temporalité du rp : Juin, 1955
personnages concernés : @Hazel Greyback  @Malcolm Fairfax
trigger warnings : Langage grossier
intervention autorisée du mj : [ ] oui [X ] non (cochez la case correspondant à votre choix)
autre(s) : X

IN FOR THE KILL - 2021-2022

Le client dépose une poignée de pièces sur le comptoir et se tire sans un mot. Tu les ramasses, pas besoin de compter, tu sais que le compte est bon et tu les déposes dans la caisse avant de retourner au travail. Tu distribues les chopes de bières et les mauvais sandwichs sur des assiettes sales sans te préoccuper plus que ça de la gueule tout aussi crasseuse des clients ou de savoir si ils vont pas y rester à cause d’un pain qui commence à rassir et de feuilles de laitue qui a traîné tu ne sais où. Non pas que ça te préoccupe d’ordinaire, tu t’en fous royalement, du moment que tu reçois ton salaire en fin de mois, ce que peuvent bien engloutir les autres ça te regarde pas, sauf si peut-être t’aimerais bien passer la nuit leur compagnie, faudrait qu’il ou elle soit en bon état, mais sinon qu’est-ce que t’en a faire, personne viens ici pour manger correctement. T’as juste envie d’être ailleurs ce soir, de sortir de cette rue minable et puante dans laquelle tu vis, de sortir de ce village perdu et de t’enfoncer dans la forêt, de te transformer, grimper et sauter d’arbres en arbres, de sentir les feuilles contre ta fourrure et regarder le ciel d’été tranquille. Sauf que t’es là, dans ce pub miteux et c’est pas ce soir que tu pourras aller admirer les étoiles.

C’est tendu de partout en ce moment, tu peux pas prendre le risque de te faire repérer ou descendre bêtement parce que t’as voulu grimper aux arbres. T’es donc obligé de rester ici et ça t’emmerde parce que l’été promet d’être beau cette année et ça te fait clairement chier de penser que tu vas devoir passer les trois prochains mois enfermé comme un lapin, c’était déjà assez chiant cet hiver, t’es pas sûr de pouvoir tenir comme ça très longtemps, à moins que tu ne prétextes avoir repéré une nouvelle recrue. Ça te permettrait de sortir tout en cherchant, ce qui ne serait pas un mensonge et en insistant, tu pourrais même essayer de négocier quelques jours à Londres. Mais tu sais déjà que ça pas être possible alors tout ce que tu peut faire c’est tirer la gueule et prier pour que tout ce merdier s’arrête.  

Ton collègue, une espèce de brindille aux cheveux gras te file dans les bras un plateau plein de choppes et te montre une table du doigt. Tu t’exécutes sans même le regarder pendant qu’il va pour essuyer sommairement quelques couverts. Tu déposes les commandes sans attendre de remerciements quand la porte s’ouvre sur un nouveau client, tu tournes juste la tête pour voir où il va s’installer et tu fronces aussitôt les sourcils. C’est pas un habitué, mais un nouveau ou plutôt une nouvelle. Oh les nanas qui viennent ici c’est pas rare, t’en a plein qui viennent, souvent pour faire leurs petites magouilles et parfois pour tapiner. Mais des petites souris à la gueule d’ange jamais. Elle s’est peut-être perdue ? Mais elle doit être bien bête pour penser qu’elle obtiendrait de l’aide ici. Sauf qu’elle s’avance à une table et s’installe comme si de rien n’était. Tu vas pour la rejoindre et tu compte bien la faire déguerpir avant que certains des gars les plus vicelards n’essayent de l’emmerder.

« Eh la mouflette, c’est pas ici le salon de thé. »

T’es pas en train de jouer au chevalier servant. Tu lui souris pas, tu croises les bras et tu lui lance ce même regard sévère que pouvait avoir Mère Supérieure quand elle était en colère contre toi et qui te faisait baisser la tête.

« Ecoute tu devrais partir, c’est pas un endroit pour toi ici, y a rien pour toi, retourne chez toi jouer à la poupée avant qu’y t’arrive des bricoles. »

T’essaye de prendre un ton plus menaçant. Tu dis tout le temps que t’en a rien à foutre des autres et c’est vrai sauf que t’as pas non plus envie que la gamine s’attire des ennuis, avec ce qu’il se passe en ce moment t’aimerais mieux éviter puis si ça pouvait aussi t’éviter des nuits écourtées à t’agiter, ça te rendrait service.

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La morveuse pénétra dans l'auberge miteuse. Elle en avait vu d'autres mais l'endroit était vraiment puant. C'était craignos ici et la môme était sur le qui-vive. Elle n'était pas connue par là, elle qui s'était tant éloignée de sa sinistre forêt. La péquenaude était loin de chez elle et des siens. Ce n'était pas très prudent par les temps qui couraient mais la bouseuse était d'une nature si intrépide. Et c'est qu'elle n'en faisait toujours qu'à sa tête. Néanmoins, la blondasse n'avait pas atterri au « The Hagg's Inn » par hasard, elle avait quelqu'un à voir et c'était pour elle très important. Ce quelqu'un ne le savait pas encore mais il avait été choisi avec grand soin par la jeune Hazel. Cette dernière s'était assurée qu'il soit le bon avant de venir provoquer leur rencontre dans ce boui-boui minable. Désormais, toutes les sales trognes biglaient sur la pucelle et ce n'était pas très rassurant pour elle. La cul-terreuse ne le montra pas et elle s'installa à table comme si ne rien n'était. « J'suis pas ta p'tite, moi. » Qu'elle rouspéta en fronçant ses sourcils. Il était juste là, cet homme qu'elle suivait à la trace depuis de longues semaines, la réprimandant comme une vilaine gamine. Ça ne commençait pas bien entre ces deux-là mais la blondasse n'avait pas l'intention d'abandonner là. « J'prends deux chopes de c'que t'as d'moins pourrave. » Qu'elle imposa avec un sacré aplomb. Ensuite, la sauvageonne le dévisagea longuement et avec insistance. Est-ce qu'il n'avait vraiment rien capté ?

Malheureusement, ce n'était pas la première fois que l'on prenait la blondasse pour ce qu'elle n'était pas. C'était un joli brin de fille à l'allure si délicate, il y avait de quoi s'y méprendre. Hazel n'était en réalité qu'une grosse brutasse, elle qui était née et avait grandi dans les roulottes des barbares. Elle n'était qu'une vaurienne, tout comme le reste de sa famille, et elle se comportait comme un petit voyou. Mais il y avait ce petit quelque chose qui ne collait pas avec son image de bandite. C'est qu'elle ne foutait les jetons à personne avec sa dégaine de jolie biquette. C'était la longue tignasse blonde, peut-être aussi les grands yeux clairs qui la discréditaient. La bouseuse n'avait pas vraiment la tête de l'emploi et, de ce fait, elle avait toujours été mésestimée au cours de son existence. « Ce s'ra dans ta face les bricoles si t'apprends pas à ouvrir grand tes yeux et tes oreilles. » Qu'elle gronda avec agressivité. La sauvageonne ne se laissait jamais marcher sur les pieds et le serveur avait poussé le bouchon un peu trop loin. Est-ce qu'il tentait vraiment de la jeter dehors ? « Ça fait un m'ment que j'te colle au cul, Fairfax. » Qu'elle lui révéla avec un petit sourire sur le coin des lèvres. La crapule l'avait espionné durant presque un mois entier, l'observant travailler pour la pègre Shafiq. Aussi, elle connaissait maintenant son nom et tant d'autres choses à son sujet. Et, tous les deux, ils occupaient des postes similaires mais pour le compte de deux familles de brigands différentes. Cela ne faisait pas vraiment d'eux des ennemis, des concurrents tout au moins.

Néanmoins, la mouflette n'avait pas les épaules pour concourir avec Fairfax. D'après ce qu'elle avait pu observer, l'homme était expérimenté et il savait ce qu'il faisait sur le terrain. Quant à elle, la louvette avait été directement propulsée à ce poste d'enrôleur pour le compte de la pègre Fletcher. Elle avait été pistonnée grâce à l'influence de son père, Asher Greyback, lui qui en était le parrain. La sale mioche avait réellement envie de faire ses preuves mais elle n'avait pas été suffisamment formée pour cela. Et elle était bien trop fière, la vagabonde, n'osant point demander à son géniteur de lui trouver une personne qualifiée pour lui apprendre le métier. « C'quand la fin d'ton service, dis ? » Qu'elle l'interrogea d'une voix un peu plus douce. Ce n'était pas en se montrant aussi agressive qu'elle allait obtenir quoi que ce soit de son serveur. Maintenant, la cul-terreuse lui souriait mais cela ressembler davantage à une vilaine grimace. Ce n'était pas son truc non plus, les courbettes.

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Faut pas se fier aux apparences. Sous ses airs de petite princesse, la mouflette se révèle moins précieuse qu’il l’aurait cru. Tu peux pas t’empêcher de sourire, parce que c’est drôle ce contraste et puis bon, tu te dis que c’est sans doute qu’une ado qui joue à la rebelle, qui s’amuse à répondre aux grands mais qui finira par rentrer chez elle en pleurnichant pour peu que t'élèves un peu la voix.

« T’es sûre ? C’est pas de la bièreaubeurre que je sers ici princesse, même l’eau pourrait te refiler tes boutons. »

Tu t’esclaffes. Tu pourrais la laisser là et l’ignorer, sauf que tu préfères rester à proximité au cas où un des gars présent viendrait l’enquiquiner. Elle feule la mioche pour le moment, mais elle ferait sûrement pas le poids face aux sales gueules perverses qui traînent ici.

« Et pourquoi deux d’abord, t’as rendez-vous avec ton amoureux ? Pas génial pour se bécoter, sauf si tu veux être mangée par les punaises de lit. »

Ton regard va vers l’étage, là où quelques chambres miteuses sont à disposition de qui voudra bien. T’y montes rarement. Personne se donne la peine de faire le ménage, la poussière est partout, les vitres sont grises de saletés – pratique pour échapper aux regards indiscrets – les draps des lits sont tachés et mangés aux mites et l’eau des robinets est glacée, à côté ton appart est un manoir.

« Eh oh, on se calme, j’tais rien fait moi, j’te préviens juste, faudra pas venir pleurer si on t’embête, j’t’aurais prévenue. »

Tu tires cette gueule boudeuse. T’essayes d’être sympa et voilà comment t’es remercié. Les mômes maintenant, même toi t’étais pas aussi impoli avec les adultes. Du coup t’as envie de la laisser là, elle partira bien au bout d’un moment, sauf qu’elle continue de bavasser et ce qu’elle dit te fait froncer les sourcils un peu plus. Comment ça elle te suit et connaît ton nom ? T’aimes pas ça. Tu poses les mains à plat sur la table, brusquement et tu plantes tes yeux dans les siens.

« Comment ça tu m’colles au cul ? D’où tu sais comment j’m’appelle ? T’es qui toi exactement ? »

Tu grondes. Pas trop fort, même si les gens autour de vous font pas attention, c’est la règle ici, pas se mêler d’une autre table sauf si ça gueule trop fort, que ça te regarde mal ou que tu connais les gens, sinon c’est mêle toi de tes affaires.

Tu fixes la mouflette et tu te demandes si elle serait pas une jeune recrue du ministère venue fouiner. Ça collerait, avec sa petite gueule d’ange tu la vois bien bosser dans les bureaux bien propres et rangés.

« Si t’es venue pour chercher les emmerdes, j’te déconseille de déguerpir et vite. Rentre chez toi et oublie moi. Quoi qu’tu veuilles, tu perdras ton temps avec moi. »

Si t’es pas dévoué corps et âme comme certains à la pègre, tu parleras pas parce que t’es égoïste, tu penses à toi et à ton intérêt. Et pour le moment c’est la pègre ton intérêt, donc tu feras tout pour pas qu’elle tombe, parce que c’est dans ton intérêt qu’elle reste.

Mais elle bouge pas la gamine, ça t’énerve mais tu gardes le contrôle. Déjà parce que t’es sur ton lieu de travail et ça la foutrait mal de te faire virer et ensuite parce que bah c’est une gamine, t’es pas comme ces connards qui profitent de leur force pour leur faire du mal, tu supportes pas ça, si tu dois en terminer avec elle au pire tu la tireras par le bras pour la mettre dehors de force et voilà.

« Si tu me colles au cul comme tu dis, tu devrais l’savoir princesse. »

Même si pour le moment tu te méfies de la blondinette, tu peux pas t’empêcher de l’appeler princesse.

« Je sais pas à quel jeu tu joues ni ce que tu veux princesse, mais dis le moi tout de suite qu’on en finisse, j’ai pas toute la soirée moi. »

Inconsciemment tu calques ton attitude sur elle. T’es un peu plus calme, même si tu restes sur tes gardes, tu te redresses et tu toises la gamine en croisant les bras.  

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L'homme était enfin là, se tenant juste devant elle. La péquenaude avait attendu cet instant avec beaucoup d'impatience et c'était finalement arrivé. Le brigand était comme elle l'avait imaginé à l'intérieur de sa caboche, avec son sale caractère et son répondant. Ça lui plaisait, même s'il se trompait complètement sur son compte à elle. « Pourquoi tu t'marres ? Tu t'payes ma tronche, c'est ça ? » Qu'elle le confronta avec ce petit geste du menton vers l'avant. La sauvageonne n'était pas vraiment agressive dans son attitude mais elle pensait qu'il était bon de l'avertir. Qu'il sache à qui il avait affaire. S'il cherchait la castagne, il allait finir par la trouver. La morveuse n'avait pas peur de lui puisqu'elle n'avait jamais peur de rien dans sa chienne de vie. C'est qu'elle fonçait toujours tête baissée dans le tas, même quand c'était une idée pourrave. « J'ai explosé des chicots pour moins qu'ça... J'suis pas ta princesse. » Qu'elle grinça des dents. La mouflette ne supportait pas qu'on la surnomme ainsi. Il n'y avait que son papa qui pouvait parce qu'il était la personne qu'elle préférait au monde. « Non, je... Enfin, j'ai pas... J'me bécote pas, t'as pigé ? C'est tout pour ma trogne, j'ai soif. T'as l'air un peu long à la détente alors j'préfère anticiper. » Qu'elle répliqua avec la binette rougie. L'amour, c'était toujours un sujet très sensible pour la pucelle. Elle ne blaguait pas sur la question, elle était beaucoup trop coincée. Alors, elle l'attaqua à son tour afin de détourner son attention. « T'en fais pas pour moi, va. J'suis pas ce genre de femmelette. » Qu'elle se la raconta un petit peu. C'était vrai, Hazel n'était pas une pleurnicharde, elle ne l'avait jamais été. Ce n'était pas permis au sein de la meute, les gueulards étaient bien tambourinés.

Maintenant, Fairfax avait l'air fâché pour de bon. Sa posture était devenue menaçante et il s'était rapproché du visage de la blondasse. « Détends-toi, papy. J'te veux pas d'mal, c'pas la peine de jouer les gros bras. » Qu'elle lui répondit en souriant. En réalité, la môme n'était pas très rassurée mais elle le cachait bien. Et ce n'était pas dans ses habitudes de reculer devant qui que ce soit. « T'es malade ou quoi ? J'ai fait d'la route pour te rencontrer, moi. » Qu'elle se vexa franchement lorsque le serveur la poussa à déguerpir du bar. Il n'allait pas se débarrasser d'elle comme ça, c'était trop simple. « Putain mais la ferme ! » Qu'elle s'écria dans une perte de contrôle lorsqu'il la surnomma encore par le mot interdit. Quelques têtes se retournèrent aussitôt dans leur direction et la bouseuse se sentit très con. Elle se mordilla alors la lèvre pour se faire taire elle-même. « Moi, c'est Hazel. J'préfère... Hazel. » Qu'elle chuchota à voix basse. Elle ne savait pas encore si elle pouvait lui dévoiler son nom de famille. Tout le monde connaissait les affreux jojos Greyback, c'était dangereux pour elle. « C'est pas c'que tu traficotes dans ton boui-boui qui m'intéresse, Fairfax. » Qu'elle commença à lâcher des bribes d'informations. C'était encore si mystérieux toute cette histoire.

Mais le brigand commença à s'impatienter et il rouspéta alors comme son papa-garou à elle. « Oh mais ça va. Tu r'ssembles à mon vieux quand l'est grincheux après moi. J'vais tout t'dire, c'est bon. » Qu'elle lui balança en l'imitant grossièrement, les mains croisées contre sa poitrine et les sourcils froncés. C'était très impoli de sa part mais la môme n'avait pas pu s'empêcher de se moquer gentiment de lui. « J'ai b'soin d'toi. C'que tu fais, en dehors d'ici... Moi, j'fais la même chose. » Qu'elle murmura d'un ton sérieux. Personne d'autre n'avait besoin de savoir tout ça à part eux-mêmes. C'était difficile pour la biquette de lui avouer qu'elle était en difficulté, elle qui était d'une nature si fière. Aussi, elle ne le regardait pas vraiment dans les yeux, elle fuyait son regard parce qu'elle était très gênée. « J'bosse pas pour les mêmes que toi mais j'fais le même boulot. » Qu'elle précisa pour se faire bien comprendre. Elle espérait qu'il devine tout à partir de ces quelques sous-entendus. Après tout, le bandit avait l'air cortiqué. « J'galère, Fairfax. Personne m'a appris et j'veux faire mes preuves. » Qu'elle se confia pour la toute première fois. La gamine était mal à l'aise et elle  triturait avec maladresse ses mèches blondes. « J'voudrais être foutue d'servir à quelque chose, tu piges ? Tout l'monde s'attend à c'que j'me plante. » Qu'elle lui confessa en baissant la tête. C'était vrai, la môme avait été pistonnée à ce poste d'enrôleur et personne n'imaginait qu'elle fasse des miracles. C'était juste histoire de faire comme les autres, de donner l'illusion qu'elle participait elle aussi à l'effort de guerre. Mais on se fichait tellement de sa trogne qu'on ne lui avait même pas expliqué le job. C'était vraiment pas cool et la crapule était blessée dans son petit cœur. « Toi, t'es doué. Je t'ai vu faire... J'cherche pas les problèmes, juré craché. » Qu'elle finit par déballer. Et ça lui arrachait la gueule de lui dire tout ça.

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Tu continues à rire, tu peux pas t’en empêcher. Elle te fait rire la gamine qui essaye de jouer les dures, mais avec ses airs de princesse, elle te fait autant peur que l’ombre d’une fourmi. Tu parviens quand même à reprendre ton calme, t’oublies pas que t’es sur ton lieu de travail et que ça la foutrait mal de se faire virer parce que tu t’es foutu de la gueule d’une mioche.

« Pardon, j’voulais pas te faire d’la peine princesse. »

Tu souris un peu avant de poser tes mains à plat sur la table. Tu te penches un peu en avant. C’est fini de rigoler et tu t’apprêtes à lui demander de filer, t’es prêt à la ramener chez ses parents par la peau des fesses, à cette heure ils doivent êtres morts d’inquiétude.

« Où t’as appris ça, dans la cour de récré princesse ? »

T’es vraiment pas prêt d’arrêter de l’appeler princesse par contre, vraiment pas. Surtout quand tu vois que ça l’énerve. Ça t’amuse de la taquiner et de la voir rougir alors que tu parles d’aller se bécoter ou autre chose, tu trouves ça presque mignon mais tu te gardes bien de lui dire, tu l’enquiquine déjà suffisamment et t’es bien placé pour savoir que les filles n’aiment pas quand on leur tire trop sur les couettes, t’avais essayé une fois à l’orphelinat, elle avait pas aimé, tu t’étais retrouvé par terre en assez de temps pour prendre la décision de plus jamais faire ça.

« Bah si que j’m’en fais figure toi, ici c’est pas un endroit pour les femmes, sauf si t’es une poule ou que t’as qu’chose de pas net à vendre. T’es ni l’une ni l’autre non ? J’suis p’tre long à la détente comme tu dis princesse mais j’suis bien plus sympa que d’autres qui traiteraient même pas comme une chienne si y pouvaient. »

Tu sais que t’es pas un mec bien, mais tu sais, t’espère que tu tomberas jamais aussi bas que certains hommes ici. T’es un chien des rues mais t’as ton honneur quand même, t’as un minimum d’éducation, pour ça tu peux que remercier les sœurs de l’orphelinat et Mère Supérieur sinon tu serais sans doute déjà sous les verrous et la pire des racailles.

Mais les choses changent quand elle te dit qu’elle te connaît. Tu grondes, tu grognes. Oh t’irais quand même pas la tabasser mais tu lui ferais bien passer l’envie de te chercher des bricoles.

« Quoi ? Moi ? Tu me veux quoi ? J’te préviens si c’est pour une entourloupe j’vais plus être gentil... »

Tu termines pas ta phrase parce que la petite s’énerve. Elle crie et tu la fermes, un peu sonné. Tu piges plus rien. Qu’est-ce qu’elle te veut ? Tu peux pas l’avoir connue avant, elle est trop jeune, impossible que ce soit une môme de l’orphelinat ou de Poudlard. T’as pas de famille, t’as pas assez d’amis pour la rapprocher d’eux, alors elle sort d’où cette mouflette ?

Hazel. T’aime bien, ça lui va bien. Mais tu dis rien. Tu la laisses parler et reprendre son calme. Si tu dois t’occuper d’elle, tu préfères savoir pourquoi. Même si tu fronces les sourcils quand elle te compares à son père, c’est bien la première fois qu’on te la fait celle là, depuis quand on peut te comparer à un papa, t’es bien tout sauf ça. T’as l’âge de l’être mais tu ne peux pas l’être. Pas que t’aimerais pas ton gosse si jamais t’en avais un, pour sûr que tu l’aimerais mais tu saurais pas comment t’en occuper, tu pourrais pas assumer et puis ils serait pas heureux ici, c’est pas ici qu’un enfant doit grandir.

Plus elle parle et plus tu commences à comprendre. T’arrêtes de faire la gueule et tu recommences à sourire.

« Fallait commencer par là gamine ! »

Tu tires la chaises en face d’elle et tu t’installes. Personne fait attention et puis c’est pas l’autre plumeau qui te sert de collègue qui va oser te dire un truc.

« Un conseil, soit un peu plus directe la prochaine fois, ça évitera qu’on se prenne le chou pendant des heures. »

T’es un peu de mauvaise fois parce que tu l’as bien enquiquinée mais bon, tu pouvais pas savoir, avec sa petite frimousse fragile t’as cru que c’était une gamine qui faisait la rebelle. Au final elle est pas si fragile que ça, juste paumée. Comme toi à son âge.

« C’que j’fais ? Tu veux que j’t’aide ? T’as personne là-bas pour le faire ? »

Tu ressens un pincement au coeur. Pas vraiment à cause de ce qu’elle a dit, mais ça te fais penser à Jamal qui t’avais aidé, aux autres qui t’on poussé à développé tes aptitudes en métamorphose. Pourquoi ils la laissent se démerder toute seule ?

« Pourquoi j’t’aiderais ? Si tu me colles au cul comme tu dis, tu devrais savoir que je suis pas fréquentable. C’est pas mon genre d’aider. »

C’est vrai et faux. Tu le fais pas tout le temps. Seulement pour ceux qui comptent vraiment. Elle tu la connais même pas, t’es pas un bon samaritain.

Tu vas refuser. C’est ce qu’il faut faire. Tu t’apprêtes à lui dire non mais elle continue son petit numéro – si c’est pour t’entourlouper c’est bien réussi – et malgré toi, tu te revois à son âge. Du coup t’as pas envie de dire non, mais t’as pas envie de dire oui non plus.

« Sont pas très sympas chez toi dis. J’suis pas sûr qu’ils seraient contents d’apprendre que je t’aide tu sais. »

Tu veux pas d’ennuis, t’en a déjà suffisamment pour ne pas en rajouter une couche. Mais t’arrive pas à l’envoyer bouler complètement, tu sais pas pourquoi. Peut-être que parce que c’est qu’une môme, elle devrait pas être ici, pas faire ce genre de choses. Pourquoi elle veut faire ça d’ailleurs ? Tu sais rien d’elle, tu sais pas d’où elle vient.

Tu te lèves de nouveau et tu croises les bras. Tu vas faire le contraire de pourquoi on te paye, essayer de ramener une gosse chez elle et pas chez vous, personne n’en saura rien. Après trente-sept ans d’existence sur cette foutue planète, tu te décides enfin à prendre une bonne décision, enfin.

« Bon écoute, j’ai bientôt terminé. Dis moi c’que tu veux boire en attendant puis j’te ramène chez toi pour qu’on cause un peu. J’t’en dois une Hazel, j’t’ai assez emmerdée comme ça ce soir. Mais… t’es sûre de toi ? T’es toute frêle, t’es jeune, tu peux faire autre chose tu sais, pas besoin de t’enliser dans les ennuis comme ça.  »

C’est peut-être pas ta meilleure idée. Si ça se trouve c’est un piège et tu te fais avoir par cette môme, tu te savais pas si sensible d’ailleurs et quand tu te retrouveras dehors tu te feras tabasser. Mais tu prends le risques quand même. Si tu peux même essayer de la dissuader de tomber dans les conneries en chemin, avec un peu de chance, le temps que tu la ramènes à ses parents elle aura changé d’avis.

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Le gus était très grossier. Il causait mal des bonnes femmes et ça irritait la gosse. Elle était si fâchée parce qu'elle n'avait connu que ça depuis sa naissance. « C'quoi ton problème avec les nénettes ? » Qu'elle l'agressa en fronçant les sourcils. La crapule n'était pas féministe dans l'âme mais elle défendait sa propre cause. Elle ne supportait pas qu'on la rabaisse. « Elles s'castagnent pas dans ton coin ? » Qu'elle gronda sur le serveur. La môme était une effrontée et elle n'avait pas peur de dire les choses. Puis l'homme lui raconta ce qu'on faisait ici aux pucelles et elle écarquilla grand ses yeux bleus. « Pourquoi y font ça ? » Qu'elle lui demanda avec incrédulité. J'suis pas poule j'suis pas chienne, j'suis louve. Hazel se prenait pour une dure à cuire mais elle était trop couvée par son papa pour faire face à la vraie vie. Sur le camp, personne n'osait l'emmerder et elle n'avait rien capté. La brutasse s'était imaginée que c'était elle toute seule qui faisait peur aux garçons. « C'est noté, Fairfax. » Qu'elle s'inclina pour cette fois. La pucelle avait joué au con et c'était pas passé loin de la catastrophe. La prochaine fois, elle dirait les choses clairement dès le début. Le brigand s'assit en face d'elle et l'écouta plus attentivement. « J'veux pas être une grosse naze. » Qu'elle lui avoua en baissant la tête. C'est pour ça qu'elle avait l'impression de passer. Et c'est parce qu'ils avaient tous l'air de penser qu'elle n'avait pas sa place dans la pègre. Fille à papa. « T'sais, je... J'ai rien fait pour être là où j'en suis. C'est... C'mon père qui m'a obtenu le job. » Qu'elle lui révéla avec sincérité. La mouflette n'en était pas fière mais elle n'était pas une baratineuse. Elle n'allait pas lui mentir. « Du piston, tu vois l'genre. » Qu'elle lui confessa en haussant les épaules. « Si j'foire, c'est dégradant pour tous les deux. » Qu'elle exprima d'une petite voix. Encore une fois, son patronyme était si difficile à porter. Et ce qu'elle désirait le plus au monde, c'était de rendre fière sa famille. « T'es plus fréquentable que tous les cocos que j'peux croiser par chez moi. » Qu'elle balança tout en grimaçant. Les louveteaux étaient les pires sur le camp. Mais c'était craignos pour eux s'ils s'approchaient de la fille Greyback alors ils gardaient leurs distances. « J'te jure, c'est des vrais enculés. » Qu'elle insista avec tant de vulgarité.

La sauvageonne ne voulait pas que son père soit au courant de leur petit arrangement à tous les deux. Ni lui ni personne d'autre du clan. Sinon, elle aurait de gros soucis et ça barderait pour elle. « C'est notre secret rien qu'à nous... » Qu'elle chuchota en lui adressant un sourire complice. Alors, l'homme lui demanda ce qu'elle voulait boire en attendant la fin de son service et elle s'impatienta : « Putain, Fairfax, mais t'es sourd ! J'veux deux chopes de bière que j'te dis... » Qu'elle s'emporta pour la deuxième fois. La môme était d'une nature colérique et elle partait en vrille facilement. Depuis qu'elle était toute petite, Hazel faisait beaucoup de comédie et c'était si épuisant pour ses proches. La gamine était connue pour ses grosses colères et ses bouderies. C'est qu'elle avait un caractère bien trempé, comme son père et le restant des Greyback. « Non, c'est pas possib... Tu peux pas. Enfin, ça va pas l'faire... » Qu'elle bafouilla lorsque Fairfax lui proposa de la raccompagner chez elle. La morveuse était confuse et elle devint toute rouge. Il fallait absolument que le garçon change d'avis. « J'campe dans la forêt, avec ma roulotte et les aut' gens comme moi. » Qu'elle lui raconta sur sa propre vie. C'était dangereux parce qu'il allait commencer à faire des liens et à avoir des doutes sur sa véritable identité. « J'peux pas rameuter d'gens là-bas, surtout des inconnus. Tu t'rends pas compte, ça f'rait de sales histoires. » Qu'elle conclut en fuyant son regard. Elle en avait trop dit et l'homme ne tarderait pas à deviner qui elle était et d'où elle venait.

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Et toi qui pensait que cette soirée allait être chiante à mourir, comme d’habitude, t’es bien servit.

« Bah rien justement. T’en a qui aimes un peu trop les petites filles comme toi. Parce que par ici y en a pas beaucoup qui sont mignonnes et pimpantes, toutes innocentes, alors quand ils en voient une ils hésitent pas. Ici tout le monde se castagne sinon on survit pas, mecs ou nanas, c’est pour tout le monde pareil. »

Tu vois bien que la petite même si elle fait la grande, elle sait rien. Elle joue à la dure, elle feule et grogne mais c’est pas une lionne, même les mômes du coin seraient pas impressionnés par elle.
Suffit de voir, tu gueules un peu et elle baisse la tête comme une petite fille bien sage. Tu le savais, c’est rien d’autre qu’une pauvre gamine qui fait sa rebelle, tu l’a remise à sa place et maintenant tu vas aller la raccompagner chez elle pour toutes les raisons que t’as débité avant.

« Et pleure pas princesse ! »

Pour le coup tu paniques un peu. Tu sais pas quoi faire quand les gens pleurent, surtout les gonzesses. Dans les films, le gars il offre toujours son mouchoir et il passe son bras autour des épaules de la fille, sauf que toi t’as pas de mouchoir sur toi et t’es sûr que si tu la touche elle risque de mal le prendre, puis c’est pas ton genre, c’est le genre de personne ici, même pas en privé.

« T’es pas naze, t’es juste paumée. »

Ouais bon, c’est peut-être pas la chose à dire en fait mais t’as jamais été doué avec les sentiments, tout ce que tu sais faire c’est castagner ceux qui emmerdent tes copains ou proposer un verre, t’es pas psychomage.

« C’est pas de ta faute si ton père est ton père, tu vois c’que j’veux dire ? Envoie les chier comme tu le fais avec moi… pour le reste je peux peut-être te filer deux trois conseils, histoire qu’ils la ferment bien ? »

Tu lui promets pas de l’aider, pas encore, tu sais toujours pas si tu le veux, mais tu veux bien lui donner un ou deux conseils et après basta. C’est pas pareil que de vraiment aider. Et puis peut-être que comme ça elle ne viendra plus ici.

« Ouais bah tu vois ton père il est bien plus sympa qu’le mien, j’sais même pas qui c’est tu vois, il a jamais voulu d’moi mais si tu dois faire tes preuves pour lui envoie le chier. »

C’est pas tous les jours que tu parles de tes origines, de ces gens qui t’ont donné la vie mais qui ont jamais voulu de toi. Tu leur en veux pas, tu penses jamais à eux, y avaient peut-être leurs raisons et c’est sans doute mieux d’avoir grandit en orphelin qu’en gamin pas aimé parce que si t’es bien convaincu d’une chose, c’est que les parents, y doivent aimer leurs mouflets peu importe les raisons et y en sont pas capables alors ils méritent pas d’êtres parents.

« Moi fréquentable ? Tu me connais pas si bien qu’ça fillette, j’te jure que si tu m’voyais certains soirs t’aurait peur et ces enculés comme tu dis ils pisseraient dans leur froc si j’les croisaient. »

Tu peux pas t’empêcher de ricaner, pas pour lui faire peur, mais parce que t’imagine les petits minets qui jouent les durs. Tu te rappelles de ces gosses de riche qui pétaient plus haut que leur cul parce qu’ils étaient des sang-purs et qui se moquaient de tes affaires trop grandes, qui essayaient de te bousculer et qui venaient pleurer dans le bureau du professeur le nez en sang parce que tu leur avait collé une beigne. Pour crâner y avait du monde mais pour salir leurs petites mains d’aristos y avait plus personne. Alors tu t’imagines flanquer une frousse à ces petits merdeux qui embêtent la gamine, parce que si y a bien un truc que tu supportes pas, c’est ceux qui s’en prennent au plus petits.

« J’dirais rien, j’suis pas quelqu’un d’bavard t’sais, j’srais muet comme une tombe. »

Tu mimes le fait de te taire d’un mouvement des doigts sur tes lèvres en grossissant les yeux, tu fais un peu le pitre et puis c’est repartit, la mouflette se met en rogne et tu te marres, tu peux pas t’en empêcher.

« Non mais t’es vraiment sûre ? Tu vas être malade après mais si c’est c’que tu veux tu viendras pas pleurer parce que t’a la tête au fond des chiottes. »

Tu la laisses seule pour aller chercher les bières. T’attrapes deux chopes pas trop dégueulasses que tu remplis, tout en jetant un coup d’oeil derrière toi pour voir si personne s’approche d’elle ou si elle tente pas de partir. Mais non elle reste bien sagement à sa place.

« Et pourquoi j’pourrais pas v’nir ? Ton père va me casser la gueule ? J’peux te laisser faire un bout de chemin seule comme ça t’auras pas d’ennuis. »

Elle est comme une tomate. Déjà qu’elle devrait pas être ici, tu vas pas non plus lui attirer plus d’emmerdes avec ses parents, t’es bien placé pour savoir à quel point les punitions c’est chiant et t’es passé maître dans l’art de pas te faire prendre.

Puis elle mentionne une forêt et une roulotte et la tu fronces les sourcils. Elle se paye ta tête c’est pas possible. Elle s’rait une sorte de vagabonde ou de ces gens du voyage ? T’as l’souvenir d’en avoir vu traîner par ici, c’est pas vraiment l’moment pour se poser à Godric’s Hollow. Et c’est bien loin de l’image de la belle petite maison que t’avais en tête, le genre qu’on trouve sur Merlin Square, avec un beau petit jardin et une barrière blanche par dessus laquelle les bonnes femmes échanges des potins. Mais pas une cabane dans les bois, quoi c’est une sorte de paysanne comme dans les contes ?

« T’es quoi exactement, fin’ j’veux dire qui ? Tu travailles pour un cirque ou un truc du genre ? Pourquoi j’pourrais pas venir ? J’sais me défendre t’sais. Puis la forêt j’connais très bien. »

Pas tant que ça on dirait, mais peut-être que l’endroit est protégé par des barrières magiques puis t’as plutôt l’habitude de faire la cime des arbres que d’aller cueillir des champignons au fin fond de la forêt.

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