temporalité du rp : juin 1955
personnages concernés : Olivia Fletcher & Adam Bagshot
trigger warnings : potentielles mentions de prostitution et proxénétisme
intervention autorisée du mj : [ ] oui [x] non
autre(s) : /

IN FOR THE KILL - 2021-2022

Dans le bar, les silhouettes s’agitent et dansent sans se soucier de suivre une quelconque chorégraphie. Sur scène, le chanteur embrasse le micro et l’entraîne dans un semblant de valse, sauf que le rythme de la batterie derrière lui indique que c’est l’heure de la révolution et pas celle d’un bal masqué, alors il se dresse et il hurle, Adam n’a d’yeux que pour lui et il se laisse happer par la colère et la peine qu’il entend dans la voix du gars. Le type ne doit pas avoir cinq ans à lui rendre, ils sont de la même génération, celle qui crie que les privations de l’après-guerre ne suffisent plus à justifier les inégalités et le traitement de faveur dont bénéficient leurs aînés.

Il sent les vibrations de la basse jusque dans son cœur, et il se laisse porter, hoche la tête et rêve un peu de pouvoir lui aussi cracher à la face du monde qu’il est gavé de sa laideur et de sa violence. Depuis les funestes événements de la Saint-Godric, tout le monde est sur les nerfs, et surtout ici. Godric’s Hollow n’a plus rien à envier à la capitale, visiblement, pas même la criminalité rampante. Ca le rend malade, lui le gamin qui venait ici pour les vacances, lui qu’on a exilé par décret ministériel, supposément pour le protéger. Cela avait fonctionné quinze ans plus tôt, quand son jumeau et lui avaient pris le train pour se rendre chez cette grand-tante mystérieuse, échappant aux bombes allemandes comme tant d’autres enfants ; mais pas cette fois. Il est loin, le temps de l’innocence. Elle est finie et enterrée, l’enfance.

Il n’a pas assisté au bûcher, mais les récits qu’on lui en a faits lui suffisent amplement. L’idée qu’il pourrait lui aussi finir ainsi l’a à peine effleuré, il se croit encore invincible, reste d’idéalisme qui pourrait lui coûter mais le jour n’est pas encore venu - et peut-être ne viendra-t-il jamais. Par contre, il ne lui a pas fallu une fraction de seconde pour penser à celui dont il n’a plus de nouvelles, cet être si différent qui pourtant lui ressemble tant. Si quelque chose lui était arrivé, il le saurait, il en est persuadé. Ils ne sont pas jumeaux pour rien, ils ont respiré le même air trop longtemps que pour jamais briser ce lien. Mais Arthur ne donne plus de nouvelles, alors il a écrit, courte missive postée par ses propres soins dans la boîte aux lettres de l’appartement qu’occupe son frangin. Côté sorcier, bien sûr : Arthur est fier, fier de cette étincelle de magie qui brille en lui plus fort que chez les autres - dans les yeux de son frère, Arthur a beau être le dernier des cons, il reste parfait.

Lui réside du côté moldu de la rivière, résidence familiale, chambre d’ado occupée chez les parents qui en sont à la fois ravis et exaspérés - quand donc rangera-t-il correctement ses souliers boueux ? Adam Baggins pour ses voisins, famille aussi tranquille que les bienheureuses créatures de Tolkien dont s’est inspiré son paternel, Adam Bagshot en réalité, mais il a bien du mal à faire la différence. Il est autant moldu que sorcier, autant garagiste ordinaire qu’animateur de radio magique ; il est les deux à la fois, pourquoi donc certains ne peuvent-ils comprendre cela ? Adam, tout court donc, s’échappe parfois de la maison pour profiter d’un concert à l’insu de ses géniteurs. Escapade rapide, sortie par la branche obligeante du grand tilleul tout proche de sa fenêtre, escalade du tronc qu’il réalise sans effort, les muscles saillants sous le T-shirt et la veste de cuir. À peine le temps de passer une main précautionneuse dans ses cheveux blonds - le coiffé-décoiffé est un exercice périlleux, et il tient à se présenter sous son meilleur jour, on ne sait jamais que Dolores soit présente ce soir… Elle lui a dit qu’il pouvait l’appeler Dolly. À ce souvenir, son estomac fait un saut périlleux.

Pourtant, il ne l’aperçoit pas dans la petite foule - et il devrait, du haut de ses presque deux mètres il supervise l’assemblée sans difficulté. Alors il reste dans son coin, profitant de la musique un verre de bière brune à la main. Il n’est qu’un grand ado de plus, de cette génération qui refuse de grandir trop vite, qui réclame qu’on lui laisse le temps d’appréhender le futur.

Juste devant lui, un type tente d’approcher une autre fille - pas Dolly, constate-t-il trop vite, trop rapidement déçu. Elle est jolie, pourtant, brune et fine comme une sylphide, le teint hâlé des gens qui ne sont pas d’ici sans être vraiment d’ailleurs, et elle danse comme elle embrasse, goûlument et à pleines dents. Le gars en profite, réclame son attention en lui claquant sur les fesses et à ce simple geste c’est toute l’éducation du petit Bagshot qui se rebelle. La fille non plus ne semble pas apprécier, mais avant d’en être sûr, voilà qu’Adam s’avance déjà et tonne de sa plus belle voix de ténor :

Eh, toi ! Bas les pattes, c’est pas cool ce que tu fais.

Il voudrait avoir les mots du chanteur, en cet instant, il voudrait avoir la poésie de lui expliquer en deux vers fleuris que la chevalerie n’est pas morte et que la galanterie est un art de vivre que les parents de l’inconnu ont sans doute oublié de lui inculquer, mais qu’il se porte volontaire pour le lui apprendre si nécessaire - à l’aide de ses poings. Arty serait fier de lui, de le voir tenir ainsi tête à la petite racaille - à moins qu’il ne se moque de son frère trop naïf, trop idéaliste, comme le fait à présent cette fille qui éclate de rire alors que la chanson s’achève. Chaque note de son esclaffade est un couteau qu’elle lui plante en plein dans l’honneur, et il se sent rougir alors qu’il balbutie déjà, colosse malhabile dont il est facile de se moquer tant il est sensible.

Pardon, je… Je voulais juste aider…

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La fièvre ruisselait doucement des remparts, parsemant son ivresse dans l’alcôve des réjouissances. L’atmosphère s’exaltait à l’écho du chanteur, la foule se grisant à ses péans incitant à la gambille. Toi même t’en émoustillais. Ça t’chauffait l’abîme en houles sauvages, la musique se répandant en servent contagieux sous la carne. Si tu t’enjoignais d’ordinaire aux côtés de ta princesse (@Juliet Malfoy) pour hurler ensemble à la cavale, tu t’y étais invitée en âme vagabonde. Les mots du chantre pleuvaient en friandises gourmandes, te cognaient la caboche dans une frénésie grassement avalée. Ça goûtait le sel. Ça t’excitait les papilles. Ça s’bousculait derrière les côtelettes en joyeuse furie. Loin des cloaques du lupanar, loin du pêle-mêle de Saint-Godric, loin des vindictes de l’après-guerre, tu laissais le corps s’affranchir des entraves sociétales. Et tu dansais sans réfléchir, les méninges se troublant à l’ambiance ivre de légèretés. Tu dansais telle une flamme insolente, celle-ci te consumant de délices loin de la géhenne mortifère de cette défunte sorcière offerte en martyr. Gibier de potence, le théâtre avait été décrit comme macabre. Absente à ce foutoir ambiant, t’aurais pourtant bien croqué dans la rhubarbe si les bourdons du lupanar ne t’avaient pas rappelée à l’ordre. Les fastidiosités y traînaient comme de vieux rats crevards, à gratter la moindre quiétude pour y abjurer leur peste. L’envie de t’en décaniller sans jamais arriver à t’en émanciper. Si la langue claquait sèchement, l’âme se faisait poltronne. Alors, tu faisais l’autruche, le temps de quelques incartades, ‘le temps de quelques insouciances. La vilenie enrobait le monde, ‘comme toujours. Ça puait la mouscaille, aussi bien dans les caniveaux de Londres que sous les fanfreluches de la bonne tourbe qui se gaussait des ‘petits’. Olivia ou Oliver. Qu’est-ce qu’on s’en branlait finalement ? Des bouseux, il en lambinait de tout côté, aussi bien chez les sorciers que chez les moldus. La même compote partout, des pommes aussi délicieuses que pourries ; charlatans, gourgandines, chapardeurs, égorgeurs, violeurs, pyromanes, mercantis, et autres mouches à merde traînant sans pudeur dans la fiente. Ça avait toujours été. Pourquoi ça changerait maintenant ? Alors oui, ces tintouins clamés dans la gazette, ça te secouait peu. T’en avais déjà vu des vertes et des pas mûres, des infamies que l’œil innocent ne pouvait voir. Les épouvantails occupaient tes nuits de songes, ‘de tourments, en flâneries depuis le berceau. T’étais plus à un monstre près.

Alors tu dansottais, les flancs se trémoussant au rythme des gazouillis contagieux, les griffes amenant ta bière, tes lèvres s’y apposant goulûment. Envie de légèretés, ‘envie de ne plus penser. Fenêtres closes sur le monde, les esgourdes récoltaient la saveur criarde de la musique. T’étais bien, la carne s’écorchant en salve de frissons, les gambettes gigotant lascivement, l’esprit s’embrumant doucement. Extase disloqué à la grivoiserie d’un impudent, ‘d’un boulet. La bulle éclatait, ta main claquant sur sa mandibule sans douceur. L’indifférence en plâtre de sa gueule, presque arrogante, te contrariait intimement. C’était pourtant pas ta robe la plus suggestive, le coton brun épousant certes tes courbes sans orgueil. Éclanches voilées et rotules voilées, l’on en devinait certes les attraits généreux sur quelques boutons audacieux. Et puis merde ! Tu pouvais quand même prendre la poudre d’escampette sans te faire tripoter la croupe ! « Casse-to... » Le dard en offensive éructait déjà son fiel alors qu’un jeune homme du haut de ses deux pommiers s’invitait en preux chevalier. ‘Qu’il était grand. Pensée parasite alors qu’il bousculait sans coton l’importun. La commissure s’égratignait de satisfaction, ‘presque d’exaltation. Paradoxe d’une mignarde se régalant d’un homme déployant l’ardeur de ses poings pour sauver l’honneur d’une femme quand elle crachait autant dessus, baignée dedans depuis les pleurs d’une môme apeurée. ‘Pas vilain. ‘Pas ton genre. T’étais plutôt sur les beautés du sud. Et le voilà, sauveur de ces dames, à se confondre d’excuses. Retournement récréatif de situation. La charpente gaillarde se heurtait à l’hésitation du palais. Un colosse à l’esprit chaton. Ça t’intriguait. « V’là un beau petit chat qui sait sortir ses griffes » Miel sur la langue dans de vieilles habitudes. « J’pouvais me débrouiller toute seule » Le simulacre d’une fierté te poudrait le minois, peu encline à te dévoiler cliente de bonnes grâces. « Mais merci... » Parce-qu’il avait une bonne tête, ‘parce-qu’il suintait la prévenance, les gestes maladroits de civilités. «  Laisse-moi t’offrir une bière pour te remercier » Sans cérémonies tu t’engageais vers le comptoir, deux doigts invitant à deux bières au serveur. Un verre tendu au cavalier seul, le sourire léchant le velours de tes labres, la sympathie en bourgeon pour le jeune homme. « Allez, tchin tchin » Les verres s’entrechoquaient, l’œil flânant sur sa gueule en curiosité. « Et comment s’appelle donc le sauveur de ces dames ? » Douceâtre moquerie en garde-fou. Tu te gargarisais déjà d’une première lippée de l’ambre nectar.  

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Elle rit, l’impertinente brune, la lascive valseuse qui dorénavant lui fait face. Sylphide dont il doit bien reconnaître la beauté, boucles parfaites qui se fondent sur les vêtements impeccablement coupés pour mieux souligner les courbes du corps, boutons pas tous attachés, elle a le regard et l’allure provocateurs. Tout ça, c’est bien trop pour lui, tant d’assurance lancée à la face du monde comme un défi, alors même qu’il a du mal à prendre la parole en public sans bégayer. À part à la radio, lorsque personne ne peut le voir, Adam Bagshot est plutôt à compter dans les rangs des grands discrets. Faut dire que son altitude suffit en général à impressionner le manant : à peine moins de deux mètres, et les muscles saillants qui vont avec, sous la chemise aux manches roulées jusqu'au coude. C’est le genre de silhouette qui fait rapidement comprendre qu’il vaudrait mieux ne pas le fâcher, sans même qu’il ait un mot à placer.

Pourtant, dans le cas présent, il semblerait que le malotru n’ait pas attendu son avertissement pour décaniller plus rapidement que son ombre. A-t-il rêvé, ou sa joue gauche était-elle significativement plus rouge que la droite ? Non, il ne rêve pas. Il semblerait que l’étrangère - car elle n’a pas le teint des gens d’ici, le hâle de sa peau parle d’un soleil bien plus présent que celui qui berce occasionnellement les Cornouailles - l’étrangère donc, ait pris sa propre défense toute seule. « Faut croire que vous pouvez, en effet » balbutie le grand nigaud, alors même que l’inconnue le compare à un chaton. Humiliant parallèle, dont son ego ressort quelque peu meurtri. On lui a toujours appris à user de sa force et de cette capacité surnaturelle à trouver les ennuis pour faire le bien autour de lui. Il estime qu’il n’a pas le droit de rester les bras croisés lorsqu’il se retrouve témoin d’événements qui contreviennent à la loi - ou, dans le cas présent, à la décence morale. Alors bon, se retrouver ainsi comparé à un félin… Il ne pourrait pas plutôt être un chien ? Du genre grand, un samoyède peut-être ? À la rigueur, il accepterait un lion, comme l’emblème de son ancienne Maison.

« De rien, vraiment. J’crois que vous aviez fait le principal avant même mon arrivée » plaisante-t-il, un peu de son aisance naturelle revenant lorsqu’il détourne le regard, scannant la petite foule pour s’assurer que l’importun ne se rend pas plus indésirable qu’il ne l’est déjà. « Vous frappez pas comme une fillette, si je peux me permettre ! Il s’en souviendra, avant de tenter quoi que ce soit avec une autre demoiselle… »

« Oh ben heu… C’est vraiment pas nécessaire » marmonne-t-il alors que la dryade se presse vers le bar pour leur commander deux bières. À part la Bièraubeurre, il ne boit que peu, le gamin Bagshot - pas comme Arthur, qui pouvait rentrer complètement torché de ses folles virées en ville, alors même que l’aîné veillait sur lui de loin. Fallait ramener la petite star en un seul morceau, et puis il est l’aîné, ça devrait compter pour quelque chose… Passé et présent se mélangent dans un cocktail au goût amer, comme toujours lorsqu’il pense à son frère - et il n’a même pas le temps de consulter les recommandations inscrites sur l’ardoise avant qu’on ne lui tende une chopine pleine à déborder. « C’est moi qui vous remercie » offre-t-il, parce qu’on lui a appris aussi à se montrer toujours poli.

Un « Cheers » enthousiaste plus tard, et le voilà occupé à descendre une bière aussi blonde que la demoiselle est brune. La mousse qui s’accumule lui fait comme une moustache sur la lèvre supérieure, mais il est bien davantage préoccupé par la fraîcheur du breuvage que par son apparence. Il n’avait jusqu’alors pas remarqué que la petite salle du pub est surchauffée, que même les pavés battus par le soleil de juin émettent une chaleur non négligeable. La bière lui fait du bien, désaltérant une soif qu’il n’avait pas remarquée jusqu’alors, et il l’achève un peu plus vite que prévu.

« Une deuxième, s’il-vous-plaît ! Et pour vous » demande-t-il, regard oscillant entre le barman et la petite brune à son côté, « je peux vous offrir autre chose ? »

« Moi, c’est Adam » se présente-t-il enfin après une seconde gorgée de bière, plus tranquille celle-là. Il essuie le début de moustache d’un revers de la main, avant de poursuivre. « Et vous… Madame ? » questionne-t-il, un peu chevaleresque, un peu moqueur aussi. Parce qu’elle n’a rien d’une dame, cette fille. Elle doit lui rendre quelques années seulement, mais ses yeux démentent la jeunesse de son corps tout en ondulations souples. Mélange déconcertant, d’autant plus qu’elle semble vouloir chasser cette même jouvence. Elle a le maquillage un peu plus voyant que ce dont le blond a l’habitude chez les femmes qui sont ses proches ou ses amies ; la robe un peu plus échancrée que ce que l’on considère décent chez les sorciers - mais cette seconde observation inconsciente ne le choque pas, lui l’habitué des quartiers moldus, plus proche de cette partie de lui que de son côté sorcier.

« Dites, je vous aurais pas déjà vue quelque part ? Vous allez croire que j’tente un truc, je vous promets que non ! Mais vraiment, j’ai l’impression de vous avoir déjà croisée… » Il se confond en excuses, chaton bien plus que lion, c’est qu’il ne voudrait pas vexer la jolie sylphide. Il a vu de ses propres yeux le résultat écarlate de sa colère, et tient assez peu à ce que sa joue prenne la couleur des tomates mûres. Pourtant, il en est presque certain, il a déjà vu cette moue amusée… Mais où ?

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Le molosse s’érigeait en dogue devant l’importun. Quelle taille devait-il faire ? Il ne devait pas être loin de frôler les deux mètres. Tu n’étais pas une croquignolette mais le beau blond te semblait grand comme un troll, bien que tu n’en aies jamais vu en vrai. Grâce au ciel ! Il devait se dresser sur la même ligne d’horizon que ton jumeau, bien que ses bouderies en salves le rendaient plus petit, à se recroqueviller dans son acrimonie. D’une œillade fugace, tu traînais sur ses avants-bras que sa chemise dévoilait délicieusement. Les ficelles de ses tissus laissaient deviner des muscles saillants mais discrets. Un détail que tu trouvais particulièrement grisant chez un homme. Sous sa gueule d’ange, tu te doutais qu’il ne fallait pas trop l’asticoter. Quelque chose se bousculait du nouvel arrivage, un mélange de mesure et d’assurance, te heurtant d’une incertitude sur l’esquisse finale du personnage. D’ordinaire, ton sens de l’observation te clôturait rapidement d’un court bilan mais pour l’heure, tu te permettais d’un doute le concernant. Curiosité en bourgeon, tu laissais le temps aux rhizomes de s’implanter dans la caboche. « J’apprécie l’intervention » Quelle péronnelle n’apprécierait pas ce genre d’effusion ? Bien que suffragette dans l’âme, tu appréciais ce genre d’élan. Spectatrice des vigueurs dont pouvaient faire preuve les hommes depuis l’enfance, tu n’en restais pas moins grisée, et effrayée. Paradoxe se heurtant en cognard dans l’abîme. Sa remarque s’affichait en flatterie, t’étirant les labres d’un sourire fier. « Je l’espère. On serait bien plus sereine sans ce genre de malotru » pestais-tu en soupirant, te rappelant les quelques leçons de défense de @Cassiopeia Lestrange. Mère dragonne de cœur, elle s’était aussitôt érigée en cerbère devant la raclure paternelle. Les armes offertes dans tes gestes, tu n’excellais pourtant pas dans l’art, préférant la fuite en éternelle souris déserteuse. Sans doute étais-tu pleutre ? La couardise en toile de fond, t’avais pris l’habitude de prendre la poudre d’escampette une fois le brasier d’insolence agité.

De nature gratifiante, tu t’étais déjà attelée au comptoir pour l’abreuver de récompense. « j’insiste » Sourire en débordement des lèvres, le verre s’entrechoquait déjà au sien. L’humeur à l’allégresse, mais également à la curiosité. Délassement en traîne sur la commissure à la petite moustache s’étant formée sur son ourlet supérieur. « la moustache te va bien » Tutoiement imposé d’un côté, vouvoiement de l’autre. Manières éparses. T’essayais de faire bonne figure, ‘parfois, mais le naturel en ancre pesante te raclait le palais d’impudence. Bien que Casseiopeia s’évertuait à soigner tes civilités, il y avait encore matière à travailler.

C’est qu’il avait la descente facile le gaillard. « La même pour moi, s’il-vous-plaît » La bienséance se forçait sur la langue. Allez, un petit effort Ollie ! Devant un homme si avenant, et aux civilités appréciées, l’envie de te faire passer pour une femme disgracieuse s’épuisait derrière une porte. Adam. Charmant prénom, autant son propriétaire. - Madame ? Ta gargue se délivrait déjà d’un rire spontanée. L’impression d’avoir pris dix ans dans la trogne. « Excuse...-ez moi... » Tentative de vouvoiement en pas de clerc sur le palais. « Il est rare quand on m’appelle ainsi...Moi c’est Olivia, mais l’on m’appelle plus souvent Ollie » La dégaine guindée, il dégageait quelque chose d’agréablement délicat et léger.

L’interrogation muée en maladresse te grattait la gorge d’un léger rire, ‘presque un ricanement. Tendresse pourtant sur le visage. Tu en avais vu des chacals et des benêts mais lui, te semblait civil. Si tel n’était pas le cas, alors soit tu étais trop cruche pour le voir, bien que tu avais l’oeil affûté, soit il était indéniablement doué pour pigeonner. « Tu-vous êtes drôle... » Tu devais avoir l’air bien bête de trébucher ainsi sur la politesse. Qu’importe ? « Eh bien Adam...à part dans ce genre de concert, je ne vois pas vraiment » Après tout, entre les deux rives du monde, vous auriez pu vous croiser à n’importe quel coin de rue. Quoiqu’un grand molosse comme lui ne s’oubliait pas. Il ne semblait pas de ceux à folâtrer dans les soirées, ses gestuelles et mots courtois l’esquissant plutôt chevalier à attendre sa dame. « T’-vous travaillez dans quoi ? » Peut-être l’avais-tu croisé dans le décours de son labeur ? Ce n’était pas comme si tu traînais toujours dans les pattes de ton frère alors des gaillards, tu en avais croisés à la pelle. Ce n’était pourtant que pour ta moitié que tes yeux traînaient. « Peut-être avons-nous des amis communs ? Vous ne devez pas être beaucoup plus jeune que moi...la vingtaine ? » Et tandis que les synapses s’échauffaient en quête de sa trogne dans les souvenances, tu laissais le nectar amer couler dans l’avaloir en ambroisie salvatrice.

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La bière légère est agréablement fraîche, et la musique agréablement forte. Autour d’eux, ça hurle et ça s’agite, ça montre que c’est jeune et ça s’excite : ça montre qu’on est vivants et que rien d’autre ne saurait être important. Et il adore cette ambiance, lui le Londonien exilé. Il se sait à l’abri des billevesées ministérielles et de leurs désastreuses conséquences, tant qu’autour de lui le monde danse. La capitale lui manque parfois, même s’il a accompagné ses parents de son plein gré lorsque le gouvernement a décrété le déménagement en masse des sorciers. Il a retrouvé à Godric’s Hollow ses cousines, d’anciens amis d’enfance, et même les murs de leur maison de vacances : une vie faite de bouts de rien et de fifrelins, une existence tranquille en apparence.

Cette vie lui semble parfois trop calme, malgré les troubles qui grondent autour de lui, malgré l’actualité intensément chargée de ce début de saison estivale. Il profite de sa bulle, avant qu’elle n’éclate, regrettant parfois que rien ne parvienne à empêcher ses pensées de revenir encore et toujours aux mêmes sujets. Son frère, et cette fille. Arthur, qu’il voudrait maudire sans vraiment y parvenir - Arty, le roi de son Camelot à lui, auquel il jurerait fidélité sans hésiter, pour peu que ce souverain fasse montre de résipiscence. Et Dolores, à qui il aurait dû dire bien des choses - Dolly, qu’il aurait dû embrasser avant qu’elle ne le croie simplet ou juste pas intéressé. Dolly, dont la simple évocation l’emplit de regrets.

L’émotion est nouvelle, pour le doux géant. Vingt-deux printemps, et jusqu’alors, ni regrets ni remords. Il s’efforce de vivre sa vie selon ses valeurs, de partager son temps équitablement entre le foot, les filles et la fête - pas forcément dans cet ordre, d’ailleurs. Il a suffi d’une conversation avec la petite brune pour faire basculer son univers, parce qu’elle est aussi douce qu’intelligente, aussi accessible que charmante, et qu’’il est vraiment complètement idiot de ne pas lui avoir dit tout ça plus tôt. Depuis, il y a comme un nuage dans le ciel de ses yeux - ou plutôt deux. Et ça pleut dans son coeur, mais les garçons ça ne pleure pas, alors il vient s’abrutir de musique forte et de bière légère pour oublier tout ça le temps d’une soirée.

Il sourit aisément, lorsque la sylphide pointe sa moustache en mousse, et l’efface d’un geste du pouce pour agrandir encore le sourire. Les nuages jouent à cache-cache dans ses pupilles, mais il est venu pour se changer les idées - non, il est venu parce qu’il espérait qu’elle soit là, mais elle n’y est pas, et il faut faire contre mauvaise fortune bon coeur - et l’alcool lui délie les traits. Elle dit qu’elle s’appelle Olivia, parfois Ollie - et ça ressemble tellement à Dolly qu’il pense évidemment à cette autre fille, c’est plus fort que lui. Et ça rajoute un paquet de secondes à sa réflexion, parce qu’on lui a déjà parlé d’une Olivia qui se fait appeler Ollie, mais il lui faut un moment pour se rappeler que…

« Ah mais c’est pour ça que je te connais ! Tu es la sœur de Kai ! » qu’il s’exclame, glissant sur le tutoiement familier, parce que c’est la sœur de son ami qu’il a face à lui. Et que, même si elle est plus âgée - et dotée d’une force insoupçonnée dans les biceps, qui insuffle le respect - ils ne sont en réalité pas si étrangers que ça. « Il passe souvent au garage où je travaille, mais on est amis depuis… le pensionnat. » Un pensionnat particulier, car invisible aux yeux des Moldus non informés ; un pensionnat qui n’accueille que les sorciers, et auquel il vaut mieux ne pas faire ouvertement allusion en la présente compagnie, parce qu’ils sont du mauvais côté du village pour ça. Aussi le Bagshot ne s’attarde-t-il pas plus longtemps sur le sujet, reprenant une gorgée de sa bière avant d’orienter la conversation vers un terrain qu’il croit bien moins risqué. « Et toi, tu travailles dans quoi ? » demande-t-il, d’un ton bien plus familier. « Parce que Kai m’a parlé de toi, mais tu le connais, c’est un grand discret… » Et si la vérité est plus proche de distrait, ce n’est pas Adam qui va ainsi balancer l’un de ses meilleurs amis. « Mais du coup, tu viens souvent aux concerts de la bande ? » questionne-t-il ensuite, pointant du pouce vers la scène où un nouveau morceau est en passe d’être entamé. « Tu connais un peu le groupe ? »

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