temporalité du rp : juin, 1955
personnages concernés : @Ralph Quirrell @Malcolm Fairfax
trigger warnings : Langage grossier
intervention autorisée du mj : [ ] oui [X ] non (cochez la case correspondant à votre choix)
autre(s) : X

IN FOR THE KILL - 2021-2022

C’est rare que tu viennes traîner par ici. A part pour faire quelques courses, t’évites de venir dans le quartier. Tu sais pas trop pourquoi, peut-être parce que c’est un peu trop propret pour toi. T’as pas ta place ici. T’es fait pour les bas-quartiers et les ruelles sombres et puantes, pas pour ces mignonnes petites rues qui sentent la tulipe toute l’année. Bon t’exagères sans doute un peu, c’est pas non plus le quartier des aristos. Ici c’est pour les gens normaux, les gens simples. Ce que t’es pas et que tu seras jamais. Du coup tu préfères éviter de te rendre dans Merlin’s Square parce que ça se voit sur ta face que t’es pas un bon gars, les messieurs évitent ton regard et les mères cachent leurs gamins dans leurs jupes quand tu les croises. Pourtant tu leur ferais pas de mal aux mouflets mais tu les comprends. Toi aussi t’aimerais pas te croiser si t’avais une maison avec une femme et des enfants, t’aurais peur. Tu leur en veux pas.  

Sauf que ce soir, même si t’es pas de service, t’as du boulot. On t’as demandé de faire une livraison, de quoi tu sais pas et tu veux pas savoir, de toutes les façons tu sais depuis longtemps qu’il faut pas poser de questions. C’est pas ton rôle mais puisque t’avais rien à faire ce soir t’as accepté. Ça t’as pas pris longtemps, t’avais juste une enveloppe toute bête à donner, ça t’as pris que quelques minutes, le temps que le gars arrive et de t’assurer que personne pouvait vous voir ce qui est pas difficile en ce moment. Avec les derniers événements, les gens préfèrent rester cloîtrés chez eux en sécurité. Et comme une fois le boulot terminé t’avais pas franchement envie de rentrer chez toi et de fixer le plafond, t’as un peu traîné dans les rues sans trop savoir quoi faire. T’aurais bien aimé avoir quelqu’un avec qui causer, un peu de compagnie mais malgré le temps pas trop moche, les gens préfèrent rester chez eux. Du coup t’as poussé la porte du pub. Parce que même si les gens veulent plus se balader dehors, ils ont quand même besoin de compagnie – comme toi – et c’est l’endroit idéal. Avec un peu de chance tu vas tomber sur une jolie demoiselle ou un beau gars, vous allez boire quelques verres et finir la nuit ensemble, c’est pas un mauvais programme et demain sera un autre jour. Ouais, définitivement pas mal comme programme.

Mais ça doit bien faire une heure que t’es là sans que rien se passe. T’as vu passer quelques pères de famille qui viennent se détendre après une journée de travail, des jeunes qui veulent profiter et des habitués qui discutent avec les serveurs mais personne qui pourrait te tenir compagnie à toi. Après t’as pas trop à te plaindre non plus parce qu’an moins contrairement au Hag’s Inn, ton verre est propre et la bière a pas un goût de terre et la serveuse t’as fait un sourire. N’empêche, même si ici c’est agréable, ça pourrait l’être un peu plus si t’avais quelqu’un avec toi. T’as quelques pièces dans ta poche qui attendent que d’êtres dépensées.

Alors que tu vides ta choppe et que tu regrettes que Jamal soit plus là – parce que si il avait été là vous seriez sans doute en train de vous marrez et à votre troisième pinte – quand la porte du pub s’ouvre. Tu lèves la tête pour voir qui va entrer. Tu sais pas pourquoi tu cherches autant de compagnie ce soir parce que d’habitude t’es plutôt solitaire et tu préfères aller caracoler dans la forêt sous ta forme d’écureuil. Tu t’attends à tout sauf à ça.

Tu reconnais tout de suite qui vient d’entrer. C’est pas Merlin ou la ministre de la magie. C’est Ralph Quirrell. Tu le reconnais tout de suite malgré les années écoulées. Il a changé, il est plus vieux et fatigué, comme toi, mais t’as jamais oublié sa petite silhouette et son air grognon qu’il se trimballait déjà quand vous étiez mômes. Depuis combien de temps tu l’as pas vu ? Depuis Poudlard. Tu l’as jamais oublié mais vous avez pas pris les mêmes chemins. Tu dois avouer que t’as été sans doute un peu égoïste et t’as jamais cherché à savoir plus que ça, tu te souviens juste qu’il est plus revenu du jour au lendemain et t’as jamais vraiment eu de réponses qu’on a jamais voulut te donner.

Et il est là, t’es sûr que c’est lui. Tu réfléchis pas longtemps et tu te lèves pour aller vers lui. T’as jamais été du genre à prendre des pincettes comme disait Mère Supérieure.

« Quirrell ? Qu’est-ce que tu fiches ici ? »

Autant pour le tact et la politesse, maintenant que t’es en face de lui tu reconnais bien le p’tit Serdaigle que tu défendais des autres et qui te feulait dessus comme un chaton au début. Tu vas pas te mettre à chialer mais t’as un grand sourire idiot sur le visage.

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Il te sourit comme s’il avait avalé un soleil, et il te faut un instant mais son visage finit par te revenir. Il a pris un peu de muscle, a perdu un peu de cheveux, mais dans l’ensemble il est resté le même. Il a toujours ce menton pointé vers l’avant comme pour attaquer le monde, ces yeux enfoncés sous les sourcils un peu froncés, comme si son interlocuteur était un mystère à élucider. Ca doit faire des mois, des années peut-être qu’on ne t’a pas souri pareil, et t’es un peu perdu parce que t’as plus l’habitude, parce que tu sais pas comment répondre. Tu douterais presque qu’il s’adresse bien à toi, mais c’est patronyme qu’il hèle bien fort en se dirigeant droit vers toi, et tu dois être le seul rejeton de ta famille à apprécier les bars de Godric’s Hollow - ta soeur favorise les fumoirs, et ton frère… En bon rabat-joie prétentieux, Rhodes se contente sans doute de siffler des whiskys hors de prix tirés de la cave familiale.

Tu n’as plus ce luxe, pour ta part. Et t’es même pas sûr que balancer ton nom soit une bonne idée ; sur Bezoar Street, peut-être que ça servirait à te faire respecter, porter le nom d’un condamné. Mais ici, dans le quartier tranquille de bourgeois de Merlin Square, ça pourrait attirer une attention dont tu te passerais volontiers. Personne ne semble toutefois réagir à l’interpellation : c’est long, sept ans, peut-être qu’ils ont tous oublié. T’es pas trop au courant de l’actualité, mais même un paumé comme toi sait que les honnêtes résidents de Godric’s Hollow ont assez de soucis à se faire par les temps qui courent, assez pour ne pas se préoccuper qu’on te hèle ainsi, que tu trimballes ta carcasse parmi eux. Tant que tu ne t’approches pas de leurs enfants, tant que tu ne montres pas les dents, tout le monde se tiendra à carreau.

« Je fiche que j’ai fini ma journée, et qu’une pinte ne serait pas de refus » tu réponds, avec un soupçon d’entrain dans la voix fatiguée.

« Tu offres, Fairfax ? » que tu demandes, pas fâché de calculer la somme que tu pourrais économiser s’il accepte.

Parce que t’as pas vraiment d’économies, et que Merlin Square c’est plus joli que Bezoar Street mais ça coûte aussi nettement plus cher, même pour le prix moyen d’une bière. Certes, ça permet de boire autre chose que de la pisse de Veaudelune réchauffée, mais tu ne peux pas te permettre une Bièraubeurre chaque fois que la journée a été compliquée. Parce que, vu le travail que tu fais, les journées compliquées représentent une large majorité. T’as accepté un peu trop vite quand Reggie a proposé, t’aurais signé le contrat directement là, s’il te l’avait tendu comme ça. T’as pas pensé à la maladresse quasi légendaire de ton ancien compagnon de cellule, trop soulagé qu’on t’offre enfin autre chose qu’un regard méprisant et un “nous n’engageons pas en ce moment” - tu l’as trop entendue cette phrase, et tu sais que ça n’est pas une question de moment. Le problème, comme souvent, c’est toi : c’est ton casier judiciaire, et aussi ce physique abîmé par la vie de lycanthrope, ces traits tirés qui te donnent un air vicieux malgré ton gabarit de crevette de combat. T’étais si heureux, le boulot correspondait parfaitement à ton curriculum vitae : potionniste pour une firme en plein développement, c’était parfait. Si parfait que t’aurais dû te méfier, parce que t’as jamais mérité la perfection. Des études jamais achevées, un caractère prompt aux phases dépressives que la malédiction lunaire a achevé de te cheviller au corps maigrelet, un nom de famille disgracié malgré les efforts de tes aînés : pas de quoi donner envie de t’engager. À moins que l’employeur ne soit du genre peu regardant sur les qualités personnelles de ses employés…

Et c’est comme ça que tu te retrouves là, entre espoir et galère. Un emploi aussi stable qu’une promenade le long des Morgana Cliffs, un salaire qui te permet de survivre mais pas vraiment de vivre. Un collègue que tu ne peux pas t’empêcher d’apprécier, tout autant qu’il te casse les pieds. Le squat chez un cousin, du côté moldu de ce village hybride ; les courses contrôlées dans la section de la forêt locale qui vous est réservée, à toi et aux autres lycans. Une vie sous surveillances conjuguées, mais une vie libre. Un mix étrange dont tu ne sais pas très bien quoi faire, alors pourquoi ne pas céder aux sirènes de cette vieille amitié ?

Parce que Fairfax et toi, ça remonte à loin. Avant la prison, avant la morsure même. Deux gamins un peu trop petits, un peu trop tranquilles pour qu’on vous fiche tout à fait la paix. Sauf que lui avait le courage de dire à vos tourmenteurs leurs quatre vérités. Toi, tu te contentais de ramasser vos livres ; t’avais appris par cœur le sortilège qui réparait tes lunettes cassées. Et, avec lui, t’avais appris d’autres trucs. Courir pour échapper à une énième séance d’humiliations, se cacher pour éviter les sanctions des professeurs, se retrouver au sommet de la tour d’Astronomie pour fumer des clopes qui te faisaient tousser.

« Ça fait longtemps » tu offres, pas trop certain de ce qu’on dit dans ce genre de circonstances. Parce que c’est vrai, ça fait vingt ans à peu près ; c’est long, vingt ans, non ? « Qu’est-ce que tu deviens ? » tu demandes, en te dirigeant déjà vers le bar, parce que les embrassades c’est pas pour toi, c’est comme les sentiments, ça rend tout mou en dedans et après ça prend le goût amer des regrets. Alors tu vas juste profiter d’un verre, pour oublier ta journée avant de rentrer dans ce chez-toi qui ne t’appartient pas.

Autour de vous, le bar poursuit sa petite vie, les conversations même pas interrompues par ton entrée. Vous n’êtes que deux vieux amis dans un bar, une rencontre due au hasard. Qu’est-ce que le monde en a à foutre, de vos histoires ?

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T’as jamais été quelqu’un de sentimental. Tu t’attaches pas vraiment, y a peu de personnes qui ont compté pour toi dans ta vie. Tu te dis que c’est mieux comme ça, y a qu’à voir dans quel état tu t’es mis quand Jamal a disparu, ce que t’as fait. Pourtant tu peux pas t’empêcher de sourire comme un imbécile heureux face à Quirrell.

« C’est ce que je me disais aussi, tu vois les grands esprits se rencontrent. »

T’éclates de rire, pas fâché du tout par sa réponse, t’es bien trop content pour commencer à râler.

«  Bah tu perds pas le nord toi ! Mais ouais, bien sûr que j’vais t’offrir une pinte ! »

T’en avais eu l’intention de toutes les manières, histoire de fêter ces retrouvailles, t’es pas vraiment du genre radin, c’est pas comme si t’avais des dépenses monstres à faire puis t’aimes bien le culot dont il fait preuve, pas comme certains qui t’auraient sortit des billevesées ou t’entourlouper pour avoir rien à payer.

Tu l’entraînes vers la table où t’étais installé, il faut pas longtemps pour que la serveuse revienne prendre votre commande. Le temps qu’elle aille les chercher, vous en venez aux nouvelles. Faut bien, depuis Poudlard ça fait un bail, même si t’es pas certain de vouloir entrer dans tous les détails concernant ce que t’as pu faire et fait encore, t’es curieux de voir ce qu’il est devenu. Car tu réalises que t’as plus jamais eu de nouvelles de personne de ta promo, enfin parfois de loin, au détour d’un article de journal ou de rumeurs que t’as entendues. Mais sinon t’as gardé contact avec personne. En même temps t’étais ami avec personne, sauf Ralph.

« Ouais, ça fait un bail… pas grand-chose, j’vis ma vie c’est tout. Et toi ? »

T’entre pas tout de suite dans les détails, t’attends un peu. C’est pas facile en fait de retrouver quelqu’un que t’avais perdu de vue depuis longtemps, surtout quelqu’un comme lui. T’avais des copains à Poudlard, même si t’avais surtout des ennemis, enfin c’est un bien grand mot. T’étais du genre à chercher la bagarre mais tu pouvais pas dire non plus que toute l’école voulait ta peau. Mais Ralph c’était particulier. Il se faisait tout le temps emmerder par les autres et lui il se laissait faire et toi ça t’énervait. Tu voyais bien qu’il arrivait pas à se défendre alors tu l’as fait pour lui. Ça a mis le temps mais t’as réussi à le faire sortir un peu de sa coquille, parce que faut dire qu’au début il feulait comme un chaton mais t’as réussi à t’en faire un ami et à l’époque, même si tu l’aurais pas avoué pour rien au monde, t’étais heureux. Parce que tu comptais enfin aux yeux de quelqu’un, un qui soit pas de l’orphelinat et qui te regardait pas comme si tu valais pas un fifrelin.

La serveuse revient et dépose vos verres. Tu lèves le tien avec un petit sourire, espérant que Ralph va te suivre sinon t’aurais l’air un peu con, pas plus que d’habitude cela dit.

« A ces retrouvailles Quirrell. Au bon vieux temps. »

C’est pas ton genre d’être aussi sentimental, mais tu culpabilise un peu au fond de toi. Comment elle disait déjà Mère Supérieure ? T’essaye de faire preuve de résipiscence. P’être que t’aurais du essayer d’en savoir plus, pourquoi il est partit. Il devait avoir des problèmes. T’as posé quelques questions mais on t’as juste répondu que ça ne te regardait pas. Alors t’as pas insisté trop longtemps, tu t’es fait une raison.

Ce soit t’es bien décidé à te rattraper un peu, mais surtout profiter.

« Ça fait longtemps que t’es revenu dans le coin ou t’es juste de passage ? »

Tu questionnes comme ça l’air de rien, pour pas avoir l’air trop fouineur ni le forcer, tu te souviens de comment il était gamin, il a du changer depuis mais t’arrives pas a t’enlever l’image du môme maigrichon affublé de binocles et trimbalant un sac trop lourd pour lui parce qu’il avait dévalisé la bibliothèque.

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