I - Le secret magique n'est plus suite à l'attaque des Churchill revendiquée par les mangemorts. Quelle a été ta réaction ?
L’incompréhension s’était diffusée dans la carcasse en feu de poudre. Sentiment féroce, viscéral presque, aucun mot n’était toutefois venu s’apposer sur pareil ressenti. L’habituel masque de douceur savamment porté pour faire face aux horreurs dépeintes, Zorah se tenait bien de formuler son désaccord. La crainte venue lentement corroder la fabrique des pensées à l’approche d’une guerre inévitable.

II - Quelle a été ta réaction suite à la déclaration de presse de la ministre de la magie ? Te sens-tu un peu plus en sécurité à Godric's Hollow ?
De belles paroles, un discours savamment travaillé comme elle a toujours eu l’habitude d’en entendre. Simple reconnaissance accordée à son éloquence, l’encéphale ne se laissait pas endormir. Au fond des viscères, seul le désir d’un retour à la normale grondait, mère farouche protectrice de sa progéniture, la quiétude de leur avenir primait sur tout le reste.

Mai 1912 ● 0 ANS - Benjamine s’échouant du ventre maternel en petit rayon de soleil, éclat de douceur dans un climat incertain, les figures fraternelles s’érigèrent en féroces défenseurs de la délicate fleur. Princesse parmi deux princes. La fierté dégueulait son amour sans vergogne sur la petite friponne venue en surprise chez ceux qui n’attendaient plus de progéniture.
Septembre 1915 ● 3 ANS - Sur le palais, l’idiome chantait de sa douceur, quelques éclats jugés exotiques la parant par instants pour désigner la matriarche à la présence imposante, presque écrasante sur la génitrice, la petite fleur s’épanouissait parmi les siens. Des préoccupations bien loin de celles encombrant l’esprit de ceux auprès de qui elle trouvait toujours réconfort, la caboche n’était pas à même de concevoir la misère frappant au-delà des murs du manoir familial. Guerre. Famine. Révolution. Grèves. Autant de concepts qui lui échappaient. L’ignorance de ce monde où d’autres ne pouvaient faire apparaître un petit oiseau doré au bout d’une baguette en guise de distraction, où la moindre tâche devait être effectuée manuellement. Innocence de la jeune gamine à qui l’on présenta l’exil comme des longues vacances. Le rêve un peu fou d’adultes espérant voir la situation politique de leur terre natale s’apaiser et la guerre cesser.
Février 1917 ● 4 ANS - Dimanche rouge teintant les rues de la capitale engoncée dans son manteau blanc. Vermeille souillant la pureté opaline en horreur silencieuse imprimée à la vue de tous. Spectacle tristement dépeint dans la gazette accompagnant le breuvage herbacé matinal, les quelques bribes de discussions chuchotées résonnent à ses écoutilles. « Grand-mère va venir nous rendre visite. » en simple annonce éludant les troubles déchirant à nouveau la terre natale délaissée. L’excitation enfantine se heurta au sérieux matriarcal. Premières violentes réprimandes d’une série qui n’allait faire que s’allonger avec l’âge. Elle si respectée et crainte à la fois, elle l’exemple de bienséance et raffinement à la française à suivre à tout prix. Elle sa tutrice attitrée pour transformer la petite fleur timide en sublime plante que les hommes de la haute convoiteraient pour lui passer bague au doigt. Simple poupée de chair à sculpter à l’image de son souhait selon des idéaux étriqués. Demoiselle à marier pour perpétrer la lignée, ni plus, ni moins.
Juin 1919 ● 7 ANS - Les voûtes plantaires s’élançaient avec l’insouciance de la jeunesse, faisant fi des réprimandes lancées dans le lointain. Entraînée par l’influence fraternelle, la petite fleur se parait d’une défiance  fraîchement acquise. Innocence encore portée avant que le glas ne vienne s’abattre, avant qu’on ne lui élague ses épines, réprimant le tumulte qui ne demandait qu’à suinter sous le masque de douceur. La course effrénée regagnait gaiement les ombrages ancestraux des chênes du manoir familial, nouvelle demeure sur cette terre pourtant étrangère. Quelques balles se glissant sous les phalanges avant que l’idée au potentiel destructeur n’émane de l’aîné. La mallette pourtant interdite récupérée en catimini des bureaux du paternel, seul le souafle en fut extrait, délaissant les deux sphères frémissantes d’excitation. Sous les éclats cristallins, l’objet était lancé sans que jamais elle ne puisse y participer. Condamnée à en être une simple spectatrice, la frustration grondait dans l’abîme jusqu’à éclater en papillons électriques dans les viscères. Choc se répercutant dans toute l’enveloppe quand le souafle vint brutalement percuter son petit squelette, détourné de sa trajectoire par cette impulsion magique, cette envie d’être incluse et participer au jeu de ceux la protégeant à l’extrême.
Septembre 1923 ● 11 ANS - Enfin les souliers sont autorisés à s’engager dans le train emportant chaque année ses deux aînés. Succession de découvertes aussi exaltantes qu’intimidantes, la petite fleur ne restait jamais bien loin des deux ombres en bouclier protecteur. Maison identique sous l’aile protectrice des bleu et argent, elle osait progressivement s’extraire du cocon fraternel, liant passions dévorantes à quelques amitiés florissantes. Les phalanges en accroche perpétuelle d’imposants grimoires dont elle ingurgitait avec délice les connaissances, papillonnant d’un intérêt à un autre, elle s’exaltait toujours autant des expressions artistiques offertes à sa contemplation.
Fin 1930 ● 18 ANS - Les années d’insouciance dilapidées, le poids des responsabilités et la rigueur de l’enseignement matriarcal revenaient en carcan mortifère sur la carcasse. On l’y avait pourtant préparée, conditionnement de l’esprit, rêves de liberté perpétuellement réduit à néant sous les discours paternalistes. Elle serait une épouse. Marchandise offerte au plus offrant, au patronyme le plus prestigieux. Celui des Yaxley se démarquant. Accord passé pour sceller leur union avec le cadet de cette illustre famille, elle trouva en Warlock un égal. Complicité naturelle, intérêts commun partagés dans l’enthousiasme d’une découverte mutuelle, la légèreté affleurait l’accord passé.
Début 1931 ● 18-19 ANS - Intérêt si longtemps cultivé enfin touché du doigt quand un mentor lui fut attribué au sein du prestigieux hôpital de Sainte Mangouste. Le département des virus et maladies magiques intégré sans aucune hésitation, sa formation débuta en honorable compagnie. La petite fleur ne comptait pas ses heures passées le nez dans les ouvrages, à se gorger de savoir auprès de ceux qu’elle appellerait bientôt « collègues ». Une véritable sensation de liberté en exclusive appartenance bien loin des souhaits de la matriarche, bien loin de ce foyer qu’on avait choisi pour elle. Ici était son royaume. Ici elle pouvait s’épanouir et fleurir à foison. Le devoir lui fut cependant rappelé insidieusement quand une ravissante rose s’échoua en progéniture supplémentaire de ce cousin éloigné. Un Malfoy apprécié, affection partagée la faisant naturellement marraine de cette petite princesse au doux nom de Juliet.
1932 ● 20 ANS - Ventre arrondi, premier devoir enfin accompli, sa petite princesse échouait enfin entre leurs bras aimants. Tendresse sans nul autre pareil pour ce petit ange devenu fascination de tous les instants, les regards se faisaient lumineux à sa simple vision. Le myocarde n’avait de cesse de s’émouvoir, constatant la douceur émaner de celui qui était à présent bien plus que seulement son époux.
1934 ● 22 ANS - Un second petit miracle vint s’ajouter à l’arbre dans lequel elle florissant gaiement. Un prince pour son roi. Premier digne héritier pour perpétuer le prestigieux patronyme des Yaxley, elle avait enfin accompli sa mission. Amour pourtant offert sans retenue aucune pour le fruit de ses entrailles, les rhizomes de la culpabilité tissaient leur toile au fond de la caboche, les rêves d’indépendance noircissant la quiétude familiale.
1936 ● 24 ANS - Les poupons confiés aux bons soins de nourrices triées sur le volet, l’âme s’épanouissait dans le labeur offert par l’hôpital. Quelques pérégrinations professionnelles venant parfaire les connaissances goulument absorbées, un nouveau souffle semblait faire vibrer l’enveloppe. La petite fleur délicate accomplissait ses désirs les plus intimes, s’acoquinant dans la discrétion la plus totale de quelques écarts conjugaux sans jamais trahir l’accord passé avec l’époux. Les lagunes quand à elles n’avaient de cesse de se gorger de beau, glanant ça et là quelques inspirations artistiques venues engraisser sa curiosité esthétique. Son univers s’ébranla toutefois à la disparition brutale de celle qui s’était érigée en modèle. Un rappel à l’ordre silencieux. Une dernière leçon offerte pour la petite fleur vagabonde qui n’avait pourtant de cesse de revenir toujours plus copieusement dans ce foyer adoré.
1937 ● 25 ANS - La tendresse constellant les instants partagés avec son autre, un regard affectueux porté sur leurs bambins, les entrailles s’habitaient une troisième fois du fruit de cette complicité grignotée. Étincelle de vie bien vite arrachée à son antre dans une douleur sans pareille. Le silence entourant férocement cette perte déchirante, la petite fleur s’affichait fière, imperturbable, occultant l’incident à cet époux dont l’affection ne devait être perdue. Insidieusement, la culpabilité vint s’immiscer sous la carne, teintant chaque pensée de noirceur. Sa faute. Passion dangereuse. Contamination bien vite supposée responsable. Le revirement se fit brutalement. Intérêt délaissé à contre-coeur pour arpenter à présent l’étage des empoisonnements par plantes et potions, une spécialité justifiée comme plus vaste et fascinante pour les curieux.
1938 ● 26 ANS - Véritable curiosité intellectuelle croissante se mêlant au besoin devenu obsession de se prouver qu’elle était à même de briller dans cette discipline exotique, la petite fleur entreprit le début de son apprentissage de la magie sans baguette.
1940 ● 28 ANS - Sous l’impulsion de la tendresse et de l’affection progressivement grignotées, le ventre s’arrondi pleinement une troisième fois. Grossesse inattendue pour ceux déjà bénis de deux héritiers, l’heureux événement se transforma bien vite en cauchemar. L’enveloppe frappée par la dragoncelle, l’âme se logea un temps entre la vie et la mort. Fin entre deux dont elle s’extirpa de justesse, la fragilité à présent partagée avec le poupon choyé. La constitution se faisait inévitablement plus frêle, faiblesse portée jusque dans le tissu de la chair, tare transmise à ce dernier petit prince. Une nouvelle épine de remords logée contre le myocarde en rappel de ce manquement à son rôle de mère et d’épouse. Héritage souillé, la vitalité viciée, elle luttait avec cette énergie lui échappant à présent, condamnée à une faiblesse qu’elle lisait jusque dans les prunelles de Warlock.
1947 ● 35 ANS - La frêle constitution devenue une réalité accablante, la fière fleur s’enlisait dans la consommation effréné de filtres fortifiant. Tentatives infructueuses, laissant l’enveloppe dans une fragilité écoeurante, le besoin de contrôle revenait gronder dans l’abîme. Une fragilité dont le secret était farouchement gardé dans l’alcôve du manoir familial, elle entreprit d’en préserver l’exclusivité par l’art de l’occlumancie. Discipline éprouvante tant pour l’âme que la carne, la détermination et l’entêtement maintenaient toutefois ses ambitions à flot.
1948 ● 36 ANS - Conjointement à l’image férocement maintenue, l’ambition fut récompensée quand les portes du bureau convoité s’embellirent du patronyme. Poste de cheffe du service des empoisonnements par potions et plantes obtenu avec fierté, la petite fleur n’avait pourtant de cesse de pousser ses racines jusque dans les salles de consultation, proposant parfois ses services aux urgences magiques. La moindre excuse pour se sentir utile, pour prouver qu’elle était plus forte que ce qu’il croyait étaient saisies. Épreuves de tous les instants, lutte avec sa propre fatigue, ses propres limites physiques creusant inexorablement le sentiment de ne plus être que l’ombre d’elle-même.
1952 ● 40 ANS - Vague écho de la découverte reportée d’une personne serpent dans un cirque par une moldue, une certaine Dr. Bhavna Craine, elle ne s’en formalisa guère plus. Simple événement isolé sans répercussions significatives dans son existence déjà suffisamment emplie pour ajouter un soucis supplémentaire.
1953 ● 41 ANS - L'illustre monsieur Ollivander disparu aux mains des chasseurs en discrète oscillation d’inquiétude diffuse, troublant à peine les abîmes, rappels enfouis de cette période trouble vécue par sa mère patrie. Les bribes de récits chuchotés captés durant l’enfance en graines d’une crainte latente, inconsciente. Le monde magique quitta progressivement Londres, animant par la même la quiétude de son village depuis si longtemps chéri. Un nouveau souffle de vie alors que certains groupuscules se fondaient dans l’ombre. Création des passeurs, une organisation secrète pro-cohabitation moldue et sorcière par les enfants d'Ollivander et des moldus. Fondation des mangemorts en secret également. Une simple oreille tendue en direction des implications de l’époux, lui bien plus sensible aux discours politiques, à la cause puriste.
1954 ● 42 ANS - Le ministère ordonna aux sorcier·e·s de se faire passer pour un·e moldu·e. Sa nouvelle identité adoptée sans grandes convictions bien que l’enveloppe s’engagea avec joie au sein du Musée d’Histoire Naturelle, la curiosité s’enflammant au contact d’oeuvres inédites et techniques étonnantes. Dans l’intimité de quelques discussions, le patronyme d’un certain Tom Riddle résonnait à ses écoutilles, jeune exaltant les passions, rassemblant ses premiers fidèles mangemorts. Fin août, le secret magique explosa suite à l'assassinat de la fille Churchill, les moldus à présent au courant de l'existence du monde sorcier. Le déni voilant encore l’encéphale, bien trop engluée dans son quotidien, dans ses préoccupations professionnelles et personnelles, l’espoir un peu naïf qu’une solution soit trouvé à pareille situation.
1955 ● 42 ANS - Coup de tonnerre dans son existence à l’arrivée précipitée de son petit joyaux à Sainte Mangouste. Le fruit de ses entrailles attaqué par des chasseurs, elle refusa de quitter son chevet, s’échinant à lui appliquer les soins les plus poussés, à l’inonder de cet amour se heurtant si souvent au mur de leur incompréhension mutuelle. Depuis, la petite fleur se laissait bercer par les douces paroles des têtes encapuchonnées, sa volonté de vengeance motivant l’entièreté de son âme. Élan la poussant également à vouloir créer une nouvelle branche de l’hôpital dédiée aux attaques résultant de moldus, le poste de directrice ne semblait plus tant l’intimider à présent.