temporalité du rp : mai, 1955
personnages concernés : @Juliet Malfoy & @Dolores Abbott & @Megara Carrow
trigger warnings : précisez lesquels s'il y en a.
intervention autorisée du mj : [ ] oui [ X] non (cochez la case correspondant à votre choix)
autre(s) :  /

IN FOR THE KILL - 2021-2022

L’heure des réjouissances.
Bourgeon d’insouciance.

T’observais la grande sorgue répandre son fléau sur vos négligences, t’accrochant au rideau de fer disloquant la moindre lueur. L’oeil fasciné, le palais distrait des confiseries qui s’y épuisaient. C’était beau et effrayant à la fois. Un spectacle morbide et naturel à la fois, chuchotant aux âmes flétries de s’épancher. L’humeur n’était pourtant pas à la mélancolie, l’enthousiasme cognant contre ton crâne sans douleur.

Clac Clac Clac
Claquaient les aiguilles de tes pieds sur le pavé. Garde-fou contre les grands panards à qui t’avais moult fois crever les orteils.

Cajolerie fraîche du soir en flagellation sur les guibolles dévoilées. La pudicité du siècle t’acculait l’artifice d’une robe verte léchant le délicat chapeau de tes rotules. Le corset en révélait un coquin décolleté, l’étoffe ruisselant langoureusement sur les onctueuses dont mère nature t’avait généreusement gratifiées. Ça ‘leur plaisait, ces gueux. Tendres poignées sur lesquelles ils apposaient leur fermeté, leur joug mâle, leur écrasant égo.

L’heure était à l’euphorie. Au tiroir les tintouins.

Aujourd’hui, tu fêtais ta princesse, ‘ton prince, ta luciole, ‘ton feu follet, ton marchand de sable. Elle était et avait toujours, de ceux qui te faisaient rêver. Elle et Pete, ces deux amours t’éclaboussaient d’insouciance, t’enveloppaient de légèreté. Pourtant, - pour l’heure, t’étais pleine de rancœur, la gargue retenant péniblement les grognes que l’âme voulait cracher. Après ‘les’ avoir saisis, corps contre corps, couenne léchant la couenne, labres se froissant, t’étais devenue une bombe à retardement. L’esprit s’était disloqué, le thalamus en mal de ces souvenirs dolents. Sa princesse et son dragon, Juliet et Kai, ces deux traîtres. Traîtres ? T’exagérais, tu le savais si bien. L’amertume traînait sur la langue en bousculade des saveurs sirupeuses. ‘T’aurais pas dû. ‘Tu l’avais mérité, hein ? Toi petite fouineuse, toi petite souris se faufilant dans les moins replis de l’existence. L’œil traînait, capturait d’indécence et de curiosité. Les sucreries abondaient dans le gosier dans l’espoir d’amoindrir les maux t’accablant. ‘Faire semblant de rien. Tu voulais malgré tout la fêter, l’année de plus de ta petite luciole. Après tout, ‘ils’ n’avaient rien fait de mal au regard du tiers, le tien débordant d’une lave en fusion.

L’autre rive te séduisait, t’appâtait. T’y traînais souvent, chez les moldus. L’envers du décor, ceux ‘qu’il ne fallait pas fréquenter’, selon certains sorciers. Des puristes à l’esprit étriqué, le cerveau cloîtré dans un cube de préjugés.

La princesse se faisait attendre. Elle te travaillait la patience, comme ‘lui, comme ‘elle. Les mignardises poursuivaient leur quête sur ton palais, fondant délicieusement sur la langue, un mal s’installant doucement dans la caillette à la mignarde orgie. Toujours dans l’excès. La cacophonie dégueulant de la boîte moldue devant laquelle tu musardais, les éclanches recouvertes d’une veste de coton aux nuances ébènes.



 

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Vingt-cinq années écoulées, depuis la naissance de la princesse des vipères. Unique fille du couple Henry et Madrigal, petite princesse choyée par le père, agaçante pour la mère qui pourtant, décèle très tôt chez son enfant, un talent rare, unique. Doigts d’argent, des mains faites pour caresser le clavier du noble instrument. Pourtant au départ, Juliet s’essaie à la danse, elle se rêve étoile dans le ciel et si on lui demande comment elle se trouve, elle assure du haut de son mètre à peine, qu’elle est parfaite. Mais danseuse, elle ne sera point, car poupée désarticulée avec ses chaussons, elle est. Alors, à cinq ans à peine, Madrigal décide de lui transmettre la seule et unique chose en dehors des yeux, qu’elles auront en commun.
Le piano.
Installée sur ses genoux, rares instants de complicité entre la mère et la fille, elle lui enseigne le solfège. Le son résonne aux oreilles de la petite, tonalité fait écho à son cerveau, déclenche le talent. Oreille absolue qui fait la fierté de sa mère, sourire à demi déguisée sur les lèvres de la madone. Et les années passent. La gamine devient adolescente puis jeune femme, dépasse sa mère dans la discipline, s’impose et fait de l’instrument, son exutoire, son purgatoire. Dans l’instrument, elle y déverse ses peines, mais également ses doutes et ses trop nombreuses larmes qui restent coincées dans le creux de ses yeux.


Arrachée à sa torpeur, la sorcière lève les doigts du clavier. Ce n’est pas son piano. Le sien, d’un noir laqué est à queue, trois pédales et non deux. Il se trouve à des lieux d’ici et cette pensée lui serre le cœur. Il y a, en elle, ce sentiment inavoué d’être exilée, nostalgique des lieux et des siens, même si elle sait, Jules, elle sait, que c’est le bon choix qu’elle a fait. Un soupir avant de refermer avec soin le précieux clavier et de se lever enfin. Elle doit se préparer, s’apprêter et chasser ses pensées mélancoliques de son esprit. Ce soir, c’est son soir. Car depuis quelques jours à peine, la princesse a une année de plus au compteur. Bougies non soufflées, enfant de Beltane qui annonce l’arrivée des beaux jours, il était hors de question pour Olivia, baronne en cheffe, de laisser son amie sans célébrer l’évènement. Tout a commencé par une discussion anodine et une invitation, un projet de sortir et de faire la fête. Comme autrefois, avant la fugue de l’une, avant la misère de l’autre. Avant tout simplement, que la vie les poignarde.
Alors Jules se prépare, délaisse l’instrument pour grimper dans sa chambre. Une douche, un brushing, cascade blonde détachée et une robe noire - le noir est sa couleur, après tout - avec un décolleté qui n’a d’égal que son dos nu. Collier de perles autour du coup après s’être parfumée, quelques gouttes du célèbre N°5 comme à son habitude, des collants et enfin, des escarpins pour gagner quelques précieux centimètres. En se fixant dans le miroir, Jules se dit que oui, ce soir, elle a mis le paquet et pour une bonne raison. Pour se sentir comme avant, comme quand elle était Juliet Malfoy, la princesse des vipères. Sourire sur le bord des lèvres avant d’appliquer le fameux rouge sur les lèvres. Un rouge glamour, un rouge mat, qui ne brille pas, mais qui est synonyme de séduction. Exactement ce que souhaite la blonde. Non pas qu’elle souhaite séduire, car elle le sait, il n’y a qu’une personne qu’elle souhaite foudroyer de ses charmes et elle ne sera pas là ce soir. Non, ce qu’elle veut, Jules, c’est se sentir forte, belle et invincible. La confiance commence avec soi-même.

Une fois prête, la jeune femme descend, croise le regard presque sidéré d’un Jake qui n’hésite pas à le regarder de bas en haut tandis qu’elle prend une veste dont le tissu est proche du rouge qu’elle porte et la pose sur ses épaules. — Quelque chose à dire, peut-être ? Harry ne peut pas s’empêcher de lui dire combien elle est ravissante et combien elle va faire tourner les têtes des hommes ce soir. La remarque la fait rire et Jake, dans un grognement lâche — Je peux peut-être t’accompagner ? — Absolument pas. C’est privé et en plus, c’est entre filles.
Désolée, mais non. Jake lâche un énième soupir depuis le canapé tandis que Jules laisse le Black Dog derrière elle pour s’engouffrer dans la nuit qui berce la capitale. Ce soir, elle ne veut pas faire tourner les têtes, une seule suffit et la concernée n’est pas là, travaille à son pub. Et dans le sac à main de la princesse, la montre à gousset en argent de son père. L’objet indique qu’elle est en retard. Yeux levés au ciel tandis que ses talons claquent sur le sol londonien. Pour changer, mais elle a l’habitude Jules, d’être en retard. Olivia l’attend, baronne est cheffe d’orchestre ce soir, mais elles ne seront pas deux. Jules compte bien ramener une autre personne avec elle et le point de rendez-vous est une rue située à quelques pas du Black Dog. Cette autre personne n’est autre que la belle Dolores Abbott. Une autre sorcière - car un trio est mieux qu’un duo ! - rencontrée le mois dernier et qui fut une belle rencontre justement. Des valeurs partagées et les soupçons d’une belle amitié qui peut germer ce soir. C’est pour cela que Jules lui a proposé de venir. Elle est ravie quand elle l’aperçoit dans la rue, approche, court presque - avec ses talons, un autre talent qu’elle a appris très tôt d’’ailleurs - et sourit à la jeune femme.
— Dolores ! Je suis tellement contente de te voir ! Merci d’avoir accepté. On va bien s’amuser, tu vas voir ! Et un baiser déposé sur la joue de la jeune brune. Elle est la plus jeune ce soir, mais il est maintenant tant de vérifier si c’est la plus ingénue. Et voilà qu’elle lui saisit la main, s’enfonce dans une ruelle. — Allez, je nous y emmène.

Et un craquement sonore résonne. Même si elle se cache auprès des moldus, Juliet Malfoy est une sorcière et de talent. Et ça, elle a tendance à l’oublier.

Arrivée à Godric’s Hollow, main relâchée, la belle avance en direction d’un quartier moldu, Dolores à ses côtés. Entre ses lèvres, une cigarette qu’elle a allumé. — Prête pour ce soir ? Je vais te présenter mon amie. Olivia, Ollie pour les intimes. C’est elle qui est à l’origine de notre petite soirée. Je me demande quel sera le programme. Tu en veux une ? Dit-elle en indiquant la cigarette avant de tirer encore dessus. Et éclairée par la lumière des lampadaires, Olivia est là. Si belle, si impétueuse, baronne dans toute sa splendeur.

— Ollie ! Désolée pour l’attente. Elle prend une petite mine penaud avant de venir dans ses bras, en faisant attention à ne pas la brûler avec sa cigarette. Lui dépose avec affection un baiser sur la joue. — Je suis vraiment contente de te voir ! Tu es ravissante, sublime ma chérie ! Oh et laisse moi te présenter Dolores. Dolores, voici mon amie Ollie. Nous nous connaissons depuis l’école, depuis que j’ai été envoyée chez Serpentard. Alors, quel est le programme de cette soirée ? Et il est loin, le temps de l’école, de l’odeur des livres et de tout le reste. Mais leur amitié elle, reste intacte et ce soir, elle sera encore plus forte, avec une nouvelle pièce dans le mécanisme.

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Une année de plus pour la princesse Malfoy, célébration de l’amie que Dolores aurait bien cru ne jamais avoir. Mais pouvait-on déjà les appeler amies ? Quelque part, elle l’espérait, ou du moins, elle espérait que ça viendrait. Elle le réalisait depuis quelques temps, en dehors de Meredith et Arthur le cercle de ses amis proches s’était réduit à pas grand chose. Beaucoup de ceux qu’elle avait fréquentés à l’école s’étaient éloignés, pris dans leur propre existence, ce qui était après tout totalement banal et ordinaire. S’être rapprochée de Jules, même de manière aussi incongrue, lui avait fait du bien, et oui, elle espérait tisser des liens avec la jolie blonde. Elle l’espérait assez, en fait, pour être absolument aux anges lorsque la jeune femme l’avait invitée à célébrer cette occasion avec elle. Dolly ne pouvait faire que des suppositions quand à qui serait présent; peut-être Tasha (elle avait promis une soirée entre filles) qu’elle avait déjà rencontrée (et avec qui elle avait partagé une soirée dont elle ne se rappelait pas grand chose).

Alors, pour cette occasion, elle voulait mettre le paquet. Sauf que les choses ne se passaient pas vraiment comme prévues, alors qu’elle était plantée devant le miroir de sa chambre, tenant un rouleau entouré autour d’une épaisse mèche de ses cheveux. « Maintenez le rouleau chauffant en oblique trois minutes. » lut-elle sur la notice. Avec ça, on lui promettait une mise en pli digne des actrices hollywoodiennes. Plus facile que la magie ! indiquait fièrement l’emballage. Qui eut cru que la sorcellerie (ou plutôt son absence) deviendrait un jour un argument publicitaire ? Le problème, c’est qu’elle n’y comprenait rien du tout. Les instructions étaient obscures, les dessins qui les accompagnaient n’aidaient absolument pas. Comment faisaient les moldus pour comprendre les notices sans images qui se meuvent ? Elle soupira et finit par défaire le rouleau, mais au lieu des ravissantes boucles promises, ses mèches tombèrent mollement sur ses épaules, accompagnées d’une odeur de brûlé qui ne disait rien qui vaille. « Mille Gorgones, quelle camelote ! » Elle poussa rageusement l’attirail sur le côté avant de récupérer sa baguette, qui lui permit d’être parfaitement coiffée en moins d’une minute. Le monde moldu avait de nombreux aspects fascinants, mais ne pouvait battre la magie sur certains points.
Parce qu’elle voulait faire honneur à Jules, elle finit de se préparer avec le plus grand soin, maquillage, parfum, bijoux et nouvelle robe fraichement acquise. Sans prendre de retard afin de ne pas faire attendre la princesse aux cheveux d’or sur le lieu de rendez-vous qu’elle lui avait donné.

L’accueil chaleureux qu’elle reçut l’enchanta et elle offrit à la jeune femme un sourire radieux. « Joyeux anniversaire ! » lança-t-elle immédiatement. Vingt-cinq ans, ça semblait si loin encore pour elle qui venait à peine d’en avoir dix-neuf, mais elle savait maintenant que cette impression était illusoire. « Moi aussi je suis vraiment contente ! Ça me fait plaisir que tu m’aies invitée. » Elle reçut sa main dans la sienne et se laissa entrainer, non sans se remémorer avec amusement comment tout avait démarré entre elles. Jules semblait destinée à la mener en des lieux inattendus.

Ou, en l’occurence, vers des personnes inattendues. Car la jeune femme qui lui était présentée était en fait loin d’être une inconnue. Et Dolores eut bien du mal à atténuer la surprise qui imprégnait ses traits quand elle comprit que la Olivia de Jules était aussi son Ollie à elle. Enfin, avait été, il y a longtemps. Des années les séparaient, les circonstances, mais aussi et elle ne l’oubliait pas, son propre comportement. Son sourire se fit plus crispé, plus embarrassé alors que son regard rencontrait celui de la jeune Fletcher. « Bonsoir Ollie. » Elle finit par se tourner vers la jolie blonde. « On se connait déjà, en fait. » Explication bien maigre, mais explication tout de même. Dolly se voyait bien mal lui raconter toute l’histoire, surtout ce soir. Elle ne se souvenait pas entièrement de son comportement passé envers Olivia (après tout, elle n’était qu’une enfant à l’époque) mais elle se rappelait en revanche ne pas avoir dit que des choses gentilles, et c’était là un doux euphémisme. Soudain, la petite brune ne savait plus quoi dire, prise entre deux feux et n’avait aucune envie de gâcher la soirée spéciale de Jules. Mieux valait donc se taire, tout en jetant quelques oeillades incertaines en direction d’Ollie.

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« P’tain j’me les caille » Les cuisses se mangeaient l’une l’autre à la morsure du froid, te dressant les monts laiteux au garde-à-vous. L’indécence t’étirait les lippes d’une bouderie sarcastique. Ta princesse se faisait désirer, encore et toujours. Comment pourrais-tu lui en vouloir ? En éclat de soleil, elle t’éclaboussait de chatterie. L’amusement traînait en flânerie sur le velours écarlate, te régalant des sucreries dans l’impatience de la revoir. Comme une envie de légèreté, d’évasion, de folie insouciante. T’en avais marre de te prendre la tête, la caboche prête à exploser aux emmerdes s’embourbant toujours plus dans le cloaque du lupanar.

Et t’entendais chuinter, les pas claquer. Les pierres de lave se régalaient de la beauté s’échouant sur tes rives. L’ébène léchait délicieusement ses courbes, ne la dévoilant que plus exquise. L’or cascadait sur ses délicates éclanches, attirant les regards telle une fleur happerait les abeilles. Tu sentais pourtant l’humeur se ternir à la compagnie lui collant la croupe. Dolores ? La moue s’affichait spontanée sur ta gueule alors que tu la dévisageais lentement. Elle rampait sous la caboche, cette jalousie en toile de fond. Il remontait pourtant loin, le temps des discordes. A vrai dire, tu n’avais jamais compris son antipathie. Peut-être était-elle ainsi faite ? Refus malgré tout de rester sur d’obscures rancœurs. « Oh...Dolly… ça fait longtemps » Les années s’étaient lapidées, mûrissant le fruit en elle. Pourriture au cœur du tien, t’en faisais fi. Au diable les aigreurs d’antan ! T’étais pas là pour te nouer les méninges. « Oui, ça remonte déjà » L’amertume que ta gargue peinait à délivrer refermait son serpent autour de ta gorge. Il te faudrait bientôt quelques verres pour te délier l’humeur. « Oh j’oubliais, joyeux anniversaire ma belle » Les labres échouées en tendresse sur sa joue te ravigotaient d’une tiédeur confortable. « ‘Vous’ êtes ravissantes les filles. On va chauffer la piste de danse ! » Le vouvoiement utilisé t’engageait à enterrer la hache de guerre. Tu pouvais bien faire l’effort d’être sympathique pour ta belle plante. « Vous en voulez ? » Bonbons offerts en signe de paix, en gourmandise sur les palais. Des petits nounours de toutes les nuances te régalaient les papilles depuis quelques dizaines de minutes, laissant le temps s’égrener dans les mignardises emmiellant tes papilles. « Bon, c’est pas que j’me gèle les miches, mais on entrerait bien ? » Sans les faire prier, tu les attrapais par les bras, les tiens s’y enlaçant tels des serpents pour les inviter vers l’atmosphère aguichante de la boîte de nuit. « Bougez moi vos petits culs » Tes flancs rebondissaient sur leur lyre non sans malice, vous engageant sans tambour ni trompette vers le comptoir. L’alcôve tiède accueillait déjà en son sein quelques âmes enthousiastes, te régalant les lagunes de quelques divertissements à venir. ‘Il’ n’était sûrement pas là. Vindicte puérile à la provocation, à le faire constamment sortir de ses gonds. Le jumeau pouvait si facilement creuser la distance entre vous, t’enhardissant de sottise et négligence. T’en avais rien à foutre ! ‘Essayais-tu, tout du moins. Aujourd’hui, vous serez les reines sur la piste ! « Qu’est-ce que je peux vous servir, mesdemoiselles ? » L’écho chaud et poli du serveur tintait en clochette savoureuse à tes tympans, t’étirant les commissures d’un sourire mutin. « Un Old Fashioned pour moi, s’il-vous-plait, et vous les filles ? » Un morceau de sucre, un trait d’angostura bitters, cinq centilitres de whisky, un zeste d’orange et de l’eau gazeuse flatteraient délicieusement ton palais pour ébaucher cette soirée en perspective alléchante.


 

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Cela faisait peu de temps que la Carrow s'aventurait du côté moldu. Depuis la fête de la Saint Godric plus exactement, qui avait eu lieu en avril. La jeune femme ne savait pas pourquoi, enquêtait-elle sérieusement sur la chasse aux sorcières ? Elle-même n'était pas sûre de son raisonnement et de cette prise de risques. Pour l'instant les sorties étaient sporadiques, c'était seulement la deuxième. Megara a dans l'idée de faire connaissance avec des personnes de son âge, qui seraient étudiantes comme elle, afin de gratter le plus d'informations possible dans le but de paraître le plus crédible dans son rôle de Rhiannon Arrow, gardant dans un coin de sa tête les rumeurs bizarres, les non-dits effrayants du comportement de certains. Certes, elle avait perdu sa cousine sur le bûcher mais elle ne risquerait en aucun cas sa vie pour démasquer les coupables : cela l'avait tellement retournée qu'elle craignait pour sa propre vie à présent. Sortir pour oublier ces images atroces ; se mettant ainsi davantage en danger, ou sortir pour la vengeance, la balance ne cessait d’osciller entre les deux.

Un comble pour une gamine qui avait pour credo d'éviter de se frotter à ceux de cette espèce, les sans-magie. La briseuse de sorts les plaignait plus qu'elle les détestait à vrai dire ; vivre sans magie, ce cauchemar absolu. Du moins avant. Alors elle s'était préparée, elle ne voulait pas passer pour une fille de riche, elle n'était qu'étudiante à l'université de Cornouailles, pas de Londres. Elle mettait paquet pour le monde sorcier, ici ce sera petite robe corolle simple, au buste moulant et au jupon gonflé et avec un nœud noué à la taille, soulignant cette dernière. D'un coup de baguette magique, la sorcière teinta le tissu d'un noir profond, effaçant l'imprimer jacquard qu'elle trouvait trop criard, pas à son goût du tout. Cheveux aux boucles parfaites, imitant une certaine Marilyn d'outre-atlantique qu'elle ne connaissait pas, l'illusion était parfaite. La première fois qu'elle s'était aventurée à se mêler aux moldus, Meg avait fini dans un bar quelconque et ce n'avait pas été très instructif. Des bad boys rockabilly, des teddy-boys, des beatnik, la Carrow croise de tout sur son chemin. Cette fois-ci, pour changer, et guidée par l'envie de se déchaîner, persuadée que cela évincerait ses sombres pensées, pas trop encline à parler, la musique d'un endroit l'attire sans crier gare. Elle s'engouffre dans le club et force un sourire à l'entrée, voulant paraître plus engageante qu'elle ne l'était. La piste de danse était plus importante que le bar, ce qui était pile poil ce que la brune cherchait.

Megara ne se fit pas prier pour rejoindre les gens se déchaînant sur la piste, pas la peine d'attendre qu'on l'y invite. Les musiques s'enchaînent sans trop qu'elle y fasse attention. Sa technique marche : elle ne pense à rien d'autre qu'à l'instant présent, qu'à sa performance. Plusieurs personnes se succèdent pour l'accompagner, homme, femme, peu lui importe, tant qu'elle trouve quelqu'un partageant la même envie qu'elle. Puis, au bout de certainement une heure, la soif se fait sentir, le bar l'appelle. Heureusement qu'elle avait pensé à faire transformer quelques gallions en livres avant de quitter le boulot tout à l'heure, pratique de travailler dans une banque. Avec le bon breuvage, elle pourrait passer la nuit à danser, quitte à rester seule sur la piste. « Un Side Car s'il-vous-plaît. » Fait la sorcière à l'adresse du barman, un peu essoufflée. « Oh pardon, vous étiez en train de commander, allez-y. » S'excuse-t-elle auprès de la jeune femme à la robe courte qui se trouve juste à côté d'elle. Puis, en voyant son visage, Megara sourit. « Tiens, quelle surprise. » Ajoute la Carrow en reconnaissant la Fletcher. Ses yeux bruns trouvent ensuite les visages des deux autres jeunes femmes l'accompagnant. « Eh bien, je vois que je ne suis pas la seule à vouloir m'amuser ce soir, qu'elle est l'occasion ? » Demande-t-elle avec nonchalance aux trois filles. Fletcher, Malfoy et … Elle savait qu'elle l'avait déjà vu mais n'arrivait pas à remettre un nom sur ce visage juvénile aux grands yeux de poupée.

Cela faisait bien longtemps qu'elle n'avait pas côtoyée ces anciennes camarades en tout cas. Olivia était la seule avec laquelle elle était restée en bon contact d'ailleurs, la seule qui avait compris que si elle s'était éloignée de leur groupe de potes, c'était pour protéger les noms les plus fragiles du courroux de ses parents. Qui sait ce qu'ils auraient été capable de faire s'ils avaient découvert que leur fille était proche de nés-moldus.

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Longue sera la nuit. Jusqu’au petit matin et même après. Jules le souhaite, le veut. Elle veut fêter son anniversaire comme il se doit. Pas seulement parce que c’est son jour à elle, qui lui appartient et qu’il annonce le printemps, mais pour oublier les soucis qui rythment sa vie au quotidien. Cadence incertaine des incertitudes qui l’empêchent la nuit de s’endormir. Troubles du sommeil, anxiété masquée par un sourire de façade. Elle craint sa mère, peste contre son aîné, s’inquiète pour son cadet et regrette son père. Elle a tout quitté pour obtenir la liberté. Prix à payer ô combien coûteux, alors elle se le jure, se le promet tandis qu’elle arpente les rues de la cité, on ne lui prendra pas cette journée, encore moins cette soirée et la nuit qui commence à peine. Lampadaires qui s’allument, chaleur d’un printemps qui s’installe, prémices d’un été qui se fait désirer, Jules saisit la main de Dolorès sitôt qu’elle a retrouvé son amie pour courir presque rejoindre la baronne.
Dolorès, la nouvelle amie, la surprise. Une jeune femme en qui la princesse a placé sa confiance, se livrant à elle et ne regrettant pas ses choix, car la fille Abbott est une belle personne, une chance de l’avoir rencontré. Et Jules veut en savoir plus sur elle. Désormais, Dolorès est entrée dans la ronde et avec la brune, la blonde veut se créer des souvenirs. Choses précieuses que l’on peut emporter avec soi, n’importe où, même lorsque l’on cherche à fuir le quotidien. Fugitive des siens, sa nouvelle famille n’est pas celle du sang, mais du cœur, qu’on se le dise, Dolorès en fait désormais partie. — Merci et nous allons fêter cela comme il se doit. Promesse que la fille Malfoy se fait à elle-même autant qu’à son amie. Car elle a besoin de se vider la tête, de ne plus réfléchir. Non pas qu’elle soit malheureuse, pas en ce moment car elle peut désormais compter sur les sentiments d’une certaine rousse. Certes, c’est encore nouveau, terriblement fragile et c’est l’inconnu, mais c’est aussi un soutien de poids et c’est rassurant. Mais outre cette relation encore secrète, Jules ne peut pas tout lui confier, notamment sa condition de sorcière et la vérité sur son histoire, sur sa figue. Des brides, des morceaux éparpillés, un puzzle incomplet, voilà tout ce qu’elle peut offrir actuellement à Tasha et ça lui tiraille les entrailles.


La baronne justement.
C’est vers elle que Jules s’élance sans attendre, se perd dans les bras de son amie. Son cœur s’accélère, comme toujours quand elle voit son amie. Olivia, la première, la plus ancienne d’entre toutes, celle qui était là, est là et sera encore et toujours là demain. Elle est son bras droit, la béquille qui la soutiendra toujours dans la nuit, un gouvernail pour ne pas se perdre. Mais tout cela, Jules ne le dit pas. Un simple regard suffit, pétille, pour faire comprendre à la sorcière combien elle compte. Une nouvelle amie, une ancienne, un trio pour une soirée qui s’annonce mémorable tandis que la blonde fait les présentations rapidement. Principalement parce que oui, il commence à faire froid. La tiédeur de la journée s’évapore au profit d’une fraîcheur qui arrache un frisson à Jules. — Vous vous connaissez ? Elle arque un sourcil. Comment ces deux brunes peuvent se connaître ? Regard interrogateur, mais Jules ne compte pas insister. Elle se garde bien d’en savoir plus, notamment autour d’un verre. Les langues se délient toujours plus facilement après quelques gorgées, c’est bien connu. — Merci ! Une année de plus et je suis très contente que vous soyez toutes les deux ici. On te suit, chère baronne. Viens Dolly.
À nouveau, sa main s’empare du bras de la plus jeune pour l’inviter à les suivre. Jules se veut guide et bouclier de la petite Abbott, car après tout, c’est elle qui l’a invité et elle ne veut pas qui lui arrive malheur. De son amie Ollie, elle s’inquiète moins, connaissant la baronne qui possède des griffes acérées et des crocs aiguisés.

Et les voici dans l’antre des loups. Territoire des cousins moldus. Jules s’y déplace avec aisance. Elle a l’habitude depuis plusieurs mois maintenant d’y jouer la comédie, de se présenter sous un autre nom pour certains, de s’inventer une histoire, celle d’une fille qui vient découvrir le continent voisin, française de surcroît. Son accent et ses racines lui offrent un alibi parfait pour jouer ce rôle qu’elle s’est inventée. Et tandis qu’elle serpente jusqu’au comptoir, sa main ne lâche pas Dolly et son regard, Ollie qu’elle suit. Oui, sois notre guide Ollie, sois celle qui tient la barre ce soir et qui mène la danse ! Le comptoir est plein, tout comme les lieux. Heure de pointes, les travailleurs viennent se détendre et profiter d’une soirée. La jeunesse vient siroter des verres et les rencontres vont et viennent. Œillade lancée vers la piste de danse où les couples se déhanchent sur une musique qui résonne. Le jukebox crache des tubes d’Outre Atlantique, notamment celui que l’on nomme le King. Et face au barman, Jules ne peut s’empêcher de penser à Tasha. Tasha est bien plus belle que cet homme au visage fade qui pourtant, lui sourit de toutes ses dents. Tasha fait aussi sans l’ombre d’un doute, de bien meilleurs cocktails que lui, mais pour ce soir, Jules se contentera de ce barman tandis qu’elle saisit un cendrier pour finir sa cigarette en tirant dessus.
— Deux. Dolly, tu prends quoi ? Elle se tourne vers la brune tout en soufflant la fumée sur le côté. — Oh, mais j’y pense, tu préfères quoi en boisson ? Plutôt alcool fort ? Doux ? Des glaçons, sans ? Peut-être même qu’elle ne boit pas d’alcool songe alors Jules. C’est étrange car dans l’esprit de la blonde, chacun de ses proches peut être représenté par un animal. Ainsi, Dolly prend la forme d’un chaton à qui on doit aiguiser ses griffes. Elle pourrait aussi être un hamster cela dit. Tout roux, tout mignon, qui grignote sa graine de tournesol. Là où Ollie a plus l’allure d’une lionne. Tasha serait forcément un animal sauvage qu’on ne peut pas dompter. Un mélange étrange entre un félin et un canidé. Jules, elle se représente comme une hirondelle, difficile à saisir, qui vole vers des jours plus chauds, plus ensoleillés. — Si tu n’es pas amatrice de whisky, tu peux essayer un daïquiri, c’est avec du rhum, plus sucré en bouche et tout aussi délicieux. Elle se retient d’ajouter d’ailleurs que tant que c’est de l’alcool, c’est forcément bon.


Lèvres entrouvertes, Jules va parler à Ollie quand elle s’arrête. Son visage se fige un instant sur une silhouette familière. Certes, cela fait des années qu’elle ne l’a pas vu, ou pas d’aussi près en tout cas, mais Megara Carrow est facilement reconnaissable. Visage symétrique, regard pénétrant et chevelure aussi sombre que la sienne est claire, de la pureté dans les veines pour la fille de Cadmus Carrow. — Meg… qu’elle souffle avant de saisir son verre quand le barman lui donne enfin sa commande. D’une année son aînée, la sorcière a partagé les mêmes couleurs qu’elle. Élève sous l’emblème du serpent, leurs parents se connaissent d’ailleurs. — Apparemment non et je suppose que toi non plus, tu ne souhaites pas être vue parmi nos semblables, au moins pour ce soir. Remarque cinglante qui met en avant le désir d’une sang pure à venir passer du bon temps chez les moldus sans nécessairement se faire percer à jour. Il est certain que pour une Carrow, cela fait autant mauvais genre, pour ne pas dire tâche, que pour une Malfoy. Elles ont au moins cela en commun. — Tu es bien curieuse, fait alors remarquer Jules. — Figure toi que c’est mon anniversaire et que je compte le fêter comme il se doit. Autrement dit, en grandes pompes, car Jules est Juliet Malfoy et qu’elle ne fait jamais dans la demi-mesure. Son verre à la main, elle fait quelques pas en apercevant une banquette libre au fond, située dans une alcôve. — Allons là-bas pour trinquer qu’elle dit alors à l’intention du trio avant de poser plus longtemps son regard sur la fille Carrow.
Peut-être que le trio peut devenir un quatuor, après tout ? Qu’est ce qui les en empêche ? Le dicton ne dit pas que plus on est de fous, plus on rit. Sourire qui s’étire sur ses lèvres, un peu de malice pour la blonde. — Tu te joins à nous, Megara ? Sauf si tu préfères rester seule, mais c’est triste de danser seule et je suis de bien meilleure compagnie que le barman. Toujours dans la modestie, Jules, toujours. Et déjà, elle disparaît en direction de l’alcôve pour s’y asseoir.
À elles, les longues nuits de fête en commençant par celle-ci.

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Une soirée, non une nuit pour célébrer, folâtrer sans se soucier du lendemain. Qui l’eut cru, qu’un beau jour elle tiendrait la main de Juliet Malfoy, entrainée dans son sillage pour fêter cette année de plus. Mais Juliet n’était plus Juliet désormais, elle était Jules, la belle Jules avec laquelle elle avait bien plus en commun qu’elle aurait jamais accepté de l’admettre autrefois. Vingt-cinq ans, soit un âge qui semblait encore si loin pour la petite brune qui n’avait même pas encore fait son entrée dans la vingtaine, mais qu’elle atteindrait pourtant bien plus rapidement qu’elle le pensait. Le chiffre était significatif, l’un de ces anniversaires majeurs, de ceux qu’on ne pouvait que marquer d’une pierre blanche, auquel il allait de soi d’accorder toute l’attention qu’il méritait. Et Dolly était toute prête à le faire, fière et flattée que la princesse aux cheveux d’or l’ait ainsi conviée. C’est qu’elles ne se connaissaient pas depuis si longtemps, ou pas vraiment. La princesse des vipères aujourd’hui n’était plus, ou plutôt, elle lui apparaissait autrement et déjà la petite brune pouvait sentir ce lien qui se nouait, fondé sur une compréhension mutuelle et des origines communes malgré tout ce qui pouvait différencier leurs deux familles.

Elle se laissait entrainer avec joie, pour découvrir qu’elles ne seraient pas deux mais trois, chose qui n’était aucunement surprenante. Ce qui l’était en revanche, c’était l’identité de la nouvelle acolyte, somptueuse brune que Dolores n’eut aucun mal à reconnaitre malgré les années qui les séparaient de leur dernière rencontre. L’enthousiasme s’étouffa soudainement alors que venait le désir de se faire toute petite. Aucun besoin de faire preuve de papelardise dans le cas présent, ce n’était de toute façon pas vraiment dans ses habitudes. C’était plutôt la honte qui régnait, honte lorsqu’elle se rappelait de l’attitude qu’elle avait eue envers cette jeune femme alors jeune fille qui n’était pourtant en rien responsable d’une situation tragique. Elle aurait voulu lui dire qu’elle était désolée, qu’à l’époque elle n’était qu’une enfant et n’avait pas su faire preuve de discernement. Que l’amertume qu’elle ressentait peut-être encore parfois ne lui était aucunement destinée. Mais non, pas maintenant, parce que maintenant, il y avait Jules. « Un peu… mais ça fait longtemps. » fut tout ce qu’elle parvint à baragouiner en guise d’explication, parce que tout ça c’était une vieille histoire pleine de vieilles rancoeurs et qu’elle n’avait pas du tout envie de remuer ça ce soir. Et puis, elle le voyait qu’Ollie essayait de faire un effort pour l’inclure, ou du moins elle en avait l’impression, alors loin d’elle l’idée de vouloir jeter de l’huile sur le feu.

Elles aussi se connaissaient apparemment, et plutôt bien. Princesse et baronne, quelque chose là-dedans sonnait juste et pourtant presque insolite alors que si longtemps elle avait imaginé Juliet uniquement entourée de prestigieux héritiers au sang-pur. Ce que, à sa connaissance du moins, Olivia n’était pas vraiment, détonnant dans ce paysage. Mais Jules s’était affranchie, bien différente de tout ce qu’elle avait laissé paraitre si longtemps, y compris à Dolly. Quand même, la petite brune aurait adoré entendre l’histoire de leur rencontre. Elle n’osa pas demander, pas tout de suite, se sentant encore marcher sur des oeufs aux côtés de la Fletcher.

Alors elle suivait dans cet endroit nouveau mais qui pourtant avait des accents de familiarité. Meredith l’avait suffisamment entrainée dans divers bars moldus pour qu’elle ne s’y sente plus du tout étrangère. Et puis, elle avait deux guides qui semblaient maitriser ce monde encore mieux, en connaitre tous les codes, y compris la princesse blonde, qu’on aurait presque pu penser moldue tant elle paraissait à l’aise si loin de son univers de naissance. La soirée battait son plein, musique entêtante, un bar bien occupé, la fumée qui s’élevait, à laquelle se mêlaient celle de sa propre cigarette acceptée un peu plus tôt et d’un chibouque qu’elle crut apercevoir à une table.
Le bar s’offrait à elles, et avec lui des cocktails divers et variés, noms autrefois mystérieux mais qu’elle s’était attachée à découvrir les mois passant, jusqu’à affiner ses propres préférences. Des préférences qu’elle comptait bien affirmer, un tantinet vexée de la sollicitude qu’on lui offrait, toute jeune femme à peine sortie de l’adolescence qui plus que tout voulait être traitée en adulte, au même titre que ces deux acolytes de la soirée. « J’ai déjà goûté le daïquiri, je préfère le whisky au rhum. Je vais prendre un Old Fashioned aussi. »

Elle eut à peine le temps de commander et souffler de nouveau sur sa cigarette qu’une quatrième pièce de ce jeu d’échec apparut. Il lui fallut quelques secondes pour mettre un nom sur ce visage quelque peu familier sans l’être vraiment, élément d’un paysage qu’elle avait dû fréquenter (parfois contre son gré) depuis son plus jeune âge. Le patronyme finit pourtant par lui revenir, tout comme l’incongruité de la voir ici, milieu loin d’être naturel pour des jeunes femmes issues de la meilleure société sorcière. Elle se contenta d’un simple signe de tête en guise de salutation, sans savoir si celui-ci avait été perçu. De toute manière, elle sentit d’entrée de jeu que toute intervention de sa part serait superflue, étrangère qu’elle était aux liens et tensions qui régnaient entre ces trois femmes et que Dolly ne pouvait réellement comprendre. Une invitation à faire de leur trio un quatuor fut lancée par Jules, invitation qui ne trouva aucune réponse; lorsque la petite brune se retourna, aux abords de d’alcôve, la silhouette de Megara avait disparu. Sans doute avait-elle d’autres plans en tête pour cette nuit loin des siens.
Munie de son verre, la jeune Abbott prit place auprès de Jules avant de boire quelques gorgées, espérant que l’alcool lui permettrait d’être plus à l’aise. Elle qui était pourtant plutôt bavarde d’habitude se trouvait un peu bête face à Olivia, à qui elle jetait de brefs coups d’oeil sans trop savoir sur quel pied danser, incapable de deviner ce que la belle brune pensait de toute cette situation.

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