temporalité du rp : février 1955
personnages concernés : Meredith Travers & Isadora Ollivander
trigger warnings : aucun à ce stade
intervention autorisée du mj : [ ] oui [X] non
autre(s) : /

IN FOR THE KILL - 2021-2022

Les symptômes révélaient l’évidence : Isadora Ollivander était enceinte. Le doute n’était plus permis, du moins pour elle - personne d’autre ne savait, de cela au moins elle était persuadée. Pour le reste… Ses certitudes les mieux ancrées s’effondraient les unes après les autres. Elle s’était crue honnête, sincère, et par-dessus tout intelligente : elle se découvrait lâche, menteuse, et surtout profondément stupide. Mulciber était marié - le fait qu’il ait déclaré ses sentiments en premier n’avait strictement aucune importance. Parce que les mots avaient à peine franchi ses lèvres - si douces, si tendres, affamées d’elle - qu’elle avait répondu. Il n’avait fallu que ces sept mots. Le reste de cette nuit-là était plongé dans un flou artistique - draps défaits, peau frôlée, doigts entrelacés. Elle avait choisi d’oublier tout le reste, ce reste qui était revenu la gifler en pleine face le lendemain matin : sa carrière au sein du Ministère, le mariage d’Algernon Mulciber, la prudence la plus élémentaire…

Tout s’était enchaîné : la Ministre était sortie dans la presse, à grands renforts d’annonces exclusives, ce qui n’avait pas manqué de déclencher la fureur de Macmillan. Mais ce qui aurait pu rester un mardi matin parfaitement ordinaire était devenu un engrenage inéluctable lorsque les courriers s’étaient déposés sur leurs bureaux. On ne refusait pas une convocation ministérielle - pas si l’on tenait à son emploi. Et Isadora avait été la première à pénétrer dans l’antre du dragon. Non qu’elle osât comparer la Ministre de la Magie à un dragon - enfin si, mais pas à haute voix. Et pas dans l’enceinte du Ministère, parce qu’on ne savait jamais qui écoutait vos pensées, dans cet endroit.

Distraite, la jeune femme ne vit pas son patron quitter son bureau - si la Ministre avait une antre, le bureau du Vice-Ministre relevait de la tanière ursine, odeurs incluses. Elle dut le pourchasser dans le corridor, ses escarpins claquant sur le marbre sans que le son ne paraisse alerter Macmillan.

Monsieur le Vice-Ministre - il insistait pour qu’on emploie son titre, persuadé qu’un usage fréquent finirait par imprégner un peu de la dignité de l’office sur lui - attendez !

Cette courte échappée la laissa pantelante, tandis que Macmillan s’arrêtait enfin. La veine sur le côté de son front monumental saillait dangereusement, mais Isadora ignora ce signe supplémentaire de danger. Elle n’en était plus à une colère près, et puis le Vice-Ministre… Vous avez oublié le rapport. Celui que vous m’avez demandé de transcrire ? À propos de nos exports de maroquinerie magique ? Pour votre réunion avec la Ministre ?

Les questions successives eurent le mérite de ramener une lueur d’intelligence dans le regard délavé du numéro deux d’un Ministère récemment décapité. Il remercia brièvement son assistante - pour peu qu’un hochement de tête puisse être considéré comme un remerciement - puis reprit son chemin à grandes enjambées. Comme à son habitude, il était en retard.

L’effort avait coûté davantage qu’elle ne voulait bien l’admettre : son souffle restait erratique, et elle avait une soudaine envie de trouver les toilettes les plus proches… Aussi la blonde se précipita-t-elle vers les sanitaires les plus proches, tâchant d’adopter son habituelle démarche rapide pour éviter une catastrophe.

Un instant - ou peut-être deux - plus tard, elle sortit du cubicule. Son visage irradiait de chaleur, ou n’était-ce qu’une illusion ? Vérification rapide dans le miroir : ses joues avaient rosi, et un léger film de sueur collait à sa lèvre supérieure. Elle plongea ses mains sous l’eau fraîche, s’en aspergea - et couvrit son chemisier d’eau fraîche. Evidemment, elle avait laissé sa baguette sur son bureau… Au moment précis où elle se demandait si elle n’allait pas simplement rester cachée dans les toilettes pour dames jusqu’à ce que mort s’ensuive - ou jusqu’à ce que son chemisier soit sec - la porte des sanitaires s’ouvrit sur une jeune femme qui ne lui était pas tout à fait inconnue.

Et qui semblait sacrément confuse - à moins qu’elle ne soit en colère ? Isadora était bien trop concentrée sur ses propres déboires pour analyser davantage la situation, mais alors que la nouvelle arrivée fouillait la pièce du regard, cherchant visiblement une échappatoire, elle ne put s’empêcher d’entamer la conversation.

Excusez-moi… Vous auriez une minute pour m’aider ? J’ai oublié ma baguette dans mon bureau, et… Un rapide regard baissé indiquait la suite de l’histoire. Il ne fallait pas être Merlin pour comprendre qu’elle avait commis une maladresse, rien d’irréparable, mais un peu de solidarité féminine était toujours appréciée.

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Être au Ministère pour le bon vouloir de sa mère, pour la satisfaire. Meredith devait feindre mille et un sourire poli pour ne pas lui faire honte. Et à l’intérieur elle fulminait. Son masque ne tenait qu’à un fil, l’hypocrisie dont elle devait faire preuve l’éreintait plus que tout. Ses pommettes la faisaient atrocement souffrir à force de faire semblant. Elle ne rêvait que d’une chose, rentrer à Godric’s Hollow et passait la soirée avec ses amies ou Dolores. Mais la journée venait de débuter et les heures qui lui restaient à passer, prisonnière de ses murs, étaient encore bien longues.

Heureusement une petite échappatoire de plusieurs minutes s’offrit à elle quand sa mère dû partir en réunion. Meredith put alors s’éclipser, prenant la direction des toilettes, espérant avoir un peu de calme et de répits afin de laisser évacuer sa frustration. Ses pas étaient rapides et vifs, reflétant son besoin urgent de quitter ce rôle qu’elle prenait contre grès. La délivrance apparut au bout du couloir et elle s’y engouffra sans demander son reste. Cependant elle n’était pas seule à profiter de cet endroit calme et à l’abris des regards. Une femme dont le nom lui échappait mais qu’elle avait déjà croiser plusieurs fois se trouvait déjà dans les lieux. Elle devait probablement être une proche collaboratrice de sa mère pour que son visage parle à Meredith.

L’ancienne Serdaigle chercha une échappatoire mais rien et la femme présente engagea la conversation. Du moins, demandez plus de l’aide. A ce moment-là, Meredith s’aperçu de l’état du chemisier qui était mouillé. Effectivement sans baguette magique pour sécher le tout, cela pouvait attirer des regards peu sympathiques et mettre dans l’embarras la jeune femme.
« Oh euh...oui attendez. »

La Travers sortit sa baguette de sa poche et d’un léger mouvement de poignée généra un filet d’air tiède pour venir sécher le tissu. Elle prit le temps de vraiment observer son interlocutrice avant de ranger sa baguette. Elle avait le visage rougit comme si elle venait d’avoir une bouffée de chaleur ou un gros coup de chaud. Mais en plein mois de février, Meredith ne croyait pas en la deuxième hypothèse... les bureaux ne semblaient pas surchauffés...
« Vous allez bien ? » demanda-t-elle d’un ton légèrement inquiet.

Ce n’était pas de la curiosité mal placée mais vraiment une inquiétude face à une sorcière qui venait s’asperger d’eau le visage qui tirait plus vers le rouge qu’autre chose et qui avait réussi à oublier sa baguette. Ce n’était pas commun. Et si elle travaillait avec la Ministre... il ne valait mieux pas qu’elle se retrouve dans une situation embarrassante. Mary pouvait être plus que pénible quand ses attentes n’étaient pas satisfaites. Meredith était bien placée pour le savoir...

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Elle avait déjà vu ce visage quelque part, elle le savait. Dans un instant, elle remettrait un nom sur les yeux clairs, situerait le service auquel appartenait la brebis perdue et pourrait lui indiquer le chemin le plus court pour rejoindre son troupeau. Mais pour l’instant, elle était bien trop embarrassée elle-même - fichu chemisier rendu presque transparent par les éclaboussures, fichues mains tremblantes, fichue baguette rangée bien soigneusement sur son bureau, fichu cerveau pas foutu de prévoir les conséquences pourtant évidentes de sa distraction… Cesse de dramatiser. Voix sortie d’un recoin oublié, souvenir mal effacé de l’enfance à l’orphelinat Standish. Et tiens-toi droite, pour l’amour du Seigneur !

Comme si une nonne était véritablement apparue dans les toilettes du Ministère, Isadora se redressa de toute sa hauteur. Un mètre quatre-vingt-dix de blondeur longiligne, et pourtant le menton toujours baissé la faisait paraître plus petite qu’elle ne l’était véritablement.

Merci, merci infiniment. Macmillan m’aurait écharpée si j’étais sortie d’ici dans cet état, je vous dois une fière chandelle !

La reconnaissance dégoulinait dans sa voix, transpirait dans chacun de ses mots. Ses joues brûlaient toujours, et d’instinct ses mains pâles vinrent se placer protectivement devant un ventre encore plat. Mais avant que le regard de son interlocutrice n’ait pu se faire trop observateur, elle répondit immédiatement :

J’ai juste couru un peu, et j’ai voulu aller trop vite pour me rafraîchir. Erreur de débutante, vous me direz. Mais vraiment, merci répéta-t-elle. Je vais bien, vraiment insista encore la blonde, constatant que son interlocutrice - damnit, le visage lui disait quelque chose, était-ce la forme du menton ou celle des sourcils qui lui rappelait quelqu’un… - n’avait pas l’air entièrement convaincue.

Veuillez m’excuser, je ne me suis même pas présentée : Isadora. Isadora Ollivander, assistante du Vice-Ministre lança-t-elle d’un ton plus assuré, tendant une paume franche pour que l’inconnue puisse la serrer. Et vous êtes ? Mais pardon, peut-être souhaitiez-vous juste… Utiliser les lieux ?

Heureusement que tu n’as jamais songé à faire carrière en politique, ma grande. Parce que, comment dire… C’est pas gagné d’avance. La voix revint, plus critique que jamais.

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Isadora la remercia sincèrement, peut être même un peu trop. Mais quand elle prononça le nom de Macmillan, les lumières s’allumèrent dans la tête de Meredith. Le Vice-Ministre. Elle travaillait donc indirectement pour sa mère. Même si on pouvait considérer que le ministère tout entier travaillait pour Mary… Mais son interlocutrice avait plus de chance de croiser la ministre de la magie qu’un employé lambda du ministère vu que son supérieur semblait être la deuxième personne la plus importante du monde sorcier.
« Oh non, ne vous en faites pas. Ça peut arriver à n’importe qui. »

Du moins Meredith espérait que n’importe qu’elle autre sorcière aurait fait la même chose afin d’éviter une situation plutôt gênante. Au-delà de son supérieur, un chemisier humide pouvait attiré bien des regards et pas des plus bienveillant.  Alors la solidarité féminine était essentielle aux yeux de l’ancienne Serdaigle, surtout dans ce genre de situation. Par ailleurs, la blonde chercha à rassurer la Travers sur son état, qu’elle aurait couru un peu pour atteindre la commodité d’où les joues en feu. Soit elle mentait soit elle avait une très mauvaise condition physique… Meredith n’était pas une sportive, mais courir un peu ne la mettait dans un état pareil. Mais elle n’insista pas, ne voulant pas se montrer impolie et irrespectueuse. Probablement qu’elle avait ses raisons et Mere pouvait totalement respecter cela.

Isadora se présenta, assistante du Vice-Ministre. D’où le fait qu’elle devait être impeccable face à Macmillan.  Mais du coup elle devait également bien connaître la Ministre elle-même et si Meredith se présentait, elle serait probablement rapidement grillée sur sa filiation. La jeune femme n’aimait pas ce genre de situation. Elle préférait aisément l’anonymat et non ce que lui apportait son nom via sa mère. Pourtant, elle était fière de porter le nom de son père. Mais sa mère le portait également et là était tout le problème pour elle. Dans un autre lieu que le ministère cela ne lui aurait pas posé de problème mais ici au ministère. Elle prit sur elle et se présenta à son tour, en serrant doucement la main d’Isadora.
« Enchantée. Meredith… Travers. » dit-elle en se mordant la lèvre inférieure.

La remarque de l’assistance de Macmillan, lui permit de s’échapper quelques instants à la situation dans laquelle elle était mal à l’aise. Ou pas car elle n’avait pas spécialement envie de se rendre aux WC…
« Oh euh… Pas nécessairement… Je cherchais juste un lieu pour… échapper aux regards... ? J’ai jugé que les sanitaires étaient un endroit adéquat pour souffler et faire une pause. »

Pour ne pas dire qu’elle fuyait sa mère à tout prix.

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Une certaine lueur d’intelligence brilla dans les yeux de son interlocutrice lorsqu’Isadora mentionna son patron. Philibert Macmillan n’était pas exactement un tombeur de ces dames, ni même particulièrement charmant - si elle avait dû le comparer à un animal, sans doute aurait-elle choisi un putois particulièrement mal luné. Mais le Vice-Ministre était néanmoins doté d’une aura de reconnaissance au sein de l’administration : mieux valait savoir qui il était, sous peine d’encourir l’une de ses innombrables piques de colère, plus que de coutume parfumées de vanité. Pour le reste, les fonctionnaires se tenaient généralement à l’écart, privilégiant l’adage qui disait “loin des yeux, loin des crises”.

Ledit adage n’était d’ailleurs pas adapté qu’à Macmillan. La Ministre elle-même était célèbre pour son intransigeance - mâtinée, selon l’opinion d’Isadora, d’un bon paquet de préjugés dont elle aurait mieux fait de se débarrasser. Leur dernier entretien avait été une catastrophe complète, un naufrage dont elle ne comprenait toujours pas comment sa carrière avait pu sortir intacte. C’était tout juste si elle n’avait pas claqué la porte au nez de la grande cheffe de l’administration sorcière. Non, elle lui avait claqué la porte au nez. Métaphoriquement, du moins. Selon toutes les logiques de l’univers, elle n’aurait pas dû sortir vivante d’une telle entrevue, alors que sa carrière s’en tire sans la moindre égratignure… Il y avait dragon sous gravillon. Macmillan lui-même semblait davantage restreint depuis les entretiens. Peut-être la Ministre l’avait-elle informé de l’état de sa secrétaire ? Connaissant le personnage, Isadora restait convaincue qu’il aurait usé de cette information pour la faire virer sur le champ, usant de n’importe quel prétexte abracadabrant. Mais non. Rien ne s’était produit.

Le bébé dans son ventre avait continué de grandir, sa présence toujours invisible mais désormais indéniable. Les journées avaient continué à se remplir de réunions en tout genre, dénuées de sens autant que d’intérêt. N’était-ce pas la raison d’être des employés du Ministère que d’améliorer la vie des sorciers et sorcières de Grande-Bretagne ? Isadora voyait mal comment atteindre cet objectif ambitieux, alors même qu’elle assistait à une énième présentation des récentes inventions en matière de magie domestique. La poudre à lessiver Récurvite, les balais automatiques enchantés - mais pas pour le vol, non Madame, juste pour balayer - et autres cochoncetés hautement inutiles dans son opinion de femme privilégiée occupaient la majorité de ses journées. Et encore… C’était cela, ou rédiger des rapports que Macmillan ne lirait jamais. Elle les voyait s’accumuler, ses notes soigneusement accumulées sur le besoin de reconnaître les créatures magiques comme parfaitement capables d’user de baguettes - ce qui pouvait par ailleurs être utile, du moins si l’on souhaitait éviter une énième révolte gobeline - ou sur la nécessité pour les sorciers d’être formés plus jeunes à l’Etude des Moldus - Isadora militait pour que ce cours rejoigne le cursus obligatoire dès la première année à Poudlard. Mais tous ces efforts se heurtaient à l’inertie ministérielle, et les rapports formaient une très jolie pile, jamais dérangée, sur une table à trois pieds que le Vice-Ministre avait ramenée d’Inde.

Et de lassitude en inquiétude, les journées passaient. Lassitude des notes recopiées pour n’être jamais relues, inquiétude d’une crise soudaine qui aurait à nouveau tout chamboulé. Inquiétude pour le bébé, pour son avenir en tant que mère célibataire, pour cet homme à qui elle n’avait pas encore parlé. Lassitude de l’éternel recommencement des jours et des semaines, de cette vie sous terre, de la voix criarde de l’ascenseur, des collègues insipides et profondément inintéressants.

La voix de la jeune femme la ramena à l’instant présent. Le prénom ne lui disait rien, mais le nom manqua de lui arracher un hoquet. Travers… La Ministre n’était-elle pas ex-épouse Travers ? Son ex-mari n’avait-il pas d’ailleurs fini à Azkaban pour un horrible crime ? Peu importait, résolut rapidement la diplomate. Elle connaissait le poids des patronymes et des attentes que pouvaient faire peser ces derniers. Peut-être cette jeune femme n’était-elle qu’une cousine éloignée de ces Travers aux célèbres… travers. Pour la carrière d’humoriste, on repasserait aussi.

Aussi répondit-elle simplement : Comme je vous comprends ! C’est à croire qu’il y a davantage de monde ici que dehors… Bien que, normalement, cet étage-ci soit moins fréquenté. Travaillez-vous ici, d’ailleurs ? Désolée, il ne me semble pas qu’on se soit déjà croisées ? Peut-être êtes-vous d’un autre département ? Si jamais vous avez besoin d’une visite guidée… Vous savez où me trouver acheva-t-elle sur une note qui lui semblait bien piteuse. Voulait-elle sous-entendre qu’on pouvait d’ordinaire la trouver dans les toilettes pour dames ? Première porte au fond à gauche, clarifia-t-elle, mon nom est sur la plaque.

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Isadora ne releva pas le nom de Travers, la laissant tranquille sur ce nom de famille affilié à la ministre de la magie actuelle. Mais tôt ou tard, si la jeune femme travaillait pour Macmillan, elle ferait vite le lien entre Meredith et Mary. Cependant elle aborda la question de la présence de Mere à cette étage. La question qui ferait qu’elle ferait forcément la connexion à moins que l’ancienne Serdaigle trouve vite un mensonge à balancer pour couvrir sa présence et cacher qu’elle était la fille de la ministre. Mais son esprit un poil paniqué ne sut trouver une excuse fausse à sa présence. La demoiselle ouvrit bêtement bouche, un peu prise au désarroi.
“euh… non…je ne travaille pas au ministère… j’aimerais bien ne pas être ici d’ailleurs…je veux dire au Ministère… mais… ma mère tient absolument à ce que je travaille ici, donc elle m’emmène de force pour que je trouve quelque chose.”

Meredith avait tenté de rester vague, ne pas trop en dire mais ne pas attirer non plus des soupçons inquiets d’une présence qui ne devrait pas être ici. La seule personne qu’elle fuyait en se réfugiant dans les toilettes étaient sa mère et personne d’autres. Elle aurait pu fuir les lieux mais cela allait créer ensuite une enième dispute et probablement qu’un de ses sbires l’auraient attrapé avant qu’elle n’atteigne la sortie. Mary était capable de faire une telle chose…Meredith en était convaincu.

La jeune femme lui proposa de lui faire une visite guidée sa jamais elle désirait, lui précisant où se trouvait son bureau. Mere hocha poliment la tête, elle avait vu la porte et probablement le nom mais sans y faire attention. Elle ne prêtait pas attention aux détails du ministère, ne voulant pas travailler là. Elle ne voulait pas s’intégrer, se sentir acceuili par les lieux où les personnes y travaillant, ne pas trouver sa place pour ne pas donner satisfaction à sa mère.
“Je vous remercie, mais dans un monde idéale… j’aimerais bien évité de faire appel à votre proposition. J’en connais une qui serait bien trop heureuse de cela…et si je peux éviter de la contenter et de lui donner raison… j’en serais ravie. Par contre si vous avez des techniques pour sortir sans être vu… là je pourrais être intéressée.” confessa-t-elle.

Isadora semblait être une personne appréciable et elle inspirait confiance à Meredith. Peut-être allait-elle comprendre sa volonté de ne pas être là et l’aider à fuir sa mère ? Où peut-être qu’elle se trompait totalement et que Mary avait prévenu tous les employés de son étage qu’une jeune demoiselle blonde tenterait de faire les yeux doux à quelqu’un pour sortir sans être vu qu’il fallait la prévenir dans le cas échéant ? Possible. Est-ce qu’Isadora le ferait ? C’était une question à un million de gallions.

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Ses questions précipitées semblaient avoir mis la jeune fille en panique. Isadora ne cherchait toutefois nullement à provoquer un quelconque désarroi, aussi fit-elle de son mieux pour adoucir les traits de son visage. Elle était rompue à ce jeu de dupes : depuis qu’elle avait commencé à travailler au Ministère, elle s’était même taillée une solide réputation de frigidité. Pourtant, Izzie était un maëlstrom sur pattes, une tempête d’émotions et de sentiments qui ne demandait qu’à répandre un désordre sans nom partout où elle passait. Mais de l’extérieur, on la croyait froide et détachée. Cela lui coûtait des efforts inimaginables, une énergie considérable qu’elle ne pouvait investir ailleurs - dans un grand remue-ménages du bureau de Macmillan, par exemple. Le jeu semblait toutefois en valoir la chandelle, particulièrement lors de négociations importantes. On la savait compétente, on la croyait imperturbable, et cette combinaison suffisait à faire plier la plupart de ses adversaires politiques. Cela lui avait parfois suffi pour rêver de plus - le bureau du Vice-Ministre, sur lequel ne brillerait plus désormais que la plaque au nom d’Ollivander ; et qui savait, un jour peut-être, le fauteuil suprême…

Tous ces rêves étaient cependant partis en fumée le matin de son entrevue avec la Ministre. Mary Travers-Flint, qui à bien y repenser avait plus d’un trait en commun avec la demoiselle qui se trouvait à présent en sa compagnie, avait rapidement fait comprendre à Isadora qu’elle voyait clair dans son jeu. Et c’était la tranquille Ollivander elle-même qui avait enterré tout espoir de carrière en claquant la porte du bureau ministériel. Elle avait cru que sa posture droite et fière lui vaudrait au moins l’estime de cette femme qu’elle ne pouvait s’empêcher d’admirer, mais elle s’était tout simplement couverte de ridicule.

« Je peux comprendre » mentit alors Isadora, d’une voix très douce. Elle ne pouvait pas comprendre, évidemment. Ses mères adoptives ne l’avaient jamais forcée à quoi que ce soit, et surtout pas à choisir un emploi qui ne lui convenait guère. Tout au plus parvenait-elle à imaginer les religieuses en charge de l’Orphelinat Standish dans ce rôle contraignant. Et encore… Mary Everdeen et Elena Ollivander l’avaient adoptée à l’âge encore tendre de sept ans, elle n’avait donc pas eu entièrement le temps de se fondre dans le moule de docilité qu’on lui préparait. Il y avait toutefois un éclat de vérité dans les mots que la blonde prononça ensuite. « Quand vos parents sont des forces de la nature, il est parfois difficile d’échapper au destin qu’ils ont prévu pour vous… Je me trompe ? »

« Mais dans mon humble opinion, il ne faut jamais chercher à contraindre une rivière. L’eau finit toujours par retrouver le chemin qu’elle désirait emprunter » glissa-t-elle, à mi-chemin entre le mystère et la complicité.

Le peu que Meredith avait laissé transparaître confirmait à Isadora qu’elle devait être proche de la Ministre. Cette dernière avait une fille, qui selon ses calculs était du même âge que Miss Travers. Mais dans le bureau ministériel, Izzie n’avait aperçu aucun portrait de famille. Impossible donc d’être certaine.

« Votre mère, j’imagine ? » demanda-t-elle, poussant son avantage dans l’espoir d’obtenir confirmation de l’identité de la femme mystère dont faisait mention Meredith. « Pas d’inquiétude, je ne vous dénoncerai pas. » La phrase sortit de sa bouche avant même qu’elle n’ait pensé à la retenir. Pourtant, ramener Meredith auprès de sa mère, voire la convaincre de rejoindre le Ministère au moyen d’une promenade agréable dans les couloirs souterrains, aurait été un moyen idéal de revenir dans les bonnes grâces de la Ministre - pour peu qu’elle soit bien la fille de cette dernière. Mais Isadora venait de décider à l’insu de son plein gré qu’elle en avait plus qu’assez de flatter son chemin jusqu’au sommet de l’institution. Elle en avait assez de mentir pour couvrir son patron, assez de faire la navette entre lui et la Ministre dans l’espoir de ménager leurs sensibilités respectives au point de voir enfin ses mérites reconnus. Elle voulait simplement aider cette jeune fille paniquée - pas la trahir.

« Je connais peut-être un moyen de vous échapper - pas sans être vue, exactement, mais cela pourrait fonctionner… Si vous me faites confiance ? » La question n’était pas rhétorique, et en fine politicienne elle-même, Izzie planta son regard dans celui de la petite blonde. « Vous allez me suivre, comme si je vous faisais visiter les lieux - mais jusqu’à la sortie de ce couloir seulement. Après ça, il faudra accélérer le pas et faire comme si vous étiez persuadée d’avoir une bonne raison d’être là. On va éviter les escaliers et si on parvient jusqu’au Hall des Cheminées, je crois que je pourrai vous laisser rentrer chez vous saine et sauve ? »

Sa proposition s’acheva comme une question - pour s’assurer qu’elle avait bien l’assentiment de Meredith. Elle qui n’avait jamais été une élève rebelle se sentait soudain pousser des ailes - enfin, elle pouvait mettre à profit son expérience de Passeuse. Cette fois, elle s’en sortirait mieux que lors de son entrevue avec la Ministre !

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