IN FOR
THE KILL

RPG HP && the village


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PÉRIODE DE JEU:
Juillet 1955
GODRIC'S HOLLOW ● Dans l’ombre, un texte commence à circuler dans les différentes communautés magiques, lu lors de soirées mondaines, traduits dans une dizaine de langue, le pamphlet, extrémiste, fait assez parler de lui pour être reproduit par les journaux ou lu sur les ondes de nombreuses radios afin d’en commenter ou critiquer le contenu. L’illégalité de leur organisation ne semble nullement avoir empêché les Mangemorts de diffuser leurs idéaux. (lire le pamphlet)
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bullet with butterfly wings.
witch hunter: never bow ●
Keir McIntyre
witch hunter: never bow
Keir McIntyre
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pseudo : dat/sarah (she/her)
faciès & dot : seb stan. / ava (lumos solem) / gifs (mars)
doublon(s) : emile, charles.
gallions : 2485
bullet with butterfly wings. K0xn
pronoms : he/him.
décade : (trente-six éternités) la carne fatiguée, omoplates affalées.
labeur : (armurier) lames rutilantes et pistolets assassins, l'on ne vante plus les talents de celui qui confectionne et entretient les armes de haute facture.
storytime : bullet with butterfly wings. 0oik

› body talks (vivian).
› ces petites victoires (hunters).
› hérétique monotonie (raleygh).

sang : (moldu) être pur dénué de magie, essence que l'on ne saurait souiller.
myocarde : (marié) à tout jamais lié à l'amie d'enfance, les jeunes époux qui s'apprivoisent entre désir et mensonges.
allegeance : (chasseur) boucher, ogre morfale en quête de vengeance. bras droit de la branche braconnière aux côtés de la Barbare. Persévérance sous la coupe des Vertues.
particularité physique : (scars) stigmates de la guerre fracassant le derme, couverts par l'étoffe.
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(#) bullet with butterfly wings. ●
27.02.24 23:15
● ● ●
you have nothing to fear
À PROPOS
DE CE SUJET
if you have nothing to hide
● ● ●
temporalité du rp : juin 1955.
personnages concernés :  @Saoirse Finnigan et @Keir McIntyre
trigger warnings : pas pour le moment.
intervention autorisée du mj : [] oui [x] non
autre(s) : /

IN FOR THE KILL - 2021-2022
witch hunter: never bow ●
Keir McIntyre
witch hunter: never bow
Keir McIntyre
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sang : (moldu) être pur dénué de magie, essence que l'on ne saurait souiller.
myocarde : (marié) à tout jamais lié à l'amie d'enfance, les jeunes époux qui s'apprivoisent entre désir et mensonges.
allegeance : (chasseur) boucher, ogre morfale en quête de vengeance. bras droit de la branche braconnière aux côtés de la Barbare. Persévérance sous la coupe des Vertues.
particularité physique : (scars) stigmates de la guerre fracassant le derme, couverts par l'étoffe.
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(#) Re: bullet with butterfly wings. ●
27.02.24 23:15
Despite all my rage I am still just a rat in a cage. Then someone will say what is lost can never be saved.
B
ULLET WITH
BUTTERFLY WINGS
Ferraille virevolte entre les phalanges agiles, s’entrelace à plusieurs doigts pour finalement achever son ballet au creux de la paume rêche. Tandis que les lagunes s’adonnent à la contemplation de cette vieille clé grossière, ça et là piquée de rouille, les pensées s’esquintent sous la caboche dans un chaos vertigineux. Voilà plusieurs jours que cette clé lui a été confié, empaquetée dans son écrin de papier froissé, l’ensemble lié d’une fine cordelette élimée - sur l’une des faces de l’enveloppe de fortune, quelques arabesques maladroitement griffonnées à l’encre noire, calligraphie d’une main pressée. Saoirse.

Reniflement agacé secoue la trogne alors que les dernières paroles du déchu résonnent sur les parois de l’encéphale - il abandonnait le navire avant que le naufrage ne rejette sa carcasse bien trop abîmée sur les rochers écharpés, les os brisés par le ressac des vagues. C’est ça, fuis. Tu n’as toujours été qu’un putain de lâche Black, et tu crèveras comme le chien que tu es assené en guise d’adieu, comme une sentence. Dernier avertissement sonnant le glas, jure de ne plus l’y croiser dans un glapissement de rage, auquel cas il se chargerait lui même de lui coller une balle entre les deux yeux - à moins qu’il ne laisse les sorciers juger du sort de ce traître. L’insolent s’était évaporé sans demander son reste, ne laissant derrière lui que cette foutue lettre et cette foutue clé, aussitôt fourrée au fond d’une poche. Il l’avait longuement lorgnée, colère pétillant dans l’iris céruléenne, avant que Vivian n’intervienne. « Si tu n’ouvres pas cette lettre, je le ferais moi-même » - un mouvement de poignet las pour seule réponse à son épouse, l’enveloppe aussitôt décachetée, contenu au creux du poing alors que les opales glissent sur les quelques mots dégueulés sur le papier.

❝ Tasha,
Ceci est la clé du Drunken Sailor. Elle est à toi, fais-en ce que bon te semble ; évite simplement de foutre le feu à cette vieille bicoque, McIntyre te ferait la peau.
Continue d’accueillir sa petite bande dans l’arrière boutique sans poser trop de questions si tu ne veux pas d’ennuis. Un jour, tu comprendras peut-être ce qu’il s’y trame.

A. ❞
Les doigts se referment rageusement autour de la clé, à s’en blanchir les jointures, à s’en lacérer la paume sur les recoins anguleux. Même dans son départ, il parvenait à le mettre hors de lui. Sombre crétin qu’il avait exécré dès le premier jour, qu’il s’était acharné à démolir dans l’unique but de déceler une minuscule once de mensonge, l’éclat faiblard de la traîtrise. Voilà qu’il offrait la gérance du quartier général des braconniers à une gamine dont ils ne savaient rien, l’informant de leurs petites entrevues censées passer inaperçu. À la fois dire trop et pas assez, semer les graines du doute et de la curiosité dans la cabèche de la morveuse. Maudit sois-tu, Anthony Black.

Il n’en avait fallu guère plus pour qu’il se précipite aux abords du Southside le chasseur, avalant chaque foulée en claquant l’émail, molaires crissant dans la gueule. Il fulmine en poussant brutalement la porte, marquant de la sorte chacune de ses allées et venues - Black levait alors les yeux au ciel dans cette grimace provocante, agacé par l’irruption de sa némésis brutalisant son pub pour son simple bon plaisir. La balafre étirant les lippes du tenancier n’est plus, de même que les relents d’arrogance viciant l’air et les grognements mal contenus émanant de derrière le zinc. Seule l’âme du vieux rafiot persiste, dans cette pénombre qui tamise l’endroit, dans cette poussière accumulée sur les dizaines de bouteilles au contenu douteux, dans cette musique qui grésille tout bas - il y a laissé son empreinte le Black, la capitainerie suintant toujours de son passage par les tapisseries vieillottes et le parquet mal ciré.

Le soir s’annonce bientôt - au dehors, la lumière d’un été naissant décline, jetant ses palettes pastels dans une voute d’aquarelles pâles. Les vieux briscards se sont déjà affalés dans les recoins, descendent leur choppe avec avidité, bave à la gueule, s’esclaffent bruyamment, cognent le verre sur le bois nourri à l’éther. Il se fraye un passage, joue des coudes et des épaules, salue d’un hochement de tête les visages familiers, de ceux qu’il retrouve dans l’arrière-salle, s’incruste difficilement dans un espace exiguë au comptoir. La rouquine est là, sa trogne s’imprime sur la rétine tandis qu’elle s’acharne à répondre aux habitués qui la hèlent sans gêne aucune. Il foutrait tout ce beau monde dehors d’un claquement de doigts s’il le pouvait Keir, siffle entre ses dents, l’impatience vibrant sur sa carne, pianote fébrilement de la pulpe sur le zinc. N’y tenant plus. « Eh. Saoirse, c’est toi n’est-ce pas. » Qu’il l’apostrophe tandis qu’elle passe sous ses yeux qui ne l’ont plus quittée depuis son entrée dans l’établissement. Pas vraiment une question - bien sûr que c’est elle.

D’un geste de l’index, il l’intime déjà à s’approcher - non pas qu’il redoute qu’une oreille ne glisse un peu trop sur la conversation à venir, le brouhaha ambiant est tel que nul ne serait en mesure de se concentrer plus que mesure sur un échange de mots si banal. Non, dans ce mouvement d’une familiarité presque grossière, il tire les ficelles, impose sa dominance sur cette silhouette gracile. « J’ai quelque chose pour toi. » Sourcils arqués alors qu’il dépose la clé et la lettre décachetée, fait mine de les laisser glisser à son intention sans pour autant les lâcher pour de bon. De quoi éveiller sa curiosité sans jamais l’étancher. « C’est d’la part de ce bougre d’Anthony, il m’a confié ceci, à te remettre. Tu m’en voudras pas d’avoir jeté un oeil à ces quelques mots… J’ai vu plus émouvant comme lettre d’adieu si tu veux mon avis. » Il raille dans un sourire mauvais, détaille déjà la moue de la midinette, guette le moindre battement de cils, une palpitation loupée au creux de sa gorge, un pincement à la commissure de ses lèvres.
MADE BY @ICEANDFIRE / IN FOR THE KILL › 2021-2022
witch hunter: never bow ●
Saoirse Finnigan
witch hunter: never bow
Saoirse Finnigan
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bullet with butterfly wings. Giphy
pronoms : she-her (elle)
décade : 25 ans
labeur : impertinente tenancière (Drunken Sailor's Pub)
storytime : DOLORESNATALYAKEIRMALIGAN IIIMISSION CHASSEURS
sang : moldue, sang aussi bourbeux que la bière de son pays natal, étincelles qui coulent dans les veines.
myocarde : lesbienne assumée et revendiquée, coeur qui bat pour les beaux yeux d'une blonde en particulier.
allegeance : les copains d'abord, la bande avant tout ; mais de bande il n'y a plus, alors elle se jette dans une nouvelle cause à corps perdu. Les Chasseurs sont sa nouvelle famille, dynamique dysfonctionnelle et conflits compris.
particularité physique : cicatrice de brûlure couvrant l'intégralité de sa cuisse droite. Taches de rousseur qui constellent le visage, les épaules et les bras.
gif feuille : scène du quotidien (Maligan) by kathee

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(#) Re: bullet with butterfly wings. ●
27.03.24 20:22
on ne recompose rien dans la tempête en agitant des poignées de poussière.
B
ULLET WITH BUTTERFLY WINGS
Le monde change trop vite. Ça tourne, ça tourne, et ça me rend malade comme un mauvais manège de chevaux en bois à la foire du village. Comme quand on a appris qu’une sorcière avait été brûlée dans le bûcher censé célébrer le retour du printemps - ou le fondateur du village, ou quelque chose comme ça : m’en fiche un peu, je suis ni historienne ni guide touristique. Ça a foutu un froid, cette histoire. Même au sein de la bande, on sentait des tensions, quelque chose qui bouillonnait et semblait prêt à exploser - mais on ne disait rien, on faisait comme si tout allait bien. Comme si on pouvait nier l’orage, et attendre que les nuages disparaissent, pour prétendre qu’ils n’avaient jamais existé. On est devenus plutôt bons à ce petit jeu, faut dire qu’à la base on était pas les plus soucieux de mettre des mots sur nos plaies respectives. La bande accepte tout le monde, pour peu que personne d’autre ne veuille de vous. Peu importe la raison, peu importent vos origines ou vos passions. On ne pose pas de questions, et on cohabite aussi calmement que possible - donc pas du tout calmement, vu que l’un d’entre nous est un bassiste mais surtout un crétin fini, une autre une princesse en exil, et un autre encore une espèce de chat de gouttière à la loyauté d’un golden retriever. Un danseur de cabaret, une gamine du coin qui apprend les règles du poker plus vite qu’on apprend à parler anglais, et une pyromane politiquement engagée complètent le lot : pas la plus apaisée des colocations, mais on n’échangerait ça pour rien au monde.

Sauf que tout ça, c’était avant. Avant que t’ailles t’attirer des ennuis plus grands que toi, avant qu’une bande de fous armés de bouts de bois ne décident que ta vie valait moins que celle d’un chien. Qu’est-ce que t’as foutu, pour que ça en arrive là ?

Et c’est comme ça que nos univers ont volé en éclats. Pendant ce temps, le monde continue de tourner, les jours se succèdent et je n’arrive plus à suivre.

Sans toi, je suis paumée. Tu étais notre boussole, t’aurais pointé n’importe quelle direction et on t’aurait suivi jusqu’au bout du monde. T’as choisi le seul endroit où on peut pas te rejoindre, espèce de triple buse.

Restent les habitudes. Se lever le matin - ou en début d’après-midi - parce que le soleil se lève aussi et qu’on peut difficilement l’ignorer : on est en juin, enfin, l’été est bien plus qu’annoncé. L’eau sur le visage, les habits sur le corps fatigué d’un épuisement qui n’a rien de physique. Les muscles qui font mal, auxquels il faut se réhabituer. Chaque pas est un exercice nouveau -

- chaque pas est un pas sans toi, vers un monde dans lequel tu n’existes pas.

Alors je marche, sans but, j’erre dans ce village où tu nous as amenés, on on s’est échoués comme autant de naufragés juste contents d’avoir un endroit où se poser. Un toit au-dessus de nos têtes, des accords plaqués sur les instruments pour faire passer le temps, et des concerts certains soirs - quand Black nous laisse occuper son pub un peu miteux. Comparé à Londres, c’est trois fois rien, la vie est terne ici -

- et elle perd de ses couleurs un peu plus chaque jour, depuis que t’es parti.

Mais c’est devenu une habitude aussi, et mes pas que je crois perdus finissent par me mener au Drunken Sailor. Tiens, c’est vrai… Je travaille, ici. Et je suis censée travailler, aujourd’hui. Mais ça doit faire une semaine que le patron n’a pas daigné se pointer, et le peu de respect que j’avais pour Anthony Black a fini par s’évaporer. Qu’il se débrouille sans moi, tiens, ça lui apprendra à me parler comme si j’étais juste une gamine paumée. Comme si je lui devais mon emploi et ma vie - pour l’emploi, passe encore. Même si je pense qu’il a du mal à recruter, vu la moyenne d’âge du patelin et la propension locale à se trouver du mauvais côté du bar.

« Black ? » je lance à la cantonade, en arrivant dans le tripot déjà ouvert. Mais aucun grognement ne me répond. Alors les habitudes reprennent le dessus comme une vague dans laquelle je me noie bien volontiers. Descendre les chaises et les tabourets de leurs emplacements, passer un coup de torchon rapide, vérifier que le réfrigérateur est bien approvisionné en glace. Mes bras protestent à chaque geste, je voudrais juste les garder bien enroulés autour de moi, drapés dans cette position qu’ils affectionnent tant, le gauche croisé sous le droit. Ma posture de boudeuse - c’est comme ça que tu l’appelais. Dès que tu fais rien, on dirait que tu planifies la meilleure manière de voir le monde brûler, que tu disais.

Mais maintenant, le monde est silencieux. Et seul mon cœur contient encore les échos de ton rire, les éclats de ta voix qui se déchire sur la dernière chanson, la lueur de tes yeux qui brillent quand on se prend dans les bras avant de monter sur scène. Le son de ta voix est peut-être ce qui me manque le plus.

Les heures s’enchaînent mollement, elles coulent comme du sable mouillé dans un mécanisme rouillé, chaque minute est une éternité. J’ai les yeux rivés sur la porte -

- à tout moment tu vas entrer, déclarer que vous occupez l’endroit pour la soirée, et que ça tombe bien parce que personne ici n’a entendu d’aussi bonne musique de sa vie.

Mais tu n’es pas là. Les réguliers arrivent et s’installent, eux aussi sont des créatures d’habitudes plus que d’instincts. Les mêmes consommations, dans le même ordre, et les mêmes chansons sur le juke-box fatigué. Je ne me donne même pas la peine d’essayer de faire la conversation - Je suis pas assez bien payée pour ça, que je dis toujours à Tony. Ça le fait sourire, un sourire qui donne envie de lui filer une claque bien sentie. Pourtant, comme chaque soir, il y en a qui essaient. D’habitude, je leur explique en deux phrases où et comment ils peuvent aller se faire mettre quoi bien profondément. Mais cette fois, quand je me retourne, les mots me restent en travers de la gorge.

« Ouais, c’est moi. » C’est pas la politesse de l’année, mais Black m’a toujours dit : celui-là, faut pas le fâcher. « McIntyre, pas vrai ? » Me semble bien que c’est le nom que Tony utilise pour le désigner, l’espèce de petite montagne de muscles sous une gueule de bouledogue, et avec ça l’amabilité d’une porte fermée. Je crois que le bar est à lui, ou quelque chose comme ça - je n’en sais fichtre rien, et je m’en fous. C’est pas mes histoires, et si Black a des dettes ou d’autres emmerdements du même style, faut pas qu’il compte sur moi pour…

« Qu’est-ce que c’est que ça ? » je demande, même si j’ai plutôt envie de lui dire où il peut fourrer le doigt avec lequel il me fait signe d’approcher. Hors de question de me comporter comme une gamine excitée à l’idée qu’un type plus vieux ait un secret - de toute façon, les bougres, c’est pas ma tasse de thé. « Tony ? Pour moi ? » je vais finir par passer pour une cruche, mais faut dire que c’est beaucoup d’informations d’un coup. « Pourquoi est-ce que le patron » - s’il apprend que je l’ai appelé comme ça, il va jamais arrêter de se vanter - « m’écrirait quoi que ce soit ? S’il a des instructions, il peut me les donner en mains propres, ce… » Insérez ici une ou deux injures gaéliques de votre choix. Ce qui est bien avec celles-là, c’est que les Angliches sont incapables de distinguer un eejit d’un gombeen.

« Bon ben ça va, tu peux me remettre ce truc » je finis par plaider. Je déteste la note suppliante qui s’est glissée dans ma voix - cette traîtresse, la curiosité - alors je rajoute que « Rien que la clé, ça me serait utile pour fermer derrière moi ce soir. » Je refuse de lui donner la satisfaction de savoir qu’un début de feu vient d’éclater dans un recoin poussiéreux de mon cerveau, parce que les mots font mouche et que je me demande ce qui a bien pu pousser le taciturne tenancier à rédiger une lettre d’adieu à l'intention de son employée la moins dévouée - bon, d’accord, la seule aussi.
MADE BY @ICEANDFIRE / IN FOR THE KILL › 2021-2022


JEUX 2024
bullet with butterfly wings. Vks8giC6_o
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(#) Re: bullet with butterfly wings. ●
15.04.24 12:10
Despite all my rage I am still just a rat in a cage. Then someone will say what is lost can never be saved.
B
ULLET WITH
BUTTERFLY WINGS
Dans le tumulte de ce vieux rafiot branlant, l’écho de quelques mots échangés par dessus le comptoir se noie dans un ressac d’haleines chargées à la gnôle, vapeurs d’éther et de tabac tel un brouillard jeté sur la mer avant l’aurore. Ici bas, les gueules sont familières . Dans un coin, un ancien maître d’école surmené pourrait faire corps avec la tapisserie élimée - plus loin, un employé du garage Thackeray aux griffes noircies de cambouis braille sur le jukebox enrayé - enfin, une vieille carne rend les armes dans l’impact brut de sa caboche rencontrant la table sous l’hilarité grasse de ses compagnons de beuverie. Ces âmes en quête d’ivresse, il les a toutes déjà côtoyées l’enfant du pays, les routes de ces culs-terreux se croisant et s’entremêlant sans cesse depuis l’enfance. On se donne l’accolade, s’alpague d’un hochement de tête, se salue dans une mirette muette, avant de retourner vaquer à ses mornes occupations, au manège insipide de sa propre existence. Une propension à ne pas regarder ni écouter ce qu’il se trame au delà de son rivage, un crédo gravé sur le derme. Alors qu’importe que le fils McIntyre soit penché par dessus le bar, qu’importe qu’il hèle la rouquine avec sa gueule de clébard, lui glisse son torche-cul signé à l’encre avec ce sourire carnassier qu’on ne lui connait que trop bien - les racontars de comptoirs s’évanouiront sitôt la prochaine goulée avalée, billevesées bien vite oubliées quand la brume engourdira l’encéphale.

Tu crois qu’il a repris ses vieilles habitudes d’sauter sur tout c’qui bouge ?
Pas vilaine la chaire fraîche.
Mais il vient pas d’se marier à la petite Dursley ?
Qu’est ce que ça peut t’foutre ce qu’il traficote, occupe toi d’ton cul et va m’chercher une autre bière.’

Le chasseur parade, la poitrine gonflée d’orgueil, orbes d’acier jetées sur la plèbe, défie d’une oeillade quiconque s’aventurerait à quelque palabre assumée. C’est un jeu qu’il connait par coeur, ballet rondement mené dont il ne s’est jamais éhonté, insolence fardant la gueule. Il n’est pas connu pour faire preuve de résipiscence le bougre, montre plutôt les crocs et use des beaux mots quand il s’agit de justifier ses frasques cruelles plutôt que de s’étouffer de culpabilité. Que le Diable l’emporte, la jeune épousée s’offusquait si peu des aspérités pernicieuses de son époux - le gamin effronté aux genoux écorchés qu’elle avait connu jadis n’avait pas tellement changé, s’érigeant, par la force, roi de ses propres royaumes. Et si le Druken Sailor Pub ne lui avait jamais appartenu, au moins s’était-il assuré que ces lieux putrides restent aux mains des braconniers, arpentant les vieilles planches plus que de raison, joug imposé qu’il ne laisserait personne remettre en question. Avec Black, il s’était autorisé quelques libertés - et si le chien galeux avait grogné plus d’une fois pour marquer son territoire, il s’était vu claquer le museau pour réduire ses rebuffades en gémissements inaudibles. Mais le cracmol avait déguerpi, et la rouquine à qui il avait laissé le navire naufragé serait assurément une autre paire de manches.

Révolte au diapason de ses orbes enflammées, la gargue impolie claque dans ses inflexions tranchantes, et il sait McIntyre, à la façon dont elle persiffle son nom, que la morveuse mal lunée se montrerait certainement plus inflexible que cet abruti de Black. Le sourire s’élargi, masque crispé sur l’agacement qui pointe. « J’vois que ma réputation me précède, ce crétin de Black a dû t’parler de moi. » - évidemment qu’il a mentionné son bourreau, s’est épanché dans les écoutilles d’une gamine venue de nulle part. Sous la cabèche, la tempête gronde - si le déchu a eu l’audace de compromettre ses projets, il se jure de lui faire la peau, quand bien même faudrait-il le poursuivre jusqu’aux portes du Tartare. « Keir. » il rectifie, truffe plissée - il aime pas beaucoup cette façon qu’elle a de cracher son nom comme un vieux glaviot lui encombrant la trachée. Étrangement, Saoirse rappelle à son souvenir un fantôme du passé - à cette hargne qui l’habite et à sa verve cinglante, ses traits se mêlent à ceux de la poupée des Vertus, cet oisillon hagard et survolté, petite emmerdeuse ayant pourtant dérobé l’affection du molosse. Calypso n’est plus là, et à sa place se dresse la poupée flamboyante, mâchouillés ses mots entre l’émail.

« C’est toi l’patron maintenant. » il soupire en fouettant l’air de sa main, écarte ses balbutiements d’un ennui mortel. « Il s’est tiré Tony. Tu t’attendais à quoi d’autre de la part de ce cancrelat ? Il reviendra pas pour t’partager ses dernières volontés. » Il ricane dans un râle amer. Gosse paumée qui ne mesure guère l’ampleur des responsabilités qui viennent de s’affaisser lourdement sur sa carcasse gracile. L’ancien tenancier n’aurait pas pu mieux jouer son coup - disparaître sans demander son reste en fourrant n’importe qui d’autre dans ses emmerdes, à réparer les pots cassés. Présent empoisonné qu’il léguait en même temps que cette foutue lettre et cette clé grossière. Fifrelin plaqué sur le comptoir, les phalanges pianotant lentement tandis qu’une curiosité brûlante balaie le désintérêt jusqu’alors feint de la rouquine. « Patience trésor. » Il susurre doucement, opales dardées sur le minois décontenancé. Il sait qu’il a gagné McIntyre alors qu’il lâche enfin son butin pour qu’elle s’en empare, dévore avidement les quelques mots baveux jetés sur le papier. Le clé tinte sur le zinc tandis qu’il la fait glisser jusqu’à ses doigts.

« Bien, maintenant que c’moment larmoyant est passé, parlons affaires ma belle. » D’une voix forte, l’ossature se redressant sur son tronc quand jusqu’alors il grignotait la proximité avec la demoiselle par dessus le bar. « Tu t’doutes bien que récupérer ce rafiot branlant va nécessiter, comment dire… qu’on perpétue quelques vieux arrangements toi et moi. » Trogne penchée sur l’une des épaules, les sourcils se haussent. « J’entends disposer de l’arrière-sale à ma guise, vois-tu j’y rassembles quelques amis de temps à autres. » La langue claque sur le mot ‘amis’. « Tony le faisait de bon gré -‘pas qu’il ait vraiment eu l’choix’- ceci dit, je suis tout à fait enclin à monnayer cette faveur. Pour te faire quelques sous. J’imagine que les temps sont durs depuis qu’toi et ta petite bande de braillards venez plus faire les fonds de poche de ces vieux croulants d’ivrognes ? » Il minaude McIntyre, fait mine de supposer des faits avérés, trifouille dans ses entrailles pour trouver la corde sensible sur laquelle tirer, en quête d’une faiblesse à retourner en arme sur sa tempe. « J’te laisse y réfléchir évidemment, disons pour la fin de ton service ? En attendant j’vais plutôt trinquer à c’connard de Black, tu m’accompagnes j’espère. » Inflexions doucereuses alors qu’il désigne du menton les rangées de bouteilles qui s’érigent jusqu’au plafond. Une gorgée ou deux la rendrait peut-être plus apte à ruminer cette proposition qui n’en est pas réellement une - McIntyre ne souffrirait d’aucun refus.

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