temporalité du rp : fin mai 1955, après les évènements de l'intrigue.
personnages concernés : @LES CHASSEURS
trigger warnings : violence verbales, association aux évènements de l'intrigue.
intervention autorisée du mj : [•••] oui [ ] non
autre(s) : Ce rp accueille tous les chasseurs, mais principalement les braconniers. Il fait suite à l'intrigue, soit environ 02 jours après.

IN FOR THE KILL - 2021-2022

Exit les robes à la dernière mode, le rouge à lèvres couteux et la chevelure soyeuse, aurevoir momentané, temporaire, le temps d’une soirée, le temps de faire son devoir. Toujours première sur les lieux la Vivian, emprunte les chemins les plus tortueux pour ne pas être repérée par celles et ceux qui ne la connaissent que trop bien. Il n’est pas encore l’heure de faire tomber le masque estime-t-elle. Aussi, c’est dans l’arrière-salle du repère des braconniers qu’elle se prépare : pas de fenêtres, une porte qui ferme à clé, et qui le plus souvent, à tendance à servir de lieu d’interrogatoire pour les monstres capturés. C’est là aussi qu’elle peut se permettre de tergiverser sur ses propres pensées, sur sa propre curiosité envers ce monde contre lequel elle s’est toutefois élevée, protectrice des simples mortels. Les murs annoncent la couleur aux invités contraints, ailes de fées épinglées, croquis au fusain, et autres joyeusetés prélevées sur les corps des petites créatures bien trop fragiles pour se défendre. Psychopathie pourraient souffler certains, curiosité scientifique s’étranglerait son frère. Elle y trouve une forme d’inspiration pour ses œuvres de tissu, ou de maquillage. Mortelle avant-gardiste. C’est dans un recoin de la pièce qu’elle se déshabille, abandonne sa belle toilette pour quelque chose de bien plus sombre, totalement opposé à ce qu’elle aurait l’habitude de porter. Crêpe sa chevelure habituellement bien sage, tresse à la va vite et détrône l’image de la créature parfaite, sauvage dans l’allure, indomptable dans les faits. Touche finale, les sombres cendres sur son visage, achève l’anonymat et détruit Vivian. Ne demeure que la barbare, dont les prunelles céruléennes fixent le reflet avec froideur, masque parfaitement composé, ou un tantinet naturel ? Ne laisse aucune trace qui pourrait indiquer qui elle est en réalité, alliance et bagues de fiançailles glissées le long d’une chaine, elle-même dissimulée sous ses vêtements. La chasseresse est prête, ou presque, extirpe de son sac les armes dont elle est ordinairement affublée, dagues venant naturellement retrouver leur place légitime. Mortellement dangereuse.

Et parce qu’elle est la première arrivée, elle s’installe nonchalamment sur le trône improvisé de son prédécesseur, réel braconnier de son état, qui lui a laissé un siège parfaitement orné, mélange de bois. D’arbre ou de cerfs ? Certainement les deux. Elle jette un œil rapide dans la salle encore vide, tables disposées ci-et-là, arrière-salle du bar, qui n’attend que les invités conviés. Le gérant, cracmol de son état, blasphème au monde dont il est issu et plus encore dans celui qui l’accueille, a bien fait les choses, pichets posés. Un seul par table. Ce n’est pas une beuverie, c’est une rencontre. Il n’y aura pas de commande en plus, la barbare n’accepte pas les saoulards. Protagoniste qui observe ses ongles dans l’attente de ses subalternes, extirpe une dague de sa botte pour venir retirer la crasse qui s’est incrustée sous un ongle, nonchalamment… Et les premiers bruits de pas qui se font entendre.

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Dans le silence d’un pas feutré, tu ne fais pas trop attendre ton entrée. T’as pas été à la fête. Trop de bruit. Trop de monde. Manque d’envie. Espérance n’est pas un animal sociable. Clairement pas. Plus à l’image du chat indépendant qui se suffit à lui-même ou presque. Mais tu as lu. Tu t'es tenu au courant. Tartes mais surtout le bûcher. Les journaux se sont empressés d'en faire une première page claquante et cinglante. Personne n'est à l'abris qu'ils disent. Tout le monde peut être en danger. Tout le monde peut se battre. Tout le monde peut se mettre à l'abris. Une démarche lente. La cuisse encore quelque peu handicapante dans ta vie de tous les jours. Mais quelle idée. Quelle idée de donner à un ancien militaire la possibilité de se servir à nouveau d’une arme. Il sait viser le gougnafier. Tant mieux. T’aurais pu te vider de ton sang. Mort ridicule. Mort de merde. Mort que tu as esquivé. Tant mieux. Tu te joues trompe la mort depuis des années. Depuis toujours. Un signe de tête à la brune déjà installée. Reine mère en ces lieux que tu ne côtoies que trop peu. Pourtant l’air irrespirable sous la poussière donnerait presque un certain charme apaisant. Décoration typique d’un pub anglais, tradition respectée au pied de la lettre. Poussière sur les vieilles bouteilles. Air de fausse piraterie qui donne un certain cachet presque enfantin à un vieux pub débout depuis ce qui semblerait être la nuit des temps. Installation dans un coin. Toujours dans un coin. Pas trop prêt du monde. Assez pour comprendre ce qui se dit. Pour avoir une bonne périphérie visuelle.

Silence dans lequel tu t’installes, dans lequel tu viens te lover. Silence confortable. Le regard que tu évites, les yeux rivés sur le mur, comme si tu avais l’étrange capacité de te perdre dans tes propres pensées. Couteau papillon sorti. Non pas pour menacer qui que ce soit - qui prendrait une crevette pareille au sérieux - mais bien pour occuper tes mains, pour forcer ta réflexion sur un seul geste. Geste précis. Mouvement répétitif toujours dans un silence religieusement respecté. Seul le léger cliquetis de la lame peut être perceptible par l’entourage. Yeux perdus sur le mur qui descendent lentement sur le mouvement de poignet accompagnant la rotation de la lame. T’as déjà essayé la brûlure d’une balle. Pas encore la coupure d’une lame finement aiguisée. Pas maintenant. Soit concentré. Soit professionnel. Sans doute l’un des “bébé” de cette réunion. Pas encore trente ans et déjà une bouille dont on ne veut pas spécialement s’approcher. Pas parce que tu fais peur, pas parce que tu pourrais intimider qui que ce soit, mais parce que tu es prévisiblement imprévisible. On sait que tu peux partir en roue libre. Personne ne sait quand. Sauf peut-être la Barbare qui a appris à décoder tes manières, à lire tes gestes. A comprendre, de loin, ta gestuelle si particulière. Elle a toujours été prévenante. Du moins, c’est comme ça que tu l’as perçu. Sans nul doute se méfie-t-elle encore de toi. Sans nul doute qu’elle se méfiera toujours de toi. Après tout, on se méfie toujours des gobelins et de celleux qui traitent avec.

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Il est ici chez lui, QG choisi avec soin. Saoirse s'occupe de l'étage, dans le plus grand secret. Même elle n'est pas au courant de ce qui se trame dans l'arrière boutique. Le chasseur garde le silence. Nulle sourire sur les lèvres du Black aujourd'hui. Pas la morgue habituelle, pas la nonchalance de celui au dessus. On les a convié et lui a installé la table, nettoyé les lieux. Pas de cadavres pour ce soir, il l'espère sincèrement.

Anthony arrive troisième, le temps de terminer de donner ses ordres et de gerer un client incapable. Il est agacé, fulmine dans sa barbe mais c'est le marbre qui embrasse ses traits dès qu'il pénètre dans la pièce. la Barbare est déjà là. Bien sur que la Barbare est déjà là. Cheffe incontestée et incontestable. Il la préfère au second qu'ils avaient eu, chien galeux incapable de refrener ses actes. Elle au moins réfléchit, toujours. Meticuleuse.

Dans le plus grand silence Anthony trouve refuge dans un coin, les bras croisés, l'arme enfoncée dans le dos. Il ne sort plus sans cette dernière. mais ici, ce n'est pas à lui de prendre la parole. Ici, il suit. Il obéit même. En oubliant que, quelque semaines plus tôt, les lèvres d'une sorcière hantaient son esprit. Lavina n'a pas voix au chapitre. Lavina n'est pas là. Les sorciers lui ont tout pris, qu'il tente de se convaincre. Pour ne pas baisser les yeux devant ceux qu'il appelle aujourd'hui une famille. Car c'est cela n'est-ce pas ? Il a choisi le partie des chasseurs. Pour le meilleur et pour le pire, mariage à sens unique qu'il ne peut refuser. On lui demande la traque. Il offre la violence.

Et cette fois, même Keir ne pourra aller à l'encontre de ces actes. Il s'est infiltré chez les sangs purs. Il y a laissé une emprunte boueuse. Détestable pour les si biens nés. Mais il ne se gausse pas. Il ne se gaussera pas. Il a bien trop à se reprocher.

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Ainsi sonne le glas. Au dehors, l’on pleure la dépouille calcinée de l’enfant maudite, relents de chaire grillée dans l’air moite tandis que tinte encore l’écho de ses suppliques étouffées par les flammes - la chape de plomb recouvre une nouvelle fois le hameau, dans le sang et la terreur. Les rues se sont vidées, jonchées des reliques d’une fête gâchée, carcasse du dragon de bois et de paille éventrée sur la grande place. Personne n’a osé toucher au tombeau de bûches de la sorcière immolée, funeste avertissement en contrebas des fenêtres, au vu et su de tous. Une vie pour une vie. La mort de la gosse Churchill, revendiquée par ces monstres de magie, ne pouvait rester impunie - depuis leur dernier coup d’éclat à Merlin Square, les chasseurs s’étaient terrés dans leur trou, agissements discrets, s’abreuvant de colère dans l’attente fébrile de frapper de nouveau. La vengeance avait ce goût délectable au fond de la gargue, laissant sur la gueule ces sourires carnassiers de satisfaction.

C’est avec cette même balafre tordant les lippes qu’il franchit le seuil du Drunken Sailor Pub le McIntyre, laisse claquer la porte pour signaler son arrivée - s’amuse déjà de la moue exaspérée du gérant dès que leurs regards se seront croisés - et s’infiltre dans l’arrière salle accueillant ses premières âmes. La Barbare trône sur son siège, gorgone statufiée jetant ses orbes cendrées sur les visages de ses fidèles qui se regroupent peu à peu. Dans un recoin, Black fait corps avec la tapisserie, bras croisés sur la poitrine, oeillade sombre - reniflement dédaigneux tandis qu’il le jauge avec ces mêmes relents de gerbe à la bouche, l’orage aux fond des lagunes. Il l’ignore pourtant, laissant plutôt planer la froideur de leur dernier échange, quelques semaines plus tôt. Enfin, le gosse Rookwood, mué dans son silence habituel. Les doigts courent le long de l’une des tables installées pour l’occasion, tapotent le bois poisseux pour signifier au jeune chasseur sa présence, s’incruste dans son champ de vision avant de poser une paume sur la frêle épaule. « Salut gamin. » (@RAPHAEL ROOKWOOD) il articule doucement, farde la trogne d’un sourire. Espérance. Vertue dont il ne saurait saisir les mécanismes pour l’heure, s’acharne à se montrer amical avec le protégé de la Barbare - avec cet agneau noir dans son propre monde, de ces gosses qu’avaient la rage au ventre du temps des Pêchés. Comme Calypso. « On ne t’a pas aperçu à la fête. T’as manqué l’clou du spectacle. » Les phalanges se resserrent autour de la clavicule, lui indique en silence qu’ils discuteraient plus tard. Pour l’heure, il est temps de rejoindre la cheffe des braconniers sur l’estrade, se glisse à la droite de sa reine, mains jointes dans le dos, dopé à l’orgueil.

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Elle s’affichait indomptable, la gueule vomissant silencieusement l’ire maîtrisée. Fascination en offrande, c’était l’oeil prédateur qui traînait. Ici ne flânaient que des boucaniers chassant ces cloportes de l’autre monde. Fourberie en ricochet des deux côtés. Force était de constater qu’ils savaient se dévoiler astucieux, engraissant la chasse de vigilance. Festin qui régalait tes babines. Dégaine nonchalante sur le trône, la Barbare (@Vivian Mcintyre) dégueulait son emprise sourde. Dague en friandise dans les griffes. Chacun son cure-dent. Tu te promenais bien avec ta trousse de couturière en poche, et quelques ‘mignardises’ en poche. Gratification à la madre. Sans quoi, ce cher @Raphael Rookwood n’aurait pu se vanter d’une belle lézarde à vos dérangements. Parce-que toqués, vous l’étiez sûrement. Rictus narquois en grignotage de la commissure. Tapi dans l’ombre, il te contaminait presque d’une égale envie de disparaître. Retrouver ta tour de thébaïde, loin du pêle-mêle extérieur. Tu t’étais pourtant promis de t’arracher des abysses, tanguant dans le clair-obscur qui t’écartelait intimement. Lui aussi se tripotait les pulpes d’un couteau en garniture des mains. Peut-être devrais-tu sortir ton rasoir pour faire mine de te polir la carne des paluches ? Quitte à se mettre au goût du jour. L’insolence te gaussait silencieusement. L’incisive flagornait vers le cadet, en suggestion silencieuse sur une nouvelle expérience. T’y prenais peut-être déjà goût. Esperance s’était révélé plus palpitant que tu ne l’aurais soupçonné. Comme quoi sortir de sa tanière disloquait quelques monotonies. Sourire en crime de l'amusement que cette rencontre insufflé. 'A quand la prochaine? Demande silencieuse. ‘Fais des rencontres. Tracasse sœurette ! A ta façon, tu ‘sympathises’ avec autrui. Un congénère à Esperance traînait en catimini dans un coin, boudant le contact. @Anthony Black, ‘cracmol’ également, vilenie à l’insane pureté que ces sorciers prônaient ridiculement du bout de leur baguette magique. Tu le connaissais pas. Force était de constater que tu ne t’y étais pas intéressé. L’humeur absente, sans doute. T’étais pas homme à chercher le contact, prisant bien trop ta tranquillité pour perdre ton temps à paraître cordial. Cordial ? En voilà un avec qui tu jonglais entre sympathie et rouspétance. @Keir Mcintyre, frère d’armes, cornichon à l’œil un peu trop traînard sur ta cadette, et bien plus encore. Vestige émotionnel. ‘Fallait passer à autre chose. La rancœur fraternelle se heurtait à l’unisson que les tranchées avaient ficelées. La grande écarlate continuait à se partager, l’un comme l’autre avançant d’un même pas sous la dominance palpitante que la Barbare imposait par sa simple présence. T’étais pourtant pas le plus droit dans tes bottes, ‘toujours indécis, accordant parfois une deuxième chance, ‘toujours aux gamins. Leur innocence en calice à préserver.

D’ordinaire ponctuel, t’étais pourtant le petit retardataire. Tu faisais n’importe quoi ces derniers temps, devenant plus ronchon que tu ne l’étais vraiment. Après les joyeusetés de la Saint Godric, tu ruminais sur le chienlit final de cette intrigue. L’amertume s’enlisait sur ton palais, t’enhardissant d’une envie grossière. Muselé, le cabot en laisse. Mignonne embrassée par les insolentes du bûcher, son glas tintant encore fraîchement dans la mémoire. Inconnue au bataillon, gueule d’ange s’effritant sous les crocs brûlants, elle devenait poussière dans l’échine imposée. T’avais pas besoin de voir ça, ‘eux non plus. Chiards en témoins du théâtre macabre. Évidence qui te faisait grincer des dents. «  Si j’avais su qu’un barbecue avait été prévu à la petite sauterie, j’aurais ramené mes mouches à merde » - ‘C’était quoi cette chierie? Pour sûr, ça tombait pas des mains d’un aveugle. Traduction en apostrophe de civilité. T’avais pourtant pas le palais condamné, les mains nonchalamment fourrés dans les poches de ton jeans. Le pas pendant, tu te plantais devant la Dame de Pique, et ce n’était pas d’une aiguille qu’elle se servait pour vous planter. Redoutable dans le simulacre des barbaries, le parfum ferrugineux pourrait presque lui être cultivé. Sarcasme en rictus, fidélité jurée pourtant en toile de fond. Croupe installée sur une assise affleurant les rives de l’insoupçonnée, les esgourdes s’impatientant d’entendre sa gorge trancher le silence.

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Dans les rues, sur la place, l'odeur était encore présente. L'odeur de brûlé, celle de la mort. Celle de la vengeance, bien qu'elle soit amèrement teintée de déception. Bien-sûr la sorcière avait fini par crever, sa peau fondant sur ses os, ses cris d'agonie s'élevant jusqu'à ne plus être d'un infime murmure de douleur sortant des braises rougeoyantes. Cela avait été divertissant, sans aucun doute.
Pourtant, je n'appréciais pas les surprises et en particulier celles qui avaient un arrière-goût d'amertume comme celle-là. Car au-delà de cette cinquante réussite, cela ne faisait que mettre en exergue le fait que notre groupe, notre clan, était en réalité bien moins soudé que ce que l'on aurait aimé croire. Des projets annexes avaient visiblement vu le jour loin du groupe, écartant certains d'entre nous pour n'être seulement mis devant le fait accompli, tels de bons ignares. Peut-être aurions-nous pu aider. Peut-être pas. Nous n'avions pas eu le loisir d'y réfléchir.

La pointe de fierté mal placée qui s'était implantée depuis l'avant-veille me poussait à croire que c'était pour cette raison qu'Elle voulait nous réunir aujourd'hui. S'il devait y avoir des explications, nous étions tous impatients de les avoir pour qu'enfin nous puissions comprendre pourquoi nous avions été ainsi écartés. En tous les cas, il n'y aurait pas de couronne de fleurs ce soir, pas de lauriers pour une victoire que je n'assimilais pas comme étant la nôtre. Que personne n'en réclame, car je ne répondais jamais favorablement à la mendicité.

Me glissant dans l'embrasure en silence, je constate que la plupart sont déjà là. Le Black, Charité, Persévérance et même le petit Espérance. Tous réunis autour de la Barbare constatais-je alors que mon regard balayait cette assemblée hétéroclite. Des visages fermés et la réplique de Charité qui vient conforter mon état d'esprit et abreuver mon ressentiment. C'est d'ailleurs à côté de lui que je choisis de m'asseoir, acolyte de longue date. Mains croisées en avant et coudes posés sur le jean, j'attendais lesdites explications. C'était principalement pour cette raison que j'avais fait le déplacement, outre le devoir, loyauté prêtée à la Cause. Le regard céruléen se posa alors sur la Barbare. L'attente silencieuse au beau milieu des restes et des reliquaires accrochés aux murs.  

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Ils entrent, un par un, vertus comme braconnier. Si la liesse semble se lire sur le visage de certains, sur d’autres, c’est la gravité qui s’est installée, l’amertume de ne pas avoir été mis au courant. Elle n’est pas dupe la barbare, dont le regard ne manque pas de déceler les émotions sur le faciès de chacun. Pourtant, elle ne dit mot, se contente du silence pesant tout en comptant les membres de sa branche qui s’installent. Et si certains s’offrent un verre, ce n’est que pour mieux combler l’attente jusqu’à ce qu’elle prenne la parole. Mais elle se tait, la petite reine, tout en jouant avec la lame qui a fini de lui curer les mains auparavant impeccables, blanches, loin du sang qui macule lorsqu’elle arbore son masque. Ou est-ce l’autre le masque ? Elle n’a jamais pris la peine de réfléchir à la question, tant qu’elle n’a pas le sentiment de se perdre, pourquoi le ferait-elle ? Elle salue d’un simple signe de tête, menton à peine incliné, à chaque nouvelle arrivée, lance un regard à cet époux qui s’ignore, et ne manque pas de se placer à ses côtés, en bon bras droit. Parfois, elle s’interroge, comment peut-il ne pas la reconnaitre ? Comment peut-il ne pas soupçonner qu’elle est sa femme ? Est-elle si bonne actrice ? En cet instant pourtant, ça n’a aucune importance, alors qu’elle observe la dernière de ses vertus s’installer à table, aux côtés de Charité. Chasseur dont la trogne ne masque nullement son ressentiment, et ne manque pas de le faire savoir à voix haute. Le signal qu’elle attendait pour finalement ranger sa lame dans sa botte, toujours dans le plus grand des calmes, dans une gestuelle parfaitement contrôlée. Jamais d’impatience, jamais de signe d’agacement. Pire que cela, elle se permet un rictus tandis que son dos retrouve le dossier de ce trône improvisé.

Le regard balaie l’assistance, avant de finalement prendre la parole. « Je perçois beaucoup d’agacement et d’incompréhension de votre part, mes chers braconniers. » Une pause, avant de croiser les jambes et de faire cliqueter ses ongles sur les accoudoirs de son fauteuil. « Peut-être pourrai-je éclaircir quelques points, mais avant tout, je vais vous rappeler un point crucial et essentiel. » Le ton est amical, presque aimant, comme celui d’une mère qui parle à ses enfants, et pourtant, tapie sous les mots, l’avertissement, celui d’un leader à ses soldats. « Notre parti était autrefois composé de quatre branches bien distinctes. Les religieux, les scientifiques, les communicants avec les morts… et enfin… les braconniers. » Quatre doigts levés lors de l’énumération, avant que l’un ne s’abaisse. « Jusqu’à ce que l’une d’elle ne soit jugée désuète. » Ce qui ne serait jamais le cas des braconniers, tel était l’un des messages cachés de ce laïus. Les deux autres branches avaient besoin d’eux, ils étaient… indispensables. « Nous faisons partie du même groupuscule, c’est un point établi, cela étant, tout comme les branches scientifiques et religieuses n’interfèrent pas dans nos affaires, nous n’intervenons pas dans les leurs. Nous sommes les véritables chasseurs, ce sont des chercheurs. Notre rôle n’est rien de moins que de braconner les monstres qui tentent de se cacher de nous, et de les rapporter… plus ou moins en bon état à nos confrères. Ce qu’ils en font ensuite ? » Un haussement d’épaule, elle cherche rarement à savoir, mais elle le sait. Entre son frère qui en parle parfois, et les informations qu’elle peut grapiller en tant que tête de branche lorsqu’elle s’entretient avec une autre tête couronnée… Mais qui d’autres voudraient réellement savoir ? Le chasseur a-t-il besoin de connaître comment le boucher s’y prend pour découper sa viande avant de la vendre ? « Ce n’est plus de notre ressort. Si le père Shelley senior veut faire des exemples pour rappeler aux populations, mortelles ou sorcières que l’Église réprouve l’engeance du Diable, c’est son affaire, pas la nôtre. Notre rôle s’arrête au moment où nous remettons nos proies entre d’autres mains. Nous sommes les braconniers, et ce n’est que sur le terrain que nous pouvons être chasseur, juge et bourreau. Aussi, je m’interroge à mon tour, qu’est-ce qui finalement, vous dérange ? De ne pas être au cœur de toutes les décisions que les autres têtes de branches prennent ? Ou de ne pas avoir été les instigateurs de la mise à mort d’une sorcière ? » De nouveau, les ongles claquent sur les accoudoirs, alors qu’elle observe ses chasseurs. « Et pour répondre à une dernière question qui vous taraude certainement, je n’ai été mise au courant que sur le tard, par Bhavna elle-même. Et je ne discute que très rarement les ordres du Dr Craine, sauf s’ils me paraissent infondés ou néfaste pour notre branche. » Un ultime rappel, celui que tous ici, répondent de Bhavna et désormais… du ministère. Même elle ne peut pas faire tout ce qu’elle veut.

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Légère vibration du bois contre lequel ton bras est posé. Le regard redressé sur Persévérance qui prend la peine de s’annoncer de manière plus que bienveillante à ton égard. Qui a dit que les chasseurs n’étaient que hargne, rage et violence. Entrée dans le champ de vision. Son corps bouge avec aisance alors que sa main se pose sur ton épaule. Lecture aisée sur ses lèvres. Il ne mâche pas tant que ça ses mots, c’est facile pour toi. Tête penchée sur le côté. Ton amical visible dans sa posture. On ne t’a pas vu à la fête, t’as manqué quelque chose. Petit hochement de tête de ta part à son indication que vous en parlerez plus tard. Il doit rejoindre la cheffe. Compréhensible. Mouvement de couteau passant de plus en plus inaperçu au son. La salle se remplie. Black. Aucun regard échangé. Tu le reconnais à sa démarche, aux vibrations de ses godillots contre le sol. Charité se joint à la partie. Le petit regard en coin. Vous deux savez ce qui c’est passé. Un sourire en coin à la curiosité charitable. Puis le tour de Justice. Et les autres ? Tu ne fais plus vraiment attention. La Barbare parle. Tu suis comme tu le peux. Point d’histoire. Elle perçoit beaucoup d’agacement sur les visages de vos confrères. Braconniers. Branche qui traque. Branche qui chasse au sens propre du terme. Quatre branches. Religion. Sciences, dont tu fais partie sans en faire pleinement partie. Médiums. Pour simplifier. Braconniers. Vous. Les traqueurs. Les rafleurs. Vous êtes les fournisseurs des autres branches. Et puis il y avait vous. Le petit groupe à part. Le petit groupe de cracmoles dont la plupart venaient de familles à la pureté jamais contestée. Un groupe fait de rage. De colère explosive. Colère à la tête d’un groupement de huit péchés. Calypso en guise de Jalousie ravageuse. Le Selinger en Luxure débordante. La Gourmandise en jumelle d’infortune et toi. Toi la Paresse à la santé fragile. Toi, la Paresse incomprise. Vous étiez. C’était ce qui était beau dans votre groupe. Vous étiez et cela suffisait. Vous vous suffisez à vous même. Et puis tout à péter. Certain.es sont mort.es, d’autres sont partis. Il ne restait plus que Gourmandise et toi. Vous êtes tous membres du même groupe. Seules vos spécialités divergent. Rappel que ce qu’ils font des victimes, ce n’est plus de votre ressort. Qu’est-ce qui dérange. Bonne question. S’il n’y avait pas eu autant de monde, sans doute aurais-tu, toi et ton esprit dérangé, aurais apprécié le feu de joie. Pour la Science. Pour cette fameuse Science qui te maintient éveillé tard le soir, qui te garde en insomnie. Le regard qui passe sur l’assistance. Une question se lit dans tous les regards. Une question presque insultante pour la Barbare. Obligé de reposer tes yeux sur elle. Pour comprendre. Mise au courant tard. Tout comme vous tou.tes ici présent. Vous répondez à Bhavna. Et au ministère. Froncement de sourcils. Pas certain de tout comprendre. Mais tu ne discutes pas les paroles de la Barbare. Parce que c’est comme ça dans l’ordre des choses.

Pourtant, quelque chose commence à venir tourner en rond. Si même elle n’a pas été mise au courant rapidement, c’est quelque chose de plus gros se joue. Bien plus gros que votre petit groupe. Couteau replié. Rangé. La main droite venant gratter la main gauche. Geste de réflexe. Quand quelque chose dérange. Quelque chose n’est pas compris. Te faire discret. Ne pas attirer l’attention. Ni le regard. Pourtant la main droite venant bouger de manière particulière. Puis tu te ravises. Pas certain d’être compris dans le bon sens de tes paroles. Et puis, sincèrement, ton interrogation purement d’ordre de la curiosité scientifique peut attendre.

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Force était de constater que les visages autour de moi étaient loin d'être dégagés et accueillants. En vérité, je devais me baser sur ce que je voyais ici, rien n'aurait pu me permettre de dire que nous venions de décrocher une quelconque victoire et que l'ambiance était à la fête. Une certaine tension était palpable, et le silence pesant était révélateur des non-dits accusateurs que chacun semblait nourrir en secret.

C'est sans doute pour cette raison que la Barbare fut contrainte de prendre la parole. Je me calais plus profondément dans mon siège, haussant un sourcil en direction de Gawain. Sans parler d'impatience, j'étais prête à entendre ses explications relatifs au bûcher-surprise de l'avant-veille. Je savais que c'était également le cas de mon voisin, qui n'avait su retenir ses reproches alors qu'il avait franchi le seuil.
Le ton qu'employait la Barbare ne me plaisait pas vraiment. Bien qu'elle soit notre meneuse, cette façon qu'elle avait de nous infantiliser en adoptant ces nuances caressantes me faisait grincer des dents. D'au moins dix ans notre cadette, il y avait visiblement des subtilités qui n'étaient pas vraiment acquises...mais si le charisme en prenait un coup, jamais encore nous n'avions eût à pâtir de ses instructions durant les missions. Et c'était le plus important, dans l'immédiat.

Cette prise de parole laissa de nouveau place au mutisme le plus total, chacun assimilant les propos à sa manière. Le dernier argument me laissait un goût quelque peu amer, bien que je ne pus en dévoiler les raisons aux autres. Bhavna Craine était une femme suffisamment clairvoyante pour organiser nos actions de manière cohérente et effective, et s'il lui avait semblé plus pertinent de ne rien dire en amont c'est qu'elle craignait sans doute une éventuelle fuite. Auquel cas, je ne saurai lui en tenir rigueur. De toute façon, l'idée même de nourrir quelques protestations à son égard me semblait tout à fait impossible et je déplorais son absence aujourd'hui. Sans doute n'aurait-elle pas apprécié de servir d'excuse et de se voir tenue pour responsable de ce manque de communication. Cela dit, je ne la connaissais pas suffisamment pour parler à sa place, même si la concernant, ce n'était pas l'envie de faire plus ample connaissance qui manquait.

Le mutisme restait entier. Et comme le suggère l'adage : Qui ne dit mot consent. Ce qui n'était pas mon cas. Alors, je comptais le faire savoir.❝ J'ai toutefois du mal à comprendre la raison de notre rassemblement aujourd'hui.❞ finis-je par déclarer, cassante.❝ Est-ce que nous sommes là pour nous réjouir de l'aplomb du Père Shelley ? Je ne pense pas non. De toute façon en ce qui me concerne, je n'ai pas le temps de me laisser distraire par des futilités de ce genre.❞ Chaque minute passée à célébrer et trinquer au vieux chnoque et à ses idées clinquantes était une minute de moins consacrée à la cause. Une minute de moins pour rechercher ma sœur, toujours aux mains de ces monstres.❝ Et puisqu'il s'agirait de rester à notre place et de ne pas interférer...ou même devrait-on dire 'parasiter' les actions des autres branches, s'attribuer leurs éventuelles réussites me semble tout aussi malvenu.❞ décrétais-je de manière un peu abrupte. Parfaitement immobile, je continuais d'observer la jeune femme. Le visage demeuré hermétique, je ne cherchais pas le conflit. Nous étions tous suffisamment servis en-dehors de ces murs. Je disais simplement les choses telles qu'elles m'apparaissaient, sans demi-mesure, et avec la franchise qui m'était coutumière, considérant que j'avais passé l'âge pour les sermons. Pratique qui était d'ailleurs la spécialité de la branche religieuse, soit dit en passant.
❝Alors permets-moi d'insister. Quel était le but de ta convocation, Barbare ?❞ Nous avons tous répondu présent, selon ton bon vouloir. Était-ce par pur caprice ?

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Dans l’ombre de la gorgone, carcasse gonflée d’orgueil, le chasseur balaie l’assemblée de ses opales gorgées d’orage. Les derniers braconniers se glissent dans les entrailles crasses de leur tanière, s’agglutinent ça et là dans l’espace exiguë, clébards mal léchés aux trognes déconfites. Amertume suintant par les pores, arrache un grognement à peine étouffé entre l’émail, langue mâchouillée dans la gargue pour museler l’agacement. Les murmures s’élèvent dans les tréfonds obscurs, discerne à grand peine les silhouettes de Charité -sa carrure bourrue et ses poings fourrés dans le fond des fouilles- et Justice -la rétine zébrée d’éclairs et les doigts entrelacés- qu’il n’a pas eu l’occasion de saluer. Quelques mots baragouinés qui ne parviennent guère jusqu’aux écoutilles, qui pourtant rallument la mèche d’une impatience dévorante sous la poitrine. La Barbare quant à elle, semble statue de sel dans son trône aux ramures horrifiques, oeillade de cendre qu’elle jette sur la plèbe aux abois jusqu’à ce qu’enfin, le silence s’abatte, toute l’attention reportée sur leur reine. Voix doucereuse qui pourtant assène le coup de glaive, coupe la chique aux bavardages distillés dans un souffle, dissipe les doutes et incompréhensions plombant les caboches enfumées. Le cabot fidèle se repait de ses paroles, grignote chacune des syllabes échouées du bord des lippes, ne doute pas un seul instant qu’elle ne cherche nullement à se justifier auprès de ses fidèles, mais plutôt de trancher dans le vif cette tension palpable. Bhavna avait déployé ses tentacules dans chacune des branches de son organisation, hydre à l’haleine mortifère, et nul ne serait en mesure de contrer ses ordres. Pas même la Barbare. Aussi, le feu de joie déclenché par les partisans du Puissant ne saurait être discuté ici bas.

Mutisme étend son voile sur l’assemblée tandis que chacun assimile les révélations de la meneuse. L’on pourrait penser l’affaire close, passer au prochain coup d’éclat - mais force est de constater que l’idée même d’avoir été mis sur la touche par les ecclésiastiques reste en travers de la gorge de la plupart des braconniers. À l’opposé de l’estrade sur laquelle s’érige le trône, la voix de Justice fracasse le silence devenu pesant, inflexions gorgées de mépris, l’intonation cassante. Frisson dévorant la carne de l’échine à la nuque tandis qu’il enserre de ses phalanges blanchies la structure du siège royal. Immobile, moue impassible auréolée d’une faible lueur, d’une franchise abrupte qui fait se lever quelques paires d’yeux tandis que certains museaux approuvent déjà en silence. Elle dit tout haut ce que tout le monde pense tout bas, lâcheté en apparats. Il n’en faut pourtant guère plus pour faire frémir l’hémoglobine sous le derme, s’avance à la droite de la Barbare quand jusqu’alors il s’était tenu dans son dos. « Surveille ta langue avant que je ne vienne te l’arracher. » il claque sans pousser sur la voix, calme apparent quand à l’intérieur l’irruption menace. « Pas sûr qu’ce soit comme ça qu’on t’ait appris à parler à tes supérieurs dans la Navy. » il poursuit en longeant l’estrade, le pas lourd, céruléennes vrillées sur l’effrontée, tonnerre grondant. « On est pas là pour s’attribuer les mérites de qui qu’ce soit. Toujours est-il que chaque victoire, si petite soit-elle, est à apprécier à sa juste valeur… » il persiffle entre ses crocs. « Il y a quelques jours, une sorcière est morte. Qu’importe que cela soit d’la main des enfants de Dieu, des rats d’laboratoire ou de la notre, ogres et bourreaux. Une engeance démoniaque de moins, c’est un coup supplémentaire porté à l’ennemi, c’est une fêlure dans cette infamie qui gangrène notre village et les terres par delà nos murs. C’est la guerre Quinn, tu dois t’rappeler c’que c’est mh ? » Coup de menton qu’il lui jette pour l’apostropher. Bien sûr qu’elle se rappelle ce que c’est, la guerre - les vétérans de l’horreur se cachent parmi les vivants, se remémorant chaque jour les atrocités gravées sur la mémoire. Cette guerre-ci ne serait pas différente de la précédente. « Mais puisque tu sembles encline à bavasser, j’t’en prie, dis-nous donc quelles étaient tes attentes ? Souhaites-tu que l’on réduise Godric’s Hollow en cendres pour que tu trouves une satisfaction certaines à notre cause ? Que l’on brûle nos racines pour éradiquer le mal ? C’est pas comme cela qu’tu sauveras ta soeur. » Les vas-et-viens cessent, figé sur l’estrade, les orbes accrochées à la seule âme ayant osé élever sa voix, le silence retombe, fracassant. « Bien, est-ce que quelqu’un a autre chose à déclarer ou pouvons-nous reprendre ? » Qu’il crache, jauge l’assemblée, s’arrêtant sur la trogne du Brontë, du Black, de tous les autres, avant de lever une paume en direction de la Barbare pour l’inviter à poursuivre.

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TW: vulgarité


- D’agacement ? D’incompréhension ? Gouaillerie retenue sur le dard. Elle en avait des bonnes celle-là. Le respect que tu lui nourrissais te retenait en muselière. Lèvres scellées sur l’impertinence, ‘le temps d’un instant. Les bras entrecroisés sur le poitrail, les écoutilles s’ouvraient béantes sur les explications de la Barbare. Ancien soldat répondant toujours à l’appel, tu n’en étais pas moins gueulard sur quelques circonstances. Si tu répugnais les moldus, tu n’appréciais pourtant pas l’occurrence dans laquelle s’était déroulée la Saint-Godric. Spectateur d’abominations sur le front, tu préférais éviter aux innocents d’en être témoin. Si t’aimais la férocité, tu n’étais pourtant pas inhumain. La tension en froissement de l’alcôve intimiste, tu pouvais deviner la même humeur chez ta consœur. Elvira et toi partagiez les mêmes valeurs, bien que vos caractères se heurtent souventefois à quelques morsures des mots.

Et la Barbare palabrait, te gavant déjà les esgourdes d’ennui, ‘ou de contrariété. Ces scientifiques te faisaient royalement tartir. Tu n’étais pas homme de sciences. Tu les savais cruels, ces assoiffés de savoir. Curiosité morbide en rat-crevard dans la caboche, tu avais été témoin de leurs horreurs. ‘Au nom de la science ? Des branleurs de méninges.

L’impression d’être encaqué au bac à sable, d’être simplement subtilisé pour laisser le sang s’épancher. Impression avérée, pourtant moins appréciée. Un frémissement te mordait la viande alors que tu doutais de sa véracité. C’était pourtant de confiance que tu lui vouais, ‘plus ou moins. Tes péripéties t’avaient rendu méfiant envers le moindre quidam. Pour t’être déjà fait quelques fois abusé, l’humeur s’était parée derrière un garde-fou de vigilance. La langue entrecoupée par l’intervention d’Elvira, tu t’en tenais à la docilité de l’écoute. A priori, ‘et ce n’était pas une surprise, vous grignotiez la même sympathie pour le père Shelley, ‘ce suceur de divin.

L’envie de ricasser à son ‘subtil’ réquisitoire te chatouillait l’avaloir. Tu lui donnais pourtant raison. La joue se fendait d’un rictus persifleur, une œillade vers elle en approbation de ses mots.

Sourire en fugacité quand le cabot s’était mis à aboyer. Sourcils en union d’une férocité ravalée. Menace en caresses acide sur la langue, Keir la vilipendait dans l’écho calme mais glacial. Une vraie bête. Il te rappelait ces hitlériens, à ployer sans résistance sous l’impératif déposé. Si tu prônais la cause des chasseurs, tu n’acceptais pas toujours leurs méthodes. Le glas hurlait derrière une porte en ricochet des ébranlements que l’âme avait gardés en stigmate.  « P’tain tu causes aussi bien qu’ces nazis, Mcintyre. T’es vraiment qu’un branleur de discours. » T’avais peut-être pas la même répartie, mais en matière de mordant, tu te défendais plutôt bien.  « j’appellerai pas ça une victoire m’enfin, chacun sa vision des choses. En tant que bon toutou, j’imagine que c’est pas dur pour toi de dresser la queue de contentement » La langue graveleuse, tu t’en battais les burnes de te faire blâmer. Qu’il essaie. Ce serait pas la première fois que vous vous chicaniez. « T’vaux pas mieux qu’eux finalement... » ‘Eux’, les boches. Certes, t’étais peut-être pas de bonne. T’avais la grogne en fange dans le bourrichon. Tes retrouvailles avec la perfide épouse t’avaient enfiellé la lymphe. L’envie de casser des trognes, de celer les mandibules à coups de poings. « les ‘dommages collatéraux’ ?  Assurément qu’il y en a dans une guerre.» Tu n’étais pas dupe, et pourtant, t’appréciais que moyennement la façon dont le théâtre des vindictes s’était dévoilé. Rire silencieux.  Sarcasme en rictus sur la commissure. Sans doute t’étais-tu laisser gagner par l’émoi offensif que ses grondements envers Justice t’avaient soulevé ? Assurément. T’étais pas un putain de robot vomissant son ignorance et disant ‘amen’ à tout qui vaille. « Reprendre quoi exactement ? La suite des festivités ? des offensives ? Si tenté que l’on doit être tenu au courant ou pas ? » Quelle ambiance de feu de Dieu. « Non pas que l’on doute de ton honnêteté » Les incisives s’accrochaient aux lagunes sombres de la Barbare, laissant le silence douteux s’installer le temps de quelques laps. Cette seule phrase en disait long sur l'étendue de tes pensées. « Sur ces bonnes réjouissances, je suis de toute ouïe.. » L’arrogance tapis sur la langue, la dégaine avachie sur le banc, l’échine liée au rebord de la table, tu t’impatientais de la suite. T’impatientais de regagner plutôt la tranquillité de tes bois.

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Elle observe ses braconniers la Barbare, s’amuserait presque de percevoir en surface ce désir manifeste de s’insurger, de gronder leur colère. C’est si perceptible que c’en est risible. Trop habitués à être sur le devant de la scène, trop habitués à mener la danse, dans tous les sens du terme. Ce n’est pas par plaisir qu’elle les rabroue encore tendrement, leur rappelle les véritables rouages de leur faction, de qui est réellement le patron ici-bas. Ce n’est pas elle, ce n'est pas le père Shelley… c’est juste Craine, la fondatrice, et celle qui désormais, a un pied au gouvernement, a bien d’autres chats à fouetter que de s’expliquer sur ses motivations. Certes, elle est moins présente, mais pas absente pour autant. Non, Bahvna Craine, n’en déplaise, n’avait pas à se justifier de ses décisions, et elle, l’un de ses bras droit, n’était pas plus en droit de l’exiger. Ainsi qu’elle le présentait à ses subalternes, elle ne remettait que très rarement les décisions en cause, à moins qu’il n’y ait conflit d’intérêt avec les braconniers… ou la morale. C’est un mal nécessaire que de rappeler certains faits, et de jauger les réactions dans cette même optique.

Presque comme une prédiction, un élément ne manque pas de répliquer : Justice, sans grande surprise, et instantanément, les prunelles de Vivian se dardent dans les siennes. Elle a beau être plus jeune que celle-ci, elle ne montrera jamais une quelconque gêne dans cette situation, ne baisse pas les yeux, tout au contraire, oreilles à l’écoute, tandis qu’elle garde une tête des plus froides et le calme le plus apparent. Pourquoi devrait-elle s’offusquer des paroles de l’une de ses vertus ? Tout un chacun à droit à la parole, et c’est avec intérêt que la tête de branche écoute l’un des membres de son cercle proche, penche légèrement la tête et esquisse un sourire presque mortel sous les mots employés, avant de darder de nouveau son attention sur Persévérance, son époux dans une autre vie, son bras droit dans celle-ci. Elle laisse la chamaillerie s’élever un instant, joue de nouveau avec son couteau avant que Charité ne prenne la défense de Justice. Toujours fourrés ensembles ces deux-là, soutient plus que manifeste… et ce n’est nullement un reproche, tout au contraire. Les Vertus se doivent de s’épauler, de pouvoir compter les uns sur les autres, et elle, au sommet, doit pouvoir compter sur eux, plus qu’en quiconque.

Cette fois cependant, la chamaillerie va bien trop loin, alors qu’elle range son couteau dans sa botte et se lève silencieusement, presque religieusement. La Barbare est connue pour sa prestance, et c’est un rôle avec lequel elle est parfaitement à l’aise. « Ça suffit. » Elle n’a pas besoin d’élever la voix pour obtenir le silence, et le jour où elle le fera marquera certainement un jour où la violence fera loi. « Charité, ce genre d’allégation n’a pas sa place ici. » Cette guerre-là était terminée, Dieu merci. Tous ici avaient vécu les évènements de cette dernière, même elle, pas aussi près que les hommes ici présents, mais certains retours de front l’avaient marqué à vie elle aussi. Détail de son passé dont elle ne parlerait avec personne. Pas même son époux. Elle entame quelques pas, la tête de branche, avant de darder ses prunelles sur ses hommes et femmes. « Justice, penses-tu que je t’ai convoqué pour que nous nous approprions une victoire ? Ce mot n’a pas même franchi mes lèvres, et pourtant, Charité et toi me l’imposez presque dans la bouche. » Elle rabroue la barbare, et elle n’a cure que les deux anciens puissent s’en offusquer, elle a toujours choisi ses mots avec soins, et ses victoires… bien plus encore. Non, ce n’est pas une victoire pour eux, tout juste un coup de pied dans la fourmilière. « Je ne vous ai pas convoqué pour… comment as-tu dit ? Ah oui, pour nous attribuer une éventuelle réussite, et je ne tolèrerai pas que les décisions de Craine et autres têtes de branches soient remises en question. » Un regard, froid cette fois, pour toute cette assemblée qui lui parait bien trop ingrate parfois. « Je n’ai pas le souvenir de vous avoir un jour caché mes propres plans, mes propres désirs… Mon unique secret est mon anonymat. » Une pause, avant de reprendre, un peu plus durement cette fois. « Nous sommes des braconniers, la putain de première ligne entre eux, et notre monde. » Elle jure la barbare, et lorsqu’elle le fait, ce n’est pas souvent bon signe. « Les jérémiades n’ont pas leur place dans notre faction, les dissensions non plus. Si l’un de vous a un problème avec moi, qu’il vienne me voir en privé, je me ferai un plaisir de répondre à ses interrogations… ou autre. » Un regard envers Charité cette fois, passage de prunelles pourtant dépourvu de toute émotion. La Barbare n’en a pas, ne doit pas en avoir pour faire son travail correctement. « Vous êtes convoqués, parce que le père Shelley Senior a brûlé une sorcière, en public. Et que l’on sait tous ce que cela veut dire. » Une réponse aux actes commis par leurs ennemis. Une montée d’un cran dans cette guerre. « Cela veut dire que nos ennemis pourraient de nouveau frapper n’importe quand, et n'importe qui. C’est pour cela que vous êtes ici ce soir, pour la suite des évènements, pour préparer notre défense et notre offensive ! » Pas question de se tourner les pouces, pas question de perdre un autre villageois. « Pour vous rappeler de ne jamais baisser votre garde, vous rappeler que nous sommes en guerre contre la sorcellerie. Ce que font les autres branches dans leur quartiers ? J’en ai putain rien à foutre. S’ils veulent disséquer des monstres, qu’ils le fassent. S’ils veulent exorciser le diable, qu’ils le fassent. Nous, nous avons notre village à défendre, parce que les actions des uns forcent les autres à sortir de l’ombre. » Une bonne et une mauvaise chose à la fois. « Et dans ces autres, il y a un groupuscule dont nous devons nous méfier plus encore, ceux-là même qui n’hésitent pas à arracher une gamine de son lit pour l’assassiner et tenter de nous faire peur. » Une nouvelle pause, alors qu’elle s’approche de la table de Justice. « Et c’est de ceux-là dont je me méfie aujourd’hui. Alors Justice, que préconises-tu pour avorter le désir de vengeance de ces connards de mangemorts ? » Un mot sur qui ils sont réellement, ces êtres dont la marque à déchiré le ciel, et dont Anthony lui a parlé. Un mot, et la confiance envers celle qui fait partie de son groupe de braconniers.

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Le bleu qui s'écarquille alors que le cabot montre les dents. Personne ne l'a pas sonné le Mcintyre, et pourtant il mord, il agresse sur chacun des fronts à sa portée, défendant la meneuse comme on défendrait un os. Il a quelque chose à prouver, le clebs ? C'est peut-être qu'il a peur qu'on l'oublie, toujours fourré dans les jupons de la Barbare, comme une ombre qui jamais ne se distingue vraiment. Une belle gueule, mais rien dedans. Peut-être même qu'elle sonnerait creux quand je lui aurai foutu mon poing dedans. Car l'envie de le faire me titillait sérieusement, en particulier lorsqu'il s'attaqua à ma sœur, Emilia. Putain de merde Mcintyre, laisse-là en dehors de ça. La mâchoire se serre, et me voilà à batailler pour réprimer ces pulsions primaires qui courraient déjà sur le bout des phalanges blanchies.  

C'est la voix de Charité -bien que vulgaire- qui étouffa la fièvre, balançant ses propos avec suffisamment de violence pour que je m'y sente représentée. C'était peut-être pas bien raffiné, mais je lui étais reconnaissante de prendre ma défense, qui plus est de manière si spontanée. Il me connaissait bien Gawain, et s'il savait que je pouvais tenir tête, je prenais cette réaction comme un nouveau témoignage de notre amitié. On en avait vu d'autres, ce crétin de Mcintyre pouvait aller se gratter s'il pensait que je n'allais plus en dormir la nuit.❝ Et bien, c'est que t'en avais aussi des trucs à dire, Mcintyre. Peut-être que la prochaine fois, il y aura des idées ou des détails utiles dans le lot ? L'important c'est de participer, on comprend que tu puisses parfois te sentir lésé.❞ raillais-je avec une agressivité non-dissimulée, tandis que la Barbare s'avançait lentement pour mettre fin à la discorde.
Elle n'aime pas ces dissentions et je peux le comprendre. Cela ne fait qu'affaiblir le groupe, déjà rendu précaire par le sous-nombre. Mais je ne pus m'empêcher de constater que les remontrances n'étaient dirigées qu'envers Gawain et moi. Keir lui, s'en retrouvait dispensé. Ben putain. Visiblement, coucher avec la Barbare donnait droit à quelques avantages. 'Persévérance' mon œil, peut-être que Jouissance ça lui irait mieux ? La fissure s'allongea un peu plus, alors que 'Nuisance' s'en tirait avec un simple sourire mauvais sur la face.  

La braconnière mit les points sur les I et même si la forme laissait quelque peu à désirer, c'était mieux ainsi. Au moins, on était là pour quelque chose de concret et pas pour danser sur un tas de cendres. J'ai pas de problème avec Bhavna Craine, j'ai pas de problème avec la Barbare et si quelqu'un méritait que je règle mes comptes avec lui ce soir c'était l'autre lèche-cul. Mais je ne voulais pas perdre mon temps, d'autant plus que si ma proposition venait à être admise, nous aurons tous autre chose à faire que de s'esquinter le museau.❝ On ne pourra pas les empêcher de nous haïr, il n'y a plus vraiment d'armistice possible maintenant.❞ commençais-je alors que la meneuse s'était adressée à moi. L'inverse était également vrai, les choses étaient maintenant trop graves pour balayer les envies de vengeance d'un coup bien ferme. Personnellement, je n'étais pas prête à y renoncer.❝ Mais si on peut pas les empêcher de nuire, on peut au moins leur faire passer l'envie d'essayer.❞ Je pris quelques secondes pour ordonner mes pensées, projet qui s'était doucement construit au fur et à mesure des semaines, bien avant le bûcher.



❝Je connais quelqu'un qui serait capable - à terme- de nous fournir ces choses-là. Je l'ai à l'œil depuis quelques temps déjà, je lui fais confiance.❞ déclarais-je simplement.❝D'ailleurs, Tasha Finnigan nous a déjà rendu plusieurs fois service par le passé. Elle a du potentiel.❞ Elle n'en était pas consciente, elle n'avait fait que répondre à mes requêtes mais les résultats s'étaient révélés plutôt bons. Je n'avais pas besoin de ses convictions à la petite. On peut faire avaler n'importe quoi à n'importe qui, à condition d'y mettre suffisamment de conviction.* S'il n'y avait que ça, mes convictions seraient bientôt les siennes.❝Pour ce qui est du reste...une organisation minutieuse sera nécessaire, nous devrons sans doute nous faire épauler des autres branches si cette première phase est une réussite.❞ signalais-je en les observant tour à tour.

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