Le temps est encore agréable aujourd’hui, mais l’arrivée du mois de septembre a apporté le début d’une chute des températures et les premiers signes de l’automne qui ne tarderont pas à arriver, mais Arthur n’est pas triste que l’été s’achève, car cela veut dire que le quidditch et la saison vont reprendre. Cela est déjà le cas d’ailleurs. Au début d’août, les entraînements ont repris, avec les arrivées et les départs. En l’occurrence, le départ de Thomas pour l’arrivée d’une recrue de taille, pas n’importe qui. Le célèbre Albin Potter dont la carrière à elle seule suffit à battre l’ensemble de celle des six autres joueurs du club. L’adaptation est encore au point, mais après le quinze août déjà, les Frelons de Wimbourne, champions en titre, ont enchaîné plusieurs matchs amicaux pour se faire la main, pour essayer de nouvelles tactiques. Le coach a notamment remplacé les positions de Maverick en lui indiquant de jouer plus au centre à la place de Laurel, désormais axée sur l’aile gauche. Elle est gauchère il faut dire et plus rapide que l’as sur les flancs, elle peut aisément dérober le Souafle pour le renvoyer aux deux autres poursuiveurs. Les jours se sont ainsi enchaînés à une vitesse folle et Arthur n’a pas eu la chance de revoir Hazel depuis la fameuse journée des pancakes. Il aimerait le faire avant que la saison ne commence et surtout, ne soit trop intense. Mais Arthur Bagshot a plein de choses à faire et pas assez de temps dans une journée, voir une semaine pour les réaliser toutes. Il manque de temps. De temps pour sa petite amie, pour son frère, pour sa famille, pour ses amis. Il est d’ailleurs toujours sans nouvelle de Dolores et se demande si elle a bien reçu sa lettre. Si c’est le cas, la sorcière ne veut sans doute plus lui adresser la parole. Un soupir tandis qu’il décroche enfin de son livre, relève la tête et fixe le plafond. Merlin ouvre un œil, soigneusement allongé sur le fauteuil avant de les refermer. Arthur n’arrive pas à se concentrer sur sa lecture. Il pense à trop de choses à la fois, trop de choses se mélangent dans sa tête.
Hazel est un loup-garou et si Arthur l’accepte, il ne sait pas comment l’aider. Il ne peut pas lui faire que des pancakes, quand même. Le jeune attrapeur veut faire plus, veut vraiment être à la hauteur de cette fille. Cette nana qui se croit en bas de l’échelle, mais qui est tellement plus, bien plus que ça. Pour lui, elle est un univers à elle seule et tant pis si le reste de la société la voit comme une marginale, une dégénérée ou un monstre. Ils sont des idiots, tout simplement. Dolores ne lui parle toujours pas. Elle lui en veut forcément. Il faut dire qu’Arthur la comprend et à sa place, aurait sans doute réagit de la même façon. Elle a subi un printemps désastreux ponctué par les actes des Guêpes Écarlates, le fameux fan club assez…
Spécial dirions-nous, des Frelons avant d’envoyer une beuglante à Arthur pour lui réclamer des comptes, des explications quant à son comportement. Car oui, Arthur Bagshot avait promis d’arranger la situation après le désastre de la distillerie. Il n’a rien fait, préférant écouter les conseils de son coach ce qu’il regrette désormais et comble de la discorde ! Arthur a été exécrable quand il a répondu à son amie. Alors oui, forcément, une lettre d’excuse envoyée sur le tard n’allait pas arranger les choses. Et puis, il y a la famille et son frère jumeau. Arthur s’est promis de passer plus de temps avec eux, de retourner chez ses parents, ce qu’il n’a pas fait depuis des mois. Il veut le faire avant l’automne et l’automne, c’est bientôt. Mais il y a Adam. Adam que le petit frère a chassé avec perte et fracas de chez lui quand le géant est venu complètement ivre lui parler.
J’ai vraiment tout gâché se dit Arthur en fermant son livre. Ce livre justement, il ne parle pas de quidditch comme la plupart des lectures du joueur, mais de football. Un sport qu’apprécie beaucoup Adam et dont Arthur n’a jamais trouvé une quelconque intérêt. Pourquoi jouer au sol quand on est un sorcier et que l’on peut voler sur un balai ? Les sensations sont forcément moins intéressantes et puis, un seul but et pas trois ? Mais Arthur veut faire des efforts et veut aussi s’intéresser à son frère, à ce qu’il aime, alors, le cadet s’est dit que déjà, comprendre les règles du football serait un bon début non ? Mais avant d’espérer aller voir un match avec lui,
pourquoi pas le derby United contre City, d’ailleurs ? Il devrait peut-être lui parler.
Perdu dans ses pensés, il n’entend pas les bruits de pas qui se pressent devant chez lui. C’est le chat qui les entend et qui relève la tête et miaule, sortant le sorcier de ses songes. On frappe alors à la porte.
— Arthur, ouvre, c’est Laurel. Laurel ? Que fait son amie et coéquipière ici ? Elle vient rarement le soir et encore moins à Godric’s Hollow, préférant les grandes villes. L’intéressé se redresse, pose ses yeux sur l’horloge qui indique dix-neuf passé et va ouvrir. Face à lui, la sorcière qui ne porte pas des talons pour une fois, mais des chaussures de randonnées, ou quelque chose dans ce genre et derrière elle, la silhouette massive d’Emrys. Qu’est ce qu’il vient faire ici aussi ? Mais les explications viennent rapidement. Si Laurel est là, c’est pour aller récupérer Bonnie, leur jeune et talentueuse gardienne. Elle explique à l’attrapeur que la gamine d’à peine dix-huit ans s’est rendue à une soirée dans les bois, organisée par des membres du club des Vagabonds de Wigtown près de Godric’s Hollow.
— Ce n’est pourtant pas son genre, on a un match dans même pas deux jours répond Arthur surpris. Oui, Bonnie est une gamine mal élevée, souvent vulgaire, elle crache comme les garçons, fait des doigts à tout va et injure qui elle veut, mais derrière cette image de môme des caniveaux se cache une fille droite qui met toujours le quidditch en avant. Bonnie a une conscience professionnelle et jamais elle n’irait s’enivrer dans une soirée à même pas quarante huit heures du tout premier match de la saison. Match qui sera attendu et scruté car les Frelons sont les tenants du titre !
— C’est compliqué… Lâche Bonnie. Emrys hausse un sourcil et ajoute
— Elle m’a traîné ici, mais je n’en sais pas plus que toi. Silence de la part de la reine de la ruche qui passe sa main dont les ongles sont parfaitement manucurés, c’est d’ailleurs un des nombreux mystères qui entourent Laurel, comment fait-elle pour jouer avec des ongles mi-longs et toujours en parfaits états ? Elle relève la tête et répond
— Elle a découvert l’identité d’un de ses parents biologiques la semaine dernière. Je n’en sais pas plus, mais elle est issue d’un adultère et ça lui a fait un choc, alors elle a vrillé. Complètement. D’accord se dit Arthur, il sait que la gardienne est une orpheline, qu’elle n’a jamais su qui elle était, mais ce sujet n’a jamais été abordé. Bonnie est une tombe quand on lui en parle et une chienne quand on ose essayer de lui tirer les vers du nez. Elle crache et mord, se montre très désagréable car ce ne sont pas vos oignons, mêlez vous de vos culs qu’elle dit avant de s’éloigner. La seule à qui elle en parle, c’est Laurel. Et si elle est inquiète, c’est mauvais signe.
— D’accord, on va aller la chercher dit Arthur avant d’ajouter
— Tu sais où elle se trouve, précisément ? La sorcière acquiesce.
— Apparemment, ça se passe dans une vieille scierie abandonnée, à l’orée de la forêt des saules cogneurs. Et ceci annonce le premier gong du glas qui sonne.Quatre petits frelons s’en allèrent dans la forêt,
L’un se perdit,
N’en resta plus que trois.Le chemin depuis la maison d’Arthur n’est pas long, mais le trio préfère transplaner pour arriver plus rapidement près des abords de la forêt. Bagshot ne dit rien, suivant Laurel qui commence à s’engouffrer dans la pénombre.
— Quelque chose ne va pas ? Emrys connaît assez son partenaire et ancien flirt, oui, leur relation est délicate, gênante, pour voir que quelque chose le tracasse. Arthur est un type assez expressif. Si Laurel n’était pas aussi inquiète pour Bonnie, elle l’aurait facilement percé à jour.
— Je… Il ne peut pas lui dire qu’ils ne sont pas si loin que ça du campement des Greyback et que là-bas, les sorciers sont des loups-garous, qu’une fourrure parmi les autres se trouve être sa copine, cette fille qui fait chavirer son cœur.
— Je suis inquiet pour Bonnie qu’il ment en suivant Laurel.
— Ne t’en fais pas, on va la retrouver et la ramener. Emrys est gentil. Emrys est grand et toujours positif, même s’il bougonne souvent dans son coin. C’est un gentil géant et Emrys rappel beaucoup Adam à Arthur. On dit toujours qu’avec un géant à ses côtés, il ne peut rien vous arriver,
est-ce que c’est vrai ? Allez savoir. Mais l’attrapeur aimerait le croire car il n’est pas tranquille à l’idée de venir ici, pourtant, il avance. Un regard vers le ciel. Les nuages cachent la pénombre naissante. Dans une heure, à peine plus, il fera bientôt nuit. Arthur ne sait même pas à quel stade se trouve la lune. Il s’était pourtant dit que depuis qu’il est avec Hazel, il allait suivre son évolution, passant de nouvelle lune, invisible à l’œil nu, croissante, pleine et décroissante, mais la frénésie de la reprise l’en a empêché.
Encore une promesse non tenue, tu les accumules, nabot. — C’est par ici indique Laurel en sortant sa baguette magique de la poche du pantalon qu’elle porte. Une faible lueur s’en échappe.
— Comment tu sais ? T’es déjà venue ici ? La question du batteur est pertinente, mais Laurel fait comme si elle n’avait pas entendu. Elle fait souvent ça quand elle ne veut pas répondre, car souvent justement, la réponse qu’elle a à donner ne plaît pas. Emrys siffle entre ses dents. Il déteste quand la sorcière fait ça. Arthur n’aime pas non plus et d’ordinaire, il insiste pour savoir, mais pas cette fois, trop préoccupé à se demander ce qui peut rôder dans cette forêt, à la nuit tombée.
La scierie est en vue après une quinzaine de minutes à crapahuter dans les bois. On entend du bruit, de l’agitation. Les Vagabonds sont là. Arthur reconnaît sans mal le capitaine, Reginald Cooper une bière à la main en compagnie d’autres joueurs. Si la ligue majeure d’Angleterre et d’Irlande est la plus suivie, la ligue mineure existe aussi et la seconde division compte plusieurs équipes. Certains joueurs sont présents à la fête clandestine et dévisagent les Frelons. Ils ne sont pas aimés. Arthur le sait. Emrys reste de marbre et Laurel s’en moque. Les Frelons les ont vaincu, ont remporté de nombreux matchs et quand ils jouent, ils jouent pour la victoire. Jouer pour participer, c’est un discours de perdant. Alors on les observe, on se demande ce qu’ils font là, mais Laurel ne se démonte pas et discute sans attendre avec Cooper pour obtenir des informations.
— Bonnie ne semble pas ici dit alors l’attrapeur en cherchant une crinière rousse dans la petite foule rassemblée.
— Je n’aime pas ça ajoute Emrys en croisant les bras contre son torse.
Et puis, le ton monte. On entend Laurel qui commence à s’énerver et Cooper qui l’insulte.
— Arthur, ça chauffe dit Emrys en approchant rapidement. Arthur ne se fait pas prier pour le suivre et s’il se met devant son amie, Emrys a déjà repoussé le Vagabond plus loin. Une bagarre peut éclater à tout moment.
— Laurel, qu’est ce qui se passe ? Demande Arthur.
— Bonnie a disparu et ce petit merdeux refuse de me dire où ! Et d’autres sorciers sortent leurs baguettes. Ça commence à sentir mauvais se dit Arthur, mais s’ils veulent se battre, les frelons vont se défendre. Baguette à la main pour Arthur, Emrys fait de même.
— On veut juste savoir où est Bonnie lance Laurel pour finalement apaiser la situation.
— Je te l’ai dit ! Elle a pris un pack de bières et elle a filé dans les bois ! Répond Cooper en crachant aux pieds d’Emrys qui, intelligent, préfère ne pas répondre pour envenimer la situation. C’est finalement l’un des Vagabonds, Morgan Stokes qui en dit plus et crache le morceau
— Elle a filé par là, y a même pas trente minutes en indiquant un vieux chemin de terre qui s’enfonce encore plus dans la forêt. Si Cooper le fusille du regard, Laurel ne lâche pas un merci et déjà, passe devant Arthur en accélérant le pas. La situation reste ainsi tendue et Arthur suit son amie, Emrys sur ses talons.
Second glas qui sonne, ding dong.Trois petits frelons trinquèrent à la gloire,
L’un but jusqu’à plus soif et s’en étouffa,
N’en resta plus que deux.
À mesure que Arthur avance dans la forêt, le chemin de terre, sans doute emprunté dans le passé, quand la scierie fonctionnait encore, semble disparaître pour laisser place à des herbes hautes, des fougères. La nature est sauvage ici et Arthur se perd, incapable de savoir si le campement des Greyback est loin ou non. Emrys manque de trébucher sur la racine sortant d’un arbre et se reprend. Le trio avance et Laurel est silencieuse. Arthur connaît suffisamment son amie pour savoir qu’elle craint pour la gamine.
— On va la retrouver qu’il dit pour la rassurer.
— Oui… Et après, on fait la peau Vagabonds. Emrys, en match, balance tout ce que t’as sur Cooper, quitte à lui éclater les dents, je m’en moque. Elle est en colère, la belle, en colère car elle sait, tout comme les deux autres joueurs, qu’on a piégé Bonnie, profitant de sa tristesse pour l’attirer ici, à une fête afin qu’elle ne joue pas, qu’elle soit remplacée et que les frelons démarrent mal leur saison.
C’est fourbe, c’est mesquin, c’est pathétique et ça enrage Laurel. Arthur lui, se contient, essai de se détacher de ça car il sait qu’en dehors du quidditch et des enjeux, il y a pire ici. Il y a les monstres, cachés dans les profondeurs de la forêt. Il ne doit pas y penser. Il cherche la lune du regard, mais la cime des arbres est trop haute pour apercevoir le ciel sans étoile.
— Lumos qu’il dit pour enfin, offrir de la lumière au groupe.
— Là indique alors Emrys en ramassant au sol une cannette de bière terminée. Bonnie semble être devenue une version moderne du petit poucet, mais c’est forcément à elle et ça veut dire que la gardienne n’est pas loin. Laurel commence à appeler la jeune sorcière, un peu plus fort, espérant une réponse.
Peut-être devraient-ils se séparer ? Emrys a la même idée, mais Arthur n’y tient pas. Ils doivent rester ensemble, non ? C’est mieux, car dans les bois se cache…
— Laurel, Arthur, continuez par là, je vais essayer plus loin, on reste à bonne distance pour couvrir un plus grand espace. Si Laurel acquiesce, Arthur veut dire non, mais il n’ose pas. Il hoche la tête et s’éloigne vers la droite avec son amie. Ils continuent de marcher plusieurs minutes.
Et un bruit dans la forêt qui perce le silence.
Une sorte de cri ? Non, un rire ? Non, un hurlement ? Un animal ? Laurel se retourne vers Arthur et le fixe.
— Tu as entendu ? Il acquiesce.
À quelle distance du campement Greyback sont-ils ? Avec la nuit qui est tombée désormais depuis un petit moment, Arthur Bagshot ne reconnaît pas les lieux.
— Emrys ! Qu’il dit alors, cherchant leur camarade et la lumière échappée depuis sa baguette, mais rien.
— Emrys ! Plus fort, mais rien. D’accord, maintenant, ils en ont perdu un autre ! Arthur peste, jure entre ses dents une insulte. Il aurait dû le dire, que ce n’était pas une bonne idée, qu’il ne fallait pas se séparer. Le jeune homme se tourne vers son amie. Laurel a le teint livide, elle est
mortifiée, inquiète.
— On va les retrouver. Emrys a dû aller plus loin, ça va aller, d’accord ? On va les retrouver, lui et Bonnie. Et elle acquiesce lentement, remet une mèche de cheveux derrière son oreille. Oh, sa main tremble. C’est rare, mais ça prouve qu’elle a peur. Arthur a-t-il peur lui aussi ? Oui, mais pas encore tout à fait, pas encore beaucoup.
Troisième et dernier glas, le son est plus fort, plus proche. Deux petits frelons se mirent à courir,
Un loup, de l’un, lui fit la peau,
N’en resta plus qu’un.— Oh je sais ! Dit Arthur en cherchant dans sa sacoche qu’il a pensé à prendre juste avant de partir. Il sort une fiole. Laurel arque un sourcil.
— Une potion Œil de chat, idéal pour voir dans la nuit. C’est mieux que Lumos dit-il en buvant d’un trait le tout. Et ses pupilles se rétractent tel un félin. Il va guider Laurel dans les profondeurs et lui prend la main pour qu’elle ne le lâche pas. Ils avancent et c’est un sanglot étouffé qui casse le silence de nouveau installé dans la forêt.
— Bonnie ! Dit alors Laurel, mais Arthur ne la voit pas. Elle ne doit pourtant pas être loin.
— Bonnie ! Qu’il dit plus fort. Rapidement, ses yeux s’habituent à la pénombre et au loin, à gauche, il distingue une faible lumière. C’est sans doute Emrys ! Et Bonnie, où-est-elle, les bruits venaient de la droite. Il y a un gros arbre. Arthur distingue très bien le chêne et une silhouette aux pieds de celle-ci, recroquevillée.
C’est la gardienne des frelons ! — Là-bas ! Laurel acquiesce et presse le pas à Arthur pour lui passer devant et rejoindre Bonnie. C’est bien elle qu’il constate quand enfin, ils l’ont retrouvé. Elle est sans doute ivre, car plusieurs cadavres de cannettes trônent autour d’elle, triste, épuisée, mais elle est là. Laurel la prend contre elle, retire sa veste pour la mettre sur l’épaule de la petite.
— On va te ramener à la maison, chez Arthur, ça va aller, tout va bien se passer d’accord. Arthur s’accroupit pour la réconforter aussi. Il n’est pas plus vieux qu’elle, mais elle pourrait facilement être sa cousine Lucy, une gamine qui a encore un pied dans l’enfance et l’autre, dans le monde adulte, projetée trop rapidement.
— Je vais prévenir Emrys dit alors Arthur, soulagé. Il ne faut pas traîner ici, pas plus longtemps et l’attrapeur se redresse, lève sa baguette en l’air pour sortir des étincelles en l’air que le batteur pourrait voir. Derrière lui, il entend sans comprendre Laurel qui réconforte la jeune gardienne, la serrant dans ses bras.
Mais, aucune réponse de Emrys et
cinq minutes s’écoulent. Arthur recommence.
Dix minutes, il relance encore ses éclairs. La potion ne va pas durer éternellement et ils doivent sortir d’ici tous ensemble, hors de question d’en laisser un de côté. Les frelons sont une famille, ils se serrent toujours les coudes. Et Arthur distingue enfin quelque chose. Une forme, quelque chose, qui court, s’élance vers eux à vive allure. Plus elle se rapproche, plus le garçon peut distinguer les traits du batteur, à bout de souffle, mais surtout, le regard terrifié, le regard apeuré.
Qu’est ce que… ? Le palpitant dans la poitrine du nabot s’accélère un peu et puis, cesse de battre, le temps semble se surprendre quand enfin, Emrys est visible, sa baguette à la main, lumos toujours activé.
— FUYEZ ! Quoi… ? Mais… Pourquoi ? Laurel relève le visage, intriguée.
— VITE, BARREZ-VOUS ! Laurel se redresse alors à son tour, approche d’Arthur, lève sa baguette. Elle voit enfin Emrys qui accourt littéralement vers eux.
— Emrys !? Mais enfin… Arthur veut parler, mais n’y parvient pas. S’il ouvre la bouche, aucun son ne peut en sortir. Œil de chat oblige, il distingue l’ombre, la fourrure, le monstre. Elle est encore loin derrière Emrys, mais elle est là, la terreur de la nuit. Le roi des loups, comme on dit dans les contes pour les petits enfants, pour ne pas les terrifier, mais pour les apeurer, juste assez pour ne pas qu’ils osent s’aventurer seuls dans les bois, à la nuit tombée. Et au dessus du trio désormais quatuor, le nuage se lève, dévoilant une pluie d’étoiles et surtout, la lune à son apogée. Pleine et ronde, belle et terrible, meurtrière et bientôt sanglante. Au tarot, l’arcane de la lune n’est jamais bon signe, car la suivre est gage de malheur.
Et le glas ne sonne plus, il est tombe, s’abat brutalement.Un petit frelon se retrouva tout seul,
Triste d’avoir perdu ses compagnons,
Dans la folie il sombra.
N’en resta plus,
(. . .)
Aucun.
-01 potion œil de chat retiré de l’inventaire.