temporalité du rp : février 1955
personnages concernés : @VIVIAN MCINTYRE & @KEIR MCINTYRE
trigger warnings : nudité, possiblement érotisme.
intervention autorisée du mj : [ ] oui [•••] non
autre(s) : suite de come back home

IN FOR THE KILL - 2021-2022

Inspire, expire, le corps qui se tend, un regard en arrière et les lippes qui s’étirent sous le défi lancé, le challenge accepté. Elle a une course contre la montre à remporter, tandis que déjà, elle s’élance dans les ruelles de Godric’s Hollow, profite d’une pénombre plus que bienvenue pour profiter de sa course. Elle se doit d’éviter la rue principale, celle qu’empruntera forcément l’époux pour rentrer chez lui. L’objectif est simple : elle doit arriver dans leur demeure avant lui. Est-ce pour cela qu’elle a laissé ses armes dans leur repère ? S’alourdir inutilement entrerait en conflit avec son but. Elle n’a gardé que ses deux lames favorites glissées dans ses bottes, juste au cas où. Elle s’élance et déjà, elle peut sentir son palpitant commencer à pomper un peu plus rapidement pour l’aider dans sa course. Heureusement pour elle, le repaire des braconniers et dans le même quartier que leur maison. Elle ose même espérer que le McIntyre prendra le temps de boire un verre avant de rentrer chez eux. Cela étant, elle ne compte pas non plus dessus, accélère la cadence et évite de justesse le chat gris qui vient de s’extirper de sa cachette, lui crache dessus lorsqu’elle saute par-dessus. Elle a pour elle la chance d’entretenir sa silhouette tous les jours pour se maintenir en forme. Elle qui pensait que cela ne lui servirait que pour affronter les monstres tapis dans l’ombre… la voilà bien surprise de constater que c’est pour que son époux ne se doute pas qu’elle mène une double-vie. Elle pourrait en rire si elle n’était occupée à sprinter jusqu’au beau quartier, manoirs victoriens se dressant devant elle. Elle ne ralentie pas la cadence pourtant, s’infiltre à l’arrière des demeures, passe les jardins bien entretenus pour rejoindre la sienne. Le chien des Ginsberg ne manque pas d’aboyer sur son passage, mais pour une fois, elle ne s’arrêtera pas pour le rassurer, continue sa course, tout en commençant à se départir de ses vêtements sombres et bien trop révélateurs de sa double-nature.

Sa maison enfin, alors qu’elle expire plus rapidement que de coutume, s’empresse de se débarrasser de tout son attirail qu’elle cache rapidement dans l’une des boites trainant au sol, se retrouve pratiquement nue sinon en sous-vêtements. Aucun risque que Keir ne fouille dedans, supposé matériel de jardinage. Une fois encore, pas question de passer par la porte de devant, grimpe rapidement la haie qui court le long de la façade arrière du manoir, grimpe jusqu’à la fenêtre de la salle de bain qu’elle lève pour passer à travers, sans un bruit, s’assure que l’homme n’est pas arrivé avant elle. Pas de lumière allumée, alors qu’elle se dépêche de nouveau, referme derrière elle, ouvre les robinets de la baignoire, attrape coton et démaquillant pour se débarrasser de la suie qui macule son minois, au plus proche du propre. La douche fera le reste, se glisse rapidement dedans, presque à la minute près alors qu’elle peut entendre le verrou de la porte en bas se déverrouiller. Flûte. Déjà là ? Elle s’empresse de se glisser sous l’eau encore froide, retient un glapissement tout en attrapant le savon pour terminer de nettoyer son visage. L’eau se teinte naturellement de cette crasse, jusqu’à devenir claire, se réchauffe et lui permet de sauver les apparences tandis qu’elle cherche à apaiser son souffle tout autant que son rythme cardiaque, joue les insouciantes. Elle peut sentir les épaules qui se délassent, alors qu’elle prend conscience qu’après la barbare, c’est bien elle vers qui il revient, lippes qui s’étirent alors qu’elle savonne déjà ses cheveux.

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Entretien à peine achevé, il retrouve la fraîcheur de la nuit Keirhan, prend un instant pour couler ses orbes sur les ruelles familières. D’entre ses lippes s’extirpe une fumée blanchâtre tandis qu’il resserre l’étreinte de son manteau autour de ses os calcifiés, carne frissonnante ; le corps est las, les pensées tumultueuses. Il s’était attendu à ce retour éreintant le chasseur - entre le récit de son périple et les souvenirs douloureux qu’une nouvelle guerre à mener laissait remonter, la Barbare ne l’avait pas épargné, laissant la carcasse écartelée. Il s’extirpe du repaire des ombres plus éprouvé que jamais, et, débarrassé de ses obligations envers la gorgone, ne rêve plus qu’à la tiédeur douillette de son foyer. L’image de l’épouse s’impose à la rétine, sourire étirant la gueule alors que le palpitant cogne plus fort contre la poitrine. Vertige fugace qui s’enroule à la seule idée de recouvrer la douceur de ces bras trop vite quittés ; il ne saurait l’avouer le McIntyre, mais la jeune femme lui a terriblement manqué. À vrai dire, Vivian lui avait toujours manqué - mais si d’ordinaire il avait repoussé violemment ce sentiment pour ne que mieux lui rapprocher son abandon d’antan, il se laissait aujourd’hui happer par cet éternuement au coeur qu’il n’avait plus ressenti depuis son départ pour la guerre, depuis les larmes d’Enid inondant le quai de la gare tandis que le train l’emmenait au loin.



Il secoue la tête, clarifiant ses idées en craquant une allumette pour embraser la tige de tabac maintenue au bord des lèvres. Dans une longue bouffée, il se met en marche, déambule à travers la rue principale de South Side, n’observe qu’à peine les devantures grillagées et les lampadaires clignotant faiblement au dessus de son ombre projetée sur les pavés. Par chance, le petit manoir dont il a hérité se dresse à quelques ruelles de là, à peine le temps de griller son mégot jusqu’à s’en brûler la langue, négligemment écrasé sous la botte alors qu’il pousse le portique mal huilé menant au jardin parfaitement entretenu. Les fenêtres sont noires et vides de vie - Vivian s’est certainement laissée aller contre Morphée, n’attendant guère son époux ce soir. Déception ravalée de ne la trouver éveillée, il se contenterait de se glisser sous les draps et de retrouver la chaleur de son corps contre le sien. La clé cliquette dans la serrure, main fébrile alors qu’il pousse la lourde porte, s’engouffre entre les quatre murs, reniflant les fragrances rassurantes de son chez-lui - le parfum de Vivian flotte dans l’air, et déjà s’enivre-t-il de recouvrer l’odeur de sa peau. Les marches craquent alors qu’il débute l’ascension vers la chambre à coucher, phalanges courant sur la rambarde, s’accrochant aux aspérités du bois.



Arrivé à l’étage, le chasseur marque une pause, souligne le rayon de lumière filtrant par dessous la porte de la salle de bain - un coup d’oeil jeté à la couche vide alors qu’il perçoit le ruissellement de l’eau de la douche et les premières nuées de vapeur. Les doigts s’agitent sur la porte alors qu’il toque « Vivian ? » Il demande, suffisamment fort pour que l’épouse l’entende à travers le mur. Elle ignore tout de son retour, et il ne voudrait l’effrayer à débarquer si tardivement dans la nuit. Deuxième coup sur la porte tandis qu’il enclenche la poignée pour entrouvrir le battant, l’organe vital s’emballant sous la carne. « Vi, c’est moi, je suis rentré. » Amorce un première pas dans la pièce, puis un second. La silhouette nue se détache sur le rideau couvrant à sa vue la baignoire, courbes voluptueuses dessinées sous les orbes ; la peau se hérisse, le coeur s’affole, les joues se fardent. Une quenotte s’attaque à sa lèvre inférieure alors que les doigts se tendent sur l’ourlet du rideau, prêt à exhiber la nymphe ruisselante. Un instant, juste un souffle, pour savourer cette ombre langoureuse qui semble danser sous ses yeux.

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Fébrile, nerveuse, tendue… c’est tout le corps de Vivian qui lui fait miroiter mille appréhensions alors qu’elle s’élance en direction de cette demeure qu’elle s’est appropriée au cours de ces derniers mois, en l’absence de son époux. Il y a cette crainte qu’il ne rentre pas, préférant les bras d’une autre plutôt que les siens, qu’il instaure une journée de plus avant de lui revenir par obligation. Cette crainte de ne pas arriver avant lui de même, et de le laisser entrevoir un secret qu’elle n’a pas encore l’intention de dévoiler, mise en scène nécessaire pour qu’on la prenne au sérieux. Cette peur de le décevoir, de ne pas être à la hauteur de ses attentes, de ne pas être la femme qu’il lui faut. Peur d’être elle-même. Tant d’appréhensions qu’elle ne peut partager avec personne, femme bien trop secrète pour son propre bien. Et sous toute cette couche d’incertitude, il y a cet indicible espoir d’être un jour la femme qu’il désire quand il se trouve loin d’elle. Un jour peut-être, alors qu’elle amorce sa course pour être là, pour toujours être celle qui l’attends, quoi qu’il arrive, dans l’incertitude de l’attendre en vain ou de vraiment retrouver ses bras et de fondre dedans, de pouvoir sentir de nouveau son parfum, de s’égarer sur ses lèvres. Douce fleur bleue, femme romantique cachée sous ce masque de suie, qui coure à la rencontre de l’amour, se faufile à travers les ombres pour que nul ne la voie, ne la découvre, ne s’étonne de la voir monter le long de la haie pour atteindre la pièce qu’elle ne ferme jamais vraiment. La barbare n’a pas de réelle adresse. Elle apparait et disparait, tel un fantôme dans les ombres.

Grelotte sous l’eau froide qui semble s’éterniser, alors que les phalanges attrapent l’éponge, s’acharne à frotter le visage pour effacer les traces du mystère. Nul miroir pour vérifier que le but est atteint, et pas le temps non plus de s’extirper de la baignoire pour le vérifier. Pas alors qu’elle a parfaitement entendu du bruit à l’étage inférieur. Une partie d’elle-même se détend, le soulagement la prend aux tripes alors qu’il a soufflé la vérité à la tête de branche. Silhouette qui semble s’alléger tandis qu’elle savonne rapidement sa longue chevelure, l’eau emportant dans le même temps la mousse, le reste de souillure sombre, avant qu’elle ne s’attelle à son propre corps, change de savon, pour quelque chose de plus fleuri. Bruit à la porte et elle redresse la tête, ne cache pas vraiment cette surprise dans le fond de ses prunelles céruléennes, ne s’attendait pas vraiment à ce qu’il toque à la porte, ni même qu’il entre, alertée par le bruit de la poignée qui s’abaisse. Voix masculine qui s’élève, la fait vibrer une fois de plus alors qu’elle perçoit le bruit des pas qui s’avancent dans la pièce. « Keir ? » Qu’elle laisse entendre, joue le trémolo de la surprise, s’empresse de jouer de ses phalanges pour supprimer la mousse qui ose s’attarder sur sa peau ou dans ses cheveux. Si proche. Dernier passage de main sur son visage, ses joues, pour s’assurer que tout le noir s’en est allé, avant de tendre la main vers le rideau, sans se douter que son époux pourrait en faire de même de l’autre côté, repousse le long tissu sur le côté, les prunelles ne manquant pas d’accrocher celles de son cher et tendre, ne surjoue pas même la joie de le revoir, se précipite plus que certainement hors de la baignoire, manque de trébucher pour mieux terminer dans ses bras, parties intimes venant se cacher contre la silhouette masculine quand les lèvres trouvent les siennes, épouse comblée. « Tu es vraiment là… » qu’elle souffle, l’humidité venant chatouiller le tissu des vêtements de l’époux, se moque bien de tout cela, tant que ses lèvres peuvent trouver les siennes et que son être se réchauffe contre le sien.

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Le coeur vrombit sous la poitrine, assourdissant. Il n’entend plus rien d’autre que ce martèlement furieux dans la cage thoracique, comme mille tonnerres à ses tympans - le ruissellement de l’eau n’est plus qu’un lointain écho, de même que ses quelques mots étouffés. Lacunes échouées sur la silhouette dont il devine les courbes à travers la transparence du rideau, la croupe offerte à la caresse brûlante, devine l’arrondi de ses fesses, le tombé de ses reins, la pointe de ses seins galbés, la cascade brune ruisselant sur son dos. Fourmillement partant de l’échine, embrase chaque parcelle de carne, dérive jusqu’aux extrémités, trouve refuge dans le bas du ventre, chaleur électrisante. Il se serait délecté de ce spectacle pour l’éternité le chasseur, se laissant aller à la moiteur d’un brouillard incandescent se collant aux vêtements, lorgnant sur cette déesse ondulante et sensuelle sur laquelle il apposait le souvenir des traits de l’épouse, se gardant bien d’approcher de peur que le charme ne se dissipe et que Vivian ne disparaisse. Tous deux s’étaient si peu laissés aller à l’intimité depuis leur union qu’il paraissait presque inconvenable qu’il reste planté là, mirettes lascives sur ce corps dénudé ; il ne pouvait pourtant pas se détacher de cette alléchante vision, risquant un geste pour découvrir cette nudité qui l’appelle derrière le rideau. Les doigts se frôlent sur l’ourlet du tissu, prénom tremblant sur ses lippes, repoussant le dernier rempart entre leurs corps - il n’a pourtant guère le temps de dévorer cette peau nue de ses perles d’azur qu’elle vient déjà se réfugier au creux de ses bras. Une cavalcade pour qu’il succombe, s’enivre des fragrances de son être, fourre son nez dans la tignasse détrempée alors que la belle cherche déjà la fusion fébrile de leurs lèvres. Baiser furieux signant leurs retrouvailles, il presse son corps contre le sien, qu’importe l’étoffe qui déjà s’imbibe pourvu que les souffles se mêlent. « Je suis là… » il halète contre sa bouche, resserre plus encore son étreinte, pulpe des doigts se voulant joueuse dévalant d’une caresse de la nuque à la chute des reins tandis que la langue se fraie passage enflammé entre les labres. Dieu qu’elle lui a manqué, bien plus qu’il ne l’aurait imaginé, conscientise, désormais qu’elle se trouve entre ses bras, que la chaleur de son être lui à fait défaut dans la solitude de son périple. 



Souffle court alors qu’il met doucement fin à ce baiser désespéré, s’agrippe pourtant à elle afin de retrouver l’esprit, phalanges toujours à la découverte de ce corps dont il voudrait pouvoir se targuer de connaître les moindres secrets. « M’inviterais-tu à rejoindre ton bain, je suis bien las de mon voyage et je ne rêve qu’à me prélasser dans l’eau chaude avec ma femme. » Ma femme - était-ce la première fois qu’il l’appelait ainsi à voix haute ? Les mois avaient passé et il ne s’était guère encore habitué à ce sobriquet - la faute sans doute, à ces longues semaines passées hors du foyer marital à peine les noces célébrées. S’écartant quelque peu sans pour autant briser l’étreinte, les opales viennent déchiffrer ce visage chéri depuis l’enfance, coulent sur ses traits de poupée, s’arrêtent sur ses lèvres rougies sur lesquelles il laisse courir un doigt, caresse l’angle de sa mâchoire jusqu’à se perdre à la naissance de l’oreille. Il dépose aussitôt la bouche sur son cou qu’il dévore de baisers, remontant lentement le long de la clavicule, termine sa promenade sur l’épaule offerte dans laquelle il plante affectueusement ses crocs. D’une autre main plus aventureuse, il part à la découverte de son rivage, la frôle à peine pour attiser la flamme. La tension gonfle sous le derme, frissons voraces qui le hantent alors que l’attente devient insupportable. Il la désire éperdument ce soir, ivre d’envie, désespéré de la retrouver de toute les manières. « Veux-tu m’aider à enlever tout ça ? » Il souffle, voix rauque et suave, commence déjà à s’attarder sur les boutons de sa chemise, profite d’un pas en arrière pour explorer la nudité tremblante de la nymphe. Il est brûlant, comme jamais il ne l’a été auparavant pour ces femmes de passage, comme il ne le sera plus que pour elle. C’est un tourbillon affamé d’elle, seulement d’elle, qui gronde en lui.

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Elle prend conscience Vivian, qu’elle n’a jamais réellement cessé d’aimer Keirhan depuis cette douce et paisible enfance. Tendre affection de bambins, tueurs de dragons, pirates sur mer déchainée, gendarmes et voleurs. Amourette indicible, jamais réellement dévoilée, rires et paumes serrées l’une contre l’autre. Elle s’était persuadée en chemin que cet amour n’était pas réciproque, ne le serait jamais, déviant les prunelles sur les ongles peinturlurés, les belles robes et les jolies chaussures. Elle était devenue une lady et avait laissé ses insécurités prendre le dessus, sans prendre en considération le ressenti de son ami d’enfance, ni même celui des autres. Et des années plus tard, malgré la bague au doigt, toujours cette même crainte aux tripes, celle de ne pas être à la hauteur de l’homme mis sur un piédestal, et ce, malgré les frasques de ce dernier. Ce soir pourtant, alors qu’il se trouve à quelques pas d’elle, elle se retrouve face à une éventualité qu’elle n'a jamais envisagé, celle qu’il puisse tenir à elle d’une certaine manière, qu’il considère leur mariage comme quelque chose de réellement concret. Quel manque de foi consternant. Souffle qui se raréfie, alors qu’elle glisse déjà dans ses bras, frémit délicieusement sous les phalanges qui s’égarent le long de la courbe de sa colonne vertébrale, de son séant. Lèvres qui retrouvent un semblant de souffle contre les siennes, savourent la saveur de ses mots, alors que ses bras entourent sa nuque, que sa carcasse se presse contre la sienne, insolente. Il lui semble qu’il est aussi fébrile qu’elle de la retrouver, baiser langoureux, caresses voluptueuses, l’impatience dans chaque gestuelle, appétence grandissante. La soulèverait-il pour la porter jusqu’au lit conjugal qu’elle ne saurait s’en offusquer, affamée de lui, de leurs retrouvailles, trouverait en cet enlèvement la fougue de leur mariage encore si jeune, de ce voyage de noces qu’ils n’ont jamais pu entreprendre. Les mois ont été bien longs depuis son départ, les rêves de le retrouver… trop nombreux.

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Les barrières du temps s’effritent à mesure qu’ils s’acharnent tout deux à les détruire, disloquant pierre après pierre les murailles qu’ils avaient dressées entre eux d’eux. L’amertume jusque là entretenue n’est plus qu’un voile déchiré - il s’y était accroché avec une ferveur enragée Keirhan, préférant nourrir ces fantômes du passé, monstre vorace lui sifflant perfidement ces rancoeurs, plutôt que d’accepter qu’elle ait pu changer. Enfouir cette affection enfantine pour ne plus avoir à souffrir de l’abandon qu’il avait ressenti naguère, masque d’indifférence apposé sur la trogne quand à l’intérieur le palpitant s’était morcelé du manque de cette gamine pas farouche - à l’époque, plutôt crever que d’avouer qu’il avait eu l’impression de perdre sa meilleure amie, cette âme soeur tueuse de dragon, mercenaire de mers inconnues, frondeuse bien agile à catapulter les cuillerées de purée par delà la tablée, effrontée aux genoux griffés dont le rire avait longtemps tinté jusque dans ses songes. Lui coller la faute pour mieux masquer cette peine qu’il n’avait su expliciter lui avait semblé être la seule voie possible - et les sentiments bourgeonnant avait fini par se flétrir, se muer en une colère sourde et froide. En grattant dans la terre sèche pourtant, les racines luttent, vaillantes malgré les affres du temps. Plus rien n’a d’importance, qu’importe que son armure parte en lambeaux ce soir, qu’importe qu’il se laisse aller à quelques sentiments renaissants, qu’importe cette promesse absurde qu’ils s’étaient faits quelques mois plus tôt, accord tacite à l’aube de leurs noces. Ne comptent plus que leurs retrouvailles brûlantes tandis que les lèvres se cherchent goulument, se percutent fougueusement, que les doigts retrouvent ces courbes familières dont il ne maîtrise pas encore tous les rivages. 



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Injuste est cet instant où les enfants délaissent l’innocence, où les chemins se séparent pour tendre vers une autre route, sans oser regarder en arrière, sans oser croiser le regard de l’autre, cet ami, cet amoureux, ce tout qu’il faut pourtant abandonner. Pas de fausses promesses, pas même un aurevoir, au risque de rendre la séparation plus douloureuse qu’elle ne saurait l’être. Vivian était parti sans se retourner, s’était pliée à l’exigence maternelle, avait jeté les fausses épées et les collections d’insectes dans un trou et recouvert le tout de terre, sans même marquer l’emplacement de la cache au trésor. Telle Wendy Darling, il était temps pour elle de grandir. Elle revenait pourtant chaque Noël, chaque été, mais rien n’était plus pareil. Certains s’étaient accommodés de cette évolution, d’autres avaient décelés la note de rébellion dans les prunelles de la Dursley… mais lui… s’était entêté à l’imaginer au loin, inaccessible. Elle ne lui avait pas donné tort. Elle aurait tout donné pour lui plaire pourtant, pour être celle qui ferait battre son cœur, qui ferait chavirer son regard… Il lui aurait suffi de lui souffler la vérité à cette époque… mais elle ne l’avait pas fait. Par fierté, par excès de confiance. Il aurait dû deviner. N’était-il, après tout, son capitaine, son chevalier, son bras droit ? Cruel chemin que celui de l’adolescence et celui qui perdue ensuite. Sans ce mariage arrangé, auraient-ils pu seulement se retrouver ? Souffler les vérités qui avaient besoin d’être entendues ? Il était possible d’en douter. Mais ce qui avait besoin d’être soufflé l’avait été, et plus rien ne comptait désormais que l’avenir qu’ils étaient en train de construire, toujours dans les non-dits des doubles-vies. Sous son regard, il lui semblait retrouver un vestige de leur amitié d’antan, ce manque manifeste… Mais sous ses lèvres, elle se découvrait épouse dévouée, amante prête à s’abandonner.

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Chaos dans la poitrine, tempête sous la cabèche. Les pensées s’esquintent brutalement aux affres du cœur chamboulé, capharnaüm incandescent jusqu’au fond des entrailles. Il est pris d’un vertige l’ogre, lui qui n’a toujours su que mâchouiller ses émotions, qui n’a laissé subsister que colère et rancœur, enfouissant tout le reste dans le gouffre d’une âme abîmée – étourdissement quand il peine à retrouver son souffle contre les vermeilles gourmandes de la nymphe, se surprend à en vouloir plus. L’esprit dérive, et il se consume à petit feu Keir – brûle d’un désir douloureux, dévorant, de ce désir jusque-là honteusement contenu, déflagration dans le creux du ventre alors que les phalanges, que les lippes, se veulent aventureuses à son rivage. Plus rien ne compte, plus rien n’existe. Ni les promesses amères, ni les vestiges d’un passé chargé de remords. Il n’y a plus qu’eux, l’homme et la femme qui se retrouvent et se découvrent. Les barrières qui s’écroulent, les émois d’antan qui ressurgissent violemment, enfin libérés de leurs chaines. Au fond, n’y avait-il jamais eu qu’elle ? Ces ombres de passage n’avaient-elles pas été qu’une veine tentative de réchauffer l’âme et la couche tout ce temps quand à l’intérieur il n’y avait plus qu’un vide laissé par le départ, des années plus tôt, de l’amie tant aimée ? Trop aimée. Elle avait toujours été plus que ça, il en prenait la mesure désormais McIntyre, plus qu’une gamine avec laquelle faire les quatre cents coups - et s’il s’était montré si cruel à son égard, c’est qu’il n’avait jamais su lui pardonner ce qu’il avait pris pour un abandon. Si elle avait changé Vivian, c’est qu’elle ne s’était pas rendue compte à quel point il l’avait aimée telle qu’elle était, qu’en revêtant les apparats d’une autre, elle lui soufflait en silence qu’elle devenait trop bien pour lui. Trop bien pour ce marmot bagarreur et gorgé de colère. Sa propre perception avait été erronée si longtemps, bien trop fier pour admettre ses tords le chasseur. Là, derrière la fureur de leurs baisers, il prend conscience à quel point ils ont été étouffés par leur propre égo. Que les éclats méritent d’être recollés plutôt que piétinés encore. Que tout reste à sauver, leur amitié émaillée et leurs sentiments bâillonnés. Ce soir, alors que les lippes se cherchent, que les carnes s’hérissent, le corps parle quand les mots ne suffisent plus, dans une caresse qui intime qu’il n’y a plus rien à pardonner.

Les paumes se perdent dans un frôlement léger comme l’air alors que du bout des doigts elle ausculte cet épiderme fracassé. Les stigmates de la guerre balafrent le torse, les bras, et d’autres crevasses sont venues s’y ajouter avec le temps. Là, celle qu’elle s’est elle-même appliquée à panser quelques mois plus tôt, encore rougeâtre là où la peau s’est déchirée. Il ne détourne pas les yeux quand elle s’égare dans sa contemplation, retient le frisson qui court sur l’échine, braque ses orbes de glace sur le minois attentif. Il n’a pas honte de ses reliques gravées à même la carcasse, arbore les traces de ce passé sanglant qu’il ne pourra jamais oublier. Un jour peut-être, lui parlerait-il des horreurs qui hantent toujours ses cauchemars, des affres l’ayant laissé mort de l’intérieur, fantôme hurlant. Un jour, lui parlerait-il des morceaux de lui laissés aux tranchés, de son humanité enterrée quelque part en France. Mais pas ce soir. Ce soir, les cauchemars s’évanouissent, aussi s’empare-t-il de ses mains baladeuses au creux de ses paumes, interrompt dans la douceur l’exploration qu’elle avait entreprise Vivian, la détourne de ses curiosités en lui promettant d’un regard qu’un autre soir il lui confierait ses plus sombres souvenirs.

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Fils de destins liés, entremêlés, se sont souvent croisés avant de finalement s’accepter. Il en aura fallu du temps, des épreuves, et pourtant, rien n’est encore acté, définitif. Un rien peut faire basculer le tout, l’ordre dans le chaos. Elle en a parfaitement conscience l’ancienne Dursley. La bague au doigt peut à tout moment quitter l’annulaire, les mots doux peuvent muer en verbiages insultants. Rien n’est jamais acquis, moins encore lorsque les mensonges viennent cimenter le couple si fragile encore. Elle a bien trop de secrets la fausse délicate, et qui, elle le sait fort bien, lui vaudront bien des troubles lorsque la vérité sortira enfin du puit. Procès détonnant au sein de la faction dont elle est la tête, silencieux certainement de ceux qui lui sont le plus proche. Pas une fois elle n’a laissé supposer être autre chose qu’une simple informatrice, un atout négligeable. Jeu dangereux, mais qui fait d’elle la reine de l’échiquier, la pièce maitresse dont nul ne se méfie jamais assez. Mais c’est de lui, cet époux si difficile à percer, dont elle craint le plus les réactions. Saura-t-il lui pardonner, lui qui a mis tant de temps à l’accepter dans sa vie ? Lui qui, quelques mois plus tôt encore, était prêt à lui offrir l’échappatoire de ne pas venir à l’autel de leur mariage, qui aurait pu ne pas s’y trouver non plus ? La graine de la peur est semée, il ne reste qu’à l’arroser pour qu’elle prenne racine. Il n’y a que pour lui qu’elle peut trembler Vivian, entichée de longue date, les autres ont comptés, mais pas assez. Pas quand elle est intimement convaincue depuis toujours d’être l’épouse destinée. « Un jour, je serai ta femme. » qu’elle s’est souvent glissée dans la caboche, quand leurs rires se joignaient l’un à l’autre, quand les mains se liaient bien plus que les doigts ne s’entrecroisaient et que les regards pétillants se croisaient pour mieux se comprendre. Pour lui, elle se voulait parfaite, et conserver pourtant cette lueur sauvage dans le regard. Pour lui, elle voulait être le genre de femme sur laquelle on se retourne, que l’on admire et qui fait la fierté de son époux, tout en étant la créature passionnée qui retient ce dernier par son ingéniosité. Le pari était-il gagné ? Elle était incapable de le certifier. Tout était à redécouvrir, tout était à reconstruire par la faute de ces années perdues, malmenées par leur colère respective. Elle lui en avait voulu de l’avoir rejeté, de l’avoir oublié, relégué à un souvenir de gosse. Aujourd’hui, elle n’aspirait qu’à découvrir l’homme qu’il était devenu, les lippes s’entichant des siennes à mesure qu’ils s’apprivoisaient.

Elle apprend subtilement toutes les imperfections qui viendraient apitoyer la plus candide des créatures, ne s’en émeut pourtant pas. Elle sait ce qu’il a vécu là-bas, outre-mer, et ce qu’elle ignore, il le lui contera plus tard s’il le souhaite. Dans le grand silence, elle a partagé le fardeau, à sa manière. Ses blessures sont intérieures, ses émois peuvent encore l’éveiller dans la nuit, lorsqu’elle se remémore les corps déchiquetés qu’on lui a confié lorsqu’elle était encore infirmière. A-t-elle jamais craint de se retrouver un jour au chevet d’un ami cher ? De croiser le regard à moitié mort de Samuel, Elias, Ronan ou d’autres bambins avec lesquels elle avait partagé l’enfance ? Assurément. Hantise dans le creux des orbes. Ce n’était heureusement, jamais arrivé. Les paumes se figent, arrêtées par celles, plus caleuses, de l’amant qui souffle une promesse pour leurs lendemains. Et elle comprend la Vivian, délaisse cette chair abîmée, non sans un regard d’accord, de compréhension. Elle-même ne saurait rougir de ses propres cicatrices, plus fines, plus subtiles.

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