temporalité du rp : le mois de mai de l'année dix-neuf cent cinquante-cinq
personnages concernés : @MALAKAI FLETCHER ☽ Hazel Greyback
trigger warnings : brutalité physique, blessures et sang
intervention autorisée du mj : [ ] oui [X] non (cochez la case correspondant à votre choix)
autre(s)

IN FOR THE KILL - 2021-2022

La péquenaude ne parvenait pas à trouver le sommeil, pas ce soir-là. Elle cauchemardait, la barbare, se réveillait en sursaut toutes les heures, les draps trempés de sueurs. Toujours les mêmes hantises, les mêmes tourments qui lui explosaient la binette. Les reviviscences de sa transformation, presque une année déjà qui s'était écoulée. Et les souvenirs imposés de son géniteur la dévorant toute crue enkystés dans sa sale caboche, en boucle et en boucle. La louvette criait à pleins poumons, la pétoche et le chagrin, mais personne ne l'entendait jamais, délaissée dans son tas de ferraille insalubre. Elle était malheureuse comme les pierres, la morveuse, et il lui arrivait encore de pisser au lit à son grand âge. Elle était dégoûtante, la cul-terreuse, et elle priait pour que son grand frère ne l'apprenne jamais, son petit secret honteux. Le salopiot était si cruel envers elle, il ne manquerait pas de se payer sa tronche pour le restant de ses jours.

Alors, elle errait la nuit sur le camp, la sauvageonne, sous les coups de trois heures du matin. Elle vagabondait en petite tenue, un long tee-shirt et des claquettes pleines de bouillasse. Les idées rafraîchies, c'est qu'il faisait encore un peu frisquet à cette époque de l'année. La blondasse se délectait de cette sensation de froid, avec les poils qui se hérissaient au niveau de ses maigrelettes guibolles. Elle avait la tremblote, la bouseuse, mais elle chérissait cette souffrance pour ne plus s'agiter du ciboulot. Sinon, c'était la gnôle qui apaisait ses maux, la mouflette chopinait comme une vieille ivrogne. Puis elle était à sec, la pocharde, les cadavres de bouteilles qu'elle planquait sous la banquette.

La crapule alluma une clope, grelottante. Elle avait piqué celle-ci à son paternel, lui qui laissait traîner tous ses paquets remplis à la vue de ses chiards, avec nonchalance. Il n'était pas dupe, ce vieux loup, il avait deviné que les canailles s'en grillaient une lorsque l'occasion se présentait à eux. La louvette avait une drôle de famille, une qui ne ressemblait à aucune autre. Et c'est qu'elle les aimait de tout son cœur, son père et son demi-frère, à en crever pour leurs jolies trognes. Cette pensée lui arracha une vilaine grimace, leur existence dans ce monde était si casse-gueule, pour tous les trois et pour le restant de la meute. Des loups-garous à la tête de la pègre, ne dirait-on pas le début d'une très mauvaise plaisanterie ? Si la bouseuse n'était pas aussi morose ce soir, elle se bidonnerait comme une idiote.

La gamine discerna la silhouette titubante de son cousin, divaguante au milieu des roulottes. Elle soupira, la blondasse, fatiguée de le voir traîner sa vieille carcasse dans le coin, une énième fois. Elle n'était pas sciée de le trouver dans cet état lamentable, c'était malheureusement la routine pour le fils Fletcher, chaque fois qu'il pénétrait sur le camp. Ce n'était ni la première, ni la dernière fois que son paternel lui cognait dessus comme un bourrin. Hazel se rapprocha du bâtard, par derrière et sans faire de bruit. « J'te préviens, j'vais pas t'plaindre. Ça fait longtemps que t'aurais dû le saigner comme un porc, ton vieux. Et moi aussi, j'ai mes emmerdes. » Qu'elle lâcha, sans agressivité dans le ton de sa voix. Hazel déglutit bruyamment lorsque l'homme se retourna enfin vers elle, avec sa bobine toute cabossée, pleine de sang. Elle retint même un petit cri étouffé dans le fond de sa gorge, la mouflette pourtant peu encline aux élans démonstratifs. « La vache. T'as une sale gueule. » Qu'elle balança, les sourcils froncés. C'était un passage à tabac, le pire dont la sauvageonne avait été témoin jusque-là. « Viens avec moi, j'vais pas t'laisser comme ça, tu fais peur à voir. » Qu'elle lui ordonna avec douceur. « Allez, on s'casse de là. » Qu'elle ajouta, lui emboîtant le pas en direction de sa cabane secrète, perdue dans les bois. Elle hésita à passer un bras sous celui de Malakai, histoire de lui donner un petit coup de main pour se déplacer, mais elle craignait qu'il ne le tolère pas venant d'elle. C'était une bestiole sauvage, son grand cousin, encore plus qu'elle-même.

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Le malaise en traînée de feu sous la carne, il s’était fait une fois de plus violence. Démangeaison généralisée, inconfort le tiraillant de l’intérieur, urticaire du squelette à en perdre la raison, le gosse écrasait les quenottes et ravalait sa salive à la vue de l’immensité sauvage. Spectacle à la fois admiré et redouté. Vaste étendue prometteuse dans laquelle il se perdait pour délier l’âme des poids l’accablant, c’était ici qu’il en héritait. Sous l’abris de ces géants silencieux et immobiles, leur silhouettes longilignes faisaient résonner en écho mortifère la pluie des coups reçus. Vieille habitude prise que d’avoisiner le campement sauvage aux ordres donnés, il n’avait pas d’autre choix le gosse. L’altercation avec son géniteur subie pour éviter à son double de payer le prix fort. Éternelle menace dont il la préservait, mensonge formulé qui ne dupait que lui, elle avait appris à reconnaître sa marque. La progéniture illégitime courbait alors l’échine, les semelles se trainant sur le chaos sylvestre, il regagnait les caravanes dont il s’était arraché dès qu’il en avait eu l’occasion. Proximité insupportable de cette famille reniée depuis toujours, évitée comme la peste depuis qu’il vivait sur Bezoart Street, seul le besoin de la protéger lui faisait les côtoyer. Elle pourtant traîtresse. Elle qui les défendait. Pire même. Elle qui les appréciait. Grognement perclus dans la gargue à cette simple pensée, les phalanges se débarrassèrent du reste de la cibiche, braise ardente se mourant au contact de la fange.

Point besoin de mots entre eux. Il avait vite appris à déceler ses humeurs par l’intensité du dégoût avec lequel il le toisait. Les cadavres vides recouvrant le semblant de devanture de l’habitat de fortune dans lequel il s’échouait quand l’envie lui prenait, quand la liqueur pouvait couler à flot, ça puait. Viscères nouées, le gosse savait qu’il allait salement morfler. L’excuse qui lui avait été donnée de « discuter » ne dupait qu’une éventuelle paire de prunelles curieuses mais certainement pas eux. Les mots ne s’étaient jamais illustrés entre le père et le fils. Seuls ses reproches pleuvant sur la carcasse dictaient les échanges. Impensable d’en demander la justification, suicidaire même. Il l’avait vite compris. Aucune raison n’était jamais donnée. Sa simple existence suffisait. Gamin illégitime. Erreur ambulante. Rappel de ses infidélités, de ses penchants les plus bestiaux. Il était une tâche à ce tableau qu’il s’échinait à redorer. Apparat de façade quand la boue s’immisçait jusque sous ses ongles, dans la fibre des costumes de luxe qu’il s’offrait de façon douteuse et sous les semelles des chaussures souillées et lustrées dans un ballet incessant. Le premier coup était parti. Puis un second avant que la succession ne le fasse ployer. Le souffle se mourrait aux impacts répétés, quelques grognements éprouvés s’arrachant finalement de la gargue qui se délestait du liquide vermeille venu la gêner. Il savait. Il avait appris à déceler les signes. Brève interruption accordée à l’avorton avant qu’une nouvelle salve ne s’abatte sur la carcasse déjà éprouvée. Sa vision perdait en netteté, la gueule partiellement enfouie dans la fange, la face gauche du minois enflée par les coups reçus, la torture sembla prendre brutalement fin. Simple crachat reçu, il perçu au loin le claquement métallique de l’huis se refermant derrière lui.
Combien de temps était-il resté là, entre conscience et apathie ? Assez pour que le liquide vermeille ne s’assèche, que le froid vienne lui mordre la carcasse. Dans une succession de protestations sonores, l’enveloppe parvint non sans mal à se redresser. Il faisait pâle figure, le minois partiellement éprouvé, la bouche aux teintes vermeille et la respiration douloureuse.

Condamné à s’extraire des bois par ses propres moyens, incapable de transplaner, la progression se faisait lente et pénible. Cibiche venue se loger en renfort entre les labres fendues, chaque bouffée lui arrachait une grimace, le goût ferreux teintant la douceur du nuage opaque recraché. Il était trop occupé pour l’entendre arrivée. Sursaut lui arrachant un grognement, il ne manquait plus que ça ! Croiser l’un d’entre eux… Aucun mot ne s’extirpant des lippes, le gosse lui accorda à peine un regard. « Tu t’es vue ? » Réplique presque trop facile et pourtant mécanique avec elle. La sauvageonne avait la langue bien pendue. Rudesse sur le palais qu’il lui rendait bien. Une des rares avec laquelle le filtre de la politesse mué en agression latente ne s’appliquait pas. Elle était peut-être louve, cousine et fille d’Asher Greyback, Hazel brillait par sa singularité. Princesse de la forêt. Funambule que rien ne semblait à même d’effrayer, elle avait le cuir dur la demoiselle. Sobriquet dont il se gardait bien de l’affubler pour ne pas tester la force de son crochet, s’il pouvait éviter de recevoir des coups d’un nouveau membre de sa famille ça l’arrangeait. La gosse était tout aussi sauvage que lui. Farouche créature à l’instinct de survie divergeant, il avait appris à tolérer sa présence. D’instinct, un soupir s’arracha aux lippes meurtries avant que le squelette ne le rappelle à l’ordre. Phalanges s’enfonçant un peu plus contre les côtes lésées, le minois se tordit d’inconfort, le souffle se mourant dans la carcasse aux affres le tiraillant. Il allait avoir du mal à s’en remettre de celle-ci, la simple perspective d’essuyer les remarque d’Ollie et Monsieur Lestrange l’éreintant déjà. Fuite prise pour s’enfoncer dans l’immensité verte, le gosse était pas en mesure de protester. Vieille habitude prise que de l’autoriser à panser quelques plaies, aucun espoir ne vivotait toutefois dans l’abîme qu’elle puisse l’extraire des maux hérités du paternel. Après tout, il n’existait pas de sort pour ressouder les os, si ? Ignorance si farouchement entretenue de ce monde qu’il s’échinait à rejeter, les labres continuaient de prélever sa dose de poison opaque de la cibiche. Souffle douloureux aux relents ferreux et pourtant si salvateur, les herbes magiques lénifiant progressivement la rage sourde en morsure de l’âme. « Qu’est-ce tu fous debout à une heure pareille toi ? » Lâcha-t-il enfin, les semelles butant péniblement ça et là contre le relief sylvestre, trop fier pour admettre lutter contre les vagues assaillant sa carcasse. « T’vas pas choper la crève ? A moins que le loup te rend plus résistante ? » Nouvelle démonstration criante de son ignorance en la matière. Seule la méfiance viscérale persistait, aucun savoir retenu des cours traitant de la lycanthropie. Après tout, pourquoi ça l’aurait intéressé, lui le gamin obsédé par l’idée de regagner Londres dès la majorité acquise. Rêve transformé en utopie amère. Bientôt une décade passée dans la fange à côtoyer ceux qu’il avait voulu fuir dès les premiers instants, ceux qu’il n’avait pas abandonné pour elle, pour ne pas le provoquer lui.

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C'est qu'il osait encore l'ouvrir, le fils bâtard, avec sa gueule toute cabossée de partout. C'était peut-être de l'ironie venant de lui, ou alors était-il complètement à côté de la plaque ? Sa sale trogne était à peine reconnaissable, avec tout ce sang et ces boursouflures. « J'ai pas eu l'temps d'me brosser, c'tout. » Qu'elle ronchonna en aplatissant sa tignasse blonde avec ses mains glacées. La môme était toute ébouriffée mais elle n'était pas défigurée comme son grand cousin. Elle était très blessée par sa remarque, susceptible comme elle pouvait l'être parfois. La morveuse savait qu'elle n'était pas belle et que ça ne se bousculait pas au portillon. Elle ne plaisait à personne. Malakai, lui, il était joli comme un cœur lorsqu'il n'était pas massacré par son vieux. La louvette détestait le voir comme cela, tout fracassé. « Pourquoi t'laisses cogner comme ça ? T'sais pas rendre les coups, Kai ? » Qu'elle le piqua sans méchanceté, juste pour le faire réagir. La sauvageonne ne comprenait pas son inertie face à cette situation, elle qui ne rêvait que de venger ses cousins et de crever leur paternel de ses propres crocs. Malakai n'avait qu'un seul mot à dire et elle fonçait tête baissée à l'autre bout du camp, sans réfléchir. La blondasse se fichait pas mal de ne pas faire le poids face au Fletcher et de risquer sa peau, elle était inconsciente face au danger. « Ils sont pas tous comme ça, t'sais. Mon vieux y m'tape pas d'ssus, même quand j'ai mérité ma torgnole. » Qu'elle déballa en soupirant longuement. Hazel avait eu plus de chance que l'autre crapule et elle ne le réalisait que trop bien. Asher Greyback était un bon père et jamais il n'avait tabassé ses gosses. Pourtant, Fenrir et Hazel étaient loin d'être des enfants de cœur, avec leurs museaux toujours fourrés dans les mauvais coups. Les gosses le rendaient chèvre mais il les aimait à la folie. « J'sais qu'tu l'aimes pas beaucoup mais y pourrait t'aider, Asher... » Qu'elle chuchota avec la sensation de marcher sur des œufs. La môme était prudente dans ses paroles mais elle savait pertinemment qu'elle n'allait pas tarder à se faire envoyer sur les roses. « De quoi j'me mêle, hein ? » Qu'elle devança son grand cousin avant qu'il ne la casse avec toute sa froideur. La sauvageonne voulait bien faire, simplement l'aider même s'il ne lui avait rien demandé. Elle ne pouvait pas s'en empêcher, la sale morveuse, de lui rappeler qu'elle était encore et toujours là, y compris au bout de toutes ces années de maltraitance. Il n'était pas trop tard pour elle et elle ne craignait pas de se faire rembarrer en le lui rabâchant. La barbare en avait vu d'autres.

L'homme était curieux, ou alors détournait-il simplement l'attention de sa petite cousine. Il n'empêche que la mouflette ne savait pas quoi lui répondre sans paraître désespérée. Elle ne voulait pas passer pour une petite chose fragile et vulnérable, elle qui détestait qu'on la prenne en pitié. « J'aime r'garder les étoile quand y fait tout noir, j'suis férue d'astronomie. » Qu'elle lui répondit avec une pointe de sarcasme. Ce n'était pas drôle et l'adolescente ricana faussement. « Cauch'mars. » Qu'elle lui avoua en croisant les bras sur sa poitrine. Malakai la connaissait depuis petiote et elle n'avait pas de raison de lui raconter des bobards. « Si j'chope la mort, ce s'ra le cadet d'mes soucis. » Qu'elle le rassura en lui souriant timidement. À cet instant précis, il ressemblait un petit peu à sa sœur, Olivia, lorsqu'elle ne pouvait s'empêcher de couver sa cousine comme une jeune enfant. Elle en faisait toujours des caisses et il arrivait parfois que les deux femmes se disputaillent à ce sujet. Elles se comportaient l'une avec l'autre comme des sœurs. Avec Malakai, c'était différent. Le garçon avait toujours été si farouche. Il avait fallu beaucoup de temps à la cul-terreuse pour parvenir à l'amadouer. « Non, pas vraiment plus résistante. Mais garde-le pour toi, c'mieux pour tout l'monde. » Qu'elle lui expliqua d'une voix grave. La blondasse détestait parler de sa lycanthropie.

La péquenaude marchait devant son cousin, lui qui traînait de la patte quelques mètres plus loin. Elle l'entendait agoniser derrière elle-même, et ce malgré qu'elle ralentissait le pas. Lasse de l'écouter rendre l'âme, Hazel finit par faire demi-tour pour le rejoindre. « Donne-moi la main. » Qu'elle lui ordonna d'une voix douce. Sans le prévenir, elle se téléporta jusqu'à sa jolie petite cabane secrète, celle-ci localisée en plein cœur du bois. « Si tu gerbes, c'est par-d'ssus. » Qu'elle l'avertit en pointant du doigt le vide. Hazel était une sorcière douée, la plus fute-fute de sa famille de dégénérés. C'était à peine si son taré de frère savait comment utiliser une baguette magique. « C'est l'moment d'serrer fort les dents, ça va piquer. » Qu'elle murmura en s'approchant de son visage avec une grosse seringue. Où est-ce qu'elle avait bien pu chourrer ça ? Cela n'avait pas la moindre importance, il y avait urgence avec son œil gauche, celui qui menaçait à tout moment de quitter son orbite. Aucun doute sur la question, il fallait drainer la poche de sang accumulé derrière l’œil. « Pas bouger. » Qu'elle exigea d'un ton très sérieux avant d'enfoncer son aiguille dans la cavité postérieure. La mioche aspira le liquide dans la seringue avant de la retirer entièrement de l'œil de son cousin. « T'y vois mieux, maint'nant ? » Qu'elle lui demanda en agitant la piquouse dans les airs. La gamine était habile de ses doigts tous fins. « GLACIUS » Qu'elle prononça après avoir sorti sa baguette magique d'on ne sait où sous son tee-shirt. La gosse avait ses petites planques, elle n'était pas aussi stupide pour sortir en pleine nuit sans protection. Du bout de son focus, un bloc de glace apparut pour recouvrir la partie gauche du visage de Malakai. Il fallait que ça dégonfle maintenant. « Y'a des clopes et y'a d'la gnôle par là. Tu t'sers comme un grand, ça m'fait plaisir. J'ai pas encore fini, ça va prendre un peu d'temps. » Qu'elle lui révéla avec sincérité. C'est qu'il était sacrément amoché, le fils Fletcher. Et il y avait toutes ces blessures, partout sur son corps abîmé et meurtri.



Nb : le visuel de la cabane secrète qui a été construite avec l'aide de Gabriel

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Ajout de TW : mention de vomissements, consommation de tabac et gestes médicaux invasifs (seringue)

L’humeur s’était assombrie à mesure des coups pleuvant sur la carcasse. Habitude en excuse pour encaisser, pour serrer les dents sans morfler et attendre que ça passe. Son seul objectif en tête, le daron en jouait d’une cruauté repoussant inlassablement les limites de la décence. Était-il seulement doté de pareil attribut ? L’en avait-on un jour gratifié ? Le perpétuel questionnement roulait dans la caboche, accroche mentale pour ne pas sombrer, pour continuer d’avancer sans manquer de faillir. Transplanage impossible. Seule la marche s’érigeait en solution. Au moins y trouvait-il l’avantage de l’air frais revigorant, atténuant par bourrasques le feu répandu en morsures traîtresses sur l’enveloppe éprouvée. Une distraction de courte durée quand la voix devenue bien trop tristement familière de sa cousine s’éleva dans l’échine. Surprise en secousse de la silhouette, l’éclair de douleur franchit les lippes malmenées, sifflant son attaque en réponse devenue instinct de survie dans ces bois. Heureusement que c’était la tête blonde qu’il y croisait. Une autre âme l’aurait vu tenter un arrachement magique, risquant jusqu’au désartibulement pour ne pas subir pareille rencontre fortuite et déplaisante. Comme quoi, il y avait bien pire que d’essuyer les coups du paternel…

Justification dont il se moquait bien en retour, les ambres se refusaient à détourner leur attention sur sa silhouette. Non pas pas désintérêt pour la funambule sylvestre mais bien pour la priver d’une contemplation plus détaillée du masque ravagé par la rage paternelle. Si la tentative de contrôle s’avérait vaine, la fierté maladive ne semblait pas connaître de limites, persévérant dans la tentative de distraction de son état. Un nouveau souffle résigné franchit les lippes fendues, le nuage opaque nocif lui échappant, grimace en compagne silencieuse des os lésés du squelette. « Pour protéger Ollie… » Pas besoin d’en dire plus. Trois petits mots en seule explication de son inaction. Pourquoi s’épancher à en dire plus ? Pourquoi lui confier cette haine viscérale de la violence, ce besoin maladif de protéger son autre même si cela devait lui coûter son existence ? Le gamin s’y refusait. Besoin féroce d’un contrôle l’éludant en pied de nez insolent. Il s’emmurait dans le silence, rejetant les mains tendues offertes par pitié. Impensable de refourguer son fardeau à quiconque, impensable d’admettre s’y épuiser un peu plus à chaque abus subi. Une seule mission lui avait été attribuée par sa génitrice : protéger son double. Il y avait failli une fois, pas deux. Ainsi, l’entendre évoquer le loup crispa le squelette dans cette crainte que le cousin lui soulevait. Figure masculine intimidante, imposante et à l’autorité en toute puissance, le gosse courbait l’échine, acquiesçait sans jamais broncher pour toujours trouver moyen de se dérober de son attention. Son intérêt envers Olivia s’avérait suffisamment irritant pour aggraver la situation en s’ajoutant par inattention dans le lot. Les discours réconfortants à son égard n’avaient donc de cesse de glisser sur sa carcasse, carapace farouchement dressée, méfiance à l’encontre du sexe masculin inscrite dans l’ADN, ça n’était pas la louve qui le ferait changer d’avis. « Ouai ! » Rétorqué dans un grognement à la rhétorique lâchée, conscience formulée de l’inutilité de ses propos. « C’pas parce que ton daron est cool avec toi qu’il l’est avec les autres… » Excuse toute trouvée pour justifier la défiance clairement affichée envers cette famille héritée qu’il s’échinait à perpétuellement fuir.

Énième claquage de la langue en guise de défense pour la gamine, il s’en formalisait guère, plus intéressé par ses chances de croiser un autre Greyback que les réelles occupations de la cousine. Toutefois, à l’aveu lâché, à la reconnaissance de sa sincérité, un élan de compassion réchauffa l’abîme. L’extérieur avait beau s’afficher froid, le gosse avait fini par cultiver une certaine affection pour sa cousine, rare âme dans cette famille héritée à s’afficher en point de repère, en rayon de douceur. Pas un mot extirpé de l’étau de la gargue, la maladresse trop souvent éprise du palais pour savoir souffler quelques paroles compatissantes, il se faisait silence. Compréhension passive face à l’affre qu’ils partageaient tous deux, la laissant poursuivre. « A qui j’irai le répéter ? » Asher ? Fenrir ? Les autres loups de leur meute ou membres de la famille étendue Greyback ? Bonne blague ouai… Âmes qu’il s’échinait à fuir comme la peste, cafter semblait ainsi s’afficher en éventualité grotesque pour ce solitaire volontaire. Les commérages ne figuraient ainsi jamais sur la liste des priorités, contrairement au besoin de faire passer les salves douloureuses l’assaillant bien souvent après les rencontres agitées avec le géniteur. Tâche dans laquelle la louve semblait déterminée à l’aider, regagnant sa carcasse traînante contre le chaos sylvestre. La mélopée douce empruntée ne dupait guère le gamin, les muscles crispés à la simple perspective d’un arrachement magique lui étant insupportable.

Sans même que l’accord ne soit clairement formulé, la silhouette fut happée, propulsée à une vitesse pharamineuse, malmenant les tissus déjà fragilisés avant que les semelles ne percutent le sol. « Ar son fuck… » Injure si aisément lâchée dans l’idiome devenue habitude des lippes, le malaise gagnait ses entrailles, emprisonnait sa caboche d’une fébrilité déconcertante. « Hazel ! Tu fais chier… »  Il ne suffit de guère plus que son indication pour que le gosse ne se précipite contre la balustrade pour rendre le contenu des tripes dans le vide. Spasmes secouant le squelette dans son entièreté, les éclairs de douleur tailladant sa raison, un simple souffle s’arracha aux lippes avant que le myocarde ne se crispe. Bien qu’habitué des soins prodigués par la jeune louve, la vision de son instrument fit blêmir le Fletcher. Appréhension tordant les boyaux, le squelette demeura immobile en dépit de la violente affliction venue lui enflammer le crâne. Pression intense presqu’aussitôt apaisée, il sentait la chaleur s’échapper de chacun de ses pores. Une chape glaciale s’abattant contre la charpente avant qu’elle ne vienne appliquer un sortilège contre le minois fracassé, les guiboles chancelantes prirent le chemin indiqué. « Laisse moi deux secondes, ok ? » A peine soufflé tant le choc se faisait encore difficile à surmonter, les griffes maintenaient leur ferme ancrage dans la rambarde de la cabane, écartelé entre le besoin salvateur du poison à inhalé et le malaise des tripes fragilisées. Il fallut guère plus d’un pas chancelant pour que la sentence ne s’applique en cruelle rappel du traumatisme vécu. Le teint livide après ce second déversement des viscères contre le parterre mousseux en contrebas, les griffes s’accrochaient avec désespoir aux parois du nid perché, regagnant à grandes peines les cylindres empoisonnés. Silhouette échouée dans une des assises, la cibiche logée entre les lippes, il en extirpa une profonde bouffée salvatrice. « J’comptais rentrer chez moi et m’assommer de calmants alors attends un peu… J’suis pas prêt là… » Qu’elle le laisse au moins s’encrasser les poumons en paix l’espace de quelques minutes. Les côtes fêlées et lésions multiples pouvaient encore bien attendre quelques minutes. « Qu’est-ce que tu comptes m’faire après… » Curiosité morbide. Pas vraiment l’envie de savoir et pourtant… S’il fallait serrer les crocs pendant encore un temps, autant être prévenu de la torture à suivre.

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Hazel n'avait jamais oublié le marmot Fletcher, lui qui était déjà si bizarre à l'époque où ils se retrouvaient tous autour de la table pour partager un moment en famille. Elle était haute comme trois pommes et lui était déjà un jeune adolescent mais elle se souvenait de son étrangeté. Le bâtard n'était pas enfant comme tous les autres, il avait ses bizarreries et on sentait pas bien qu'il ne tournait pas très rond. Maintes fois, la morveuse avait dévisagé son grand cousin depuis les genoux de son papa. Avec son minuscule pouce dans la bouche, la mouflette avait scruté ses moindres faits et gestes de Malakai, sans la moindre once de retenue. C'est que les mômes ne font pas semblant de ne pas voir, ils observent le monde qui les entoure avec leurs yeux grands comme des billes. Ils n'y voient pas le mal et il n'y en avait aucun de la part de la blondinette. Elle voulait comprendre ce qui n'allait pas chez lui, pourquoi il ne jouait pas avec les autres enfants de son âge. Pour la gamine, ce n'était pas pareil. Elle était scotchée à son paternel parce qu'elle était sans cesse rejetée par son demi-frère et ses cousins dans les jeux. Jugée trop petite pour faire partie de la bande, la mioche passait ses soirées entières dans les bras de son père, à écouter les discussions des adultes et à observer le fils Fletcher. Quelques rares fois, elle croisait son regard farouche et elle se pressait aussitôt contre le torse de son géniteur pour se rassurer. Pour la jeune enfant, son cousin était vraiment un drôle de zigoto, lui qui ne parlait pas et ne regardait pas les gens en face. Pendant de longues années, elle avait ressenti une certaine crainte à son égard, voire même de la peur. C'est que les enfants ressentent toujours la différence.

Aujourd'hui, les deux cousins étaient devenus des adultes et leur relation avait bien changé. Pour qu'ils se retrouvent ce soir-là dans la cabane de la sauvageonne, il leur avait fallu beaucoup de temps et de patience, que ce soit d'un côté comme de l'autre. Néanmoins, le bâtard repoussa violemment Hazel lorsque celle-ci tenta de lui apporter son aide dans toute cette situation. La morveuse s'y attendait et elle ne broncha pas lorsqu'il employa ce ton si froid et si cassant à son encontre. Elle avait été trop brutale et elle se doutait bien que ça ne marcherait pas. Mais elle n'avait pas pu s'empêcher d'essayer, encore une fois. Mêle-toi de ton cul, idiote. La louvette avait tant de choses à redire, à protester face aux affaires Fletcher que ça lui brûlait les lèvres. C'est que les justifications de Malakai étaient si foireuses, la crapule fourmillait d'idées pour crever le vieux et sauver ses cousins. C'est vrai qu'elle préférait la fille, Olivia, parce qu'elles étaient beaucoup plus proches mais elle tenait aussi au garçon. « J'ai pigé, va. J'la ferme et j'te parle plus d'lui. » Qu'elle ronchonna en fronçant les sourcils. C'est qu'il était en plus de mauvaise foi, Malakai, et son père à elle était tout sauf un mauvais bougre. La blondasse n'insista pas plus que ça, de peur que toute cette histoire ne finisse en eau de boudin. Les bouseux avaient aussi mauvais caractère l'un que l'autre et ce n'est pas du tout ce qu'elle désirait.

Le fils Fletcher avait dégobillé ses tripes à l'atterrissage et il ne manqua pas de pester contre sa cousine. Mais la concernée savait pertinemment qu'il n'aurait jamais pu grimper jusqu'en haut de l'arbre dans son état, même s'il refusait de l'admettre, et elle garda le silence face à ses protestations. C'était chose faite et il était maintenant trop tard pour revenir en arrière. La cul-terreuse grimaça en l'observant se tordre de douleur. Elle se retint de toutes ses forces afin de ne pas l'ouvrir encore à propos de ce bourreau qui lui servait de géniteur. Aussi, elle réalisa silencieusement les premiers soins au niveau de son œil gauche. La sale mioche savait être délicate de ses mains graciles. « Arrête tes conn'ries, t'es pas en état d'rentrer pour l'instant. » Qu'elle le sermonna alors qu'il gerbait à nouveau par-dessus la palissade. La blondasse extirpa à son tour une clope du paquet qui traînait par-là et l'alluma avec nervosité. « C'ton visage le problème. Ton arcade là, faut la r'coudre et j'sais pas l'faire avec ma baguette. Ça s'ra à l'ancienne, comme pour l'menton. » Qu'elle commença à lui énumérer les soins les uns après les autres. La sauvageonne ne voulait pas l'effrayer mais la liste était encore longue. « Après, faudra qu'tu désapes pour que j'vois ton torse. » Qu'elle le prévint à l'avance. Ce n'était absolument pas négociable et elle préférait lui laisser le temps de se faire à l'idée. « Et j'désinfecterai toutes tes plaies là, partout, partout... Tu vas t'choper un sale truc, sinon. » Qu'elle acheva avec un petit sourire compatissant. La crapule tira une longue bouffée sur la cibiche puis elle le fixa de ses grands yeux clairs.

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Ajout de TW : mention de vomissements, consommation de tabac et gestes médicaux invasifs (seringue)

Une fois de plus la réalité avait durement cogné contre le squelette. Violence abattue sans la moindre hésitation, il en héritait une fois de plus des conséquences. L’habitude n’atténuant pas les affres, n’amenuisant pas l’impact sur la psyché. Pourtant le gosse gardait les tourments lui ravageant l’abîme férocement logés dans la gargue. Pas un mot ne s’en échappait, pas quand c’était pour livrer ce qui le rongeait, ce qui le bouffait littéralement de l’intérieur depuis bien des laps. Il encaissait sans broncher. Jamais un geste dans sa direction. D’autres fous osaient. D’autres s’investissaient du devoir saugrenu de lui venir en aide. Causes perdues à l’affection non réciproque. Ces figures qui se fantasmaient paternelles. Ceux-là même qu’il s’échinait encore et encore à repousser dans une perpétuelle quête d’indépendance illusoire. Il en rêvait le gamin. De cette auto-suffisance. De cette force pourtant vacillante. Flamme peinant à demeurer dans les entrailles, simplement alimentée par la présence de son ‘double’, de celle pour qui il était prêt à tout sacrifier si ça l’éloignait de ses poings. Il avait donc subi. Une fois de plus. Une parmi tant d’autres et de nombreuses à venir. A quoi bon lutter quand la moindre résistance ne ferait qu’attiser le brasier de sa haine ?

Seule sa présence à //elle// n’était pas inscrite au programme. Gamine aussi paumée que lui. A sa manière. A cette façon qu’avaient les impurs comme eux. Rebuts d’une société qu’il s’échinait à fuir, qu’il répudiait durement quand il n’aspirait qu’à la simplicité, le retour à un univers où son nom ne signifiait rien pour personne. Fletcher en marque indélébile. Greyback en honte identique pour elle aux yeux de la société puriste. Elle louve. Elle femme. Triple fardeau. Cousine héritée. Une de plus à éviter. Une de plus dont il était bon de se méfier. Pourtant, la gosse avait réussi à se grappiller une place à ses côtés. Confiance encore ponctuée de doutes, force était de constater qu’elle avait su progressivement l’apprivoiser. Après tout, ils avaient évolué dans un environnement similaire. La dureté du quotidien, les jugements hâtifs sans qu’une chance ne leur soit accordée… Adversité face à laquelle ils réagissaient à leur façon. Elle fougueuse, la bouche enduite de rudesse. Lui craintif préférant fuir toute forme de confrontation. Ils n’avaient pas pris pour habitude de laisser le miel couler dans leurs échanges. Franchise violente, le gamin abandonnait sa chronique politesse avec elle. A quoi bon quand la Greyback ne lui faisait aucun cadeau ? Quand seule la vérité importait, démunie de ses fioritures exaspérantes. Elle méritait son honnêteté.

Bien vite rattrapé par sa bonté source de surprise pour l’éternel solitaire, l’enveloppe s’arracha à sa suite dans une détonation redoutée. Voyage peu habituel, toujours synonyme de nausées pour le gosse, les entrailles se contractèrent douloureusement, expulsant les faibles victuailles cumulées. Protestations usuelles. Refrain devenu habitude tant le déplacement magique se mariait peu avec son être. Il était pris au piège. Ses soins accueillis à contre coeur, sans qu’un réel  avis ne puisse être formulé bien qu’il n’aurait pas été écouté par la sauvageonne, les molaires furent prises d’une violente étreinte. Les masséters crispés, le Fletcher demeurait conciliant. Le souffle retenu aux sensations lui électrisant le squelette, les labres expulsèrent enfin le poids venu écraser le squelette, trouvant confort dans une des cibiches présentes. Si le cylindre au contact du velours vermeille fendu exacerbait ses maux, le délice de la nicotine lui apaisait l’âme. Besoin inscrit dans la chair, obsession accordée quand l’ivresse des liquides était si férocement répudiée, il en extirpait le poison avec dévotion. « Maintenant je risque plus ouai… » Regret étreignant l’âme, le Fletcher était coincé. Impossible de redescendre maintenant qu’il était perché si haut. Impossible de transplaner pour lui qui n’avait jamais vraiment appris la discipline ardue. Il se devrait d’encaisser.

Aux actes détaillés par la gamine, les labres s’avortèrent d’un profond soupir las. « Génial… » Le minois laissant le dépit se dépeindre sur les traits du masque, une nouvelle prise du poison avant que les mots ne s’échappent à nouveau. « Moi qui te pensais forte en sortilèges de soins. » Ironie. Lui le réfractaire à la magie. Lui se refusant à l’utiliser dès que l’occasion se présentait, il se surprenait à regretter son ignorance en la matière. « Falbh ‘s tarraing… » Fais chier… Grogné en protestation d’usage. Mégot délaissé dans son cimetière de grès, si la caboche peinait à préparer l’enveloppe aux actes à venir, le besoin d’en finir dicta pourtant les mots lâché. « Vas-y… » Puisque j’ai pas le choix. L’échine redressée, prêt à endurer les nombreux traitements, les griffes s’enroulèrent toutefois autour du poignet gracile de la gamine avant qu’elle n’entame les soins. « Pas un mot à Ollie par contre ! » Avertissement nullement voilé, le besoin prépondérant d’en conserver le secret pour ne pas essuyer de nouvelles remontrances de son autre.

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Le garçon n'était pas facile. Il avait un caractère de cochon et il parlait toujours mal. La morveuse ne disait rien à ça, elle l'acceptait comme il était. Et parce qu'elle n'était pas facile, elle non plus. La louvette avait tout du sauvage et elle était en proie à des folles colères. Elle n'était pas normale dans sa tête. T'es maboule, Greyback. Alors, elle était mal placée pour juger qui que ce soit. La gamine n'oubliait pas qu'elle était si repoussante pour tous ces autres. À Poudlard, elle avait subi les railleries de ses camarades. Elle était la risée du Château et ça lui restait en travers de la gorge. La môme était encore piteuse tant elle avait morflé là-bas. Elle n'avait pas mérité tout ça, c'était même pas une méchante fille. Elle n'avait rien fait à tous ces gosses et ça ne cesserait donc jamais. Maintenant, elle était confinée sur le camp des barbares. C'était son chez-elle et la blondasse ne se sentait bien qu'ici, avec sa famille et la meute. Si elle mettait un seul pied dehors, elle se faisait insulter par les bons sorciers. C'était pas marrant alors la cul-terreuse ne bougeait pas de là. Finalement, c'était pas si terrible que ça. La sauvageonne était dans sa bulle à elle. Mais c'était terrible pour son grand cousin, lui qui ne se sentait jamais bien nulle part. Puis Malakai avait toujours l'air de souffrir et ça les faisait tous fuir. Personne ne voulait partager son malheur et c'était peut-être même contagieux ? On sait pas vraiment alors ils se tiennent loin de l'animal. On reste toujours loin de Greyback et de Fletcher parce que ce ne sont que des sales bêtes.

La môme l'avait coincé par là. Le bâtard Fletcher ne pouvait plus bouger et c'était très bien comme cela. Il avait vraiment besoin de tous ces soins et il ne s'arrêtait plus de rager. La crapule ignorait ses objections puisqu'elle savait pourquoi elle faisait tout ça. C'était pour son bien à lui alors elle ne lâchait rien. Le garçon était tombé dans son piège et elle n'était pas peu fière d'elle-même. « Arrête ton char ! » Qu'elle répliqua d'une voix sèche. Malakai semblait si mal à l'aise tout là-haut, dans sa cabane secrète. Il pestait contre sa cousine et la faisait passer pour une sale tortionnaire. « T'es mieux ici qu'ailleurs. Tu s'rais allé où avec une dégaine pareille, hein ? » Qu'elle lui rentra dedans avec agressivité. C'était pas méchant de sa part mais ça pouvait surprendre. Pas lui, il la connaissait par cœur depuis toutes ces années. Alors, le garçon fumait sa clope et lui balançait encore des piques. « Sois pas un connard. » Qu'elle lui lança tout bas en farfouillant dans son barda. La gamine finit par retrouver son set de suture, celui qu'elle avait honteusement volé aux moldus sur son lieu de travail. C'est qu'il y avait toujours de vilaines blessures avec les bûcherons. Alors, la môme se rapprocha de lui puis elle désinfecta son visage à l'aide de sa baguette magique. Un petit sortilège de rien du tout pour elle. Hazel n'était pas une grosse nulle. « Tu t'fous de moi, Kai' ? » Qu'elle le confronta coléreusement lorsqu'il lui saisit le bras pour l'avertir. Cela ressemblait à une menace et la gamine n'aimait pas ça du tout. « Tu m'connais maint'nant, j'ouvre pas ma gueule pour rien dire. » Qu'elle lui rappela en fronçant les sourcils. Décidément, le gosse ne donnait pas sa confiance facilement.

La mouflette était vexée et lui planta l'aiguille dans son arcade ensanglantée. Elle n'épargna pas le garçon dans chacun de ses gestes parce qu'il s'était si mal comporté avec elle. Il avait douté de la louvette et elle était tant blessée par ses propos. Alors, elle le recousit en quelques dizaines de secondes seulement, sans même lui laisser le temps de reprendre son souffle. Une fois que c'était fini, la morveuse pressa sa main sur la plaie. C'était cracra mais ça calmait l'intense douleur. La blessure était à vif et ça douillait pour le jeune Malakai. « Pourquoi t'es comme ça, hein ? » Qu'elle l'interrogea en s'allumant une clope à son tour. La pucelle avait mérité une pause avant d'enchaîner avec le menton. Elle s'éloigna du fils indigne et lui tourna le dos, elle qui était si fâchée contre sa personne. « C'est parce que tu t'fais cogner d'ssus ? Tu vois l'mal partout, maint'nant ? » Qu'elle tenta de le comprendre. La môme avait mérité sa confiance ainsi que son respect. Elle avait toujours été réglo et elle détestait qu'il se méfie d'elle.

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Ajout de TW : consommation de tabac et gestes médicaux invasifs (points de suture)

Perché trop haut pour être à même de regagner le chaos sylvestre sans risquer d’aggraver ses maux, le gosse pestait. Vulgaire pantin entre les griffes de cette cousine un peu trop zélée, il était pris au piège. Prompt à la fuite pour s’extirper des confrontations, cette fois-ci on ne lui avait point offert le choix. Il payait ces années loin du château, ce rejet maladif des particules magiques glissant avec aise dans la sève. Un autre n’aurait eu qu’à sortir sa baguette pour s’arracher de pareille déconvenue mais pas lui. Quelques lézardes marquant encore le derme ambré aux tentatives infructueuses de transplanage témoignaient de son inaptitude. Pas fait pour lui. Trauma qui ne daignait scander son nom, il s’affichait indépendant de l’instrument magique. Gamin paumé entre deux mondes sans appartenir à aucun, il s’échinait à repousser les mains tendues. Ses vieux démons hantaient la caboche, éloignaient l’âme en perdition de ses comparses, les rappels incessants d’un passé trouble miroitaient sous les contours imposants du géniteur. La violence en ultime langage, conversation à sens unique dont il essuyait sans broncher les salves, il vacillait dans un brouillard permanent. Conscience voilée, perdue dans les eaux troubles de ses humeurs fluctuantes écartelant la raison entre euphorie et apitoiement, une normalité aux yeux de celui qui n’avait point de repères.

La langue n’hésitait pas à claquer. Quand face à des tiers il s’illustrait en politesses et ronds de jambes aux accents parfois insultes déguisées, sa cousine bénéficiait d’un traitement de faveur. Honnêteté brutale. Rudesse sur le palais trébuchant avec aise de la gargue. Une authenticité que peu pouvaient se targuer de récolter. La Greyback n’était pas de ces xyloglottes abjectes, elle brillait d’un parler brut. La franchise récoltée, le gamin ne craignait de l’assaillir du tumulte de ses ressentis. « Chez moi… » Rétorqué sans que l’ombre d’un doute ne pointe dans l’encéphale. L’évidence de sa dépréciation de la gravité des tourments récoltés par la carcasse brillait à ses mots. Sale réflexe. Récalcitrant à afficher ses maux, à soigner les lésions de la carne sous prétexte d’habitude, l’avaloir s’avortait de protestations sourdes au murmure de la benjamine. ‘Connard. Apostrophe dont il se faisait souvent alpaguer. Pique glissant contre le cuir. Qualificatif devenu mélodie familière, l’abîme ne s’en était jamais froissé. Il avait pas la douceur en qualité le Fletcher. Valse éternelle entre retenue et cruauté, il demeurait dans un continuel entre deux au gré des humeurs. L’exaltation lui exacerbant l’acide sur la langue tandis que la brûlure de la nicotine s’extirpait dans un souffle des alvéoles. « C’est déjà mieux que perché en hauteur comme un piaf… » Grommelé pour toutes protestations, le cierge avortait sa fraise dans un grattement contre le bois avant de récolter ses nouveaux traitements.

Un simple avertissement soufflé. Les ambres ascardamyctes plongées dans son océan, la menace scintillait au fond des perles. « Oui mais j’te connais avec Ollie. » J’sais que tu la préfères. Amertume en poison au fond des viscères, les griffes relâchaient l’étreinte autour de la fragile articulation. « Elle va te faire les yeux doux pour que tu craches le morceau. » Cette peste. Intime connaissance des techniques de son autre pour obtenir gain de cause, sa fâcheuse manie à fourrer son museau de rongeur là où elle n’était pas la bienvenue, il redoutait déjà l’abattement de ses foudres. Sans l’ombre d’une cérémonie, la louvette s’appliqua une fois de plus à la tâche. C’était qu’à défaut d’avoir chiadé certains des sortilèges de soins, elle s’était acoquinée de techniques plus rudimentaires. Simplicité intimement appréciée bien que l’usage de la magie revêtait d’une rapidité d’exécution moins douloureuse, jamais les labres ne s’avorteraient de pareilles confessions. Lui le réfractaire à son usage. Lui le gamin échoué dans ce monde qu’il rejetait durement. Lui qui n’aspirait qu’à sa tranquillité bien loin de toutes leurs considérations de pureté de l’ichor. Les grondements sourds avaient alors roulés dans l’abîme. Sinistre mélodie à son oeuvre où la douceur manquait cruellement au geste. Acte de vengeance ? Grand bien lui fasse.

Vague grimace portée par le masque, les phalanges partaient en quête d’un nouveau cierge comme pour apaiser l’humeur, par besoin vital du poison en bouffée tiède dans la carcasse. « Qu’est-ce que j’en sais moi ? » Le timbre se faisait rauque grommellement. Ses questionnements heurtant le voile d’un déni, d’une préservation maladive des non-dits. C’était plus simple comme ça. Réponse sans sens. Aucunes justifications ne s’illuminaient dans les abysses de la conscience. « Pourquoi toi t’es comme ça ? » Ricochet aisé. Excuse toute trouvée pour renvoyer la balle quand il bottait en touche. « Tu t’fais pas tabasser par ton daron mais t’es toute aussi farouche que moi. » La même crainte des autres, de ceux qui ne partageaient pas leur vécu, n’appartenaient pas à ce cercle des excommuniés. Ils pouvaient pas comprendre. Ils avaient choisi de s’y échouer avant de l’abreuver de leurs grands discours. « Et viens pas m’sortir l’excuse de « J’suis une Greyback » parce que ta cousine c’est pas la même tisane. » Mention indirecte de celle avec laquelle il la savait en froid. Tensions dont il n’avait jamais compris la source, dont il se foutait bien en toute honnêteté, préférant amplement se tenir éloigné des histoires de cette famille à laquelle il estimait ne point appartenir. « Puis Greyback et Fletcher c’est la même merde… »

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