temporalité du rp : Alternatif, début 1954
personnages concernés :  @Vivian McIntyre  & @Elias Thackeray
trigger warnings : évocation de blessures, chasse
intervention autorisée du mj : [ ] oui [ X] non
autre(s) :

IN FOR THE KILL - 2021-2022

Le déni chevillé au corps, litanie qui se répercute sans cesse contre les parois de son crâne. L’espoir presque fou que tout ceci pourrait avoir une fin heureuse. Parce que les choses n’auraient pas dû se passer ainsi. Le loup avait été sous-estimé, sale bête qui avait combattu plus qu’il ne le fallait. Ils avaient leur routine bien huilée pourtant. Violence qui faisait partie du quotidien et qui n’aurait pas dû les surprendre. Les accidents se faisaient plus rares, du moins le pensait-il. N’ayant pas eu à enterrer un frère d’arme ou pleurer un disparu depuis un moment. Et il avait fallu que ce soit elle. Il ne sait toujours pas ce qui a bien pu déraper. Pourquoi s’était-il abattu sur elle sans qu’il ne puisse faire quoi que ce soit. Trainant Vivian hors de son champ de vision sans que les coups de feu ne semblent le toucher. Il a refait le film de cet instant fatidique encore et encore derrière la barrière de ses paupières fermées lorsqu’il n’arrivait à trouver le sommeil.  Horreur qu’il craint d’avoir inventer. La bête se jetant sur celle qu’il allait bientôt demander en mariage. Il avait encore l’écrin dans sa poche, chaque fois qu’il partait, parfois en compagnie de Ronan, tenter de retrouver la trace de celle qui avait partagé ses nuits une bonne partie de son existence.

C’est cet espoir fou qu’il fait qu’il rode encore là. Seul cette fois. Le crépuscule étant déjà plus que passé et il se refuse de rentrer. Fouillant cette maudite forêt comme si sa vie en dépendait, un buisson ou fourré après l’autre. La même crainte le prenant à chaque fois aux tripes, craignant de découvrir sa belle endormie pour toujours et oubliée là depuis des semaines par un prédateur peu regardant. Chaque fois les épaules qui se relâchent un instant en voyant qu’il n’y a rien que de l’humus et quelques feuilles flétries. Il se redresse alors, fusil à l’épaule, prêt à avancer dans sa quête, à aller rencontrer son prochain purgatoire. Mais le chasseur se fige. Branchage qui craque un peu plus loin. L’arme retrouve le chemin de ses mains presque instinctivement alors qu’il met en joug l’espace entre deux arbres. Le temps se fige, tout son être se focalisant sur cet espace qui ne semble pas être aussi vide qu’il le devrait. Le souffle calme, mais le myocarde au bord de l’explosion, il attend. Que l’animal s’avance et apparaisse dans son champ de vision, qu’une biche s’élance de derrière l’arbre bien loin de lui. Mais il ne s’agit pas d’un renard ou d’un quelconque gibier. Il met l’illusion sur le compte de la fatigue. Car il ne peut s’agir que de cela. Une chimère, un rêve venu le hanter durant l’éveil. Chevelure mordorée qu’il aurait pu reconnaitre n’importe où pour l’avoir cherchée à chaque recoin de cet endroit maudit. Elle s’avance la divine créature venue le hanter. Et il peine à réagir durant un instant Elias. Le fusil toujours braqué, il ne respire plus, n’ose cligner des paupières de peur de la voir s’envoler. « Vivian… » Invocation soufflée du bout des lèvres. Il laisse l’arme tomber au sol dans un bruit étouffé avant de s’avancer vers elle. Il s’élance sans réfléchir, avalant les mètres sans se soucier de ce qui pourrait l’entourer, ne fermant les pas les yeux avant de pouvoir la toucher. Il ne réfléchit à rien, ni à son expression, ni à l’étrangeté de cette rencontre inopinée. Il se fout de tout pour peu qu’elle soir-là, même l’espace d’un instant, juste le temps de la serrer dans ses bras, même si c’est pour la dernière fois. Il l’enlace avec la force du désespoir Elias, l’enveloppant dans son étreinte et savourant cet instant.

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Mémoire assassinée, extirpée de sa caboche et certainement jetée au loin, incapacité à se remémorer ce qui est absent. Pas une bribe de souvenir pour lui indiquer si ce que l’homme - dont les mains sont posées sur ses épaules dénudées – lui souffle à l’oreille est vrai. Elle ne peut que le croire, lui qui semble en savoir long sur elle, qui lui a conté son histoire, avec suffisamment de détails pour qu’elle ne puisse être autrement que réelle. Du bout des doigts, il caresse l’une des cicatrices récentes qui orne sa peau légèrement dorée, et c’est le frisson qui parcoure son échine, sans qu’elle ne soit capable de déterminer le genre. Une part d’elle apprécie le contact, et il lui semble qu’il y a du sentiment quand elle ferme les yeux. Mais une autre part d’elle-même semble exécrer ce toucher, comme s’il n’avait pas lieu d’être. Elle ne peut mettre cela que sur le compte du fait qu’elle ne se souvient pas de lui, malgré les histoires qu’il lui susurre au creux de l’oreille lorsqu’il s’invite dans son lit pour la rassurer. Elle est à lui, c’est ce qu’il répète à longueur de temps, et pourtant, il ne donne pas l’impression que ce soit le cas. Comme en cet instant, alors qu’il s’éloigne finalement d’elle, prétextant une soirée au ministère de la Magie. Cela aussi, sonne creux, faux. Il y a quelque chose qui la dérange, qui veut s’extirper de sa bouche, mais elle se contente d’esquisser un sourire et de lui offrir ses lèvres dont il s’empare avec voracité. Comme un manque persistant. Elle l’envie, elle qui ne semble pas disposée à faire de la magie. Elle jalouse sa faculté, alors qu’elle ne peut que se contenter de converser avec les tableaux, ou l’elfe de maison. La plupart pourtant se taisent sur son passage, et le regard semble fuyant, parfois haineux. Qu’a-t-elle fait ? Elle ne saurait le dire, pourtant, c’est aussi son monde à ce qu’il dit. Il lui semble qu’elle peut respirer lorsqu’elle se retrouve de nouveau seule dans la chambre, reporte son attention sur le reflet du miroir qui lui renvoie l’image d’une étrangère. Parfois, il lui semble qu’une autre image se superpose à l’innocence, barbouillée de noir, méconnaissable, le regard dur, dangereuse, trop vite chassée par un clignement de paupières. Le soupir qu’elle laisse échapper en dit long sur l’agacement qu’elle ressent.

Alors elle se redresse, avant d’enfiler une tenue qui lui va à ravir, qui reflète bien la société dans laquelle elle évolue, et plus encore la richesse de son compagnon désormais absent. La soirée risque d’être longue, et les questions sont toujours en suspens, alors que ses phalanges caressent la cicatrice qui décore sa cuisse gauche. Il a dit qu’elle avait été attaquée par un animal, et qu’elle avait eu de la chance, mais sans rien ajouter de plus. Elle ne s’en souvient pas. Elle ne se remémore pas qu’elle s’est battue contre la bête, qu’elle a donné des coups de lames destinées à lui faire lâcher prise, à ce foutu loup-garou. Elle ne se remémore pas la douleur et la violence des morsures, des grondements, et de la tête qui se cogne violemment contre un caillou. Tout ce dont elle se souvient, c’est le réveil sans souvenirs, sans savoir ce qu’elle faisait dans une forêt, affublée d’une tenue pour le moins étrange, la peau couverte de carmin. Elle a erré jusqu’à arriver dans le village, où il l’a retrouvé. Rien de plus, rien de moins. Et pourtant, il faut qu’elle comprenne, qu’elle se remémore, cape chaude qu’elle enfile sur ses épaules, savoure la chaleur de la fourrure avant de s’engager dehors, en direction de cette forêt d’où elle semble provenir. Elle a besoin de réponses, et peut-être que retourner de là où elle vient en apportera. Alors une nouvelle fois, elle erre, à la recherche d’un indice peut-être ? Mais les arbres se ressemblent tous, la neige a recouvert bien des choses depuis. Et puis… Un bruit, qui l’oblige à se figer. Sa seule arme n’est qu’une des dagues qu’elle avait sur elle. Parfois, il lui semble qu’il en manque une. Mais ce n’est pas important, alors qu’un homme se tient devant elle, une arme moldue à la main. Les sorciers n’ont pas ce genre d’armes, leur baguette suffit, mais elle, elle ne peut pas se servir d’une baguette, cracmole qu’elle est. Une fois encore, les mots de Blaise Crabbe, son compagnon, son fiancé, l’homme de sa vie. Et pourtant, il lui assure qu’il l’aime comme ça, malgré cette tare qui en fait une inutile. L’homme en face d’elle n’est pas un sorcier, pour sûr, et son cœur s’affole, parce qu’elle ne pourra rien contre lui. Il souffle un prénom. Vivian. Ce n’est pas le sien pourtant, Blaise ne l’appelle pas ainsi. Et pourtant, ça sonne bien mieux qu’Ada. L’autre se précipite sur elle, et c’en est déjà trop, parce qu’elle sait qu’il va la tuer. N’est-ce pas ce que font tous les chasseurs ? Quand bien même elle n’est pas une sorcière, elle fait partie de ce monde. Et alors qu’elle se prépare à se protéger, il l’enroule de ses bras. Étrange. Tout autant que le parfum qu’il dégage et qui lui semble être réconfortant. Ce n’est pas normal, et doit cesser, alors qu’elle donne un coup de talon sur son pied pour le faire reculer, le temps pour elle de placer un uppercut puis de le faire tomber au sol d’un simple rond de jambe. Réflexes dont elle s’ignore capable, mais que son corps semble avoir assimilé depuis longtemps. Alors elle profite de sa chance Ada, et tend la lame devant elle, tremblante, et peu assurée dans son geste. « Qui êtes-vous ?! »

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«Si tu voulais la jouer musclée Vi, Il suffisait de le dire..» le sourire narquois s'évanouit bien vite pourtant. Il avait fini sur le cul. Littéralement. Et pas seulement parce que l'étreinte avait rapidement été écourtée par la belle l'ayant fait chuter au sol habilement, mais surtout face à la réaction que l'étreinte avait provoquée. Pas ce à quoi il s'attendait. Il imaginait que s'il arrivait à la retrouver des effusions pleines de larmes et de bons sentiments, des éclats de rire d'où transpireraient l'incrédulité. Un cri à lui déchirer la cage thoracique et le tripes s'il la retrouvait dans un buisson, abandonnée. Tout, mais pas ça. Le coup sur son pied n’est pas dérangeant, pas même surprenant. Il s’agit de Vivian après tout. Mais la question qu’elle lui assène a le mérite de vider sa cage thoracique de tout l’air qu’elle contenait. Qui êtes-vous. Cela peut-être une blague cruelle pour se venger des jours passés ici seule ? Pourquoi n’est-elle pas revenue ? Pourquoi n’est-elle pas venue rassurer sa famille qui la pleure, pourquoi n’est-elle pas venue le rassurer lui. « A quoi tu joues Vi…. C’est cruel si tu dis cela pour te venger. » Le sourire est éteint depuis longtemps alors qu’il se redresse légèrement, toujours allongé sur la mousse, les coudes plantés dans le terreau humide. S’il reste immobile, c’est bien parce qu’elle tient une lame, par parce qu’il est plus blessé par ses mots qu’il n’oserait le dire. La mâchoire se crispe, les prunelles se fixent sur son visage, délaissant sciemment la lame qu’elle brandit entre eux deux. Il se redresse lentement, centimètres par centimètres, pour se mettre en position assise, n’osant décrocher son regard du sien, comme si le simple fait de cligner des yeux allait la faire disparaitre.

« On t’a cherchée partout tu sais. Des semaines Vivian ! Des semaines que je fouille ces maudits bois pour te retrouver ! Avec les autres… »  Il secoue la tête, tait la suite. La perte de l’espoir, ce dernier se faisant de plus en plus maigre à mesure que les heures, els jours passait. La possibilité de la retrouver vivante s’étiolant pour laisser place au besoin de la retrouver tout simplement, peu importe les conditions. « Pourquoi Vi.. Pourquoi n’es-tu pas rentrée ? Ta famille a besoind e toi, t'imagines l'état de ta mère ? » Qu’il continue l’impudent, porté par ce courage propre aux inconscients. Cela fait longtemps qu’il juge qu’il n'a rien à perdre le bougre, c’était du moins ce qu’il croyait avant cette nuit terrible. Et alors que les scènes de cette chasse se rejouent sous son regard de mousse, il penche légèrement la tête sur le côté. « Et qui t’as soignée ? » Car il est bien placé pour savoir que des blessures, elle a dû en avoir, s’il n’a pas pu la retrouver, vu la férocité de la bête… Ce n’est pas pour rien qu’il s’attendait à la trouvée étendue sous un buisson. Le regard se fait plus distant durant une seconde, alors qu’il ose relever son séant du sol. A la recherche du moindre signe de blessure en court de guérison, Il analyse sa posture, restant sur es gardes tant qu’elle n’aura pas baissé sa lame. Attendant les réponses qu’elle se doit de lui fournir après un accueil pareil.

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Vivian. Vivian, Vi’. Il n’a de cesse de l’appeler ainsi, mais ce n’est pas son prénom. Ce n’est pas elle. Elle s’appelle Ada. C’est court, ça claque, surtout lorsqu’il la cherche dans la demeure, Blaise. C’est suffisant lorsqu’il soupire à son oreille, alors qu’il s’enferme dans une étreinte qu’elle lui offre sans retenue, familiarité que son être reconnait sans qu’elle n’ait besoin d’y songer. Mais lui, cet inconnu, ce chasseur, ne l’entend pas de cette oreille. Vivian. Ça sonne pourtant mieux, c’est familier, mais ce n’est pas elle. Elle le sait bien. Elle a l’ascendant, et cette pose lui parait presque naturelle. Pourtant, son bras tremble, tout autant que la main qui tient la lame. Non, ce n’est pas elle. Elle est douce, bien élevée, pas violente pour un sou. Fausseté dans cette croyance, sans qu’elle ne parvienne à lever le voile. Cruel, vengeance. Est-ce à cela qu’il l’associe tout naturellement, cet inconnu ? Sourcils qui viennent se froncer, alors que les prunelles bleues demeurent incrédules. Elle ne comprends pas. Elle n’est pas cruelle. Image qui se superpose un instant dans son esprit, ce reflet au regard froid, accentué par ce masque noir. Clignement de paupières, alors que les phalanges se resserrent sur cette lame tendue, dont il ne semble faire cure, tout au contraire, c’est son visage qu’il tient en respect, son regard qu’il soutien, avec la ferveur de la déraison. Qui est-il ? Son visage ne lui dit rien, sa voix ne lui inspire rien. Son regard ne vient pas hanter ses rêves. Un inconnu. Rien de moins, rien de plus. Un chasseur qui joue très certainement de ruse pour l’extirper de son monde. Et pourtant, il reprends, se montre insistant, continue de l’appeler par ce maudit prénom. « Ada ! Je m’appelle Ada ! » Qu’elle gronde, le coupant sans vergogne. Elle n’est pas cette Vivian, celle qui doit être bien cher à son cœur pour qu’il la voie en elle. Un sosie, certainement, une vague ressemblance peut-être.

Mais il ne s’arrête pas le bougre, bouscule un vague instant ses croyances, son histoire. Blaise ne peut pas lui avoir menti, il l’aime. Comment pourrait-il lui mentir en la regardant dans les yeux ? Pourquoi diable le ferait-il ? Il n’y a rien à gagner en cela. Elle baisse le regard, un court instant, comme pour reprendre contenance, mais le braque de nouveau bien vite sur l’inconnu. Comment ose t’il ? Alors elle agite la lame en avant, pour l’inciter à rester en retrait, en arrière. « Comment osez-vous évoquer ma famille !! Pourriture de chasseur ! Ils sont morts ! Et pour ce que j’en sais, ce pourrait tout aussi bien être vous qui les avez tués !! » Qu’elle hurle, la fausse cracmole, celle qui n’appartient pas à ce monde illusoire et l’ignore. Elle n’a plus que Blaise dans sa vie. Il est son monde, un dernier espoir auquel s’accrocher. Le plus tragique, c’est qu’elle ne se souvient même pas de sa famille, n’a pas de visage auxquels songer le soir. Voile rouge devant ses prunelles céruléennes, alors qu’elle pourrait tenir ici sa vengeance. Mais la main tremble, ce n’est pas aujourd’hui qu’elle mettra fin à la vie d’un chasseur moldu. Et ce n’est pas elle, elle en est certaine. Et sans qu’elle ne l’ait imaginé, il est debout, et elle se recule, un pas maladroit qui manque de la faire tomber. « N’approchez pas ! » Qu’elle ordonne, posture défensive alors qu’elle brandit de nouveau la lame devant elle. Qui l’a soigné ? Est-ce donc si important ? Comment sait-il qu’elle a été blessée ? Cela n’a pas de sens, à moins que ce soit lui qui l’ai mis dans un état presque d’agonie. « Quelle importance pour vous ? » Qu’elle ne peut que rétorquer, l’œil vif et méfiant.

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Idiot qu’est un homme amoureux. Il pourrait s’en frapper, s’en assommer à coup d’alcool fort. Tenter de se la faire sortir de la tête pour espérer aller de l’avant un jour.  Leur relation n’ayant jamais rien eu d’officiel, il était de toute manière assez amourachée d’elle pour être à ses cotés durant toutes ces années. Vivotant ça et là, certes, mais il avait toujours été là lorsqu’elle avait eu besoin de lui. Allant jusqu’à acheter cette fichue bague qu’il n’avait pas réussi à jeter après sa disparition. Jusqu’à cette nuit maudite. Instant à jamais gravé dans sa mémoire, cicatrice qu’il ne porte pas sur sa carne mais qui pourtant demeure. Et alors qu’il git dans la glaise froide, il en viendrait presque à espérer qu’il l’ait fait. Qu’il ait réussi à se détacher de ce fantôme le hantant sans qu’il ne puisse ouvertement la pleurer. Il l’observe, cette main tremblante qu’il savait aussi sûre que l’acier qu’elle tient presque maladroitement. L’explosion il ne l’a pas anticipée. Pas alors qu’elle lui hurle au visage un prénom qui n'est pas le sien, ne l’a jamais été. Le sourcil s’arque, presque moqueur. « Qui est le con qui t’a sortie une ânerie pareille ?! Tu t’appelles Vivian Dursley depuis le jour où ta mère a commencé à te torcher le cul et à te taper sur les doigts pour que tu deviennes une dame digne de ce nom à ses yeux. » Qu’il lâche sans mâcher ses mots. Qu’elle agite sa lame, il est presque certain qu’elle n’en fera rien, rien qu’il ne puisse contrer si jamais le besoin s’en faisait ressentir. « Ne me dis pas que c’est cette ordure car je me ferais un plaisir d’aller lui toucher un mot. » Blaise. Qui pourrait être l’infame salopard capable de lui faire oublier jusqu’à son identité ? de la manipuler pour rester si loin de chez elle ? La réponse était toute trouvée aux yeux du chasseur. Et si le crachas ne s’envole pas pour venir s’écraser au sol par dégout, c’est parce qu’il garde un œil sur elle, comme cela fut toujours le cas.

Le visage devenu froid ne se ride que d’un rictus alors qu’elle s’énerve. Elle peste, injure la belle avec ce qui ne pourrait être qu’un couteau de dinette entre ses mains désorganisées.  Il en arrive à rire. C’est désabusé, presque triste, ce son qui ricoche contre le tronc des arbres mousseux. « Ta famille est bien vivante et vit à moins de dix bornes d’ici. Mais vas-y, continue je te prie. » Que sa mère, il a bien déjà rêvé une fois ou deux de trouver un moyen de la faire taire. Mais la matriarche respirait encore pour tout ce qu’il en savait. Alors il se redresse le bougre, espère même avaler les quelques mètres qu’elle s’acharne à placer entre eux deux. Mais elle grogne, menace, chaton isolé qui ne sait plus quoi faire pour empêcher les monstres de venir le dévorer. « Ou quoi ? tu vas me raser de près ? Tu as déjà fait bien pire, mais encore faudrait-il que tu arrêtes de te voiler la face. » Il reprend les reines le Thackeray, joue avec elle pour tenter de la faire retrouver ses esprits. « Quelle importance ? Tu as beau est sacrément douée Vi, peu de chance que tu aies suturée les plaies que tu as dû recevoir seule. Surtout perdue chez eux. »

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Mine sévère, observation nécessaire, comme pour tenter de déceler la vérité au travers de ces prunelles qui n’ont de cesse de la fixer. Elle ne parvient pas à dissocier le vrai du faux, Ada. Elle a besoin de croire en quelque chose de vrai, de véritable, qui lui permette de chasser le brouillard autour de sa mémoire. Blaise, Blaise est constant, Blaise lui a soufflé bien trop de choses à l’oreille qui ne lui paraissent pas insensées. Comment pourrait-il inventer tant de choses, tant de détails ? Elle ne peut douter de lui, pas quand son être répond au sien avec tant de ferveur, quand il sait tant de choses qu’il lui semble avoir vécu. Et puis il y a lui, ce chasseur moldu qui se tient au sol, qui ne tente même pas de l’attaquer et semble persuadé de savoir qui elle est, se moque d’elle pourtant. Elle voudrait lui planter la dague dans le cœur pour son attitude déplacée, mais la paume n’est pas assurée, et cela ne lui semble pas… juste. Non, juste n’est pas le mot, inconcevable plutôt. La moue qui se pince sous les mots qui s’extirpent des lèvres masculines, désapprobation manifeste du langage employé, sentiment pourtant que ce passage lui semble réel, approprié. Vivian. Oui, cela sonne vraiment bien mieux qu’Ada, mais ce serait reconnaitre qu’on lui a menti. Qu’il lui a menti. Et cela n’a tout bonnement pas de sens. Ordure. Les prunelles viennent s’ancrer dans celles de l’autre, comme s’il y avait une histoire commune, cachée. « Taisez-vous ! » qu’elle ordonne. Parce qu’elle ne lui permet pas d’insulter le compagnon, son sauveur. Ça tambourine dans la tête, bulle prête à exploser, migraine qui pointe le bout de son nez alors qu’elle vient pincer l’arête de ce dernier, le temps de chasser l’incongrue pour mieux reprendre contenance face à l’ennemi.

Et il rit. Il rit et elle arbore son visage le plus froid, la bourgeoise. Ce même regard qui a toujours fait d’elle la personne dont elle ne se souvient pas. Petite voix qui lui souffle, lui dicte quoi faire pour qu’il se taise, mais qu’elle refuse d’écouter. Ce n’est pas elle. « Allez-vous cesser de tenter de m’embrouiller l’esprit ?! » qu’elle gronde, la barbare qui s’est perdue, alors qu’enfin, il se lève et qu’elle perd instantanément de sa superbe, recule d’un pas, puis deux, tente de le tenir en respect, lame pointée devant elle. Chaque pas qu’il fait le rapproche d’elle, et bientôt, son dos cogne contre le tronc d’un arbre, la bloque. La lame qu’elle fait tomber, alors qu’il se tient devant elle. En est-ce fini d’elle maintenant ? Va-t-il la tuer comme il a certainement dû le faire avec d’autres sorcières ? Il continue pourtant, déverse des mots qui n’ont pas de sens, qui ne font que lui embrouiller ses idées, son esprit. « Ça n’a pas de sens… » qu’elle souffle plus pour elle-même, aux dernières minutes de sa vie. Ça ne tient pas, ça ne colle pas. Pourquoi serait-elle perdue chez elle ? Comment sait-il qu’elle a été blessée ? « Mais qui êtes-vous par la barbe de merlin ? » Même cela, lui a toujours paru faux, comme si ce juron n’était pas le sien ? « Si vous devez me tuer, faites-le rapidement. Je ne suis pas une sorcière, je ne suis qu’une cracmole, je n’ai pas de pouvoirs… » Les perles au bord des prunelles, alors que les iris supplient, qu’elle reconnait la défaite. Elle n’a aucun moyen de s’en sortir.

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Il tremble le chasseur. Pas de froid ni de peur.  Emotions bien enfouies auxquelles il ne prête pas même attention. Non, c’est la rage qui le fait se redresser, aller de l’avant. Parce qu’il a beau l’avoir retrouvée, elle n’est pas vraiment là Vivian. Ou alors c’est une actrice hors pair qui se fout royalement de sa gueule. Mais cela serait cruel. Et elle est bien des choses Vivian, mais cruelle gratuitement ? Non. Il lui a donné des armes alors qu’on l’avait abandonnée, brisée. Il avait recollé les morceaux avec patience en s’assurant qu’elle ne se retrouverait jamais dans cet état. Et pourtant… Bien triste tableau qui se retrouve devant ses yeux en cet instant. Et celui qui aura fait subir cela à Vivian en paiera le prix fort. Elias le lui arrachera à coups de poings. Cela explique peut-être la morsure des paroles qu’il lui balance au visage. Les mots gras et grossiers comme pour mieux la réveiller. La sortir de ce mauvais rêve pour enfin obtenir le nom du coupable. Juge et bourreau deviendra alors le chasseur ayant besoin de passer ses nerfs sur quelqu’un.  Ordre qu’il balaie d’un rictus moqueur avant de se redresser, faisant fi de la menace qu’elle n’est de toute manière plus. Et s’il rit, c’st parce qu’il sait la réaction que cela va provoquer, elle a beau clamer le contraire, il ne la connait que trop bien le Thackeray, tiens, il pourrait même lui balancer là, ici, de but en blanc, que c’est lui et nul autre qui l’a déflorée, sur le capot de la voiture du maire. Il y a une éternité de cela.  Mais il ne dit rien, pour l’instant du moins. Il la laisse persiffler, se persuadée qu’elle possède encore les griffes pour le dompter. Lui, comme si une telle chose était possible. « Je vais me gêner tiens. »  Il s’avance, prédateur qu’il a toujours été en ces bois, balaies d’un coup de pied la lame qu’elle pourrait avoir l’audace de vouloir récupérer. « Bien-sûr que si si tu y réfléchies deux minutes. » Qu’il répond froidement à la phrase qui ne lui était pas destinée. Il s’en contre fiche, bien décidé à lui faire voir la vérité dans son entièreté. Les sourcils se froncent alors qu’elle emploie une expression qui lui donnerait envie de se laver la bouche au savon d’ordinaire. « Bonté Divine Vivian… Tu m’appelais Thackeray. Ou Elias selon tes bons jours ou les miens. » Deux fortes têtes. Toujours dans le sillage de l’autre, à se quereller pour mieux se réconcilier. Mais elle parvient à le surprendre pourtant. Une sorcière il sait déjà qu’elle ne l’est pas mais une ..quoi, une Cracmole ? Il rit aux éclats le bougre, prenant appui contre le tronc où elle semble bien décidée à vouloir fusionner avec. « Une toutemolle… Rappelle moi de te la ressortir celle-là ! » Il chasse d’un revers de la main une larme qui s’était échappée sous le coup de l’hilarité. « Te tuer, mais tu n’en loupes pas une .. Je viens de te retrouver et tu crois vraiment que c’est moi qui vais t’envoyer au Cimetière ? » Un jour peut-être, un jour seront-ils la raison du trépas de l’autre, à force de bagarres inutiles et de coups de sang… Mais pas maintenant, pas ainsi. « Par contre je te fais une promesse, l’ordure qui ta farcie le crane de toute ces conneries, lui, je vais me le faire. Et je prendrais tout mon temps Vivian. Tu comprends ? Te voilà transformée en agneau… Et même si cela enchanterait ta chère maman… tu es une chasseuse Vivian. La barbare. Alors ne va pas me dire que tu es des leurs lorsque c’est moi qui t’ai formée. »

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