temporalité du rp : de début juillet à fin août 1955 selon les évènements et l’inspiration.
personnages concernés : @Dolores Abbott et Juliet Malfoy.
trigger warnings : Pas pour le moment.
intervention autorisée du mj : [ ] oui [x] non
autre(s) : Le rp est une suite de fragments, c’est-à-dire de moments qui se déroulent à différents instants (jours/moments de la journée) que vivent les deux sorcières, renforçant leur amitié et créant de nombreuses anecdotes. Chaque début de fragment sera mentionné pour éviter toute confusion.

IN FOR THE KILL - 2021-2022

Elle commence à s’y habituer, la princesse. À ce nouvel environnement, nouveau territoire, terre à conquérir. Ce n’est pas chez elle, Jules est l’intruse pourtant, son amie Dolores ne cesse de lui répéter que ce logement est aussi le sien désormais. Belle preuve d’une amitié qui ne cesse de se renforcer avec le temps, un peu plus chaque jour, le lien se consolide et gagne en profondeur. Pourtant, Jules garde toujours cette drôle de sensation d’être l’élément en trop, la poupée qui ne va pas dans le décor. Preuve en est, la chambre que Dolores lui a octroyé n’est pas encore bien aménagée. Oui, il y a un lit, certes, pas queen size, mais ça reste un lit avec un très bon matelas, un bureau où la belle entasse sa collection ahurissante de rouges à lèvres, une armoire où des robes d’été ont commencé à être suspendues, mais au sol, toujours des cartons, toujours des morceaux d’elle que la sorcière ne parvient pas à ranger. Dans l’un des cartons, son nécessaire à potions, un kit de voyage comme elle dit car le gros du matériel est malheureusement resté chez sa mère. Là, quelques fioles, des ingrédients courants pour les potions les plus pratiques, mais tout de même des trésors. Sang de dragon soigneusement emballé aux côtés d’une petite fiole contenant de la précieuse poudre de corne de bicorne. Jules taira les moyens peu scrupuleux qu’elle a mis en œuvre jadis pour les obtenir, mais le marché noir regorge de ressources insoupçonnées. Dans un autre carton, les souvenirs du Black Dog. Ce qu’il en reste tout du moins, des crèves cœurs qu’elle garde jalousement, trésor ô combien précieux. Un vieux t-shirt de Pete avec un trou dans le dos, mais son odeur est toujours là. Une vieille feuille froissée sur laquelle Jake a griffonné ses morceaux de musique préférés pour qu’à l’occasion, Jules décide enfin de les écouter sur un vinyle de qualité. Il y aussi un livre corné que Lucy lui a prêté, d’un auteur que Jules ne connaît pas. Elle a presque terminé le livre, mais depuis que la porte du Black Dog est close, la sorcière n’a jamais réussi à le finir. Comme si finir ce roman, c’est mettre un point final à son ancienne. Elle préfère laisser tout cela en stand-by, mettre l’action sur pause, figer le temps, arresto  momentum, si seulement c’était possible. À l’époque, on souriait pour rien, ça, c’était la vie, c’était la bande. Sourire mélancolique sur le bord des lèvres.
Et puis, tout en dessous, un dernier carton, des choses en bric à brac qu’elle a brièvement partagé avec Saoirse, un début de nous, un début de quelque chose. De ce contenu secret, Jules n’en souffle mot à quiconque, préférant garder cela pour elle. Cependant, cette relation, elle tient à l’assumer, à la révéler aux gens qui comptent. Lucy peut-être ? Jules se dit qu’elle devrait en parler à sa petite-amie, recueillir son avis, mais avant cela, elle doit surtout parler à cette-dernière, lui dire la vérité, lui avouer qu’elle est une sorcière. À nouveau, cette boule au ventre qui se forme et ce besoin de quitter cette chambre semi-habitée.

Dehors, la chaleur étouffante de juillet s’est accentuée. Les orages frappent la région, mais pas aujourd’hui. Le ciel est nuageux certes, mais le tonnerre n’est pas encore au rendez-vous. En traversant le couloir qui mène vers le salon, Jules se demande combien de temps elle va rester ici. Elle a menti à Saoirse en lui avouant qu’elle dormait chez une tante soudainement apparue sur l’arbre généalogique. Mentir, autrefois, ce n’était pas un problème. Juliet a toujours menti au profit de Jules, mais depuis que Saoirse et elle forme un tout, depuis que les sentiments sont entrés dans la danse, le mensonge n’a plus le même goût en bouche. Il est âcre et désagréable. Elle ne veut plus mentir Jules, elle veut tout dire, tout avouer à sa belle rousse, mais à l’intérieur d’elle, la peur croissante d’être rejetée, seule. Et où ira-t-elle quand le père de Dolores rentrera ? Acceptera-t-il seulement cette arriviste dont la famille semble décidée à la ramener de gré ou de force chez elle ? Jules est un nid à problèmes, elle comprendrait aisément qu’on lui demande de partir. Bien sûr, il y a Cassy et Gabriel, ils seront toujours là, mais la sorcière ne peut pas sans cesse se reposer sur eux.
Un soupir d’exaspération avant d’entrer dans le salon. Toutes ces questions assaillent d’ordinaire la blonde la nuit, l’empêchant de dormir, insomniaque depuis l’adolescence. Cette fois, ça la prend en plein après-midi, c’est un peu tôt à son goût. Elle s’arrête un instant dans l’encolure de la porte en apercevant Dolores vaquer à ses occupations. À défaut de parler à Saoirse dans l’immédiat, elle peut le faire avec son amie. Elle peut être sincère. De la part de la brune, elle sait, Juliet Malfoy, qu’elle ne sera pas jugée. La preuve, l’héritière Abbott lui a tendu la main et proposé un foyer dès qu’elle a appris que le décès de Pete et la dissolution de la bande. Elle n’a pas hésité, elle a même insisté. Une inspiration, Jules se détache de la porte et se laisse tomber dans un fauteuil. — Que fais-tu ? Elle demande pour entamer la conversation. Elle a du temps, Jules. Elle ne doit travailler qu’en soirée. Elle a dégoté depuis plusieurs semaines un emploi de pianiste dans un restaurant chic côté moldu. Une belle couverture qui lui permet aussi de gagner de l’argent depuis qu’on lui a coupé les vivres, merci sa chère mère. — J’aimerai te parler de quelque chose… Elle marque une pause avant de répondre sur un ton plus pétillant, qui lui ressemble plus, car après tout, Jules est une princesse, mais avant, je prendrai bien une bonne limonade fraîche ! Pas toi ? Et déjà, elle saisit sa baguette. L’avantage d’être ici, c’est que la blonde peut redevenir un peu plus elle-même, à savoir, une sorcière. C’est une part d’elle-même que Jules a été obligée de mettre au placard en rejoignant la bande, pour sa propre sécurité. Et un geste suffit pour que la magie fasse le reste. Deux verres et une limonade fraîche dans une carafe apparaissent sur la table basse. — Comment vas-tu ? Et surtout, comment va… Adam ? Petit sourire espiègle sur les lèvres. Jules, elle trouve ça si mignon, si beau, la relation qu’entretient Dolores avec le fils Bagshot. Ce géant au cœur de guimauve est le gendre parfait pense Jules qui se dit d’ailleurs qu’à l’occasion, elle doit lui demander comment on fait pour conduire un véhicule moldu. Après tout, ça doit être amusant non ? Les moldus le font presque tous. Nouveau geste de baguette, la carafe fait le service seule. Jules prend son verre et boit une gorgée fraîche.
— Et aussi… As-tu des nouvelles de ton père ? Sujet sensible, Jules sait que son amie est très proche de son père et que son absence lui fait du mal. Elle la fixe sans un mot, mais dans ses yeux, la certitude qu’elle sera là pour elle et que la brune peut tout lui dire. Leur amitié est désormais un roc solide sur lequel l’une comme l’autre peut se reposer.  

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Elle n’avait pas réfléchi avant d’offrir son toit à la princesse. Les mots étaient sortis spontanément de sa bouche, sans même qu’elle ait eu le temps d’y réfléchir. Elle ne le regrettait pas, parce que Jules avait fait de ces murs un foyer, de nouveau. La petite brune s’était bien rendue compte qu’elle se sentait seule depuis le départ de son père, mais pas à ce point. Désormais, ses échos rencontraient des réponses et savoir qu’elle ne serait pas isolée une fois la porte d’entrée refermée lui apportait un réconfort qu’elle n’aurait pas cru si grand. Toutes deux s’épaulaient, se soutenaient même sans le dire alors que chacune traversait ses propres drames. Depuis qu’elle avait appris la mort de Pete, que Jules s’était présentée chez elle avec des scones, Dolly s’inquiétait pour son amie tout en se sentant particulièrement coupable de ne pouvoir être plus présente. Culpabilité qui restait aussi dans ses rires et tous ses moments de joie alors qu’elle aurait sans doute dû pleurer pour le disparu. Mais pour la princesse, c’était sans doute pire encore, elle qui avait dû dire adieu à une famille et une maison. Elle n’était pas certaine que ce qu’elle offrait pourrait contrebalancer suffisamment ce qui avait été perdu. Tout cela était-il suffisant ? La blonde y verrait-elle un jour un foyer, elle aussi ? Se sentait-elle suffisamment bien ? Des question que la jeune Abbott n’osait poser, sans doute par peur des réponses.

Jules était là, tout semblait plus simple. Et en même temps, plus compliqué. Elle n’avait pas réfléchi, en lui faisant cette proposition, aux implications. Héberger quelqu’un chez elle, c’était prendre le risque que son rôle chez les Passeurs soit découvert, et même l’organisation toute entière. Il lui fallait faire beaucoup plus attention, trouver divers prétextes, les plus fréquents étant le travail et Adam à qui elle avait évoqué la situation. Le nouveau travail de Jules aidait aussi. Aurait-elle dû en parler franchement à son amie ? Ses compétences de potionniste étaient remarquables et auraient pu leur être d’une grande utilité, mais elle hésitait encore face à la dangerosité de ce qu’ils affrontaient. Et puis, Jules était recherchée par sa famille, ne serait-ce pas lui faire prendre un risque supplémentaire ?

Les questions, une fois encore, s’enchainaient dans son esprit, l’empêchant de se concentrer sur le roman qu’elle essayait de lire. Il lui fallut réaliser qu’elle parcourait la même phrase depuis près de vingt minutes pour jeter l’éponge et le refermer. Elle soupira, s’enfonça dans le dossier du canapé. Elle détestait ces jours où la chaleur se faisait si lourde qu’on ne savait plus que faire pour se rafraichir. Elle espérait un orage, comme la plupart des habitant du village sans doute. Elle songeait à se lever et préparer quelque chose de frais pourquoi pas, quand Jules fit son entrée dans la pièce, l’air sans doute aussi désoeuvrée qu’elle. Et préoccupée aussi, Dolores la connaissait maintenant depuis suffisamment longtemps pour que ça lui saute tout de suite aux yeux. « Rien de spécial. J’essayais de lire mais il fait beaucoup trop chaud pour se concentrer. » Elle haussa les épaules avant de se tourner vers son amie, l’invitant à s’asseoir auprès d’elle.

Lui parler de quelques chose, lui annonça-t-elle. Le regard de Dolly se fit soudain un peu plus sérieux mais elle ne dit rien. De toute façon, la blonde s’empressa de passer du coq à l’âne, faisant apparaitre devant elles un rafraichissement largement désiré. « Oh que oui ! » S’exclama-t-elle avec enthousiasme avant de les servir puis de tendre son verre à la princesse. Il fut cependant heureux qu’elle n’ait pas commencé à boire tout de suite car la mention d’Adam aurait facilement pu la faire avaler de travers. Ses joues prirent une teinte plus soutenue alors que son sourire s’élargissait sans qu’elle puisse le restreindre, quand bien même elle aurait essayé. « Bien… enfin je vais bien, et lui aussi… » Ils n’étaient vraiment ensemble que depuis peu mais déjà des milliers de papillons lui chatouillaient le ventre à chaque fois qu’elle y pensait, ou le mentionnait. Elle se contenait parfois pour ne pas trop s’étendre, car si elle se laissait faire, elle aurait facilement pu parler de tout ce qu’elle aimait chez lui durant des heures. Ce que probablement personne d’autre à part elle n’avait envie d’entendre. Et puis, Jules avait mentionné avoir quelque chose à lui dire, alors ce n’était pas le moment de rentrer dans ce genre de détails sans doute.
Elle but quelques gorgées de sa limonade avant de lui répondre sur une question qui prêtait cette fois beaucoup moins à sourire. « J’ai eu une lettre il y a deux jours. Je crois que ça va… enfin j’espère. » Son père écrivait, mais sans lui dire ce qu’elle voulait réellement savoir: où il était, s’il était en danger. Quand il rentrerait aussi, mais ça il était probable qu’il ne le sache pas non plus. Au moins, tant qu’elle recevait des correspondances, ça voulait dire qu’il était toujours assez bien portant pour écrire. Elle se raccrochait à ça, en attendant qu’il rentre. En espérant que ce soit le plus tôt possible.

Toutes deux étaient suffisamment proches à présent pour que Dolly lui confie ses ressentis. Qu’elle avait peur, qu’il lui manquait, qu’à chaque fois qu’elle voyait un hibou parcourir le ciel jusqu’à sa fenêtre, elle craignait que ce soit pour lui porter une funeste nouvelle. Elle ne voulait y penser sans pour autant arriver à s’en empêcher. Mais elle se tut une fois encore, car Jules avait quelque chose à lui avouer, et cherchait peut-être à retarder l’échéance avec ses questions. C’est donc que ça devait être important.

« Qu’est-ce que tu voulais me dire ? » finit-elle par demander, le regard plongé dans le sien.

Tu peux tout me dire, tu le sais, jamais je ne te jugerais.  

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Jules n’en a parlé à personne. Elle aurait aimé le dire à Pete en premier, mais Pete ne sera plus jamais le premier de quoique ce soit, sauf le premier de son cœur, peut-être le seul qui a su le conquérir d’ailleurs. Elle et Tasha, un secret jalousement gardé depuis plusieurs semaines. Des baisers échangés loin des regards, sur un comptoir interdit, dans l’angle mort d’un couloir, derrière une porte fermée à clef ou au creux d’un lit, avec ou sans drap. La naissance de cette histoire a pris de l’ampleur à mesure que les jours se sont écoulés. Si on revient quelques mois en arrière, Jules ne l’aurait pas cru. Bien sûr, elle a toujours trouvé Saoirse à son goût. Belle, rebelle, indomptable, inflammable, la rousse. Une simple étincelle et cette fille, porte-étendard de son pays, l’insoumise irlandaise qu’elle porte avec ferveur, et elle s’embrase, pire, elle met le feu tout autour d’elle. C’est son élément, son essence, ce qui se cache en son sein et au creux de ses hanches ? Bien d’autres choses, secrètes.
Mais Jules n’en souffle pas mort. Elle compte garder certaines choses pour Saoirse et elle. Cependant, de sa relation avec cette fille, muse de feu, elle aimerait en parler aux gens qui comptent. Cette histoire, la princesse veut la confier à Dolores. Car même si c’est aller vite, que l’amitié s’est rapidement forgée, Jules sait que la brune est sincère, qu’elle peut compter sur elle et que désormais, Dolly est un membre à part entière de sa famille, de celle qu’elle a choisi, celle du cœur, à défaut de celle du sang. Alors, la fille Malfoy n’a aucune envie de continuer à cacher sa relation avec Saoirse Finnigan. Elle veut l’assumer, elle veut le dire à Dolores. Elle y songe depuis longtemps. Parce qu’elle a peur Juliet, parce que c’est pas n’importe quoi, de dire ces choses-là. Même chez les sorciers, surtout dans la caste des grandes maisons, ça reste un sujet tabou. Monstre, anormalité, maladie, des adjectifs abjectes pour désigner simplement quelque chose que ces bonnes gens au cœur gangréné par la bêtise et par la haine, refusent de comprendre. L’amour n’a pas de limite. À cela, Jules sait qu’elle aime Saoirse tout comme elle aime Dolores et même Lucy, comme elle a pu aimer Pete. Tous d’une façon différente. Et la façon dont elle aime Saoirse, dont son petit boum boum s’emballe quand elle pense à elle, dont ses yeux se mettent à pétiller, briller quand elle l’aperçoit, elle veut en parler à Dolores, c’est important. Mais ça lui fait peur, elle appréhende, la princesse.

Pourtant, l’aveu, elle l’a déjà fait. À demi-mot, auprès de Gabriel il y a quelques mois. Je n’aime pas les hommes. Mais là, elle va aller plus loin, elle veut aller plus loin. Dolores ne la jugera pas. Ce n’est pas son genre et si Juliet a encore passé une nuit sans fermer l’œil, à cause de ses foutues insomnies, à cause de ses nombreux doutes, ses questions qui l’oppressent, elle en a assez de ne dire que la moitié des choses à son amie. Dolores est sincère, alors elle mérite la même sincérité de la part de la blonde.

— Apparemment, la vague de chaleur va continuer quelques jours… Répond Jules en faisant quelques pas dans le salon. Elle devait commencer à parler, à dire les choses, mais quelque chose semble retenir la princesse et si elle sait qu’elle veut le faire, qu’elle va y parvenir, pour l’instant, elle veut encore un peu, garder ce si précieux et si doux secret pour elle. La chaleur en prétexte pour proposer de la limonade et Jules déjà ramène tout le nécessaire sur la table basse. Deux verres, la carafe avec la limonade fraîche. Elle fait le service avant de poser des questions. Tourner encore un peu autour du sujet, sans en être totalement, mais s’en approcher. Les amours, ceux de nos vingt ans. Dolores aussi doit connaître les affres tantôt joyeux, tantôt tumultueux de l’amour non ? Il y a ce grand garçon, presque un géant pour elle, prénommé Adam.
C’est typiquement un gentil, le genre de personnes qui se dresse devant les dragons, comme Saoirse, sauf que la petite-amie de Juliet crache du feu. Adam lui, serait le genre de chevalier à se battre avec une épée et si celle-ci se brise, à lever les poings, combattre à mains nues, même si la cause est perdue. — Mais… Un sourire en coin, un peu taquin, beaucoup complice — Est-ce qu’il embrasse bien ? Oui, d’accord, la question ne se pose pas, mais elle veut savoir, Jules et avec son grand sourire presque enfaite, on ne peut rien lui refuser, si ?  Mais en attendant la précieuse réponse, elle termine le service. Deux verres de limonade qui se remplissent et Jules trinque brièvement avant d’en siroter une gorgée, de quoi les rafraîchir. — Vous formez un beau couple, je trouve qu’elle dit enfin, comme si son avis avait une quelconque importance, ce que Juliet Malfoy aime croire. Car elle reste une princesse malgré tout.

Et une fois le verre vide, elle le repose et se concentre sur ses cheveux. Ce n’est pas encore le moment de parler de son couple. Mais bientôt. Bientôt, c’est dans combien de temps ? On le décompte en minutes ou en heures ? La blonde ne veut pas savoir, ne veut pas se poser la question et à la place, se focalise sur ses cheveux. Sa cascade blonde lui donne particulièrement chaud et elle décide de les attacher. La voici qui les ramène en un chignon grossier, un brin bohème qu’elle attache à l’aide d’un foulard signé de la maison Hermès qu’elle avait pris avant de quitter sa chambre. — Ah, voilà qui est mieux.
Encore un peu, un autre sujet avant d’en venir au cœur même de la discussion. Le sujet délicat du père de la sorcière qui est toujours aux abonnés absents. Jules n’est pas dupe et même si elle a tiré un trait sur sa famille, elle sait la douleur que cela procure quand un parent n’est pas là. On a besoin d’une béquille, d’un soutien, d’un « grand » dans sa vie, un point de repère et si les amis sont là, c’est différent. — Il va revenir Dolores, ce n’est qu’une question de temps. Parce qu’il est vivant, pas comme le père de Jules. Parce qu’un père comme Ronald ne laissera jamais une fille aussi formidable que Dolores seule. Oui, la Malfoy n’en sait rien, mais elle en est intimement convaincue. Elle voudrait rajouter que tout ira bien, mais cela semble moins certain. On ignore après tout, de quoi demain sera fait.

Le sujet arrive enfin. C’est maintenant, c’est le moment non ? Jules ne répond pas. Les grands yeux de Dolly se posent sur elle et l’intéressée soutient son regard. Sa gorge se noue, comme ses tripes. Le courage, la bravoure, ce n’est pas pour Juliet d’ordinaire, elle est une vipère après tout. La lionne ici, c’est Dolores et la brune a sans doute bien plus de courage que Jules n’en aura pour toute une vie. Mais elle doit le faire, elle veut le faire surtout. C’est important. Et si le fait que Saoirse aime les femmes n’est un secret pour personne, le fait que ça soit la même chose pour la princesse en est un, jalousement gardé depuis toujours, depuis l’adolescence.
Elle ouvre la bouche pour parler, mais ravale ses mots. Non. Elle ne peut pas dire ça, comme ça, si ? En fait si. Elle inspire, joue avec ses doigts, en fait craquer un, puis un autre, grimace, ça fait mal par moment, mais ça détend quelque chose d’invisible en elle. Et Juliet hésite, trop, baisse les yeux un instant, fixe la limonade. Comment dire ça ? Elle s’était fait la même réflexion avec Gabriel et finalement, la jeune sorcière a été elle-même, tout naturellement. Inspiration, à nouveau, ses yeux teinte forêt sur ceux, yeux de biche, de son amie. — Tu connais Saoirse… Enfin, je veux dire Tasha.
C’est vrai, Jules oublie trop souvent que pour le reste du monde, la rousse est Tasha, car c’est plus simple, ça vous évite d’écorcher son si joli prénom. Mais pour la blonde, elle est pour toujours, Saoirse, cette fille flamboyante, firegirl.
— Évidemment que tu la connais. Elle se répond à elle-même. C’est plus une question rhétorique, une évidence qu’une véritable interrogation. L’amour, ça rend débile songe Juliet, elle n’aime pas être aussi hésitante, aussi incertaine. Elle aime être capricieuse, n’en fait qu’à sa tête et être à sa manière, tendre et exaspérante en même temps, un talent certain chez la princesse Malfoy.

— C’est… Ma petite-amie ? Oui et c’est merveilleux, mais c’est peut-être trop brutal de le dire comme ça ? — Enfin, elle et moi… On est ensemble. Non, c’est encore trop… Pas assez. Et Jules  se rend compte que sa voix tremble autant que ses mains, brièvement, parce qu’elle a peur, peur de quoi ? Peut-être qu’on la juge, peut-être qu’on la repousse, comme un être étrange, une abomination car c’est ainsi qu’on éduque les sorciers au sang-pur. Nouvelle inspiration, nouvel essai. — Je crois que… Non, en fait, elle en est certaine.
Certaine d’un tas de choses. De ses sentiments, de leur intensité, de leur sincérité de ceux-là et de l’amitié de Dolores, de sa gentillesse et surtout, qu’elle ne la jugera pas.

— Je l’aime.

En fait, ça résume tout, non ? Le rouge de la reine de cœur en guise de réponse.  

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