temporalité du rp : La fin du mois de juillet de l'année dix-neuf cent cinquante-cinq
personnages concernés : @Emma Parkinson ψ Natalya Yaxley
trigger warnings : consommations de drogues dures, trouble de stress post-traumatique, détresse psychologique, pensées suicidaires, blessures et sang, mention d'un jeu de séduction entre une jeune femme et un homme mûr
intervention autorisée du mj : [ ] oui [X] non (cochez la case correspondant à votre choix)
autre(s) : Au lendemain matin de la visite d'Augustus Parkinson.

Natalya est une épave. La poupée cigogne est une loque, gisant sur le sol du grand salon. Depuis la veille, elle n'a pas bougé de là. C'est Augustus qui l'a laissée là, parmi les débris de verre et les traces de son sang. La matriochka semble prisonnière de son esprit, enchaînée à ses sales pensées. Alors, elle revit en boucle les images de son enlèvement, la voix de son agresseur, et la détresse sur le visage de ses petits parents lorsqu'ils la retrouvèrent à l'hôpital Sainte-Mangouste. Toutes ces choses qui la hantent profondément et ont gâché sa vie. Puis, elle est restée coincée dans cette maudite forêt où elle a été retrouvée après avoir été torturée pendant des jours. Peut-être n'en est-elle jamais revenue. À ce moment-là, la favorite était déjà à moitié morte. C’était peut-être fichu. On ne se remet jamais complètement d'un tel trauma. Et pour ceux qui y parviennent, ils vivent à moitié pour le reste de leur existence. Pas comme la danseuse étoile. Elle, qui a vécu au sommet, ne sait pas vivre à moitié. Pas elle, qui avait le monde à ses pieds. Elle ne saurait se contenter d’une vie à demi-mesure. C'était impossible pour elle, car elle était vraiment exceptionnelle.


Toc, toc, toc. La coqueluche ouvre lentement les yeux. Le jour est déjà levé dans l'appartement, et elle ne se rappelle plus la dernière fois qu'elle a mangé quelque chose de solide. La pourrie-gâtée se roule sur le sol, les éclats de verre se plantant douloureusement dans sa chair et exacerbant son supplice. Avec peine, elle se relève, car quelqu'un frappe à la porte. La danseuse doit chasser cette personne au plus vite, car l'appartement est sans dessus-dessous. Le chaos règne après le passage d'Augustus, et elle-même n'est pas présentable. C'est si indigne de son rang. Avec tout ce sang séché autour de sa bouche et sur son menton, et ces énormes bleus sur son épaule, elle ne peut pas se montrer dans cet état. Mais Natalya ne se rend plus vraiment compte de son apparence, n'ayant pas regardé dans une glace depuis longtemps. Péniblement, elle retire un à un les éclats de verre incrustés dans ses avant-bras, bien trop faible pour utiliser sa magie. Ensuite, elle enfile un kimono bleu et tente d'aplatir sa tignasse blonde du bout des doigts. Toc, toc, toc. La coquette soupire avant de se diriger péniblement vers la porte d'entrée, ses guibolles tremblantes menaçant de la lâcher. Sur le passage, la ballerine attrape une poignée de pilules magiques et les avale d'un coup. La cousue d'or est sobre, mais cela ne peut plus durer.


Natalya entrouvre légèrement la porte, afin de dissimuler l'intérieur de son appartement. Face à elle se tient Emma Parkinson : la femme trompée, la femme cocue. C’est la pire des surprises. La valseuse déglutit avec difficulté avant de prendre la parole : « Bon-bonjour, Madame Parkinson. » Bafouille-t-elle en baissant la tête, puis en réajustant son peignoir pour cacher son épaule contusionnée. La poupée de chiffon toussote, mal à l'aise, et pas suffisamment stone pour endurer un tel châtiment. Madame Parkinson est également l’amie de son papa, ce qui accentue encore son sentiment de persécution. La femme est dangereuse à bien des égards. Est-ce qu'elle sait tout ? Est-ce qu'elle est venue pour achever ce que son monstrueux mari a commencé ? « Ce n'est… Pas vraiment le meilleur moment. Je suis très occupée… » Murmure-t-elle en frottant le sang sur son menton.

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Elle se retrouve devant cette porte, la même qu’Augustus a passée la veille. Ayant marché sur les mêmes pavés, traversant la même rue. Quelques heures séparent leurs visites. Il était ici la veille. Elle pouvait presque le toucher, sentir son odeur caractéristique, à quelques mètres de lui. Elle avait eu du mal à reconnaitre son époux accoutré de la sorte. Un gilet troué et une vieille casquette. Elle avait presque ri en le voyant se déplacer ainsi. Oui, elle l’avait suivi. La honte lui nouant l’estomac. La peur lui grattant la gorge. Elle avait trouvé Augustus et ses belles promesses devant cette porte, celle de Natalya Yaxley. Au lieu de la réconforter, son inquiétude n’en avait été qu’amplifiée. Pourquoi venir ici ? La plus simple explication serait qu’il soit venu par amitié pour le couple Yaxley, mais c’était la moins probable connaissant Augustus. L’hypothèse la plus répugnante lui avait alors explosée au cœur, entretenait-il une relation avec la jeune ballerine ? La douleur lui brûlait la gorge, les larmes envahissant ses yeux pâles. Elle avait hésité longuement, sur le trottoir en face, elle était restée plantée là, hésitant à de nombreuses reprises à aller les confronter. Le temps avait vu sa colère perdre de son éclat, revenant à la raison, Augustus ne pouvait décemment pas coucher avec sa future belle-sœur. Il ne pouvait pas faire subir cela à son frère adoré. Alors, elle était partie. Pour revenir le lendemain, à tête reposée. Les bras chargés de gourmandises. Sa confiance en la fidélité d’Augustus définitivement rompue, elle préfère vérifier par elle-même la raison de sa venue chez Natalya. Il y a forcément une raison acceptable.

Le panier qu’elle tient dans ses bras frêles est bien garni : des muffins, des scones, une bouteille de limonade à la fleur de sureau et un récipient contenant son fameux bœuf Wellington. Emma n’aime pas venir les mains vides, encore moins quand elle a une raison derrière la tête. Aujourd’hui, elle en a deux. Découvrir quels sont les rapports entre son mari et la jeune Yaxley, et prendre des nouvelles de la ballerine. Warlock transpirait l’inquiétude pour sa fille à leur dernière conversation et il est hors de question qu’elle ne fasse rien pour remédier aux malheurs de son si cher ami.

Elle toque enfin, trois coups secs, comme à son habitude. La porte s’entrouvre légèrement laissant apparaitre le visage faible de Natalya. Elle l’observe quelques secondes, vêtue d’un peignoir, elle a le visage tâché. « C’est pire que ce que je pensais ». Ses yeux s’écarquillent à la vue de cette petite chose fragile qu’elle pourrait écraser si facilement si elle lui en donnait les raisons. « Bonjour Natalya. » Un sourire fixé sur le visage, elle remarque que la jeune femme ne compte pas ouvrir la porte. La courtoisie n’est apparemment pas une priorité chez la belle qui a l’impression de pouvoir la remballer si facilement. « Très chère, tu ne peux décemment pas me laisser sur le pas de la porte chargée de la sorte. » Son visage se déguisant d’une moue peinée. « Je n’en ai pas pour longtemps, c’est promis ! ». Sans l’once d’une hésitation, Elle pousse le panier contre la porte et n'obtient pas trop de résistance vu l'état de Natalya. Emma fait son entrée dans… l’appartement ou plutôt le taudis dans lequel vit la jeune femme. Le regard passe brièvement en revu le logement. Ses talons font craquer les morceaux de verre qui jonchent le sol dans un piteux état. Le soulagement envahit son être, Augustus n’a pas pu venir ici pour avoir des rapports avec la jeune femme. Elle se tourne vers son hôte. « Où puis-je poser ça ? »  Elle montre le panier, un sourire sur les lèvres, elle ne désire pas la mettre mal à l’aise. Pas tout de suite. Elle comprend cependant l’attitude de la jeune femme qu’elle détaille un peu plus. Elle est très mal en point. Emma remarque des ecchymoses un peu partout sur son corps. Son cœur de mère se resserre. Que lui est-il arrivé ? « Veux-tu que je t’amène à Sainte-Mangouste mon petit ? » Puis, elle s’empresse d’ajouter. « Ça pourra rester entre nous, si tu préfères. »  Elle ose espérer que la gêne de Natalya est en rapport avec Warlock, plutôt qu’avec Augustus. Par pitié…

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La poupée ballerine pousse un long soupir. Emma a pénétré dans son logis sans lui laisser le moindre choix, et elle était trop chancelante pour la contrer. Les cachetons ne font pas encore leurs effets, et c'est tout son petit corps qui la fait souffrir. Un premier point pour la femme délaissée. « Ah, très chère, votre empressement à franchir le seuil rivalise avec le désordre qui vous accueille. Je crains que ma réception ne soit à l’image de cette confusion ambiante. » Ricane-t-elle d'un ton étrange. La poupée de porcelaine semble faire preuve d'ironie, mais cela reste flou, tant pour elle-même que pour les autres. Son malaise apparent la pousse à se comporter bizarrement. « Fort bien, Madame. » Acquiesce-t-elle en s'efforçant de sourire. La coqueluche espère de tout cœur que ses paroles sont sincères et qu'elle partira rapidement. Puis, elle s'avance vers son invitée pour récupérer le panier et ses mets, très certainement délicieux. « Laissez-moi le soin de déposer ce panier dans la cuisine. » Propose-t-elle poliment, pour une fois qu'elle n'est pas sous l'effet des pilules magiques. Mais cela ne signifie pas qu'elle se porte bien, car elle n'a jamais été aussi mal. À peine parvient-elle à éviter de laisser tomber les provisions par terre, tant elle est affaiblie. Elle dépose péniblement le panier dans la cuisine, clignant des yeux pour retrouver ses esprits et éviter de s'évanouir. Puis, les odeurs émanant du panier lui provoquent un profond dégoût. « Votre geste témoigne d’une générosité exceptionnelle. » La remercie-t-elle d’une voix brisée. Elle sait que ce cadeau est empoisonné et que le pire reste à venir. De toute manière, la ballerine ne mange plus rien depuis des jours. À ce rythme, elle risque de mourir.


Dans la cuisine, les deux femmes se toisent du regard. La femme bafouée, affichant une certaine hauteur, suggère d'emmener l'autre à l'hôpital, avec un ton condescendant et une manière de la tutoyer comme si elle n'était encore qu'une enfant. L'ex-danseuse étoile grimace à l'idée de la honte que cela causerait à ses parents et à sa famille. « Je vous remercie pour votre proposition, mais je pense qu'une séparation des affres de la famille Parkinson serait plus efficace pour rétablir mon bien-être. » Crache-t-elle avec irritation. Au diable Augustus et ses machinations tordues et perverses. Au diable Mona et ses plans de mariage. Au diable Perseus, que la ballerine a jeté comme une vieille chaussette il y a quelques semaines. Et surtout, au diable Emma Parkinson, la femme trompée qui se présente avec son panier de provisions incongru. « Votre discrétion est grandement appréciée, Madame. Je préférerais que cette conversation ne soit pas portée à la connaissance de mon père. » Lâche-t-elle froidement. La petite Natalya, se redressant avec la même dignité que sa mère, affiche un port de tête parfait. Elle est le portrait craché de sa douce maman, et, tout comme elle, n’est pas dupe. La pourrie-gâtée n’a aucune confiance en Emma, surtout lorsqu’il s’agit de cacher quoi que ce soit à son père, Warlock, qui est également un grand ami. Elle ne manquera pas de tout lui rapporter en sortant d’ici. « Quelle est votre intention, Madame Parkinson ? » Ose-t-elle lui demander en la fixant droit dans les yeux. La jouvencelle, bien que visiblement troublée, parvient à dissimuler son émoi. Ses parents ne seraient pas ravis qu'elle perde ainsi contenance devant une invitée. Enfin, la matriochka sort deux verres à pied du placard, pose brusquement l'un d'eux devant la femme d'Augustus, puis la sert généreusement en vin blanc, presque à ras bord. La bouteille, laissée là sur le bar depuis un certain temps, est ouverte. La poupée se verse également un verre et en prend une grande gorgée, attendant une réponse sincère.

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Le sourire au bord des lèvres, parfaitement fixé. Figé. Ses cheveux retombent sur ses épaules, elle replace une mèche d’un geste délicat. Son regard se reporte sur ce qui l’entoure. L’appartement, se rapprochant plus d’une porcherie, devait être très coquet avant qu’une « bombe » n’explose à l’intérieur. Emma ne voit pas d’autre explication à un tel carnage. Ses yeux jaugent la jeune ballerine qui semble bien mal à point. Plus elle l’observe, plus son inquiétude augmente. Elle se fait du souci pour Natalya, qu’elle connait peu, mais surtout, son cerveau est en ébullition pour tenter de comprendre ce qui a bien pu lui arriver. Elle devra faire vite, la jeune femme n’a pas l’air de vouloir accueillir son invitée bien longtemps. Emma ne lui a pas laissé le choix. Elle a forcé son entrée, sans une once de gêne, car elle est là pour trouver des réponses. Natalya daigne lui retirer le panier des mains. « Merci très chère, j’espère que ces mets te plairont surtout. » Emma l’observe, le regard perçant, alors qu’elle s’éloigne pour déposer son cadeau dans la cuisine. Chaque pas fourni semble lui demander un effort considérable. « Tu ne veux pas manger un peu ? » La ballerine semble très affaiblie. Son état parait même critique. Emma se demande comment elle va avoir le courage d’avertir Warlock, lui qui meurt déjà à petit feu d’inquiétude. Peu de solutions s’offrent à elle, elle ne peut décemment pas laisser cette jeune fille dans cet état sans savoir ce qui lui est arrivé. Elle ne veut pas la brusquer non plus. Emma tente une proposition audacieuse, car la véritable aide dont elle a besoin peut être apportée rapidement par un professionnel.

Rien n’avait préparé Emma à la claque qui survient par ses paroles affûtées. « Je pense qu'une séparation des affres de la famille Parkinson serait plus efficace pour rétablir mon bien-être. » Son cœur loupe un battement, son sang ne fait qu’un tour. Prunelles écarquillées par de telles révélations. Elle aurait pu penser à d’autres Parkinson, la famille est grande après tout, mais elle n’a qu’un nom en tête : Augustus. Son cœur s’émiette un peu plus, l’imaginant dans cet appartement, à côté de cette fille. Son sourire n’en reste pas moins intact. Peut-être que Natalya n’a même pas décelé le chamboulement interne qu’elle a créé. « Eh bien, il va me falloir plus d’explications. » Répond-elle, froidement, mais la bouche toujours fendue. « Quel Parkinson te cause tant de soucis ? » Son pouls s’accélère en attendant la réponse. Emma se sent au bord du gouffre. Prête à tomber dans un précipice. Elle ne laisse rien transparaître. « Je te demanderai la même discrétion. » Après tout, Warlock n’apprécierait sûrement pas qu’Emma vienne fourrer son nez dans les affaires de sa fille, même si sa première intention était noble. Elle a comme un mauvais pressentiment concernant la suite de cette conversation.

Natalya est audacieuse, une qualité qu’elle apprécie d’ordinaire, mais moins lorsqu’elle ressent sa froideur méprisante. Elle la toise du regard, son sourire a disparu. Pour qui se prend-elle ? Ses poings se serrent légèrement, elle respire lentement, faisant redescendre la pression aiguisée par les mots de la jeune fille. Elle prend une gorgée du verre servi. Le vin est de mauvaise qualité, mais elle aura besoin d’alcool pour poursuivre sa visite sans le désir d’achever la petite ballerine toute désarticulée. « Mon intention ? »  Elle s’esclaffe, affichant une mine choquée par tant de suspicion. « Je venais voir comment tu allais, tout simplement. »  Puis, elle rajoute. « Après tout, Augustus est passé hier, il me semblait normal que je vienne également prendre de tes nouvelles. »  Jouons cartes sur table, ma petite. La douleur ravivée à l’énonciation de son nom. Ce pacte scellé quelques semaines avant, promesses de fournir des efforts pour unir leur couple à nouveau. Pourtant, elle craint découvrir le pire aujourd’hui.

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Natalya est une salope, et toutes les Emma de la planète la haïssent. La ballerine vole les maris des autres sans le moindre scrupule. Elle se moque de faire du mal, pourvu que cela lui apporte du plaisir. La jouvencelle prend tout ce qu'elle veut, qu'il lui appartienne ou non. Et Augustus, elle le convoitait plus que tout. Elle est attirée par les vieux beaux, surtout s'ils sont riches et puissants dans le monde de la Magie. La jolie poupée n'a pas hésité à flirter avec lui, malgré le risque et l'interdit. Elle n'a pas pu se défaire de ses vieux penchants, même si Augustus est le frère de Perseus, son prétendant le plus sérieux au mariage. C'est regrettable, car elle aime vraiment Perseus, presque autant qu'elle aime se sentir désirable aux yeux des autres. Comment pourrait-elle lui faire comprendre cela sans risquer de le perdre ? Tout vole en éclats dans sa vie, et elle sera bien obligée de lui dire la vérité à lui aussi. Mais d’abord Emma, qui prétend vouloir la connaître. « Je n'ai pas faim, merci Madame. » dit-elle avec réserve, puisqu'elles en sont encore aux échanges de politesses. La jouvencelle dépose le panier de provisions sur la paillasse de la cuisine, se retenant de vomir à cause des odeurs qui lui soulèvent le cœur.


Maintenant, la cocue exige des explications. Son sourire de façade ne dupe personne, et Natalya ne sait pas par où commencer. Les pilules magiques commencent à agir au pire moment imaginable. Sa vision se brouille, et elle ne peut s'empêcher d'éclater de rire en voyant Emma jouer son rôle de femme ignorante. Comment peut-elle prétendre ne pas savoir ce que tout le monde connaît déjà ? Son mari est un monstre de la pire espèce. La poupée ne s'arrête plus de rire, et l'on devine qu'elle plane. « Il semble que vous feignez l'ignorance, Madame. Je parle bien entendu d'Augustus, votre époux bien-aimé. » lâche-t-elle avec dédain. Désinhibée par la drogue qui lui fait dire n'importe quoi, la jouvencelle passe nerveusement une main dans ses cheveux ternes. Elle est tendue, et ses tics faciaux sont visibles. « Je n’ai pas confiance en vous, ma chère Emma. Depuis que vous avez pris vos aises dans mon appartement, vous me traitez comme une naïve. » crache-t-elle en la fusillant du regard. Désormais, la valseuse exprime ses pensées sans détour. Elle sait pertinemment qu’Emma ne tiendra pas sa langue et qu'elle n'hésitera pas à la trahir en révélant tout à son père. Ou du moins, tout ce qu’elle choisira de lui révéler. Mais Yaxley, empreinte de fierté, ne supportera pas d’être prise pour une idiote, même dans les derniers instants de sa vie.


Le visage d'Emma se contorsionne sous l'effet de la colère, et elle a besoin de vin, tout comme Natalya. La poupée lui verse généreusement un grand verre avant de se servir également. Elle s’abstient toutefois de lui proposer de trinquer, la situation ne s’y prêtant pas. « Quelle délicate attention de votre part, Madame. Et alors vous, comment supportez-vous les infidélités notoires de votre époux ? » s’enquiert-elle d'une voix mielleuse, en inclinant la tête sur le côté. La matriochka ne supporte plus d'être prise pour une imbécile chez elle. Elle vide la moitié de son verre d'une traite. « Je n'ai pas couché avec votre mari. » articule-t-elle difficilement. Il est crucial pour elle de clarifier les choses, qu'elles soient bonnes ou mauvaises. « Mais cela aurait pu arriver, Madame. Nous nous sommes retrouvés dans ma loge il y a quelques mois, après mon spectacle de danse, et nous en avions très envie, l'un comme l'autre. » déballe-t-elle avec froideur. Elle ne doit rien à Emma et ne cherche pas à l'épargner. La drogue et le vin, également, contribuent à son impudeur. « C’est vrai, Augustus est passé me voir hier. Il est venu s’assurer que je ne révélerais rien de ce que nous avons fait, ou plutôt de ce que nous avons failli faire cette nuit-là. » conclut-elle en toussotant, visiblement mal à l’aise. Instinctivement, elle frôle les contusions sur son épaule. Ce salopard l'a maltraitée.

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Qu’il est compliqué d’avancer. Flou le plus total. Noir intense. Elle ne sait où elle a mis les pieds. Découvrir Natalya dans cet état réveille ses instincts maternels les plus primaires. Doutes disséminés dans son esprit par la visite de son époux. Augustus en sa compagnie, pourquoi ? Son mari n’agit jamais sans but. La compassion n’étant pas sa qualité première, s’il est venu c’est pour assouvir d’autres desseins. Crispation des membres à l’idée qu’il puisse étancher ses désirs avec la jeune ballerine. Frisson qui lui parcourt l’échine de dégoût. Elle ne veut pas manger. Réticente à écouter le moindre de ses conseils, Natalya semble prendre un malin plaisir à la contredire. Emma n’insistera pas.

Alors que son cerveau s’échine à trouver une manière de découvrir pour quelle raison Augustus était présent la veille, Natalya semble également vouloir lui fournir la réponse. Elle ne s’y attendait pas. Foudroyer par l’impertinence de la jeune femme. Le poil hérissé par ses paroles, Emma se contient. Elle tente de garder son sang-froid, car il ne sera ni bon pour elle, ni pour son amitié avec Warlock qu’elle se montre sous un mauvais jour. « Tu as tort très chère. C’est par amitié pour ton père que j’ai souhaité te rencontrer. »  Il se fait un sang d’encre. L’inquiétude marque ses traits d’ordinaire si doux. « Il se fait énormément de soucis et à raison apparemment. »  Regard qui toise l’appartement et toutes les substances qui trainent ici et là.

Sa langue se délie, des mots lancés tels des couteaux tranchants qui n’épargnent pas Emma. Les poings serrés, le souffle coupé. « Les infidélités notoires de votre époux. » Un écho qui s’allonge dangereusement. Des paroles qui restent ancrées dans son oreille. Violence lâchée si facilement. Torrent impétueux qui vient décrocher un peu de la carapace que revête Emma. « Tout se sait tôt ou tard en ce bas monde. Tu apprendras qu’il y a des connaissances qu’il vaut mieux taire. »  Petite insolente. Sourire en coin qui ne frémit pas. On ne vient pas d’une famille si aisée pour se laisser emporter par la moindre méchanceté. Dans les entrailles, tout se soulève pourtant. « Loin de moi l’envie de te contredire, mais tu respecteras ma décision de ne pas m’étendre sur le sujet, j’en suis certaine. »  Elle boit une gorgée de ce vin bas de gamme, espérant noyer la colère qui commence à gronder en elle.

Natalya poursuit, aussi sûrement qu’elle a commencé et c’est peut-être cela qui fâche le plus la Parkinson. Elle attend du respect des jeunes générations et l’ancienne danseuse ne semble lui donner que de l’insolence. Puis de nouveaux mots qui frappent. Un soulagement d’abord, bien vite suivit par de la haine. Pour la poupée de marbre qui lui fait face d’abord, pour son époux ensuite, sentiment bien plus profond et sombre. « Eh bien voilà enfin un peu de sincérité. Je dois au moins te reconnaitre cela. »  Elle ne tremble pas, cachant la colère sous d’épaisses couches de déni. Pensées assassinent qui s’envolent pour son époux. « Quand cela s’est-il passé ? »  Calculs qui se déroulent dans l’esprit. Avait-il déjà promis ? Promesses douloureusement cueillies de ne pas commettre à nouveau l’irréparable, de tenter de sauver leur mariage probablement voué à l’échec. « Je présume que la décision de ne pas aller plus loin vient de toi ? »  Priant qu’elle vienne un peu de lui aussi. Dans le cerveau, les pensées fusent. Comment a-t-il osé ? Propos bien vite arrêtés par les nouvelles révélations de son interlocutrice. Brève consolation lorsqu’elle apprend qu’Augutus est seulement venu la menacer hier. « Seulement » car après tout ce qu’elle vient d’apprendre, cela lui semble modique. Puis ses yeux reviennent sur la jeune femme et ses contusions. Son regard vide, ses ecchymoses et ses jambes qui la portent à peine. Elle n’est plus que l’ombre d’elle-même, ce qu’elle s’inocule n’arrange rien à son état fébrile, mais il y a bien sûr eu autre chose. « Que t’a-t-il fait Natalya ? »

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