temporalité du rp : fin mars, 1955
personnages concernés :  @Hazel Greyback & Cassiopeia Rowle
trigger warnings : aucun pour l'instant
intervention autorisée du mj : [ ] oui [X] non
autre(s) : ///

IN FOR THE KILL - 2021-2022

Enveloppe fantomatique, voilée de ses étoffes lineuses, la louve errait dans ces bois en paysage familier. Successions de pérégrinations guidées par les sens aiguisés, les griffes assistées par le tranchant de la lame récoltaient ses trouvailles herbacées dans le creux de la besace. Butin aux teintes délicatement poudrées ou mousseuses, les spécimens engraissaient joyeusement l’humeur joviale de l’âme baladeuse. Le marbre plantaire dénudé glissait avec expertise contre la fraîcheur du chaos sylvestre, progression lente et mesurée en témoignage de son intime connaissance des lieux. Seuls les souffles et expressions exaltés de son fidèle compagnon brisaient la quiétude appliquée en mélopée réconfortante dans l’immensité sauvage. Quelques échos lui faisaient par instant détourner son attention de ses beautés vertes, le minois s’illuminant de tendresse aux visions d’Eros le museau englouti sous un épais feuillage. L’imposant canidé aux allures lupines semblait imiter celle qu’il associait au statut de maîtresse, récoltant sans l’ombre d’un embarras dans son pelage ivoirin les effluves enivrantes du petit Boursouf aux teintes acidulées criardes. Deux êtres à la présence jugée d’évidence, l’absence imposée du plus sauvage des deux ces derniers mois était venue en rappel lancinant du conflit l’ayant déchiré avec le loup dont elle partageait les pénates forestières.

Cohabitation usuelle, si familière que jamais aucun doute n’était venu vicier l’entente pourtant jugée d’ambigüe pour une oeillade extérieure, le climat se parait à présent d’égards inédits. Voile des interdits levé pour laisser éclater les appels lancinants des bêtes logées sous les côtes. Les loups se découvraient à la lueur d’une attraction latente depuis des décennies, nouvelle réalité face à laquelle la conscience peinait à s’acclimater. Crainte en bourgeon silencieux logé dans les entrailles, son éclosion menaçait à chaque instant, à chaque abandon auquel ils cédaient avec une facilité déconcertante. Pourtant la carcasse rechignait à s’en éloigner, à seulement s’extraire du confort simple offert par le chalet. Après tout le patronyme de celui longtemps catalogué de « meilleur ami » remplacerait le sien dans seulement quelques mois. Noces arrangées à la pureté toute relative, au fruit défendu déjà allègrement croqué, à l’annonce jalousement gardée pour l’heure, elles pesaient en menace latente sur leur entente chaotique. L’angoisse à la progression rampante perdait toutefois en vélocité au contact du paysage sylvestre. Les grondements en hypnose des sens amenuisaient le chaos interne, lénifiant l’humeur pour y distiller quiétude et confiance salvatrices.

Ce fut pourtant à l’approche de l’alcôve intimiste que les tissus vinrent se tendre en secousses alertant d’une intrusion. Blunder et Jax déjà engagés auprès de l’âme égarée, les échos enjoués de leurs salutations ne parvenaient guère à apaiser le trouble rugissant dans les entrailles. Pressentiment néfaste. Quiétude brisée. La louve rouspétait à la perspective d’un échange qui ne soit pas sollicité. Au détour de la petite serre aménagée, le gel s’abattit sur la carcasse. Paralysie des membres à l’accroche des prunelles sur les contours de la sauvageonne, la bête couinait sous la carne. Malaise rampant en urticaire de feu, les rappels douloureux de leur dernière altercation résonnaient au fond de la caboche. Ses accusations reprenaient en intensité, malmenant la symphonie du myocarde, amenuisant la quiétude du torse noué d’appréhension.  
« Gabriel n’est pas là. » Simple fait formulé sans que les lippes ne s’embarrassent à lâcher une salutation après leur précédente altercation. La louve grondait de ce mal lui ravageant les viscères. L’affection si longtemps allouée à la demoiselle s’en retrouvait férocement contrite. Point d’amenuisement des sentiments, distance toutefois imposée pour se préserver d’elle et ses piques acerbes. D’ordinaire la cuirasse ne s’embarrassait guère des attaques vicieuses de ses détracteurs, poignards ricochant contre la carapace. Hazel savait pourtant où frapper, comment frapper et avec quels mots. « Je lui dirai que tu es passée… » Concession accordée alors que les cabots se faisaient rappeler à l’ordre en un claquement de doigts. Obéissance gagnée depuis des décennies, la petite meute s’engageant contre ses mollets dans leur éternelle démonstration d’affection. Les truffes se reconnaissaient, les quenottes s’agrippant avec tendresse aux flancs enthousiastes, peuplant de leur joie le silence pesant séparant les louves.

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nouvelle lune. La lune étincelante avait été engloutie jusqu'à l'anéantissement. Alors, c'était un moment propice à l'introspection pour la môme, elle qui ne rêvait que de changement dans sa chienne de vie. C'est qu'elle avait la désagréable sensation d'avoir tout raté et ça la rendait complètement folle. La sauvageonne n'avait plus les idées très claires ces derniers temps et elle avait décidé de rendre visite à Lestrange, son vieil ami de toujours. Lui seul la comprenait au sein de la meute et il savait lui parler avec les bons mots. La louvette l'écoutait pour de vrai et ça lui faisait beaucoup de bien de le côtoyer. Après tout, c'était lui qui avait donné un coup de main pour construire sa cabane secrète. Elle n'était alors âgée que de dix ans mais elle ne l'oublia jamais, ce petit geste de rien qui avait toute son importance dans son cœur. Sur le chemin du chalet de l'homme, elle croisa les chiens et elle ouvrit grand ses bras pour les accueillir. La morveuse adorait ces sales bestioles, elle qui ne manquait pas d'énergie pour les faire jouer. Aussi, la blondasse s'agenouilla au sol pour mieux profiter de leurs léchouilles. Mais c'est qu'il manquait un des trois chiens, Éros, et la cul-terreuse se demanda alors si... « Cass' ! » Qu'elle souffla en affichant une vilaine grimace. Elle aurait pu le deviner, ce foutu clébard était tout le temps collé à la Rowle lorsqu'elle était dans le coin. Ça pour une surprise, c'était une surprise.

Cassiopeia Rowle semblait immense et elle tirait la gueule. Elle avait l'air fâchée et elle avait toutes les raisons de l'être. C'était impressionnant et la gamine déglutit en se relevant avec lenteur. Les chiens regagnèrent leur place au pied de leur maîtresse et Hazel se sentit soudainement très con. Elle était seule contre tous, c'était flagrant. « Cool... » Qu'elle lui répondit d'une toute petite voix. La môme ne s'imaginait pas la croiser ici, la jolie bourge. Avec Gabriel, on arrivait jamais à savoir où ils en étaient. Ces deux-là étaient impossibles à suivre et Hazel ne se mêlait pas de ça. L'amour, c'était pas très intéressant pour la pucelle. Et c'est qu'elle en avait rien à cirer, que ce soit pour les autres ou pour elle-même. Visiblement, le petit couple allait bien et la morveuse était contente pour eux. C'était un peu compliqué avec la femme Rowle mais elle trouvait néanmoins qu'ils formaient un joli couple ensemble. La dernière fois qu'elles s'étaient vues, Cassiopeia et elle-même, ça avait tourné au vinaigre. La sale mioche s'était montrée odieuse, voire même carrément insultante à l'égard de sa vieille amie. Elle avait piqué une grosse colère et c'était la trafiquante qui avait tout pris dans sa tronche. C'était vraiment très injuste. « T'es toujours en pétard, Cass' ? » Qu'elle osa enfin la confronter. La péquenaude ne savait pas dans quoi exactement elle s'engageait, ni même si c'était une bonne idée. C'est vrai que c'était l'homme qu'elle cherchait dans les parages mais maintenant qu'elles étaient ici toutes les deux, peut-être était-ce le moment de briser la glace ? « T'sais, pour la dernière fois... J'étais pas vraiment moi-même. T'vois le genre ? Toi aussi, tu... Enfin, toi aussi. » Qu'elle bredouilla en triturant ses mèches blondes. Toi aussi, t'es une louve, Cassie. La crapule était maladroite dans ses mots et sa gestuelle. Elle était si mal à l'aise à cet instant précis qu'elle aurait préféré être n'importe où ailleurs.

« T'es pas un aimant à emmerdes... Enfin, un peu tout d'même. Mais j'm'en tape, j'te promets. » Qu'elle tenta de la rassurer à sa manière. C'était tout naze et la blondasse en prenait conscience. Mais elle ne mentait pas, la mouflette, elle se fichait bien des petites imperfections de Cassiopeia, elle l'aimait comme elle l'était et de tout son cœur. Tout ce qu'elle avait bien pu lui balancer quand elle était en colère, elle ne le pensait pas vraiment. « Putain, Cassie. J'sais pas quoi t'dire... J'galère, j'suis pas douée pour sortir c'qui faut. T'sais bien comment j'suis. » Qu'elle se justifia un petit peu trop. La môme se planquait derrière son vécu au sein de la meute mais il n'y avait pas que ça. C'est vrai qu'elle n'avait pas eu une enfance comme les autres. Elle s'était construite au milieu des roulottes des barbares et elle n'était pas fortiche dans le lien à l'Autre. Aussi, la sale mioche n'avait pas beaucoup d'amis, elle était trop bizarre. « J'ai grandi avec des loups, j'suis pas... J'suis pas comme toi. » Qu'elle ajouta pour être sûre de se faire bien comprendre. La brutasse avait vraiment déconné dans l’entrepôt de la pègre Fletcher, il y a deux mois de cela et elle ne pouvait s'en prendre qu'à elle-même. Elle était partie en claquant les portes et en hurlant de rage. La trafiquante lui avait demandé plus ou moins directement de s'en aller et elle avait été très blessée. « J'suis pas une vraie fille. » Qu'elle acheva en baissant la tête. La sale mioche se dévalorisait plus qu'elle ne présentait de vraies excuses.

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Gosse échouée sur son territoire. Incursion d’une autre bête au contact devenu hostile, la louve maintenait distance et retenue face à la visiteuse impromptue. Si les lieux n’avaient jamais été officiellement siens, la sorcière se les était appropriés instinctivement. Une échappatoire aux dictats imposés par le père. Une bouffée d’air frais dans son univers guindé, étriqué. Carcan défait avec précipitation dès que le meilleur ami venait en orbite. Étoile jamais lointaine, toujours plus ou moins baignée par la chaleur de son rayonnement, aucune remise en question quant à sa présence au chalet n’avait été formulée. Combien de fois en avait-elle chassé Marcus venu avec l’espoir un peu fou de la ramener à la raison, de l’enfermer dans cette prison dorée qu’était le manoir ? Théâtre du paraître méticuleusement entretenu avec l’époux, être abjecte qu’elle n’avait jamais daigné toucher, il avait essuyé bien des courroux le pauvre bougre. Elle aurait pu faire connaître sort similaire à la jeune louve. Intruse mal venue après l’altercation essuyée, la raison était toutefois venue à la rescousse. Affection cultivée, farouche figure maternante pour la petite qui n’avait point besoin d’une mère quand Fen occupait déjà le rôle.

Le palais s’était fait tout de même glacial. Unique précision de l’absence de celui qu’elle était venue chercher, la louve s’imposait en gardienne des lieux. Bientôt propriétaire légitime quand l’union arrangée apposerait le patronyme du loup en remplacement du sien, l’information demeurait encore secret bien gardé. A quoi bon ébruiter la nouvelle quand sa simple perspective empourprait le minois d’embarras. A la question abruptement lâchée, les sourcils s’unirent d’incompréhension. Surprise animant contrariété en son sein le Non. resta logé dans la gargue par fierté, ou par honte peut-être. La crainte de revivre pareil affrontement. D’essuyer le courroux de la gamine. D’entendre de sa bouche ce qu’elle redoutait en silence. Elle n’entretenait pas de rancoeur à son égard. N’en avait jamais vraiment été capable en dépit des attaques essuyées. Comment le pourrait-elle quand les deux louves vivaient la même chose ? Nature héritée en tourment de tous les instants. Elles n’avaient peut-être pas évolué dans le même univers, appréhendé les mêmes réalités mais l’acclimatation demeurait identique. Raisons de sa neutralité confirmée par la gosse, un bref hochement de la caboche vint appuyer ses propos. ‘Elle aussi.’ Ça se passait de commentaires. Les louves se reconnaissant dans le silence de grondements internes, roulant contre les carcasses éprouvées, humant les effluves sauvages venues coller au derme.

’T’es pas un aimant à emmerdes… Enfin, un peu tout d’même.’ Bien la fille de son père la gamine. Le grognement désapprobateur toujours perclus au fond de la gargue, passant sous silence les éventuelles emmerdes qu’elle pouvait bien lui reprocher, la louve préférait cultiver son affection intouchée pour ce petit singe à la délicatesse relative. Seul un soupir perça enfin la barrière des lippes, les griffes logées dans l’épaisse fourrure immaculée d’Eros en fidèle protecteur. Elle pouvait la flairer, la sentir s’agiter sous la carne, remuer en son sein et dicter aux mélodies de s’extirper dans un besoin d’apaisement, dans un regret de comment les événements s’étaient déroulés. ‘J’suis pas comme toi. J’suis pas une vraie fille.’ Nouvelle union plus prononcée, froissement du masque à l’absurdité formulée. « Qu’est-ce qu’on s’en fout ! Les vraies filles ça n’existe pas ! » Presque éructé de la gargue en protestation grondée par la bête. Ineptie inacceptable pour louve comme sorcière, unisson des deux âmes férocement attachées à des concepts peut-être trop avancés pour leur temps. « Puis… À ce stade moi non plus j’suis pas une vraie fille. Je sais pas ce que tu t’imagines de comment j’ai grandi mais crois-moi, j’aurais mille fois préféré être à ta place. Au moins tu es aimée par ta famille… » Elle, elle n’avait jamais eu que Gabriel pour l’accepter telle qu’elle était.

Sous l’impulsion de l’accalmie pressentie, les alcôves s’emplirent goulument de la timide fraîcheur  printanière, souffle bien vite relâché des vermeilles ourlée de douceur face à la gosse. Aussi paumées l’une que l’autre. Elles iraient pas bien loin à ce stade. « J’t’en veux pas, Hazel. » Enfin confirmé, l’enveloppe entama l’ébauche d’un rapprochement avec la sauvageonne. « Moi aussi j’suis en colère, j’ai du mal à l’accepter et je lutte avec au quotidien avec elle… Les autres n’aident pas… Pas vraiment… Ils ont accepté depuis un moment leur condition… » L’amertume glissait à travers le vernis du masque, fissurait la retenue si souventefois apposée en fierté. Ne pas faillir. Ne pas laisser entrevoir une faiblesse. Les enseignements du paternel revenaient galopant dans la caboche. Les mots apposés sur sa condition éveillant les vieux réflexes, animant les protestations tonitruantes de la bête logée dans les entrailles. Malgré les conseils d’Asher, en dépit de l’apaisement avec Gabriel, la Rowle luttait toujours.

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La gamine ne la connaissait pas vraiment. Elle s'était imaginée toute une vie pour Cassiopeia, celle d'une sale bourge de son espèce. La mouflette avait croisé tant d'autres Cassiopeia à Poudlard, avec la pureté de leur sang et tout leur pognon. Elle détestait ces nénettes et elle avait fait une seule exception pour la Rowle. Alors, elle lui avait fait une place dans son cœur tout mou. La cousue d'or était différente de ces petites pestes mais on ne savait pas même pourquoi. La crapule lui avait accordé sa confiance parce qu'elle avait imité son papa. Elle n'y avait jamais réfléchi et ne savait plus qui était la personne qui se tenait en face d'elle. La môme se releva doucettement, avec ses mains et genoux plein de bouillasse. « Tu t'es bien r'gardée, dis ? » Qu'elle balança pour la blague. Les vraies filles, ça n'existe pas. Hazel était dubitative parce qu'elle avait grandi avec les gros machos. Elle n'était pas assez ceci et pas assez cela mais sa famille lui foutait la paix. Il n'y avait que Fen Chang qui essayait encore de la changer mais celle-ci se heurtait à un mur. La sauvageonne s'était battue pour ce semblant de liberté, celui de ne pas être une vraie fille. Elle avait été bassinée avec ça et elle ne se laissait plus jamais faire. « T'as l'cul bordé d'nouilles, Cassie. Tu t'rends pas même pas compte. » Qu'elle répondit en faisant la grimace. C'était pas facile pour la môme d'entendre qu'elle avait eu plus de chance dans la vie que son amie. La morveuse ne voulait plus se fâcher avec elle mais elle voulait en parler. Elle n'était pas d'accord et ne pouvait pas laisser passer ça. « Les portes s'ouv'ent en grand quand t'es Rowle mais elles s'ferment toutes quand t'es Greyback. » Qu'elle affirma d'un ton grave. La blondasse était condamnée à une vie de malfrat parce qu'on ne voulait d'elle nulle part ailleurs. Il n'y avait pas de place pour les Greyback dans le monde de la magie. « T'as choisi d'être là et ça r'ssemble à un caprice. On dirait qu'ça t'amuses d'jouer à la bouseuse avec nous. » Qu'elle lui avoua ce qu'elle ressentait tout au fond d'elle-même. C'était pas méchant et la gamine trouvait même ça plutôt cool chez elle. Mais elle avait peur que la jolie bourge ne finisse par s'en aller, un de ces jours et sur un coup de tête. Tu vas faire quoi quand tu te seras lassée d'nous, Cass' ? Ça lui brûlait les lèvres mais elle n'osa pas lui demander. « Moi, j'ai pas l'choix, c'est ici ou rien du tout. » Qu'elle se montra si sincère avec l'amie de son père. La môme soupira longuement, elle qui réalisait qu'elle ne quitterait jamais ce trou. « J'suis jalouse de toi. T'as fait tes propres choix. Ou presque... » Qu'elle se reprit avec beaucoup de maladresse. C'était abusé cette fois-ci, Cassiopeia avait tant morflé avec sa transformation.

La péquenaude se grattait la peau des mains, elle qui n'était pas très à l'aise avec tout ça. En face d'elle, la louve grondait et c'était étonnamment là le plus réconfortant dans toute cette histoire. C'était comme son père à elle, son taré de frère et tous les autres loups sur le camp. Alors, c'était presque familier pour la gamine qu'elle lui grogne dessus. C'était comme ça qu'on se causait entre sales bêtes. « T'as la tronche d'une gagnante, Cass'. Mais t'as vu la mienne ? » Qu'elle lui demanda en baissant la tête. La blondasse avait honte d'être une grosse nulle pour sa famille ainsi que la meute. « J'voudrais qu'il soit plus souvent là... Papa... » Qu'elle lui confessa d'une toute petite voix lorsque la trafiquante aborda le sujet de la famille. La morveuse se sentait aimée, démesurément mais elle était en manque de son papa-garou. Elle ne voulait pas lui avouer mais elle avait besoin de lui plus que jamais. « Pourquoi y t'ont pas donné d'amour, tes vieux ? » Qu'elle l'interrogea en fronçant les sourcils. La bouseuse ne s'attendait pas à ça et elle avait encore beaucoup à apprendre sur Cassiopeia. Elle avait même tout à apprendre. J't'en veux pas, Hazel. Et la sale mioche redressa la binette avec ce si grand sourire. Elle était heureuse de ces réconciliations. La barbare n'était pas du genre rancunière mais elle n'avait pas osé faire le premier pas. Parfois, la Rowle était impressionnante. « Alors, j'suis pas contre un p'tit coup à boire à l'intérieur. J'me gèle, moi. Du gin, c'est ton truc j'crois. Ça m'va aussi. » Qu'elle lâcha comme si de rien n'était. Comme si elles n'avaient pas été fâchées pendant des semaines. Aussi, la sauvageonne était sans gêne et on l'appréciait pour ça aussi. « C'est quel genre, la tienne ? » Qu'elle lui demanda avec tant de curiosité. Elle est comment ta louve, Cass' ? C'était pas rien de parler de ça entre elles. Hazel avait du mal à se confier là-dessus mais c'était peut-être le bon moment. Juste parce que Cassiopeia Rowle pouvait la comprendre mieux que quiconque.

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Théâtre d’illusions en éternel jeu imposé pour espérer ne pas sombrer dans les méandres de la folie, l’héritière avait su se faire caméléon. Adaptation de mise au contexte dans lequel elle évoluait, l’âme ne scandait sa mélodie qu’au contact du sauvage. Monde étriqué de l’aristocratie sorcière dans laquelle l’être se mourait à petit feu, l’habitude y intimait pourtant encore les pas. Tiraillée entre deux existences. Entre stabilité et chaos, la louve était venue rebattre les cartes. Appel tonitruant d’une liberté tant convoitée, d’une émancipation salvatrice, elle grondait son rejet du dictat imposé à celle de son rang, de son sang. Une réalité incomprise de beaucoup, idéalisée par d’autres. Comment les blâmer ? Ceux qui, par un patronyme, par l’impureté de leur sève de vie ou simplement un acte malencontreux se retrouvaient exclus d’une société où seul le lignage comptait pour demeurer parmi les plus grands. Place à céder. Rejet devenu progressivement viscéral à mesure que la louve prenait place sous la carne, imposait son joug cruel sur la conscience. Elle semblait encore conserver une image de parfaite héritière aux yeux du plus grand nombre. Accusations de la louvette balancées au minois, l’enveloppe pourtant munie de ses étoffes les moins appropriées au rang que la Greyback lui attribuait, la louve grondait sa réprobation. « Ouai… Et ? Quel rapport ? » Les soies en vulgaires apparats. Costumes revêtus dans divers contextes. Élégance de mise pour les couloirs du Ministère. Robes somptueuses dégueulant leur faste pour les soirées mondaines guindées. L’héritière ne pouvait espérer revêtir ce que l’âme scandait qu’en ces lieux. Chalet forestier devenu foyer. Bientôt bien plus qu’un refuge. Le manoir de Mandrake Alley en vagues souvenances de cette vie passée. La cohabitation avec le loup légitimée par leur union future. Ami mué en époux. Réalité peu aisée à admettre pour l’encéphale encore englué dans son carcan de pudeur. Elle ne commençait son existence qu’à la quatrième décennie écoulée.

Au refrain d’inepties avortées par la gamine, les protestation de la bête roulaient contre le squelette. Ignare petiote au jugement hâtif, la gargue contraignait son chant réprobateur. Comment pourrait-elle comprendre ? Concevoir que cet univers scintillant dans lequel elle l’enfermait n’était que vulgaire apparat ? Illusion méticuleusement calculée, orchestrée pour maintenir un semblant de domination sur ceux qui n’avaient le déplaisir d’y appartenir ? « Parce qu’avoir la liberté de dire et faire ce qu’on veut c’est être bouseux ? J’préfère mille fois en être une alors plutôt qu’on me dicte encore une fois ma vie. » Lâché dans la précipitation de rectifications devenues vitales. Le loup avait-il subi le même traitement de défiance de la part de la Greyback ? Sa place dans la meute depuis toutes ces années lui avait-elle épargné remontrances et méfiance ? A moins que son statut d’homme l’ait éloigné des questionnements. ‘J’suis jalouse de toi.’ Confirmation indirecte. Soupir longuement extirpé de la gargue, les océans se déployant un instant vers la silhouette imposante d’Eros échoué contre les guiboles partiellement dénudées. Se trompait-elle à ce point sur son existence ? Fantasmait-elle monts et merveilles sur la vie menée par une héritière au sang pur ? « Crois-moi, tu ne veux pas ma vie. J’ai payé cher pour être capable de faire mes propres choix et ça n’a pas toujours été ainsi… Gabriel c’est pareil. » Nouvelles précisions jugées nécessaires tant la gamine se fourvoyait, tant l’image renvoyée par ses accusations à peine voilées soulevaient l’indignation.

Lagunes apposées avec une étincelle de bienveillance illuminant les perles, les sourcils maintenaient leur étreinte soucieuse. « Moi j’vois une bouille à qui on offrirait les œufs de dragon les plus rares si elle le voulait. » Certitude logée en évidence, imprimée dans la carne tant l’affection grondait pour la gamine, son soudain murmure lui écartela l’abîme d’une douleur vive. Brûlure de l’âme à cette gosse au besoin criant d’affection, l’enveloppe se rapprocha. Distance sécurisante tout de même offerte pour ne pas la faire fuir, la mélopée se faisait plus doucereuse. « Je me doute, p’tit singe… » Si l’incompréhension se creusait entre les deux louves, elle connaissait cet amour inconditionnel d’Asher pour sa petiote. Témoin silencieuse depuis bien des décennies de leur forte connexion, elle n’en demeurait pas moins impuissante face à sa confession. Préoccupation bien vite arrachée quand la question fendit l’air. Surprise portée par le masque, les vermeilles s’animèrent de cette résignation familière. « Parce que chez la grande majorité des sang-pur c’est la norme. On est rien de plus que des pions vivants sur un échiquier. Mes parents considèrent l’amour, la gentillesse et toutes ces choses là comme des faiblesses à éradiquer. La seule et unique chose qui compte c’est d’arriver au sommet et pour ça, littéralement tous les coups sont permis. » Rictus amer ourlant les labres, perles de pensées se dirigeant en direction du Démon. Amertume d’avoir perdu la douceur de leurs jeunes années. « Moi j’ai jamais été rien de plus qu’un ventre à engrosser qu’on refourgue au plus offrant. Une belle pièce pour grossir les rangs d’une autre famille au sang aussi pur que le mien. » Ironie du sort. Un premier lardon volontairement avorté car pas issu d’une union pérenne, le second à l’héritage hasardeux extirpé du ventre par les crocs du Lestrange. A présent entrailles à jamais vides, on l’espérait perpétrer le lignage de celui qu’elle avait toujours considéré comme sa famille. Piètre marchandise qu’elle faisait la Rowle. « Et il en va de même pour mon frère… » Lui le porteur officiel du nom. Lui l’héritier mâle légitime. Nouveau souffle salvateur, lavant l’âme des sombres pensées venues l’habiter un instant, la trêve s’installait entre les deux louves. « Gabriel a du whisky pur feu si tu préfères. Ou y a de la bière aussi… » Annoncé dans l’amorce d’un mouvement vers les pénates du chalet, les cabots s’y précipitant avec un enthousiasme candide. Spectacle lénifiant l’humeur, adoucissant le marbre d’une tendresse pure bien vite souillée par l’insinuation de la gamine. ‘La tienne.’ Évidence qui n’osait se formuler. Reconnaissance intime de cette bête portée, de cette nature les unissant à présent. « Le genre agressif… Elle est en permanence en colère. » Sauf avec lui, sauf quand elle n’osait pas opposer résistance aux élans charnels dictés par la louve. Précisions tues alors que les griffes s’emparaient du spiritueux de choix de la gamine en offrande d’une paix bien méritée. L’enveloppe échouée à ses côtés sur la mollesse du vieux canapé, les labres s’offrirent une gorgée du cristal enivrant avant de lâcher. « Et toi ? L’approche des pleines lunes n’est pas trop douloureuse ? » Partage inédit pour la louve. Besoin féroce de savoir. Hazel était la seule qu’elle connaissait. La plus récente. La cohabitation visiblement aussi conflictuelle que la sienne.

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La cul-terreuse ne pigeait pas tout. Elle aussi, elle s'était battue pour être la femme qu'elle avait envie d'être dans ce monde. Ça n'avait pas été tous les jours facile au sein de la meute Greyback, avec ces gros machos. Mais la bouseuse jugeait toutes les autres parce qu'elle se sentait si spéciale comme nénette. Aussi, elle pensait que c'était infiniment plus difficile pour elle-même que pour ses sœurs. La blondasse était jeunette et ne s'intéressait qu'à son petit nombril. Elle était encore adolescente et elle pensait avoir tout vu et tout compris. C'était toujours elle la plus malheureuse et puis c'est tout. Alors, Hazel était dérangée par les révélations de son amie. Ça ne collait pas à ce qu'elle s'était imaginée de sa vie à elle, cette sale bourge. Celle-ci avait morflé et ça lui faisait de la peine de l'apprendre comme ça. T'es trop conne. La louve avait merdé et elle regrettait ses mauvaises paroles à son encontre. « J'me suis salement plantée, Cass'. J'savais pas pour toi... Et pis pour Gab'. Papa y m'avait rien dit. » Qu'elle se justifia avec tant de maladresse, reportant sa faute à elle sur Asher. Jusque-là, elle se fichait de leur histoire à tous les deux, de leur passé. La sauvageonne était si égoïste. Elle n'avalait qu'aujourd'hui que les autres existaient eux aussi sur cette terre. Ils existaient puis ils ressentaient des choses différentes d'elle-même. C'était une drôle de leçon pour la mioche. Maintenant, la Rowle était soûlée par son attitude de gamine et elle soupirait longuement. « J'te gave, c'est ça ? » Qu'elle l'interrogea en baissant la tête. Décidément, la mouflette se plantait toujours avec Cassiopeia. Elle voulait se réconcilier avec son amie mais tout ce qu'elle disait était mal interprété. Tout ou presque.

À présent, la pucelle se victimisait puisqu'elle croyait sincèrement qu'elle était bonne à rien. Son amie était gentillette et ne pensait pas ça d'elle. Elle la rassura aussitôt puis ça réchauffa son cœur tout triste. Alors, la louvette se sentait en confiance et lui confia le manque de son papa. P'tit singe. Cassiopeia ne pouvait rien faire pour l'absence de papa-garou mais elle pouvait l'appeler par son petit surnom rien qu'à elle. Ça faisait longtemps qu'elle ne l'avait plus fait et la morveuse lui sourit tendrement. Son amie lui avait beaucoup manquée. Elle et puis ce petit surnom ridicule qu'elle affectionnait tant. Ça lui rappelait qu'elle la connaissait depuis presque toujours. « Tu sais plein d'trucs sur moi mais moi, j'sais rien sur toi. Pourquoi, Cass' ? » Qu'elle demanda en triturant ses mèches blondes. T'es trop conne. Que la petite voix lui répétait encore. Pour la vagabonde, il était temps de grandir et d'apprendre à écouter. Alors, la biquette écouta son amie pour la toute première fois de sa vie. « Tes vieux y sont sacrément cons. » Qu'elle lâcha à la fin en serrant le poing. Pour Hazel, il n'y avait rien de plus important que la famille. Elle n'avait jamais compris pourquoi Cassiopeia avait tourné le dos à la sienne. Elle ne trouvait pas ça bien mais c'était avant. « Y z'ont rien dit que tu t'casses loin ? » Qu'elle la sonda à propos de son histoire à elle. Désormais, elle la découvrait autrement et elle voulait en savoir plus. « T'as fait comment pour t'faire la malle ? » Qu'elle la cuisina, si impatiente de connaître la suite.

Visiblement, les choses s'arrangeaient enfin entre les louves et Cassie accepta de lui offrir un verre à l'intérieur. Aussi, la pocharde était si comblée et suivit son hôte en sautillant. Elle connaissait bien le chalet, elle qui s'y rendait souvent pour voir son ami Gabriel. Elle l'adorait depuis qu'elle était gosse et elle pensait qu'il était le seul à réellement la comprendre. C'était particulier entre eux parce qu'ils étaient les mêmes. La crapule le pensait mais elle réalisait qu'elle ne le connaissait pas, lui non plus. Elle ne savait rien de lui alors elle se plantait peut-être méchamment. T'es trop conne. « Une binouze, alors. » Qu'elle lança joyeusement avant de s'avachir mollement sur l'un des fauteuils. Elle aimait cet endroit, elle s'y sentait bien. « Je l'aime pas. » Qu'elle avoua à son amie, rouge de honte à propos de sa louve. Dans sa famille à elle, c'était la honte de dire une telle chose. Parce que c'était une fierté pour tout leur clan d'être un louvart. Hazel en était fière, elle aussi mais elle la détestait. C'était brouillon parce que tout se mélangeait dans sa sale caboche. « On s'bastonne pis c'est épuisant. J'ai tout l'temps mal... » Qu'elle se livra en toute confiance. Sa louvette à elle n'était pas en colère comme celle de Cassie. Elle était au contraire si docile. Elle voulait qu'elles se soumettent toutes les deux à leur alpha, puis aux autres mâles de leur clan. La môme, c'était pas son genre d'être soumise et elles s'affrontaient encore et toujours pour ça. « J'crois qu'elle veut que j'me range bien sagement. Que j'me tienne tranquille et que j'obéisse à Lugh. » Qu'elle leva les yeux au ciel, profondément écœurée. « Tu m'connais, Cass'... C'pas moi, ça. Et j''veux rester moi, c'tout. » Qu'elle termina en déglutissant fort. La morveuse avait peur qu'elle ne finisse par la changer. Qu'elle prenne le dessus sur elle et puis qu'elle ne se reconnaisse plus jamais. La bouseuse avait la trouille et elle était aussi assoiffée. Où qu'elle est ma binouze ?

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