temporalité du rp : le mois de juin de l'année dix-neuf cent cinquante-cinq
personnages concernés : @ROMAN BORGIN ☽ Hazel Greyback
trigger warnings : aucun pour le moment
intervention autorisée du mj : [ ] oui [X] non (cochez la case correspondant à votre choix)
autre(s)

IN FOR THE KILL - 2021-2022

La môme avait pété un boulon et c'était moche à voir. Elle avait braillé dans l'étreinte du vieux loup et c'était déjà fini. Papa-garou était parti loin et puis c'est tout son monde à elle qui s'écroulait. Asher avait déguerpi et elle était restée là, avec la morve au museau et dégoulinante. La sale mioche n'avait pas bougé parce qu'elle pressentait que c'était le bout. Maintenant, elle était une grande fille et elle devait se débrouiller par elle-même. Papa avait pris le large et elle détestait la terre entière pour ça. Alors, la sauvageonne s'était réfugiée dans la forêt des cogneurs, là où personne ne la retrouverait. La jeune arboriste-élagueuse connaissait l'endroit mieux que quiconque. Et elle était la plus maligne à ce petit jeu, même si elle priait pour qu'ils fouillent le bois à sa recherche. La crapule pensait que s'ils l'aiment vraiment, ils n'arrêteront pas de chercher de sitôt. Si son paternel ne la rouspétait plus, la gamine espérait qu'un autre s'inquiéterait pour elle. À ce moment-là, elle avait déjà disparu depuis trois jours et c'est tout le camp qui s'était affolé. Par les temps qui courent, on s'imaginait toujours le pire. Les loups avaient balayé le coin durant de longues heures et Hazel se sentait plus apaisée. La meute était là pour elle et ça l'aidait à traverser tout ça. La mouflette avait abusé des siens et il était grand temps de rentrer à la maison. Elle allait le faire mais elle voulait voir quelqu'un avant cela. La blondasse devait des excuses à ce quelqu'un et elle avait d'autres choses si importantes à lui dire. Ça ne pouvait pas attendre le lendemain, même s'il était déjà tard et qu'elle faisait peur à voir dans son état.

La gosse escalada la grille du vieux manoir avec habileté. Elle était roublarde et c'était son truc à elle. La mouflette aimait penser qu'elle avait hérité du talent d’acrobate de sa vraie mère. Aussi, elle sauta la clôture et atterrit sur ses genoux éraflés. La bouseuse en avait vu d'autres et se contenta de grimacer. Et c'est qu'il était déjà là, celui qu'elle était venue trouver de si loin. Le loup avait flairé sa présence et l'attendait de l'autre côté du grillage. « Surprise... » Qu'elle marmonna à son encontre, très mal à l'aise. La crapule ne savait pas encore comment elle allait être accueillie. @Roman Borgin était le chef de la meute Greyback et il était aussi le parrain de la jeune Hazel. Elle l'adorait depuis toujours et ne s'était jamais lassée de le chatouiller. Mais depuis qu'il était devenu l'Alpha, tout était différent pour la môme. Il y avait trop d'étiquettes autour de leur relation et elle ne savait plus sur quel pied danser. Est-ce qu'il était son parrain avant d'être son chef, ou vice-versa ? À l'intérieur d'elle-même, la louvette était toujours là et s'inclinait devant lui. Elle pensait qu'il fallait se soumettre à son autorité et c'était là encore un désaccord entre elles. Hazel Greyback n'était pas soumise comme nénette et luttait contre son hôte. « J'avais b'soin d'prendre un peu l'air. » Qu'elle l'aborda avec franchise. La gosse avait une montagne de défauts mais elle n'était pas une menteuse. Elle ne voulait pas lui raconter des bobards sur cette énième fugue. Elle avait recommencé, comme lorsqu'elle était gamine et il n'y avait rien à ajouter à ça. Alors, elle alluma une cibiche devant lui et tira une longue taffe. « Je... Je schlingue et j'ai faim, Roman. » Qu'elle balança tout en passant ses doigts dans sa sale tignasse. La sauvageonne était toute cracra et écorchée de partout à force de s'accrocher dans les branches. C'est qu'elle s'était donnée beaucoup de mal pour ne pas être trouvée. « J'imagine que c'est toi qui m'a envoyé les louvarts au cul. Y méritent une récompense, ils ont rien lâché. » Qu'elle révéla avec son petit sourire narquois. La pucelle était si fière d'avoir trompé son monde à elle, une vraie tête à claques. « Toi, tu m'trouvais toujours. » Qu'elle affirma à voix basse. Avec nostalgie, la mioche se rappelait que le berserk était meilleur qu'elle à son propre jeu et qu'il la battait à plate couture. C'était souvent lui qui la ramenait à son père et sa belle-mère quand elle s'était échappée. « T'sais, je... Pardon. C'était pas cool. » Qu'elle s'excusa maladroitement. Roman avait déjà tant de choses à gérer et n'avait pas besoin qu'elle en rajoute une couche. Et l'Alpha n'avait pas que ça à faire que de lui remonter les bretelles. « On peut causer à l'intérieur ? Avec un p'tit casse-dalle, j'suis affamée. » Qu'elle minauda comme une petite fille. La blondasse pouvait se permettre plus que les autres parce qu'elle savait comment l'attendrir. Et ça marchait presque à chaque fois.

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Quelle était l’expression déjà ? « Une emmerde ne vient jamais seule. » Il ne saurait dire qui avait été l’instigateur de cet adage, mais force était de reconnaitre qu’il avait raison à bien des égards. Lugh était mort, lui laissant sur les bras la meute dans toute son entièreté, avec ses dysfonctionnements, ses vieilles coutumes pourries ancrées dans les caboches, crasse et insalubrité. Asher n’avait pas tardé à suivre la route de l’abandon, désertant la meute pour des raisons qui lui étaient propres, et avec lui, l’espoir de jours meilleurs, d’un mieux-être désormais presque hors d’atteinte. Le vieux bougre de Roman Borgin avait l’humeur en dents de scies. Pour couronner le tout… sa filleule, le rejeton d’Asher, s’était fait la malle. Pour sûr, il savait qu’elle n’était pas bien loin, elle ne s’éloignait jamais de plus de quelques kilomètres, louve pas encore assez assurée, gamine capricieuse. Il l’avait toujours connue ainsi, et si dans les premières lueurs de leur relation il s’était souvent trouvé loup désœuvré et inquiet, aujourd’hui, il ne se faisait plus tant de mouron pour la gamine sauvage. Elle avait cette tendance à bouder pour un tout et un rien : sa part de gâteau volé, un béguin non-réciproque, une araignée dans ses chaussettes… Tout était sujet à la bouderie. Mais pour cette fois, il pouvait entendre et comprendre les raisons de ce besoin de s’isoler et de faire naître l’inquiétude dans la caboche de tout un chacun. Son père était parti. Ce n’était jamais chose aisée à concevoir, ce n’était pas tout à fait non plus dans la logique des choses : ce sont aux enfants de quitter le nid, rarement l’inverse. Seul point rassurant à toute cette affaire ? Il la connaissait suffisamment pour savoir qu’elle avait trouvé refuge dans la forêt des cogneurs. Un endroit où les moldus ne s’aventureraient pas, les arbres bien trop virulents pour quiconque ne connaissaient la meilleure façon de les approcher… ou tout du moins de les éviter. Pourtant, le soupçon d’inquiétude depuis la mort de Lugh et les disparitions incessantes des sorciers et autres créatures magiques ne quittait pas l’air soucieux du nouvel alpha. En toute honnêteté, il envisageait presque sérieusement de lancer un sortilège mouchard sur la gosse, pour être certain de ne jamais tout à fait la perdre de vue. Pas question qu’il perde un autre Greyback, pas question qu’il perde sa filleule, gamine qu’il considérait presque comme sienne, lui qui n’était autorisé à fonder famille.

Il aurait pu, il aurait même dû, rester dans le giron de la meute durant ce laps de temps, investir la tente ensorcelée à son égard. Il était bien plus aisé d’agrandir une tente qu’une roulotte… Une histoire de tissu certainement, - il ne s’était jamais réellement posé la question – cependant, il avait lui aussi besoin de ses instants de quiétude, de sortir la tête hors de l’eau. Le faisait-il vraiment ? Plus depuis qu’on l’avait sommé d’être à la tête de la meute et de veiller sur elle. Au lieu de quoi, son loup veillait jalousement sur les siens, un rôle qui lui avait été refusé pendant bien trop longtemps, ou cantonné à un groupuscule de personnes si maigre qu’il était aisé de s’assurer du bien-être de chacun. Là encore pourtant, l’une d’elle avait désertée. Avait-il fini par avoir gain de cause à force de la rejeter ? Par deux aspects, il se montrait en contradiction. Il espérait sincèrement que la Crabbe avait enfin compris qu’il ne pouvait céder à sa requête. D’un autre côté… ne plus l’avoir dans les parages constituait la pire des tortures. Elle était l’amour unique, celui auquel son loup ne pouvait renoncer malgré tout. Il était rongé par cette sinueuse rage tapie au fond de lui. L’envie de tout foutre en l’air était presque tentante. Hélas pour lui, il était homme de parole. Il avait fait une promesse à son vieux pater, il avait fait un serment à la meute. Il ne faillirait ni pour l’un, ni même pour l’autre.

Aussi ne fut-ce pas tant étonnant qu’il lève le nez de ses parchemins noircis par sa propre écriture lorsqu’un bruit provenant de l’extérieur n’attira son attention. Il n’avait pas besoin de s’inquiéter de savoir qui, il le savait déjà. Trois jours. Elle avait tenue tant de temps finalement. S’extirpant de son vieux fauteuil de cuir, il ne prit pas la peine de paraitre surpris quand il atteignit la porte et qu’elle se trouvait de l’autre côté. Pas plus qu’il n’eut une mine rassurée sous son premier mot marmonné, ni même sa justification. Un simple regard suffisait bien souvent pour faire passer le message. Un grognement, pour toute réponse, ou sous la cigarette allumée, peut-être même un peu des deux, avant qu’il ne se pousse de l’embrasure pour l’autoriser à entrer dans sa demeure, son havre de paix. Elle n’était pas parfaite, usée par le temps, achat pour la tranquillité, pour s’occuper les mains. Il avançait petit à petit, à retaper ci-et-là. Pour qui ? Pour quoi ? Certainement pas pour une famille qu’il ne pouvait avoir. Ça n’avait pas d’importance, il réparait, et peut-être que plus tard, il revendrait pour mieux recommencer ailleurs, tant que ça restait à proximité de la meute… jusqu’à ce qu’il décide de redevenir solitaire. La porte qui se referme, dans un semi-claquement, alors qu’il pousse enfin le soupir certainement tant attendu de l’homme qui ne va pas user d’une autorité conférée pour remettre les pendules à l’heure. Ça ne marche pas comme ça avec la môme. « Tu sais où se trouve la salle de bain. » Qu’il ronchonne, comme s’il n’avait pas déjà préparé la venue de la fugueuse, serviettes posées dans un coin, produits féminins dans un autre, oubliés par la Crabbe. Le tout à l’étage, avec des vêtements propres, les siens à lui, à défaut d’avoir quoi que ce soit pour habiller une jeune fille. « Lésine pas sur le savon. » qu’il assène, claque de la langue. « Et prends ton temps. Douche, ensuite tu manges, et ensuite tu me racontes ce qu’il t’est passé par la tête. » Qu’il achève, avant de lâcher un énième grognement pour le commentaire sur la meute. Non, bien sûr que non, aucun d’eux n’allait lâcher. Elle n’était pas qu’une petite louve de rien du tout, c’était une Greyback, la gamine sauvage adorée, la princesse du marais. Lui, il n’aurait jamais mis autant de temps à la retrouver, mais il avait un talent de pisteur, de mercenaire. Son loup était un vrai traqueur. Et parce qu’il n’est pas insensible le vieux bougre, il ne manque pas d’attraper la sale gosse pour la serrer un instant contre lui, les lèvres venant baiser son front, message en fond de cale, celui de ne plus refaire ça, avant de finalement grimacer, l’odeur sans aucun doute. « File Hazel. Et ne redescend pas tant que l’eau n’est pas claire. » qu’il assène, avant de s’éloigner de lui-même, direction la cuisine sans aucun doute, dans la perspective de préparer le met préféré de la gamine, et sans doute… réconfortant à sa manière ? Quel genre de parrain serait-il s’il ne connaissait les goûts de sa presque fille ?

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La môme avait brouillé les pistes des louvarts. Elle s'était roulée dans le purin et elle schlinguait la merde. La bouseuse avait gerbé ses tripes mais elle avait fini par s'y habituer. Elle était cracra et ça exaspérait son parrain. Depuis toujours, il bataillait pour qu'elle se lave et coiffe sa sale tignasse. C'était pas son truc à la mioche, elle était toujours pleine de bouillasse. Elle en avait rien à foutre de rien et ça faisait tout son charme. Elle n'était pas une petite fille comme les autres et elle ne jouait pas à la poupée. La mouflette aimait la castagne et les bouches ensanglantées. Elle était si sauvageonne et la pire de sa famille de générés. Pourtant, son papa était plus évolué et elle n'avait pas été élevée comme ça. La gosse avait mal tourné et elle était complètement en marge du monde de la Magie. Il n'y avait que la meute dans sa chienne de vie et c'était pas jojo. Alors, depuis qu'elle avait quitté l'école, la gosse vivait à l'état sauvage sur le camp Greyback. C'était son rêve de gamine et elle avait tiré un trait sur tout le reste. Elle n'était plus qu'une zonarde et une mauvaise fille. Et il y avait son père qui la laissait faire tout ce qu'elle voulait mais il n'était plus là. Maintenant, la crapule était sous la responsabilité de son nouvel Alpha et elle craignait qu'il ne veuille la changer. Ça lui foutait la trouille parce qu'elle ne savait pas être autre chose qu'elle-même. Hazel était vraie et on l'aimait pour ça aussi. Alors, elle baissa les yeux devant Roman alors qu'il la sondait silencieusement. La mioche parlait dans le vide et ça la faisait tant rougir. Elle pensait qu'il allait lui passer un gros savon parce qu'elle avait encore fugué.

Sans un mot, l'homme invita la louvette à entrer chez lui et elle traîna des pieds jusqu'à l'intérieur. Elle était épuisée et tout son corps frêle lui faisait mal. La bouseuse rêvait d'un petit gueuleton puis d'un bon dodo. Mais avant ça, elle voulait causer à Roman. Elle avait des choses importantes à lui dire et elle avait fait tout ce chemin rien que pour ça. Alors, Hazel s'excusa avec maladresse et elle était prête à prendre sa soufflante. Son papa à elle gueulait fort et après c'était fini. Parfois, il cassait des bibelots ou des chaises mais ça passait vite. Ça montait et ça redescendait presque aussitôt. C'était un truc de Greyback. Quant à lui, son parrain soupira longuement et lui ordonna d'aller se doucher à l'étage. La blondasse fronça les sourcils parce qu'elle était toute chamboulée. « Tu vas pas m'rouspéter ? » Qu'elle l'interrogea à voix basse. La pocharde se rappelait qu'elle avait passé un sale quart d'heure il y a quelques mois de cela. Elle avait picolé au casino et Roman l'avait chopé au pieu avec un homme beaucoup plus âgé. C'était pas un bon souvenir et elle le chassa de sa mémoire. Mais cette fois-ci, le vieux loup la pressa contre lui et lui baisa le front. La môme resta les bras ballants puisqu'elle ne s'y attendait pas. C'était tout plein de tendresse et ça réchauffait son petit cœur. « T'abuses, putain. J'sais prendre une douche. » Qu'elle ronchonna alors qu'il la piquait encore. Elle était pas très démonstrative comme gamine.

La vagabonde pénétra dans la salle de bain et découvrit qu'il avait déjà tout préparé pour elle. Il y avait les serviettes soigneusement pliées et les produits d'hygiène mis à sa disposition. L'homme avait anticipé sa venue et il la prenait vraiment pour une souillon. « T'es un gros malade mental, Roman ! » Qu'elle hurla depuis tout là-haut. Il faisait une fixette et ça devenait très grave. Et il y avait même des trucs de filles mais Hazel ne savait pas à quoi tout ça servait. Elle leva les yeux au ciel et se contenta de l'eau et du savon. La bouseuse passa un long moment sous la douche parce qu'elle était cradingue et que ça lui faisait beaucoup de bien. À présent, la mioche était propre comme un sou neuf et se sentait si relaxée. Puis la crapule enfila les sapes trop grandes, celles qui appartenaient à son parrain, avant de dévaler les escaliers à toute berzingue. Sa longue tignasse dégoulinait encore de flotte mais elle retrouva fiça Roman en bas, dans la cuisine. « T'as fait la tambouille pour moi ? » Qu'elle s'émerveilla en humant les bonnes odeurs de la popote. La gamine sautilla derrière son dos pour voir ce qu'il avait préparé de bon et elle était maintenant surexcitée. C'était une véritable goinfre. « T'es cool. » Qu'elle lâcha avec un large sourire. Son parrain s'occupait bien d'elle et ça la réconfortait tant.

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Parfois, il se demandait si la louve ne prenait pas le dessus sur l’humaine, l’incitant aux conduites les plus inadaptées, les plus dangereuses et inconséquentes… Puis, il se souvenait que le canidé était arrivé bien après, et qu’Hazel s’était toujours montrée gamine sauvage, prête à montrer ses propres canines pour se faire entendre. Influence sortie d’il ne savait où précisément, mais à bien y réfléchir, la meute dans son ensemble serait la meilleure des réponses. Inadaptés sociaux, va-nu-pieds, hommes et femmes ayant abandonné tout espoir d’une vie bien meilleure que celle que le Ministère de la Magie leur autorisait à avoir. Seuls celles et ceux qui n’étaient pas déclarés pouvaient encore prétendre à une vie meilleure, ou ceux provenant de familles contre lesquelles même un agent de contrôle et régulation des créatures magiques ne pouvait rien. Les anciens alphas avaient laissé faire cela. Certes, ils s’étaient battus pour la meute, mais pas assez, et avait baissé la queue entre les jambes dès lors que les sorciers et sorcières du ministère montraient la baguette ou un simple parchemin d’avis d’expulsion. Lukwos et son père avant lui avaient lâché prise. Lugh n’avait pas mieux fait, mais il avait appris à écouter. Roman ne ferait pas les mêmes erreurs que tous ceux-là avant lui. Il comptait bien redresser le niveau de vie des Greyback, leur assurer une vie bien meilleure, leur offrir bien mieux qu’un camp miteux à l’allure de décharge pour élever leurs louveteaux. Il comptait bien évidemment sur Bryden, sa sœur cadette pour assouplir la règlementation contre les lycanthropes, et il savait qu’elle était capable de mener ce combat à bien, d’autant plus qu’une nouvelle rumeur concernant les projets de la Ministre de la Magie courait dans les rues, décret anti-lycanthrope à venir. Par les couilles de Merlin, ce qu’il pouvait exécrer cette affreuse bonne femme, pimbêche ne voyant pas plus loin que ses souliers à ne surtout pas crotter. Mais sa sœur n’était pas la seule personne qu’il pouvait compter en soutien dans les locaux du Ministère. Il y avait aussi Oona, sa concubine, ou tout du moins, la femme qu’on l’avait obligé à prendre pour concubine, lui qui n’y voyait aucune utilité : il n’entendait pas demeurer alpha toute sa vie, et elle n’était liée à lui que pour légitimer ce rôle. Foutues règles stupides. Elle faisait pourtant tout pour lui plaire, pour combler ses attentes… À ses prunelles grises pourtant, elle n’était qu’un pion à placer sur l’échiquier de la meute, et il entendait bien en placer d’autres tout aussi judicieusement. Le départ d’Asher posait quelques soucis, plus particulièrement pour le point nécessaire : l’argent. Non pas qu’il entendait mendier auprès du frère de l’ancien alpha, il avait un plan. Un plan qui nécessitait de jouer sur les affaires de la Pègre. Soit, il trouverait une autre manière de trouver l’argent nécessaire pour monter à bien ses plans.

Pour en revenir à la louvette, il savait pertinemment qu’il ne la changerait pas. Jamais. Le sauvage était bien trop ancré dans ses gènes pour l’en faire sortir. Au mieux pouvait-il lui apprendre à jouer la comédie auprès des bien-nés. Et là encore, il émettait un doute quant au bon vouloir de la gamine. Asher s’était montré bien trop coulant avec la petite princesse. Comme avec ses autres enfants. Mais Asher avait réussi à s’élever, un exemple qui n’avait pas été suffisamment remarqué. Il n’allait pas vilipender la gamine, il savait la chose fort inutile. Mais il ne pouvait non plus laisser passer le caprice. Le parrain ne cédait pas. L’alpha encore moins. Les alentours étaient bien trop dangereux désormais. « Ai-je des raisons de te houspiller Hazel ? » Marmonna-t-il en réponse à sa question, haussant un sourcil dans ce même temps. Elle avait perdue bien des membres de sa famille en à peine un mois, il pouvait le comprendre. Hélas pour elle, elle finirait par perdre bien plus à se montrer aussi insouciante et capricieuse. L’idée lui était insupportable, et l’alpha protecteur en lui savait se montrer aussi doux que mordant. Un rire vint gronder dans son torse, alors qu’il la relâchait pour qu’elle aille se décrasser. Étrangement il était très à cheval sur la propreté, plus encore dès lors que ça la concernait. Sans doute parce qu’il savait ce dont elle était capable pour échapper à ses assaillants. L’odeur de purin n’était qu’un exemple parmi tant d’autres.

Et si la jeune fille ne manqua pas de lui faire remarquer son obsession, ce ne fut que pour mieux lui extirper un rire. Leur relation était ainsi, ponctuée d’instants de tendresse, et d’autres de piques bien placées. Il prenait à cœur son rôle de parrain, et veillait jalousement au bien-être de la princesse, cette enfant qu’il considérait presque comme étant la sienne. Qui pourrait le lui reprocher ? Lorsqu’il entendit son pas lourd descendre à toute vitesse les escaliers, il lui vint pourtant l’idée qu’un enfant troublerait la quiétude à laquelle il était habitué. Ronchonna t’il seulement en sentant la gamine lui grimper sur le dos pour savoir ce qu’il était en train de préparer – sandwich au fromage fondu - ? Pas le moins du monde, comme s’il y était tout bonnement habitué, ce qui n’était pas tout à fait faux. « Assieds-toi chipie. » Marmonna t’il avant d’attraper une assiette et d’y déposer le repas de la gosse et de poser le tout sur la table. Un verre d’eau pour compléter le tout, et des couverts, quand bien même il était persuadé qu’elle ne les utiliserait pas. Pour quoi faire soufflerait-elle certainement, ou c’est bien meilleur comme ça… Soupirant vaguement à la vue de ses cheveux encore trempés, il attrapa un chiffon propre pour mieux passer derrière elle et les lui essuyer, comme il le faisait lorsqu’elle était encore enfant. Rituel ponctuel. « Je ne vais pas t’engueuler Hazel, ni même utiliser l’autorité de l’alpha pour te faire comprendre l’énormité de ta bêtise… Mais ne refais plus jamais ça. » Le timbre était grave, profond, comme lorsqu’il entendait se faire comprendre sans prétendre à la menace. « J’ai promis à la meute de la protéger, à ton père de te protéger, ne me fais pas trahir mes serments. » S’il arrivait quoi que ce soit à la gamine, il briserait deux serments en une fois, il estimait que sa parole était ce qu’il possédait de plus sacré. « Tu es comme une fille pour moi Chipie, s’il t’arrivait quelque chose… » Il n’a pas besoin de continuer sa phrase, le suspend est bien assez parlant. Elle lui ferait avoir des cheveux blancs bien avant l’heure. « N’oublie pas ce qui est arrivé à Lugh, d’accord ? » Une leçon pour tous, un rappel qu’ils avaient beau être des animaux sauvages et dangereux… parfois, une balle peut avoir raison de toute cette puissance. « Et si tu as envie de souffler, ou de disparaitre, j’ai une tente immense sur le territoire de la meute, avec plusieurs pièces cachées. Tu n’as qu’à t’amuser à les chercher, personne n’ira t’emmerder là-dedans. Pas même Oona. » Affirmation soufflée, alors qu’il continue de lui sécher les cheveux, mèches par mèches.

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La morveuse avait été capturée entre ses grosses pattes à lui. Le vieux loup avait serré si fort et la mouflette était morte de trouille à l'intérieur. Tout ça parce qu'elle s'imaginait que Roman lui filerait une mandale. Pour sa petite escapade dans la forêt des cogneurs et pour ne pas avoir donné signe de vie pendant plus de trois jours. Elle avait peur de la dérouillée parce qu'elle vivait au milieu des roulottes des barbares. Sur le camp Greyback, la violence était omniprésente et la bouseuse adorait la castagne, comme tous les autres de son espèce. « Humpf. » Qu'elle cafouilla comme une idiote. Son Alpha lui posait là une drôle de question et elle ne voulait pas s'attirer encore plus d'ennuis. Aussi, elle n'oubliait pas que c'était son rôle de berserk à lui, celui de corriger les récalcitrants avant toute cette merde. Alors, la vagabonde resta parfaitement immobile, avec ses bras ballants et tous mous. Elle était poupée de chiffon et ne s'attendait pas à ce qu'il baise tendrement son petit front. C'était adorable et la crapule frissonna de tout son corps. Son parrain était si attentionné et elle ne méritait pas ça. Alors, maintenant, la môme était quinaude et ça valait toutes les roustes au monde. Elle regrettait son comportement et ne recommencerait plus jamais à fuguer. Parce qu'elle détestait lui faire du mal à lui. « T'es toujours toi, alors ? » Qu'elle murmura à son attention. Depuis que Borgin était devenu chef, la louvette ne savait plus sur quel pied danser. Elle ne savait plus si elle était toujours privilégiée dans son cœur, si elle était toujours sa filleule adorée, sa presque fille. Mais ce soir, l'homme n'avait pas traité Hazel comme tous les autres et elle était rassurée. Il n'avait pas attrapé la louvette par la peau du cou et il ne lui avait pas secoué les puces. Si ça avait été n'importe quel louveteau de la meute, les choses auraient été très différentes et elle s'en rendait bien compte. « Y'a rien qu'a changé ent' nous ? » Qu'elle lui posa la question à voix basse, sa binette crado collée contre son torse.

Après sa toilette, la blondasse dévala les escaliers pour rejoindre son parrain à la cuisine. Ça sentait bon le frometon et elle était si affamée. Alors, elle se fichait bien de dégouliner de flotte, ça lui passait complètement au-dessus de la tête. Ce n'était pas le cas de Roman, lui était très tatasse et enquiquinait la morveuse avec ça depuis son plus jeune âge. Ça et tout le reste. L'homme ne la lâchait pas et il était le seul à s'en préoccuper, pour sa plus grande consternation. Toute sa famille à elle avait abandonné depuis longtemps, la mioche était trop colérique et capricieuse. Elle n'écoutait que son père mais il était souvent absent et plutôt permissif dans son genre. La sauvageonne ne faisait que ce qu'elle voulait et c'était tout pareil pour son taré de frère, Fenrir. Ils étaient du genre incontrôlables et ça ne plaisait pas à tout le monde. Mais Hazel voulait que ça plaise au nouvel Alpha, pour préserver leur place au sein de la meute. Elle voulait que le vieux loup comprenne bien qu'ils étaient désormais avec lui. Quant à elle, la louvette avait bien grandi et elle était maintenant prête à s'investir pleinement pour elle, la meute. Hazel s'avachit mollement sur sa chaise avant de passer à table. Elle avait les crocs. « T'as pas plutôt une tite' binouze ? » Qu'elle osa lui demander avec cette petite moue. La péquenaude rêvait d'une bière bien fraîche depuis qu'elle était arrivée jusqu'ici. Aussi, la cul-terreuse planta sa fourchette en plein milieu du sandwich puis commença à le grignoter tout autour. « J'vais m'calmer, juré craché. » Qu'elle promit à son parrain en secouant légèrement la tête. Ce dernier essorait sa tignasse blonde et il ressemblait à un vrai papa pour elle. La gamine ne protestait pas vraiment, elle ronchonnait pour la forme mais le laissait faire. « T'es plus casse-couilles qu'Asher comme père. » Qu'elle se moqua gentiment de lui, sa façon à elle de ne pas montrer toute sa sensibilité à ses tendres paroles. La sauvageonne était si touchée, par ses mots mais aussi par ses actes. Roman ne la laissait jamais tomber, lui et il se donnait tout ce mal rien que pour elle. « Merci... De m'élever comme ta môme... » Qu'elle chuchota avec la bouche pleine. Puis la blondasse pencha la tête en arrière pour sourire à l'homme. Il n'avait pas bougé, il était toujours derrière elle et il séchait toujours ses cheveux. C'était rassurant parce qu'il était désormais presque le seul qui n'avait pas bougé dans sa chienne de vie. « J'suis plus un bébé, t'sais… Je tilte sur c'qui s'passe. » Qu'elle exprima enfin plus sérieusement. La voix de l'Alpha était grave et la gamine l'imitait à son tour. Il lui parlait de la mort de oncle et elle détestait ça. La gosse déglutit difficilement puis elle retint ses larmes. C'était encore tout frais dans son esprit. « Et j'ai la trouille que tu t'fasses descendre à ton tour. » Qu'elle lui confia sa plus grande crainte. C'était trop mimi parce qu'ils avaient si peur l'un pour l'autre. « J'suis plus un bébé, Roman. Papa est parti et Lugh… Fin' laisse-moi occuper la place que j'mérite. » Qu'elle répéta en plongeant ses grands yeux clairs dans ceux de son parrain. C'était pas facile pour la louvette de s'affirmer alors qu'elle se faisait chouchouter comme une jeune enfant. Pour Roman, elle n'avait toujours été que la petite d'Asher. Elle s'était longtemps cachée derrière son imposant papa et n'avait pas encore fait ses preuves. Aussi, la souillon essuya son menton plein de gras d'un petit geste de la main. « Personne tient à la meute plus que moi. » Qu'elle lui rappela en fronçant les sourcils. La brutasse avait tout abandonné pour elle, ses études supérieures et une vie plus confortable ailleurs. Contrairement aux dégénérés, elle était capable et avait fait ses propres choix. Elle avait choisi la meute et n'avait pas hésite une seule seconde. « Oona est une grosse pétasse. » Qu'elle grogna bruyamment, ne supportant pas d'entendre ce fichu nom. La môme la détestait et ne s'en cachait pas. Elle était si impulsive et mal élevée. Aussi, la louvette monta debout sur sa chaise et enlaça l'homme par le cou. Elle l'aimait bien cette idée de tente et elle y penserait pour la prochaine fois.

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