temporalité du rp : août 1955
personnages concernés : @Saturnine Trelawney (sous pseudonyme) & @Amara Shacklebolt
trigger warnings : deuil, mort
intervention autorisée du mj : [ ] oui [x] non
autre(s) : /

IN FOR THE KILL - 2021-2022

« Allons, Nathaniel… Ne vous mettez pas dans des états pareils. Nous allons trouver une solution. »

Évidemment, cela voulait dire qu’elle allait trouver une solution. C’était sa responsabilité, en tant que directrice de l’institution. Ou du moins, l’une de ses nombreuses responsabilités. Parce qu’Amara Shacklebolt n’était pas arrivée là où elle en était en esquivant ses devoirs, elle décida de saisir le problème à bras-le-corps  : à peine avait-elle reconduit le pauvre docteur Pillywickle hors de son bureau - non sans lui offrir un énième mouchoir dans lequel il pourrait épancher ses flux nasaux dans un remarquable son de trompette défectueuse - que la sorcière dictait à sa fidèle Plume à Papote.

« Chère Madame Harcourt,

Suite à des circonstances indépendantes de notre volonté, veuillez noter que l’horaire de vos rendez-vous sera adapté, et ce dès la semaine prochaine. Nous vous recevrons désormais à onze heures onze, pour une entrevue d’une heure maximum. Demandez à voir la docteure Shacklebolt lors de votre arrivée à la réception.

Merci de vous présenter en temps et en heure, afin que ces horaires puissent être respectés.

Bien à vous, etc.

Dr Shacklebolt. »


Sa décision avait sans doute été impulsive. Ce n’était pas son genre : avec les ans, le caractère d’Amara avait pris la douceur et la force des fleuves, et la sorcière acceptait généralement d’affronter les méandres de la vie avec une équanimité que lui enviaient bien des collègues. Mais la situation était exceptionnelle, et aux grands maux… Tu vas le regretter, lui sifflait pourtant une petite voix. Son calendrier était déjà surchargé, et elle n’aurait pas eu trop d’un ou deux Retourneurs de Temps pour parvenir à remplir toutes ses obligations.

Le départ précipité de l’un des médicomages les plus expérimentés de l’aile Janus Thickey l’avait toutefois contrainte à serrer un rendez-vous supplémentaire dans son agenda hebdomadaire. Dans l’attente d’un remplacement pour le docteur Nathaniel Pillywickle, ex-spécialiste en Pathologie de la Mort qui avait tout récemment remis sa démission, ses collègues s’étaient répartis ses différents patients. Amara avait montré l’exemple, mettant ses subalternes devant le fait accompli lors d’une réunion d’équipe extraordinaire.

« Votre rendez-vous de onze heures onze, Madame la D… docteure. »

Elle avait choisi expressément d’occuper le bureau de son ex-confrère, espérant que la familiarité d’un tel environnement faciliterait la transition pour la patiente qui entrait à présent. Elle avait également insisté auprès du secrétariat de l’aile Janus Thickey pour que ces derniers emploient exclusivement son titre médical, afin de ne pas intimider l’inconnue. Elle avait choisi son dossier au hasard dans la pile que lui avait laissée - abandonnée aurait été plus exact, tant le départ avait été précipité - l’ancien médicomage. Pour Miss Harcourt, elle ne serait qu’une docteure parmi d’autres, une membre de l’équipe - et après tout, ce n’était pas vraiment mentir. Il n’y avait que quelques mois qu’elle avait pris la tête de St Mungo’s. Trois ans, en réalité. Merlin, comme le temps filait !

« Bienvenue, Miss Harcourt - puis-je vous appeler Evangeline ? Prenez place, je vous prie. Désirez-vous boire quelque chose, un verre d’eau peut-être ? Je m’appelle Amara Shacklebolt, et c’est moi qui vous recevrai en consultation, désormais » énonça distinctement la sorcière, prenant place dans le fauteuil calé derrière le bureau. Elle voulut croiser les jambes, mais réalisa promptement que son prédécesseur en ces lieux n’avait pas prévu le meuble pour un tel usage : elle devait bien rendre deux têtes au bon docteur Pillywickle, et ce dernier semblait plus adepte des rehausseurs de siège que des élégants croisement de gambettes. Aussi se contenta-t-elle d’un toussotement maladroit, visant à déguiser la douleur née dans son genou gauche - celui qui venait d’entrer en contact avec la surface inférieure du bureau.

« Humhum. Bien, ne perdons pas davantage de temps - je ne doute pas que le vôtre soit aussi précieux que le mien. » Doucement, Amara… Ce n’est pas une actionnaire que tu as face à toi. C’est une patiente, une personne qui a besoin de toi - pas l’inverse. « J’ai déjà parcouru votre dossier, bien sûr » reprit-elle d’un ton plus doux, sans toutefois revenir sur l’entrée en matière un peu hâtive. « Mais je souhaiterais entendre, dans vos mots, votre description de la situation que vous vivez. Dites-moi, Miss Harcourt : pourquoi êtes-vous ici ? »

Ses réflexes de médecin étaient peut-être un peu rouillés par le manque d’usage, mais ils lui reviendraient. Cela ne faisait jamais que… Trois ans, déjà. L’Américaine se servit à son tour un grand verre d’eau, avant de se caler aussi loin qu’elle le pouvait dans l'inconfortable fauteuil doctoral pour mieux écouter sa patiente.

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