temporalité du rp : août 1955
personnages concernés : @Cassiopeia Lestrange & @Ethel Filch
trigger warnings : stupéfiants (trafic)
intervention autorisée du mj : [] oui [x] non
autre(s) : /

IN FOR THE KILL - 2021-2022

Elle n’est pas attendue. Elle ne sait pas si elle sera même bienvenue.

Elle détonne dans le paysage immaculé, écrasé sous le soleil cuisant du mois d’août. Une tache sombre sur les pavés clairs, une irrégularité dans cet univers de beauté géométrique et bien ajustée. Une saleté que l’on aurait vite fait d’effacer. Une Filch, à Mandrake Alley ? Non, il y a erreur sur la personne. Personne n’a jamais vu de Filch ici.

Et pourtant, elle est bel et bien là. Elle rase les murs, se fond dans les ombres filiformes qu’abritent les corniches et les gouttières, jusqu’à ce qu’elle n’ait plus le choix. Il faut sortir au grand jour, apparaître un instant sur le perron noyé de lumière. Elle aurait dû attendre la nuit, réalise-t-elle soudain. Cela n’aurait rien changé à sa peur panique de déranger, mais cela aurait au moins apaisé la tension nichée au creux de ses épaules. Un regard à gauche, un autre à droite. Si elle est suivie, ils sont extrêmement discrets - et vu les modèles que lui a déjà envoyés la Brigade de Police Magique, la petite herboriste a des doutes sur le fait que la discrétion fasse partie du cursus des forces de l’ordre. Et puis, s’il faut, elle a un alibi : elle ne fait qu’apporter sa commande à une cliente de la boutique, voilà tout. S’il y a bien une chose qui peut gêner la flicaille, c’est l’idée de déranger les puissants. Et, coup de chance dans une vie qui en est par ailleurs tragiquement dépourvue, la cliente d’Ethel est puissante. C’est d’ailleurs pour cette raison que la jeune femme vient quêter son conseil, bien plus que pour lui amener des plantes séchées qui auraient pu attendre un jour ou deux.

Parce qu’elle, elle ne peut plus attendre. Elle ne peut plus passer une nuit entière à guetter le sommeil comme on attend l’arrivée d’un ennemi. Ça lui creuse des cernes un peu trop profonds sous ses yeux en amande, et si elle n’est pas du genre à se soucier de son reflet dans le miroir - qu’elle n’a pas, de toute façon, faute de place dans son minuscule appartement - Ethel se soucie néanmoins des apparences. Les gens qui ne dorment pas ont la conscience lourde : ils ont des choses à cacher. Le petit scorpion devrait apprendre à mentir, si elle ne veut pas finir écrasée avant d’avoir pu obtenir un fragment de la liberté dont elle rêve. Mais Ethel ne sait pas mentir, la faute à cette malédiction qui coule dans ses veines, seul héritage maternel qu’elle renierait sans aucune peine.

Faute de mensonge, il lui faut donc trouver une autre protection. Et qui d’autre que la dame Rowle - Lestrange, dorénavant - pourrait la prendre sous son aile ? Toute autre exigerait des compensations, Ethel le sait. Parce qu’on ne vexe pas le père Filch impunément, à moins de faire partie des puissants. Elle ne veut pas mettre Malcolm dans la mouise, et encore moins la jeune Américaine vers laquelle ses pensées s’envolent de plus en plus souvent… La décision n’est donc pas longue à venir, va pour Cassiopeia.

Et c’est à la suite de ce cheminement qu’Ethel se retrouve là, plantée sur le perron ensoleillé dans sa tenue couleur de deuil, tel un dahlia qui détonnerait au milieu d’un parterre de roses blanches. Elle soulève le heurtoir comme elle l’a déjà fait tant de fois, au fil de ses visites chez la dame Lestrange - plus Rowle, plus tout à fait. Elle ne sait pas si Cassiopeia répondra, envisage un instant de passer par l’entrée des domestiques, mais l’idée d’un charme de protection étendu aux endroits les moins suspects de la demeure la force à attendre qu’un bruit de pas se fasse entendre de l’autre côté de l’huis.

Merlin soit loué, Cassiopeia est là. Et elle lui ouvre la porte, et c’est tout juste si Ethel ne lui tombe pas dans les bras. Mais la petite scorpionne est un peu trop pudique pour cela, aussi se contente-t-elle de saluer poliment, et de désigner son éternel panier cent fois raccommodé.

« J’ai apporté les plantes que vous aviez commandées… Pourrais-je abuser de votre générosité, et vous demander un verre d’eau ? » quémande-t-elle, avec dans les yeux une toute autre urgence que le besoin de se désaltérer. C’est son cœur qu’elle veut épancher, bien plus qu’une soif tout à fait imaginaire.

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