I - Le secret magique n'est plus suite à l'attaque des Churchill revendiquée par les mangemorts. Quelle a été ta réaction ?
Une gosse de plus ou de moins dans ce monde. Faut-il vraiment s’en offusquer ? Son vermeille n’est pas plus rouge que le sien. Son statut social ne définit pas le degré de deuil qui doit lui être accordé. Éternel cynique, il a vu bien pire dans les bas quartiers de Londres. Il a vu plus tragique, plus dérangeant, plus injuste. Elle était où la presse dans ces moments là pour s’en indigner ? Dureté clamée pour dissimuler la rage sourde qui gronde, la tristesse qui s’immisce au fond des prunelles. Il dit qu’il s’en fout. Il se met des oeillères face à ce monde qui change, ce monde auquel il n’appartient pas, ce conflit dans lequel il ne souhaite pas prendre part. Il se met des oeillères pour rester dans son monde déjà suffisamment violent et morne sans y ajouter la peine des autres.

II - Quelle a été ta réaction suite à la déclaration de presse de la ministre de la magie ? Te sens-tu un peu plus en sécurité à Godric's Hollow ?
« Y a eu un discours ? » Voilà. Ça s’arrête là. Bien loin de s’intéresser aux questions politiques régissant le monde, Kai n’a que faire d’écouter le tissu d’inepties dont on peut les abreuver. Moldus comme sorciers, les enjeux semblent être les mêmes, cupidité en mal corrodant l’humanité, une des raisons pour lesquelles leur business illégal semble si fleurissant. Restaurer le secret sorcier ? Si seulement on pouvait lui faire oublier qu’il en est un. Si seulement un scientifique pouvait trouver le moyen de lui ôter ses capacités et le rendre ‘normal’ à nouveau…

3 octobre 1927 ● 0 ANS - Le fruit d’une erreur. Nuit de passion dérogeant à la règle. Nuit éphémère, le lit retrouvant sa froideur après les ébats alors que dans ses entrailles le rappel éternel de cet amant pris place. Marmaille acceptée, attendue avec l’espoir qu’il adoucisse la noirceur de son quotidien, ses cris vinrent emplir de joie les murs miteux du bordel. Poupon choyé de toutes, petit prince parmi les reines, on lui prédisait déjà un brillant avenir bien loin de la misère dans laquelle il avait pris son premier souffle.
3 novembre 1927 ● 0 ANS - Second ventre arrondi délestant son lardon. Princesse échouée. Aux cris d’une vie déployant les petits poumons vinrent se joindre les pleurs en deuil. Existence offerte au prix de la sienne. Princesse orpheline au destin presqu’inscrit jusque dans le carmin avant que Loreana ne la prenne sous son aile. Deux pour le prix d’un. Solidarité féminine de celles confinées dans « la maison », de celles qui ne connaissaient que violence, crasse et débauche. Petite adoptée comme si elle était sienne, la princesse vint rejoindre son prince dans l’étroitesse du berceau, liant leur destinée sous le couvert du mensonge.
1927 - 1937 ● Enfance - Contre les murs miteux de « la maison », l’écho des petits pieds lancés dans d’éternelles courses précipitées résonnait inlassablement. Brefs éclats de vie venant de ceux que rien ne semblait à même de séparer, ils avaient fait de ce lieu leur terrain de jeux et foyer. Prunelles probablement trop jeunes et innocentes pour être témoins de certaines scènes, les enveloppes trop fragiles pour essuyer quelques égards piquants de clients imbibés d’alcool, ils savaient où trouver refuge. Où s’enfermer dans une bulle de douceur aux tons pastels sous les traits de crayon enfantins d’Ollie. Là où, dans un murmure, ils s’évadaient dans un monde où les dragons lézardaient le ciel, où les créatures les plus incroyables peuplaient la terre et où ils étaient enfin en sécurité. Protection farouche de son double, de celle qu’il pensait venir des mêmes entrailles que lui, Kai s’érigeait en garde-fou de sa ‘jumelle’.
hiver 1934 ● 6 ANS - Les humeurs n’avaient de cesse de se nuancer. L’entrain contagieux, presque épuisant tant il vous aspirait dans son sillage. Tornade de bonne humeur aux passions dévorantes, aux envies délirantes tant elles semblaient hors de portée. Moments d’euphories s’évanouissant dans la tiédeur des draps dont rien ne pouvait l’extraire pas même les appels plaintifs d’un jeune Kai à l’inquiétude en gangrène de l’âme. En guise de consolation la jeune Lizzie le gratifiait toujours d’un de ses rictus un peu abîmé par la vie. Quelques chicots manquants avant que le gaélique ne fuse d’entre les lippes meurtries par le froid. Conseil soufflé, assurance qu’elle allait conforter sa mère. Sa mission ? Elle portait toujours le même nom. Petite main d’Ollie dans le creux de la sienne, les chérubins s’engouffraient dans l’une de leurs cachettes. Grotte secrète tapissée des dessins de la gosse, il l’abreuvait des récits de créatures fantastiques. Dragons. Chevaux volants. Gobelins et autres animaux magiques les extirpant de la noirceur de leur quotidien au sein de « la maison ».
1935 ● 8 ANS - TW : viol sur enfant, violence sur enfant, meurtre
Les traces de leur lutte jonchaient le parquet usé de la petite chambre. Chez qui étaient-ils ? Impossible de le savoir. Le liquide vermeille chaud et poisseux lui coulait sur le minois, gênant sa vision, seuls les cris lui parvenaient. Éclats répétés de sa voix lacérant son être tout entier d’une terreur partagée, il restait là, prostré, luttant pour espérer reprendre sa respiration, la carcasse endolorie par l’accrochage subi. Il n’avait pas fait le poids. Les poings s’étaient cruellement abattus sur sa frêle carcasse de gosse, mis à terre avant même de pouvoir alerter les lionnes au rez-de-chaussée. Tout s’était passé si vite, tout avait dérapé si rapidement. Ses hurlements mêlés aux sanglots étouffés récoltés par ses écoutilles animait une rage jusque là inédite dans les entrailles. Besoin viscéral de la protéger, de la sauver, de l’éloigner d’elle pour l’encercler de ses bras… La tension éclata dans un hurlement tiré des entrailles, la silhouette du soûlard en vision trouble, unique source de toute son ire vomie. Quelque chose se brisa en lui à cet instant, libération venue lui déchirer l’abîme, la carcasse massive de l’homme fut projetée contre un des murs. Le son funeste des os se brisant sous l’impact récolté lors de la chute emplit la chambre d’un silence terrible. Crâne fendu, le vermeille en réponse à celui qui parsemait la porcelaine du gosse, la précipitation éclatait finalement derrière la porte. Reines se muant en lionnes farouches, une autre forme de chaos vint envahir la petite pièce témoin de bien des horreurs. Plus rien ne serait comme avant.  
12 août 1936 ● 8 ANS - TW : maladie, mort d’un parent, mention de sang
La mélopée de leurs chants de désespoir résonnaient au fond de l’âme, scindant un peu plus le tissu de l’être en proie au tourment. Il n’entendait plus qu’elles et leurs plaintes chantées en sanglots trébuchants des enveloppes si négligemment vêtue. Chez lui, la tristesse avait eu le temps de faire son chemin, de ronger la carcasse pour creuser son nid, agiter l’abîme d’une rage sourde. Lente et progressive descente aux enfers quand il se chargeait de nettoyer les étoffes tâchées du liquide vermeilles teintant encore ses lippes bleutées. Les contours de son enveloppe autrefois si belle, forte et rayonnante s’étaient amincis, pâle reflet de sa splendeur d’antan, ombre d’elle-même tant la maladie était venue la ronger. A chaque quinte de toux perçue dans le lointain la conscience s’éveillait, quittant les bras de Morphée, luttant avec l’envie de la rejoindre. Glisser à ses côtés revenait à abandonner ceux d’Ollie. Choix qu’il n’avait de cesse d’effectuer. Répétant inlassablement le même raisonnement pour tenter de regagner le domaine des songes au côté de son ‘double’. La toux s’était arrêté. Son lit était vide à présent. Pourtant, il entendait toujours en écho terrifiant le son de sa lente décrépitude.
7 mars 1937 ● 9 ANS - TW : violences infantiles
Les prunelles s’imprégnaient une dernière fois de leur visages sillonnés des larmes d’un au revoir sans promesses de retrouvailles. Arrachés par la venue d’un homme à l’allure propre, détonnant avec la pauvreté ambiante, les ambres se teintaient de noirceur. Fermeté imposée au masque, encore endeuillé, le gosse ne daigna pas lui montrer la moindre faiblesse. Peur viscérale rongeant l’enveloppe frêle jusqu’au squelette, une simple plongée dans ses prunelles froides lui glaçait l’âme d’une terreur encore jamais éprouvée. Les murs sales de « la maison » semblaient plus hospitaliers que la vie avec lui, géniteur débarqué du néant, Fletcher en nouveau nom accolé sur le derme.
Discrétion en tentative de survie, rien ne semblait à même de calmer la fureur qu’il insufflait à celui dont le simple terme de 'père' lui écorchait la gargue d’inconfort. Toutes les excuses semblaient bonnes pour que les corrections pleuvent, lésant dans un éternel ballet la carcasse prostrée, impuissante. Attendre. Se taire. Même si ça l’énervait un peu plus. Même si ça le rendait toujours plus cruel et violent. Kai avait choisi son camp. L’exemple à ne pas suivre. La pente glissante sur laquelle ne pas s’engager. Distraction offerte au géniteur pour qu’il la laisse tranquille, pour qu’il ne s’occupe que de lui.
Septembre 1939 ● 11 ANS - Le choc fut total. Dénué de toute forme de préparation, ayant entraperçu quelques bribes isolées de ce monde nouveau s’offrant à eux, auquel ils appartenaient, seule une direction tournait en boucle dans son esprit. ‘Ne pas décevoir père.’ Menace directe lâchée par le géniteur avant de monter dans le train, sa rage sourde nouant les viscères dans l’habituelle angoisse, ces quatre mots tournaient en boucle dans la caboche alors que vint l’assignation à une maison. Chapeauflou. Poufsouffle ou Gruffondor. Murmures ça et là, Kai suppliait silencieusement. Ne pas le décevoir. Ne pas le décevoir. Ne pas le décevoir. Gryffondor scandé haut et fort suivi d’acclamations n’apaisant pas la crainte jusqu’à ce que les ambres ne s’accrochent enfin aux couleurs rouge et or. Combinaison évoquée comme ‘acceptable’ par le géniteur. Maigre espoir vivotant dans les entrailles que cela puisse lui éviter quelques coups.
Ignorance gardée jusqu’à leur retour à l’été suivant au domicile du géniteur. L’annonce lâchée avec un rictus satisfait, cruel même. Marque de supériorité du monde magique clairement affichée dans son regard. Les moldus sont en guerre. Ils se déchirent outre-atlantique. Écho aux récits de certaines filles à « la maison » ayant connu les gars revenus du premier conflit, écho de ceux à l’encéphale brisé qui passaient leur traumatisme sur sa frêle carcasse juste parce que… Vieux relents acides contre le palais, la peur enflait sous les côtes, tiraillé entre le besoin de se tenir au courant et celui de demeurer dans cette bulle d’ignorance, loin de tout cela, loin de la misère dans ce château à la protection bienvenue.  
Avril 1943 ● 16 ANS - L’explosion de rage avait été aussi soudaine que redoutable. Les phalanges jointes en poing abattant son courroux sur la carcasse de l’insolent, il ne lui avait laissé aucune chance. Un seul regard. Voilà tout ce qu’il lui avait suffi. Un seul regard pour que l’humeur éclate d’une ire meurtrière. Explosion dans l’abime qui avait attendue son heure, la rage bouillonnant à chaque geste sur elle qu’il observait, à sa façon qu’il avait de la toucher, de lui parler, de la regarder, de l’embrasser. Explosion sévèrement punie. Pauvre gosse envoyé en urgence à l’infirmerie pendant plusieurs semaines, Kai quittait définitivement le château, abandonnant celle qu’il avait voulu protéger.
Mai 1943 ● 16 ANS - Sentence immédiate à peine les pieds s’étaient posés sur le quai, son géniteur n’avait pas attendu de regagner l’intimité de leur foyer pour lui asséner la correction qu’il méritait. Après tout, il ne s’en était jamais embarrassé. Coups en éternels châtiments, en leçons inculquées dans la violence. Il avait manqué d’ôter la vie à un marmot ?! Il avait l’étoffe pour rejoindre la pègre et en défendre ses intérêts. Position acquise en tant qu’homme de main, le gosse retrouvait l’ambiance de « la maison » auprès des filles de joie. Protection naturelle, ses vieux démons revenaient rampants, torturant celui qui avait la violence en horreur.
1943 - 1944 ● 16 - 17 ANS - Sans Ollie à ses côtés, Kai affrontait seul ce géniteur violent, l’horreur d’un quotidien devenu cauchemar de tous les instants. En dépit des quelques bouffées d’air frais à ses retours durant les vacances, le naturel revenait bien vite au galop. Conflits futiles gangrénant l’entente jadis instinctive, la langue se faisait venimeuse, crachant un venin inédit, teintant les gestes d’une agressivité qui détonnait. Inévitablement, ses départs au château revenaient assombrir son quotidien. Tourments éclatant finalement sous forme d’une première fugue puis de suivantes, toutes se soldant par un échec cuisant, essuyant l’éternel ballet des poings paternels lésant la carcasse. Les petites graines de la scission s’étaient pourtant déjà ancrées dans l’abime, nuançant les humeurs, jouant sur ses intensités pour le faire plonger dans le schéma maternel.
Juin 1945 ● 18 ANS - Caprice de gosse enfin accordé, ce fut sous le joug des quenottes écrasées que le géniteur céda enfin. Rêve devenu réalité, le parc Scamander était devenu son exutoire. Passion dévorante pour ces créatures ailées majestueuses, les frissons écorchaient la carne dès qu’il posait ses ambres scintillantes d’admiration sur elle. Vision enchanteresse, travail dans lequel il s’abandonnait, oubliant parfois ses motos, manquant quelques prises de service à la pègre tant la tâche l’absorbait, accaparait son attention jusqu’à en oublier ses besoins primaires.
Août 1950 ● 22 ANS - Une promotion. Excuse offerte par le paternel pour lui faire quitter les murs du bordel, l’éloignant d’Ollie, l’arrachant d’une violence pour le plonger dans une autre. Supervision de Monsieur Lestrange, figure connue bien qu’un poil agaçante tant l’homme se plaisait à le gratifier de surnoms infantilisants, s’érigeant en figure paternelle de substitution pour gagner sa confiance. Confiance nullement offerte, la méfiance teintait en éternelle compagne leurs échanges agrémentés de sa légendaire politesse.
1953 ● 26 ANS - L'illustre monsieur Ollivander disparaît aux mains des chasseurs. Le monde magique quitte progressivement Londres. Création des passeurs, une organisation secrète pro-cohabitation moldue et sorcière par les enfants d'Ollivander et des moldus. Fondation des mangemorts en secret également.
1954 ● 27 ANS - Le ministère ordonne aux sorcier·e·s de se faire passer pour un·e moldu·e tandis qu'un dénommé Tom Riddle rassemble ses premiers fidèles mangemorts. Fin août, le secret magique à explosé suite à l'assassinat de la fille Churchill, les moldus sont au courant de l'existence du monde sorcier.
1955 ● 28 ANS EN APPROCHE - Les gestes en éternel ballet vides de sens. Carne échouée en le parc Scamander, la pègre et le garage moldu, il erre le gosse. Les crises oscillent, balloté ça et là par un mental qu'il ne comprend pas, qu'il subit, dont il se fout. Alors il se drogue, il fait appel à celles qui le supportent depuis bien trop longtemps pour espérer apaiser ses mots. Stupéfiants illicites, potions plus sérieuses... Tout est bon à prendre pour espérer reprendre pleinement son souffle mais tout est bon pour seulement oublier, l'éloigner elle un peu plus de lui.