère être le grain de sable dans l’engrenage d’une famille fière, déclarée trop fragile, située entre la bénédiction et la malédiction, plus proche de cette dernière. jezabel.
1929 - 1939 ● CHILDHOOD - gamine a beau ne pas répondre aux critères de la famille, elle n’en est pas moins Gamp, attirée par les histoires, les mythes et les légendes, écoute les tableaux qui lui content les récits qu’ils ont mille et une fois soufflé dans les oreilles attentives. Ressasse les fictions dans la caboche, se surprends à rêver de devenir un jour de ces archéomages qui parcourent le monde à la recherche des antiques cités perdues. Chimères brusquement interrompues par les leçons du jour, éducation bien trop complète pour une enfant qui, on le suppose, ne fera pas une grande sorcière, mais n’en sera pas moins admirée pour ses compétences. Piano bientôt en horreur pour les concertos en public, art du dessin pour peintures éveillées, oubliées dans le grenier, premières histoires écrites et illustrées, abandonnées dans des coffres à jouets, poterie qui démontre bientôt un vif intérêt parental, répliques de ceux qui décorent la demeure, future faussaire prête à être exploitée. *
1940 ● 11 ANS - elle aurait presque pu jurer avoir vu le calmar géant sous la lumière astrale, mais ne saurait en souffler mot, se contente de garder en tête cette illusion plaisante. Tout comme la plupart des Gamp, Serdaigle l’accueille en son sein. Se pose la problématique de son mutisme, à laquelle son directeur de maison trouve pourtant plus d’une parade, de l’accès à la salle commune à la pratique de l’art de la magie. Contrairement à ses camarades supposés apprendre les sorts informulés à partir de la sixième année, elle se doit de les pratiquer dès la première, s’octroyant un peu moins de temps libre pour vaquer à ses occupations pour plus de cours particuliers en présence de professeurs et de tuteurs de septième année. L’on aurait pu penser que ces derniers seraient bien ennuyés de s’octroyer du travail en plus, il n’en est rien cependant. Il serait malavisé de prétendre la réussite immédiate de cette pratique. Son premier sortilège informulé ne fonctionnera qu’en fin de première année, et il s’agit du plus basique de tous : « lumos ».
1941 - 1947 ● HOGWARTS - la solitude semble être une constante dans la réalité de la jeune fille. Ses camarades sont distants, peu désireux de chercher à se lier d’amitié avec la muette de l’école. Cela ne semble guère la déranger outre mesure, pour peu qu’on la laisse tranquille. Le harcèlement pourtant, devient bientôt une donnée qui s’ajoute à la routine, l’oblige à s’isoler de plus en plus dans les recoins les moins fréquentés de l’école. Jamais une plainte cependant, se contente d’étudier pour obtenir les meilleures notes de sa promotion, s’attire l’antipathie pour cela, mais la reconnaissance de certains, pour le don de points qu’elle accorde malgré elle à sa maison. Son travail sur les sortilèges informulés est payant, puisqu’elle n’a que très peu de distractions pour la détourner. B.U.S.E sont obtenues avec d’excellentes notes, tout autant que les A.S.P.I.C, qui marquent la fin d’une scolarité dont elle n’a, finalement, que très peu de bons souvenirs.
1947 ● 18 ANS - si l’un a été quelque peu consulté, l’autre en revanche, découvre avec stupeur et désarroi le mariage à venir pour la fin de l’année. Union hivernale qui lie définitivement son existence à celle d’Octavio Rosier, homme carriériste qui ne s’intéresse pas plus à elle, qu’elle à lui. On se débarrasse d’elle, ou plutôt, l’on rectifie le comportement de l’aînée qui n’a pas la moindre intention de se marier prochainement, préférant ses livres à une vie maritale. Et elle dans toute cette histoire ? On suppose que cela ne devrait pas la déranger, que peut-elle espérer de mieux, elle dont la tare ne peut lui apporter carrière sur plateau d’argent ? « goodbye london »
1948 ● 19 ANS - sous l’impulsion de son époux et les bons contacts dont il dispose, le talent lui est reconnu, signature d’un contrat auprès d’une maison d’édition pour la publication de son premier roman – d’aventure – sous le pseudonyme de darcy o’connor, afin de ne pas froisser sa belle-famille qui ne voit pas d’un bon œil cette fantaisie. Contre toute attente, la vente est un tel succès et l’espérance d’une suite tant demandée qu’elle se plonge dans l’écriture d’une saga littéraire, qui ne connait pas encore de fin à ce jour. Elle ne se cantonne pas à cette dernière cependant, se permet d’explorer divers types d’écriture, de la nouvelle au roman d’amour en passant par le frisson et l'horreur… ainsi que de la littérature érotique, sous un autre pseudonyme cette fois [lottie felcroft]. Seul son agent est au courant de sa véritable identité.
1949 ● 20 ANS - admiratrice de son travail de reproduction en passetemps, la sœur aînée lui propose d’intégrer la pègre magique, sous la coupelle de la famille Shafiq qui la met plus d’une fois à l’épreuve en lui demandant de répliquer des œuvres minutieuses. Les essais semblent suffisamment concluants pour passer pour originaux, lui ouvrent des portes dont elle entendait parler sous cape. Travail illégal mais payant, tant par les gallions qui remplissent peu à peu son coffre « personnel » de Gringott’s – le commun accueillant le fruit de son imagination – que la gratification. Pour la première fois de sa vie, elle se sent acceptée en tant qu’individu, en tant que sorcière capable de quelque chose. Dans cette même directive, elle réussit à se changer pour la première fois - non sans douleur - en ce mystérieux animal qu'elle ne soupçonnait pas encore. Féline de la tête aux pieds, animagus, récompense pour son travail acharné.
1952 ● 23 ANS - une personne serpent est découverte dans un cirque par une moldue, la dr. Bhavna Craine. Fondation des chasseurs de monstres. Une information dont le couple Rosier n’a pas vraiment mention, les deux protagonistes bien trop accaparés par leur propre carrière. Aucun enfant à l’horizon, malgré les multiples tentatives. Et s’il n’y a aucun reproche, elle ne peut s’empêcher, la sorcière, de se demander si elle n’est pas la cause de ce vide dans la demeure, s’informe auprès des spécialistes sans jamais le faire en cachette de son époux, ni même le pousser à s’interroger de son côté.
1953 ● 24 ANS - l'illustre monsieur Ollivander disparaît aux mains des chasseurs. Le monde magique quitte progressivement Londres. Création des passeurs, une organisation secrète pro-cohabitation moldue et sorcière par les enfants d'Ollivander et des moldus. Fondation des mangemorts en secret également. Les nouvelles semblent les préoccuper tous les deux. Toutefois, ils ne se sentent nullement concernés par l’exode des sorciers de Londres, ayant préféré deux ans après leur mariage, un cottage à Loutry Ste-Chaspoule, village semi-sorcier où ils se sentent parfaitement intégrés et surtout où règne le calme.
1954 ● 25 ANS - Le ministère ordonne aux sorcier·e·s de se faire passer pour un·e moldu·e tandis qu'un dénommé Tom Riddle rassemble ses premiers fidèles mangemorts. Fin août, le secret magique a explosé suite à l'assassinat de la fille Churchill, les moldus sont au courant de l'existence du monde sorcier. Ce qu’il se passe à Godric’s Hollow ne les touche pas, ils ne sont au courant que par le biais des journaux et semblent s’inquiéter un peu plus de ce retour en arrière. Pis encore, l’attaque des mangemorts à l’encontre du ministre moldu laisse la jeune femme sur une note amère quant au chemin que semble prendre le groupuscule élitiste. Les belles paroles ne sont plus, les actes eux, ne sont pas sans rappeler ceux de Grindelwald, dont on lui a tant conté les méfaits. Sur une note personnelle, Octavio et elle choisissent de mettre fin à leur mariage, sans rien signer pourtant. Ce qui ne les empêche pas de vivre en harmonie dans la demeure conjugale.
1955 ● 26 ANS - époque actuelle. Lors des célébrations de la fête de la Saint Godric, à l'occasion du grand bûcher, Adhara Goyle, une sorcière disparue depuis quelques temps est dévoilée par des hommes d’Église dans le ventre de la bête. Le bûcher est allumé avec la jeune femme en son sein. Représailles pour l’assassinat de la fille de Churchill. C’est en mars qu’ils choisissent de quitter Loutry Ste-Chaspoule, après une recrudescence de chasseurs dans leur village si paisible. Les actes des mangemorts ne sont pas passés inaperçus, et Jezabel ne se sent plus en sécurité, agressée par un chasseur pour le simple fait que son prénom ne lui revenait pas. Ils choisissent de rejoindre quelques cousins sur Godric’s Hollow, pensant à tort que la sécurité y serait plus sérieuse. La mise à mort sur le bûcher d’une congénère ne manque pas de la choquer, sans que personne ne puisse rien faire. Elle se jure presque de ne plus mettre un pied dans la partie moldue du semi-village.