temporalité du rp : juin 1955
personnages concernés : Gabriel Lestrange & Helen Umbridge
trigger warnings : emprisonnement, deuil
intervention autorisée du mj : [] oui [x] non
autre(s) : /

IN FOR THE KILL - 2021-2022

Elle avait plaidé pour lui. Elle l’éternelle procureure, plus habituée à construire de solides dossiers à charge, avait sans relâche soutenu la cause d’un condamné.  Pourquoi ? Était-ce la justesse de sa cause qui avait su persuader la juriste ? Ou bien était-ce son regard, silencieux appel où tremblait un espoir si mince qu’elle n’avait pas pu s’empêcher d’en attiser les braises ?

Quoi qu’il en ait été, elle avait plaidé, et à force d’insistances et de négociations, elle avait obtenu que cet homme soit libéré. D’autres y auraient vu un calcul politique - après tout, n’était-il pas le propre frère de Silas Lestrange, issu de la même famille que le directeur du département de la Justice Magique ? On aurait pu croire à une machination, complot étrange visant à remettre en liberté un proche jugé gênant par le grand Lestrange, peut-être dans l’espoir de le déstabiliser. On aurait eu tort, toutefois. Helen Umbridge ne faisait pas de politique, et surtout elle ne faisait pas de coups bas. Lorsqu’elle battait ses adversaires, c’était encore et toujours à la régulière, à coup d’arguments et de preuves irréfutables, récoltés par des Aurors irréprochables - et parfois par ce Weasley un brin trop impétueux pour son propre bien. Elle construisait des plaidoiries comme les castors érigent des barrages, testant sans relâche leur solidité.

Elle l’avait aidé, tout simplement parce qu’il en avait besoin. Et parce qu’elle avait l’intime conviction que cet homme était innocent de tout ce dont on l’accusait. Aussi avait-elle remué ciel et terre pour le faire sortir de cette même prison où elle avait envoyé tant de criminels. Et si aujourd’hui, Gabriel Lestrange estimait lui devoir sa liberté, il n’avait pas tout à fait tort - les preuves étaient certes tombées du ciel, amis elle avait su s’en servir comme autant d’armes nouvelles à son arsenal redoutable de persuasion. Pourtant, les effusions de gratitude la mettaient profondément mal à l’aise, elle qui estimait n’avoir fait que son devoir. La justice n’était pas seulement punitive, elle l’avait assez répété à Oliver : elle pouvait aussi réparer, contribuant de deux manières radicalement différentes à une amélioration de la société. Elle n’avait donc fait que son métier en exigeant que le cadet des Lestrange soit rendu à la société.

Le souci de justice d’Helen allait d’ailleurs plus loin qu’une simple libération. Un peu par curiosité, mais aussi beaucoup par amitié - cette même amitié qui l’avait liée au fil des mois à l’ancien condamné - elle avait pris soin de garder un œil sur Gabriel. Ils se rencontraient de manière irrégulière, et toujours dans un lieu public moldu. Car il n’était pas question de politique, bien sûr, pas aux yeux d’Helen. Mais elle ne pouvait ignorer ce que pensaient ses ennemis au sein du Ministère - si le simple fait qu’elle soit Née-Moldue avait contribué à lui attacher plusieurs inimitiés notables, ses qualités de procureure intransigeante ne lui avaient pas créé que des amis non plus - et par conséquent prenait soin de ne pas exposer Gabriel aux vindictes politicardes. Ce soir, ils se retrouvaient dans un petit pub non loin de Covent Garden, proche du quartier moldu de Bloomsbury qu’affectionnait tout particulièrement la blonde. Elle en revenait d’ailleurs, les bras chargés de sacs pleins à craquer, provisions livresques dont elle comptait bien rassasier son sorcier d’époux.

Gabriel, très cher ! J’espère que je ne vous ai pas fait trop attendre ? demanda-t-elle en s’asseyant sur le siège qui lui faisait face. Non, ne vous levez pas, voyons ! Elle ne put s’empêcher de sourire lorsqu’il fit montre d’un peu trop de galanteries selon l’usage moldu. Par la barbe de Merlin, les autres clients allaient croire là à un rendez-vous galant… Non que cela soit de nature à préoccuper la juge, bien trop persuadée de son amour pour son mari que pour imaginer accorder une quelconque foi aux murmures. Le bonheur tranquille de leur union était de nature publique dans le petit monde casanier de Godric’s Hollow, aussi n’avait-elle aucun souci à se faire de ce côté. Un earl grey pour moi, s’il-vous-plaît demanda-t-elle à la serveuse qui déjà arrivait à hauteur de leur table. C’est moi qui offre s’empressa-t-elle de préciser avant que Gabriel n’ait pu proposer quoi que ce soit.

Si elle tenait tant à revoir l’ancien prisonnier, c’était surtout pour s’assurer de sa bonne réinsertion. L’avocate se considérait en effet responsable du sort de cet homme : dans les bons moments comme dans les mauvais, elle se devait à présent d’être à ses côtés. Aussi commença-t-elle la partie plus privée de leur conversation en lui demandant directement

Et comment allez-vous, Gabriel ? La question paraissait simple, mais elle savait d’avance que la réponse pouvait être compliquée, aussi ne s’empressa-t-elle pas de rappeler que cela faisait dix ans presque jour pour jour que l’homme avait retrouvé sa liberté…

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Résipiscence délivrée dans la nouvelle sentence, Helen Umbridge s’était imposée en souveraine de ta liberté. Jamais tu n’aurais pensé voir quelqu’un tenir tête à l’aîné, ce grand frère doué cruel dans ses résolutions finales. La surprise s’était déversée dans l’abîme à la condamnation mutilée, encore plus devant l’instigatrice de ton émancipation. Femme de prestance, femme d’honneur. A l’époque, tu n’avais écho que de son nom en louanges et en acerbités. Pour les uns, des fervents et pour les autres, des envieux aux palais zoïles. En vrai, tu t’en fichais éperdument des racontars, l’esgourde peu sensible à ces commérages. C’était parmi les fervents que tu t’étais embourbé, pataugeant dans la même fange aux louanges que tu lui nourrissais silencieusement. Liberté offerte sur plateau d’argent épuisait l’année de supplices dans les cloaques des ténèbres. Et en récolte fructueuse, l’agacement de son frère en relief sur les crispations de son visage. Assurément, la jubilation n’en était que plus grasse. Si tu nourrissais du respect pour la présidente du mangenmagot, c’était de redevance également que l’encéphale se gavait. Sans doute n’attendait-elle rien en retour et qu’importe. Si le besoin lui venait un jour de quémander tes services, c’était naturellement que tu lui offrirais.

Les houles roulaient sur le tapis du ciel, voraces d’avaler le moindre dernier éclat pour laisser la pénombre tomber en rideau noir sur le monde. Chemise à carreaux rangée au placard, laissée pour les heures de labeur, troquée pour une chemise bleu-gris clair et un pantalon beige foncé. La douceur estivale du mois de juin te libérait des encombrements d’une veste en accessoire, tes pas en flânerie muette sur le pavé te menaient au point de rendez-vous. Les lagunes en caresse des remparts s’érigeant vers le ciel te fascinaient toujours d’un même regard, les lueurs des magasins semblaient briller de contentement aux lèches-vitrines passagers. L’ambiance mesurée du pub accueillait déjà quelques clients harassés de leur journée, les becs cancanant entre deux lippées. La croupe assise derrière une table léchant la devanture d’une fenêtre, le regard hagard s’y égarait dans l’errance de la plèbe. Théâtre de vie fascinant et quelconque à la fois. Une porte claquait, t’invitant à toiser les nouveaux arrivants. Rictus en élagage d’un contentement à l’incursion d’Helen Umbridge, les bras à priori satisfaits des emplettes de la journée. L’esquisse se gorgeait d’amusement devant l’activité généralement communément appréciée chez la gente féminine. Quoique...Silas pourrait très bien ‘perdre’ son temps à se prélasser des heures à choisir quelle couleur de cravate choisir. Sans doute était-ce son côté féminin extraverti à soigner son artifice de coquetterie subtile. Encore une différence notable entre les deux frères, toi ayant toujours préféré traîner avec les cul-terreux des Greyback.

« Bonjour Helen. Nullement. Le temps passe quand on rêvasse » Sourire en froissement des labres, la croupe regagnant son assise après un élan de courtoisie ravalé. « Un café pour moi, s’il-vous-plaît » Nectar amer en friandise sur le palais, tu ne comptais plus les tasses qui ravissaient tes papilles. Sourcil rehaussé de récréation à ses manières te rappelant celles de ta louve. Une femme en avance sur sa société, suintant des labres et gestes une indépendance ne polissant davantage que l’envergure de la Dame. « Quel homme serais-je pour contrarier une dame ? » La joue se creusait de malice. A vrai dire, tu y arrivais parfaitement avec Cassiopeia. A croire que tu avais développé de hautes qualités pour la sortir de ses gonds. Si ta langue fourchait en présence des sorciers de la haute société, se pâmant de leur statut, c’était de politesse que le palais s’engraissait en sa présence. Silas se damnerait sûrement pour t’entendre parler ainsi. ‘Par Salazar, les miracles existent – l’entendais-tu déjà soupirer au loin. Quoique connaissant le personnage, il se targuerait sans doute de vouloir assurer l’addition par simple phallocratie. « Il semble que vous ayez passé une ‘agréable’ journée ? Fructueuse je dirai même... » Légèreté presque moqueuse sur la langue en remarque sur ses achats. Banalité en offrande sur le préambule d’une conversation à venir.

Sa question te bousculait les limbes. Elle avait cette bienveillance en latence, insoupçonnée et insoupçonnable, que, ‘force était de constater de l’admettre, tu appréciais. « Fort bien et vous ? » Il te semblait inutile de t’étaler sur les quelques détails, ‘pour ne pas dire péripéties, des derniers mois. ‘Trop de franchise dans une relation s'avère quelquefois nuisible’. (Lady Violet Grantham ) Entre la morsure de Cassiopeia et la proposition de mariage, la colère sourde et insane du frère dévoilée en horreurs au manoir et enfin, la mort de Lugh, tu avais goûté connu quelques angoisses. C’était sans compter la nouvelle menace de l’aîné de te renvoyer à Azkaban si tu ne répondais pas à ses exigences. Tout ça parce que tu avais négligé ses cinquante ans, en toute conscience. Jeu dangereux. Jeu épineux. Heureusement, son cœur s’était joint à l’unisson de ta sauvegarde pour le bousculer un tantinet. « Vous semblez avoir bonne mine » Le rayonnement que son délicat minois dégageait témoignait d’une humeur à priori...sereine ? « Non pas qu’elle soit d’ordinaire moins bonne... Pas trop de bousculades au Mangenmagot ? » Suite aux derniers évènements, tu ne serais pas étonné d’y voir quelques remous houleux.

Le serveur vous ramenait vos commandes, les nectars fumant d’une volute fascinante en ravissement des truffes. Les griffes s’y déposaient, quémandant la chaleur brûlante de la tasse sur tes pulpes.

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DÉFI 02 : RP Placer une citation tiré de « DOWNTOWN ABBEY » (série ou film) dans un rp (cumulable avec un défi HEBDO.)

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