temporalité du rp : Juin 1955
personnages concernés :  @Natalya Yaxley et @Paulina Parkinson
trigger warnings : suprémacisme sorcier
intervention autorisée du mj : [x] oui [ ] non (cochez la case correspondant à votre choix)
autre(s) : roulette russe rp etc…

IN FOR THE KILL - 2021-2022

Tu as bien du mal à mettre des mots sur tes ressentis. De la sidération, sans nul doute. L’incrédulité. La tentation de croire en l’impossibilité d’une telle ignominie et l’envie de réclamer justice pour l’enfant bafouée. Ses tourments, tu ne peux que les imaginer et pourtant cela suffit à cultiver la rage qui monte par vagues, te donnant presque envie de tout massacrer sur ton passage. Seule te calme la présence d’Alecto, qui vient te réclamer quelques caresses, comme si elle ne devinait que trop bien les orages qui t’habitent à présent. Tu n’oses penser à ce que peuvent ressentir père et mère, voyant leur progéniture marquée à vie par l’horreur la plus absolue. Tout ceci ne vient que renforcer cette certitude que tu as, que tu as toujours eue depuis le jour infortuné où vos routes se sont croisées alors que tu n’étais qu’une enfant.

Les monstres, ce sont eux.

Oh, ils voudraient faire croire le contraire. Ils essaient, y arrivent même, pointant du doigt cette magie comme un fléau menaçant de s’abattre sur le monde. Il est si facile de créer la peur à partir de ce qu’ils ne comprennent pas. Les sorciers sont dangereux, les sorciers souhaitent asservir le monde. La vérité, c’est bel et bien qu’ils ont peur de ce qui leur échappe. Peur de cette puissance, de cette supériorité indéniable. La vermine souhaite s’élever au rang d’aigle, et pour maintenir l’illusion commettre les plus grands actes de cruauté. Elle est si jeune, à peine sortie de l’enfance. Tout ce qu’elle est respire la grâce et la beauté, son innocence visible à travers la délicatesse de ses traits. Qu’on ait pu ne serait-ce que songer à lui faire le moindre mal dépasse l’entendement. S’attaquer ainsi à la jeunesse, à la fragilité… tu reconnais là la lâcheté de ceux qui se savent plus faibles, qui n’osent frapper que lorsqu’ils sont certains de pouvoir briser. Des sursauts de haine traversent tout ton être lorsque tu y penses, tandis que tu cultives l’espoir de pouvoir un jour exercer vengeance.

Les détails, tu ne les connais pas. Ils serviraient à alimenter ta propre colère, mais tu n’as pas souhaité te montrer intrusive. Ton coeur saigne pour ta chère amie et son époux qui doivent très certainement être dévastés, partagés entre le soulagement d’avoir ramené leur enfant chez elle, et l’horreur face à ce qui lui a certainement été infligé. Tu t’es tenue à l’écart, te contentant de lettres emplies de sollicitude adressées aux parents. Pourtant, tu y penses, jour après jour. Dans ton aversion des enfants, Natalya a toujours été une exception, en particulier depuis qu’elle a grandi. Bien grandi même, mais tu as encore du mal à t’y faire. Malgré toi, tu la vois encore comme une toute jeune fille, elle qui pourtant a largement l’âge de voler de ses propres ailes. Ces mêmes ailes que ces monstres ont consciencieusement cherché à briser.

Tu estimes à présent avoir laissé passer suffisamment de temps. Car tu as le désir, le besoin de t’assurer de son état, peut-être même d’entendre de vive voix son récit dans l’hypothèse où elle souhaiterait te le confier. Tu t’en doutes bien, ce que tu verras ne te fera aucun plaisir, mais c’est avant tout à son bien-être que tu t’attaches. La soirée a à peine débuté alors que tes talons claquent dans les rues de Londres. Tu l’as, bien sûr, prévenue de ta venue quelques heures avant, lui laissant l’opportunité si elle le souhaitait de t’envoyer un hibou pour exprimer un refus. Te sachant le champ libre, tu pénètres le luxueux immeuble situé face au Conservatoire. Dans ton sac, dont l’intérieur a été agrandi par un sortilège, se trouve une bouteille de whisky de la distillerie Weasley en guise d’offrande à partager. Une denrée qui te semble bien plus appropriée que des pâtisseries, dont tu n’es guère friande de toute façon.
Tu trouves ton chemin sans peine dans cet immeuble, bien que tu n’y sois que peu venue. Tu ne tardes pas à arriver devant la porte de l’appartement où réside Natalya et frappe trois coups, secs et sonores, afin de signaler ta présence.

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Un mois s'était déjà écoulé depuis que l'aristocrate avait regagné son logis londonien. Depuis son retour sur la capitale, la favorite n'était plus que l'ombre d'elle-même. Elle n'avait toujours pas repris les entraînements de danse au sein du British Magical Conservatory, la période de convalescence s'annonçant beaucoup plus longue que prévu. Avec l'arrivée des beaux jours, c'était aussi la nouvelle saison des ballets qui s'apprêtait à débuter. Malheureusement, le nom de la Yaxley avait été rayé de la sélection des étoiles. La valseuse était inconsolable depuis qu'elle avait appris la nouvelle. Elle avait versé toutes les larmes de son corps dans les bras de son paternel. Aussi, la poupée avait crié à pleins poumons dans tout l'appartement avant de fracasser la belle vaisselle et les vases contre ses murs. C'est qu'elle était finie, la danseuse étoile, tout le monde s'en rendait bien compte sauf elle-même. Elle était devenue si maigre et cernée, elle était moche à faire peur mais personne n'osait le lui dire en face. C'est qu'elle se voilait la face, la coqueluche, elle qui n'était pas encore prête à abandonner ses rêves de tutus. Et il y avait aussi cette vilaine blessure à l'intérieur d'elle-même, celle qui lui pourrissait l'existence chaque jour un peu plus. Ses parents voyaient bien que ça tournait plus très rond dans sa jolie binette mais ils n'osaient pas l'enfoncer davantage, de peur qu'elle ne puisse pas le supporter. La pourrie-gâtée était encore si fragile, tous craignaient de la voir faire une grosse bêtise si on la confrontait à la terrible réalité.

La coquette n'attendait personne et elle tressaillit lorsqu'elle entendit frapper à la porte. « Pau... Paulina ? » Qu'elle balbutia comme une enfant. La cousue d'or était restée planter au seuil de l'entrée, complètement inerte durant de longues secondes. « Je... Mais que faites-vous, ici ? » Qu'elle la questionna avec de grands yeux écarquillés. La jouvencelle tira sur les pans de son chandail avec nervosité, elle qui était si mal à l'aise devant cette situation. Paulina Parkinson était une amie proche de ses parents, tout comme le restant de son clan. Et ce n'était pas des choses à prendre à la légère, toutes ces histoires d'alliances et de fric. La famille Parkinson, ce n'était pas n'importe qui dans leur monde à eux. Elle était l'une des « Vingt-huit sacrés » au même titre que les Yaxley. Aussi, il était même question de marier la poupée matriochka au joli cœur de la fratrie Parkinson, Perseus pour le pas le nommer. On en causait plus depuis l'agression de la cousue d'or mais cela reviendrait sur le tapis tôt ou tard, Natalya ne le savait que trop bien. C'était important pour ses parents alors ça l'était pour elle également. Alors la sorcière n'avait pas le droit de se montrer sous un mauvais jour devant sa future belle-famille, c'était blâmable. « Je me sens confuse... Je ne suis pas... Enfin, je n'attendais pas votre venue. » Qu'elle baragouina avec impolitesse. Un hibou avait déposé une lettre plus tôt dans la journée mais elle ne l'avait jamais ouverte. La coquette en avait sa claque des mauvaises nouvelles, il n'y avait toujours que des mauvaises nouvelles ces derniers temps. À présent, elle regrettait amèrement de pas avoir lu son courrier du matin comme tout le monde. « Pardonnez ma discourtoisie. Je vous en prie, entrez, entrez... » Qu'elle s'excusa auprès de la brunette, embarrassée de se montrer si peu convenable devant une personne aussi influente que l'éditrice. Qu'allait-elle bien pouvoir déblatérer sur son compte, maintenant ? Natalya était morte de honte, elle qui n'avait pas été éduquée de la sorte par ses parents, à manquer cruellement de savoir-vivre devant  les invités. « Qu'est-ce que je peux... Je ne crois pas que... Que désirez-vous comme boisson, Madame Parkinson ? » Qu'elle bégaya en traînaillant dans sa cuisine, si hésitante dans chacun de ses mouvements. « Un petit thé, peut-être ? » Qu'elle lui proposa en tournant sur elle-même, ne sachant plus où donner de la tête. Mais où étaient-elles rangées ces fichues tasses ?

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Tu attends, mais guère longtemps en vérité. Le battant ne tarde pas à s’ouvrir pour dévoiler la jolie poupée. Poupée malmenée, abîmée. Son visage conserve la même beauté, mais les sévices subis l’imprègnent et transparaissent sur sa chair fatiguée. Ton coeur se serre encore davantage, tes épaules se contractent alors que des relents de colère te submergent. Oh, que tu te languis du jour où tu mettras la main sur ceux qui lui ont fait subir un traitement si monstrueux… le tien sera à la hauteur, et plus encore, car en la matière, tu ne crains pas de t’affirmer artiste et lorsque la vengeance t’anime, tu sais être redoutable en conséquence. Mais pour l’heure, ce ne sont pas eux qui doivent te préoccuper, mais elle. Elle dont la joie innocente a été détruite. Les détails des supplices infligés, tu ne les connais pas et jamais il ne te serait venu à l’esprit d’en faire la demande dans tes lettres à la famille. Peut-être la jolie fleur se confiera-t-elle, peut-être que non. Bien sûr que tu aimerais connaitre le plus d’éléments possibles, tout ce qui pourrait servir à la rendre justice, mais tu ne souhaites surtout pas brusquer la jeune femme. Tu est une brute, mais tu es aussi capable de douceur quand l’occasion vient à se présenter. En l’occurence, la situation l’exige.

Tu t’efforces d’arborer une expression amicale, d’apposer un peu de chaleur dans ta voix, ce qui, il faut bien l’admettre, n’est guère dans ta nature. L’étonnement pourtant  marque tes traits face à la surprise exprimée par celle que tu vois encore comme une enfant. « Je suis venue te voir bien sûr. N’as-tu pas reçu mon courrier ? » Visiblement non, si tu en juges sa question, ainsi que la confusion exprimée. Tu entres lorsqu’elle t’y invite, ne souhaitant pourtant pas t’imposer. « Je ne voudrais pas te déranger, je peux revenir une autre fois si tu es occupée. » Tu te serais bien peu souciée d’en gêner d’autres, mais avec elle c’est différent. Différent car elle est la fille de ta chère amie, différent car il était question avant ce drame que tu sois amenée un jour à l’appeler soeur. Cette union, tu ignores si elle se fera à présent - et tu serais bien la dernière à pousser qui que ce fut au mariage -, mais la simple possibilité te pousse à la considérer avec plus de tendresse.

L’impolitesse dont elle fait supposément preuve, tu la balaies d’un revers de la main. Et acceptes bien volontiers une boisson à déguster. Tu n’es, d’ailleurs, pas venue les mains vides et sort de ton sac la fameuse bouteille de prix, transportée avec précaution. « Je t’ai apporté quelque chose d’un peu plus fort. Mais tu peux la garder pour plus tard. Dans ce cas, un thé sera parfait. » Bien loin de pousser qui que ce soit à l’ivrognerie - vice des faibles et des lâches, que tu désapprouves fortement -, tu ne rechignes jamais en revanche face à un petit remontant lorsque la situation l’exige, et il te semble que dans ce cas précis, c’est bel et bien approprié. Mais une fois de plus, tu suivras les désirs de la petite danseuse, trop soucieuse de son bien-être pour ne pas te plier à ses souhaits.

Tu l’observes, conservant le silence durant quelques instants, avant de le rompre. « J’espère que tu ne m’en voudras pas de ne pas être venue te rendre visite plus tôt. J’ai pensé qu’il était mieux de vous laisser en famille… » Pour la première fois depuis que tu es entrée, une forme d’incertitude s’empare de toi, qui transparait dans tes mots, dans les inflexions de ta voix. Car cette gamine, tu ne voudrais surtout pas lui faire plus de mal que de bien. Tu y tiens, et c’est assez rare pour être souligné. Ton expression se fait plus posée, alors que tu énonces l’interrogation qui te brûle les lèvres. « Comment vas-tu ? » Si elle te répondras la vérité, tu l’ignores, bien que tu pressentes quelle est la réelle réponse. Car qui pourrait bien se porter après avoir vécu pareille épreuve ?

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La pourrie-gâtée avait cassé la jolie porcelaine de papa et maman. Elle était si colère l'autre soir qu'elle avait tout envoyé valser. C'était la belle vaisselle qui y était passée cette fois-ci, elle avait tout fracassé contre les murs. Alors, la jouvencelle ne pouvait s'en prendre qu'à elle-même s'il n'y avait plus de tasse pour son invité. La coqueluche n'avait pas les idées très claires et elle tripatouilla dans les placards de la cuisine. C'est pas moi qui aie fait ça. C'est pas moi. La cousue d'or s'affola et elle tournoya un long moment dans cette pièce. C'est qu'elle ne pouvait pas s'imaginer qu'elle était coupable de tout ce fracas. Aussi, elle marmonnait tout bas et on ne savait plus vraiment si elle se parlait à elle-même ou bien si elle répondait à son amie. « Pas de courrier, non... Ces satanés volatiles, ils n'apportent que des mauvaises nouvelles... » Qu'elle baragouina d'une petite voix à peine audible. La coquette avait le regard fuyant et elle ne cessait de s'agiter dans tous les sens avec grande nervosité. « Je ne suis... Je ne sais plus où... C'est... » Qu'elle soliloqua en tremblotant de tout son petit être. Un peu de concentration, petite sotte. Tu te ridiculises complètement. La valseuse reposa ses yeux un court instant et elle prit de profondes inspirations. C'était pas si facile de chasser les mauvaises pensées, celles qui s'agglutinaient à l'intérieur de sa tête. Madame Parkinson était ici et il s'agissait de ne pas passer pour une déséquilibrée. « Je... Whisky, oui. C'est très bien, je vous remercie pour cette délicate attention. » Qu'elle acquiesça en hochant la tête. De simples verres à eau, elle avait encore ça pour son invité et elle-même. Tu dois te calmer maintenant. La danseuse étoile était encore passée à deux doigts de la catastrophe et c'était effrayant pour elle. Elle ne voulait pas être aussi fébrile.

Natalya invita son amie à la rejoindre dans le salon et elle lui déposa un verre de boisson sur la table basse. Puis elle s'installa juste en face d'elle, si raide contre le dossier du fauteuil. « Je vous en conjure, Paulina, pas vous, pas vous, pas vous. Ne vous y mettez pas à votre tour. » Qu'elle répéta en se grattant les joues avec frénésie. La matriochka ne supportait plus tous ces chichis de la part de la terre entière. « Ils prennent tous des pincettes avec moi et je déteste cela. » Qu'elle lui confessa avant de commencer à siroter son whisky. C'était la première fois que la poupée verbalisait ce ressenti avec quelqu'un. « Je ne supporte plus leurs regards de chiens battus et leurs stupides phrases toutes faites. C'est insupportable pour moi. » Qu'elle lui avoua en reposant délicatement son verre. C'est qu'elle connaissait l'éditrice depuis toujours. Elle était son aînée et elle avait toujours été si rêche dans son attitude. Paulina Parkinson avait le regard sévère et elle terrorisait tous les enfants de bonne famille lors des grandes cérémonies. « Ne me traitez pas avec pitié. Je ne mérite pas ça. » Qu'elle la supplia en chuchotant. Paulina avait un cœur de pierre mais elle semblait apprécier la jeune Yaxley depuis toujours. Parce qu'elle était une enfant si sage et disciplinée, peut-être ? « J'ai l'impression d'y être toujours. » Qu'elle lui répondit avec sincérité. « Il y a une partie de moi qui est restée là-bas et je ne sais pas si je peux vivre sans. » Qu'elle se livra, la valseuse, comme elle ne l'avait encore jamais fait jusque-là. Paulina avait un cœur de pierre mais elle seule pouvait encaisser toutes les vérités. Pas comme le petit nid Yaxley qui était déjà si anéanti. La cousue d'or ne pouvait pas tout leur dire à eux.

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La petite semble dans une confusion la plus totale, à en juger par son babillage confus mais aussi l’état de son appartement qui a visiblement connu des jours meilleurs. Elle n’a pas reçu ta missive apparemment et nul doute à présent que tu la déranges. Tu hésites maintenant sur la marche à suivre. Tu sais être fine psychologue, surtout lorsqu’il s’agit de faire du mal, mais pour réconforter tu crains fort de ne pas être dans ton élément. Tu as des doutes sur le présent offert. La môme semble dans un tel état que tu commences à craindre encourager une possible ivrognerie… après tout, serait-il surprenant de plonger dans une telle faiblesse après ce qu’elle a vécu ? Tu la suis jusqu’au salon et prends place sur l’un des fauteuils, la voyant errer comme une âme en peine dans son propre intérieur. Pourtant, les paroles qu’elle t’adresse soudain sont loin d’être celles que tu attendais. Au lieu de se morfondre, la voila qui rejette d’un coup la compassion exprimée. Tu ne t’attendais guère à une remontrance, et pourtant tu l’accueilles avec l’ombre d’un sourire vaincu, acceptant gracieusement d’être remise à ta place - et ce n’est pas tous les jours que tu courbes l’échine. « Tu as raison. Excuse-moi, j’oublie parfois que tu n’es plus une enfant fragile. » Tu pensais te trouver face à un agneau blessé, mais voilà que tu entraperçois la lionne qui se cache derrière cette apparence frêle. Une force transparait de ses mots, de celle qui refuse de se laisser abattre malgré les coups. Tu saisis ton verre et en sirotes une gorgée, sans jamais vraiment la quitter du regard. La sylphide est cajolée apparemment, beaucoup trop, mais comment en vouloir à des parents meurtris ? Il te semble que l’étouffer est bien loin d’être une stratégie appropriée, mais tu n’es pas mère, ni n’en a jamais eu le désir, alors comment pourrais-tu savoir ?

Tes sourcils se haussent, tes yeux bleus s’écarquillent quelque peu. « Pourquoi ne le mérites-tu pas ? » Voilà de bien étranges mots de la bouche d’une victime de telles horreurs. Se sent-elle coupable, d’une manière ou d’une autre ? Mais tu te tais, tu la laisses exprimer ses tourments, ses pensées. Tu restes de marbre, mais ne perds pas une miette de ce qu’elle te dévoile. Une fois qu’elle a terminé, tu laisses un silence s’installer et dépose le verre encore plein devant toi, avant de t’adosser de nouveau au siège pour t’exprimer. Cette fois, ta voix a retrouver son tranchant habituel. « Je ne vais pas prendre de gants avec toi, puisque c’est là ce que tu me demandes: il est fort possible que tu ne retrouves jamais cette part de toi. Mais tu apprendras à vivre sans. Tu as bien plus de force que tu l’imagines, je le vois. » Et tu ne dirais pas une telle chose uniquement pour la complimenter ou la rassurer. Tu vois chez cette toute jeune femme une volonté de fer qui ne demande qu’à s’exprimer, plus encore après cet événement. Une curiosité nait en toi, alors que tu te demandes jusqu’où pourrait aller cette force de caractère. « Ne sois pas trop dure avec tes parents. Ils ont eu peur de te perdre et ils pensent bien faire. » Tu ne doutes pas une seconde de l’amour profond que portent Warlock et Zorah à leur chère enfant. Bien plus en tout cas que tu aurais jamais pu en attendre de tes propres géniteurs, tu en es certaine. « Mais ce qui est sûr, c’est que rien ne s’arrangera si tu restes enfermée ici à te morfondre. »

Tu croises les jambes et dépose tes mains jointes sur tes genoux. Tes gestes sont lents, mesurés, alors que tu continues d’observer la jolie nymphe, à l’affut de ses moindres réactions. « Si tu ne veux ni compassion, ni pitié, alors que veux-tu Natalya ? De quoi as-tu besoin ? » Elle seule peut répondre à cette question. Et oui, tu es curieuse, car en elle tu vois soudain un potentiel qui ne demande qu’à être réveillé, exploité. Tu n’en es pas encore certaine cependant. Tu attends, attends de voir ce qui se cache sous ces traits de poupée. Simple enfant gâtée ou beaucoup plus ?

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Désormais, les cousues d'or étaient installées dans le salon. Elles se toisaient silencieusement, sirotant le petit fond de whisky. Ce n'était pas dérangeant parce qu'elles se disaient beaucoup rien qu'avec les yeux. Natalya soutenait son regard avec véhémence parce qu'elle voulait que son amie comprenne bien. Elle était un peu perdue mais elle était toujours la même à l'intérieur. C'est moi, Natalya Yaxley. Elle était juste un peu perdue pour le moment. « Je ne crois pas avoir été un jour une enfant fragile. » Qu'elle finit par lâcher sur un ton de reproches. La poupée était si susceptible depuis son enlèvement, elle prenait toujours tout mal. « Je suis une étoile. Enfin, je... Je l'étais. » Qu'elle ajouta en grimaçant. Alors, la coquette vida son verre d'une seule traite afin de chasser les idées sombres et envahissantes. Et puisqu'elle ne tenait vraiment pas en place, elle se releva brusquement pour rejoindre la cuisine. La pourrie-gâtée avait encore soif et elle se resservit de l'eau-de-vie. C'était une dose généreuse mais elle en avait besoin pour arrêter de ressasser. Aussi, elle posa la bonne bouteille sur la table basse, tout près d'elle-même. La matriochka était agitée et elle tremblait de partout. Elle était si fébrile et cela contrastait avec la Parkinson et sa légendaire maîtrise de soi. Elle était parfaitement immobile et l'on ne pouvait rien lire sur son visage. Paulina était insondable et on ne savait jamais ce qu'elle pensait.

La valseuse déambulait dans la pièce puisqu'elle n'arrivait pas à se poser dans l'un des fauteuils. Puis elle s'arrêta quelques instants en face de la baie vitrée, fixant l'horizon de ses gros yeux globuleux. « Il s'est passé quelque chose de terrible et ça m'est arrivé à moi. » Qu'elle commença en tournant le dos à son interlocutrice. C'était plus facile comme ça pour se confier. « Mais je ne veux pas que la société me condamne pour ça. Je ne mérite pas d'être condamnée parce que j'ai rien fait du tout. » Qu'elle déblatéra avec tant de colère. La favorite se sentait si impuissante face à tout ça. C'est qu'elle n'avait jamais eu son mot à dire. Elle n'était plus vraiment elle-même depuis qu'on avait écrit son histoire à sa place. « Ils n'auraient jamais osé avant... Me regarder de cette façon là. » Qu'elle cracha avec les yeux emplis de larmes. Son amie ne pouvait toujours pas la voir mais l'on devinait toute sa détresse au son de sa voix brisée. « Je ne peux pas le cacher. Je suis exposée à la vue de tous et je ne peux rien faire pour ça. » Qu'elle enchaîna en essuyant ses larmes qui dégoulinaient le long de ses joues. C'était ça le plus atroce pour elle. La ballerine avait vécu cette terrible épreuve et elle n'était plus jamais seule. Tous les regards étaient braqués sur sa personne et elle partageait sa terreur avec le monde entier. Ce n'était pas ce qu'elle voulait mais elle ne pouvait rien y changer. « J'ai passé une vie entière à travailler. J'ai travaillé si dur pour la gloire. » Qu'elle reprit en se tournant enfin vers son invitée. Il y avait ses yeux rouges et gonflés qui la trahissaient malgré elle. Et la poupée se sentait si humiliée. « Ils n'ont pas le droit de décider que c'est fini, Paulina. » Qu'elle affirma d'une voix grave. « Ils n'ont pas le droit de décider pour moi et de tout saccager. » Qu'elle conclut en fronçant les sourcils. Alors, la coqueluche but une grande gorgée de boisson. Elle donnait l'impression de se lamenter sur elle-même et elle se détestait pour ça aussi.

La pourrie-gâtée écouta attentivement son amie. Elle était furieuse mais elle était aussi soulagée d'entendre tout ce qu'elle avait à lui dire. « Merci de votre franchise. » Qu'elle chuchota tout bas. C'était la première fois qu'on lui tenait de telles paroles et ça lui faisait mal au cœur. C'est qu'on lui avait toujours répété qu'elle redeviendrait comme avant. Sa famille et ses amis n'avaient pas les yeux en face des trous. On ne se remettait pas d'un tel choc comme ça. Ça n'existait pas et on lui avait menti jusque-là. Peut-être pas ses parents. Ils y croyaient vraiment à toutes leurs bêtises. « Ils sont parfaits. J'ai beaucoup de chance de les avoir. » Qu'elle reconnut en baissant la tête. C'est qu'elle se montrait parfois si ingrate envers ses géniteurs. « C'était leur rôle de me sauver la vie et ils l'ont fait. » Qu'elle déplora presque. Tout aurait été tellement plus simple si elle était morte là-bas. « Je ne suis pas fragile mais je suis faible maintenant. Je n'ai pas le courage d'affronter leurs regards. » Qu'elle avoua honteusement. L'aristocrate avait raison, elle se morfondait chez elle et ce n'était pas bien du tout. C'était rabaissant mais elle osait lui dire toute la vérité, peut-être pour qu'elle la bouscule encore. Plus personne n'osait jamais la bousculer. « Qui sont ces gens, Paulina ? Pourquoi font-ils ce qu'ils font ? » Qu'elle lui demanda avec son regard incrédule. Elle et sa sœur savaient tant de choses sur le monde de la Magie. Paulina ne savait peut-être pas exactement qui lui avait fait tout ce mal mais elle savait forcément quelque chose. « J'ai soif de vengeance. » Qu'elle lui répondit simplement. Elle aimait que son invitée ne prenne plus de pincettes. Elle se sentait plus vivante comme ça. « Et j'aimerais que vous me poussiez à être assez forte pour ce faire. » Qu'elle termina en la fixant droit dans les yeux. Pitié, Paulina.

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Tu ne la contredis point, la petite princesse qui se révolte, se rebiffe. Poupée fragile, peut-être pas, mais enfant bien trop gâtée par l’existence, cela certainement. Tu as de la tendresse pour elle, tout comme tu en a pour sa mère, ta chère amie, mais force est de constater que la jolie blonde n’a pas été préparée aux duretés de l’existence. Sans doute est-il présomptueux de ta part de considérer que tu aurais pu faire mieux, mais tu as la vanités de ceux qui peuvent se permettre de le croire, n’ayant toi-même jamais eu d’enfant. Le coup est rude pour la demoiselle et tu n’avais peut-être pas mesuré à quel point, car ce n’est pas uniquement son intégrité physique qui a été mise à mal. Non, la poupée russe a tout perdu, tout ce qui faisait d’elle son univers. D’un coup, elle a été tirée de son écrin de tendre velours pour se trouver projetée dans un monde vide, froid, dur. L’épreuve a été sans l’ombre d’un doute bien trop grande, pour qui que ce fut, mais surtout pour celle qui a toujours tout eu, toujours été protégée. Tu ne prononces pas le moindre mot, la laissant déployer les siens, ses ressentis et ce qu’elle réalise. Lui faire croire que tout peut redevenir comme avant, qu’elle peut retrouver cette place qui était autrefois sienne ne serait pas lui rendre service. Tu ignore bien des choses de l’univers du ballet. Peut-être aurait-elle une chance de retrouver un semblant de carrière, mais quoiqu’il en soit, tout serait différent. La fracture est prononcée, bien trop visible pour être réparée.

« Bien sûr que ce n’est pas ta faute. » Voilà au moins une chose sur laquelle tu peux la rassurer. Tes doigts se resserrent autour de ton verre alors que ton esprit s’attarde sur les responsables. Mais il est bien sûr hors de questions que tu perdes ton sang-froid. « C’est vrai, on te regardera différemment, pendant longtemps sans doute. Tu ne pourras pas l’empêcher, pas plus que tu ne peux contrôler le temps qu’il fait. Il t’appartient de décider si tu comptes agir en fonction de ces regards-là. Vas-tu te terrer ici indéfiniment ou les affronter ? Tout cela passera, les gens oublierons, mais toi tu n’oublieras pas. Ce qu’il s’est passé fait partie de toi désormais. » Ta voix est dure, peut-être trop, mais il est selon toi nécessaire de la secouer. « Tout est fini si tu décides que ça l’est. Peut-être que ton avenir ne sera tout simplement pas ce que tu imaginais. Ce qui ne veut pas dire qu’il ne sera pas. On t’a donné des cartes, ce ne sont peut-être pas celles que tu escomptais, mais il t’appartient de décider qu’en faire. » Tu refuses de laisser cette toute jeune femme s’apitoyer ainsi sur son sort, se lamenter de ce qu’elle a perdu. Tu es toute prête à lui saisir les épaules et à la secouer si cela s’impose. « Si tu ne fais rien, ils décideront pour toi de toute façon. »

Zorah et Warlock font de leur mieux, tu n’en doutes pas une seconde. Mais est-ce seulement suffisant ? Réconforter leur enfant, la serrer dans leurs bras, la cajoler… tout ça ne sert selon toi qu’à alimenter la peur. Voilà quelque chose que la poupée russe se doit de combattre, et pour cela, il lui faut d’autres armes. Tu affiches cependant une expression de satisfaction en l’écoutant apprécier les actions de ses parents, comme il se doit. Expression qui s’envole alors qu’elle exprime sa faiblesse. « Tout le monde se sent parfois faible. Te complaire dans ce sentiment, voilà qui ne t’aidera en rien. »

Elle a des questions, la jeune enfant, bien évidemment. Qui n’en aurait pas à sa place ? Tu es même surprise de ne pas les avoir entendues avant. Tu hésites, une seconde. Ses parents, que tu estimes tant, seraient-ils d’accord pour que tu te montres crue envers leur progéniture ? Mais Natalya a raison, elle est une adulte désormais. Si elle désire savoir, c’est là son droit le plus strict. Tu soupires, penche la tête légèrement sur le côté, cherches les bons mots. « Des moldus bien sûr, mais de la pire espèce. De ceux qui estiment que nous sorciers, représentons un danger, et qu’il convient de nous éliminer. Oh, c’est de la peur, rien d’autre. Ils savent notre supériorité et pour cette raison cherchent à frapper les premiers, comme ils peuvent. Ils ne sont en réalité que des insectes qui se savent condamnés, et tout ça ne les rend que plus vicieux. » Adhara Goyle, maintenant Natalya, parmi d’autres.

Soif de vengeance.

Dans ton regard bleu luit une lueur nouvelle. Tu la regardes soudainement avec un intérêt redoublé, cherchant dans chaque trait de son visage, chaque petite expression, la marque de sa détermination et de sa sincérité. « Es-tu certaine que c’est là ce que tu voudrais ? » Ne serait-ce pas le meilleur moyen pour la jeune princesse de reprendre possession d’elle-même ? Puiser une force nouvelle, retrouver le contrôle sur les événements. Tu avales une gorgée de whisky avant de reprendre. « Je pourrais peut-être t’aider… Mais ce sera dur. Très dur. Une âme trop sensible ne ferait que s’abimer. » Est-elle de ces âmes sensibles, incapable de faire couler la moindre goutte de sang ?

« Dis-moi Natalya: par vengeance, jusqu’où serais-tu prête à aller ? »

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Parkinson houspillait la pourrie-gâtée et elle était la seule à oser. C'était cuisant et la favorite serrait les dents. Son hôte lui balançait ses quatre vérités à la figure et c'était si brusque pour elle. La jolie poupée avait pris l'habitude d'être couvée dans sa famille et personne ne lui avait jamais parlé de la sorte. « Je ne sais pas ce que je vais devenir si je ne peux plus jamais danser. » Qu'elle se lamenta toujours. La coquette était en boucle et s'agaçait elle-même de ses sales manies. « J'ai tant sacrifié pour y parvenir... Et j'ai réussi, je suis devenue une étoile, finalement. » Qu'elle se remémora avec tant de peine. Ça lui faisait atrocement mal de repenser à ces choses-là. C'était fini et elle devait tirer un trait sur ses plus belles années. « Non, je... Je veux me battre, Madame. » Qu'elle se ressaisit devant l'éditrice. Cette dernière s'était montrée très dure dans ses paroles et ne la cajolait pas comme les autres. La ballerine n'était plus dorlotée et ça lui faisait tout drôle. « Si vous dites vrai... Si cet épisode fait maintenant partie de moi et de mon histoire... Alors je veux en changer la fin. » Qu'elle baragouina sans réellement savoir où elle voulait en venir. Puis la brune en rajouta une couche et la confronta à la terrible réalité. Celle dans laquelle la matriochka n'était plus sortie de chez elle depuis des jours et qu'elle fuyait le monde extérieur. La cousue d'or était tétanisée et n'avait plus la force de sortir de chez elle. « Ce sont les petits bêtes qui se cachent sous le sol. Quant à moi, je suis une Yaxley et je ne me terre pas. » Qu'elle jura d'une voix grave. Elle accentua les derniers mots et fixa son interlocutrice dans les yeux. La coqueluche ne voulait pas être cette personne et elle était blessée dans son amour-propre. « Mais s'il m'arrive de flancher encore... Est-ce que vous serez toujours là pour moi ? » Qu'elle la questionna avec ses yeux humides. La valseuse allait se battre mais elle réalisait à quel point c'était difficile de le faire toute seule.

Désormais, la sorcière avait essuyé ses larmes et elle écoutait attentivement l'éditrice. Elle attendait des réponses et était suspendue à ses lèvres. « Je les déteste tous. » Qu'elle exprima avec colère. La poupée haïssait tous les moldus depuis qu'elle avait été enlevée puis séquestrée par ces sales monstres. « Que pouvons-nous faire pour les neutraliser ? » Qu'elle rebondit nerveusement. « Parce qu'ils feront à d'autres ce qu'ils m'ont fait à moi. » Qu'elle balança avant de tressaillir de tout son petit corps. Il y avait déjà d'autres victimes et tout ça devait s'arrêter au plus vite. « Je n'ai jamais été aussi sûre de moi, Paulina. J'ai des petits frères et je pense surtout à eux. » Qu'elle assura en vidant la fin de son deuxième verre de whisky. La matriochka les descendait si vite et commençait à avoir le tournis. Elle n'avait plus rien dans le ventre depuis plusieurs jours et ça lui brûlait l'arrière-gorge. La sorcière se rassit alors sur le gros fauteuil et adressa un fin sourire à l’éditrice. « Ils sont la prunelle de mes yeux. » Qu'elle ajouta avec tendresse. La ballerine désirait plus que tout les protéger. C'était son rôle de grande sœur à elle et elle l'endossait avec démesure. « Paulina, je veux en être. Si une guerre éclate, je veux y prendre part. » Qu'elle proclama avec véhémence. Désormais, il y avait cette petite lueur d'espoir qui traversait son regard à elle et c'était la chose la plus précieuse au monde. C'était le début de quelque chose de nouveau, là où il n'y avait plus rien depuis des mois. « J'ai mérité ma place au front et je suis plus motivée que n'importe lequel d'entre vous. » Qu'elle prôna en se redressant bien droite sur son siège. La poupée de porcelaine s'animait et on la retrouvait comme avant, avec toute sa fougue et sa hargne. « Je vous en conjure, Madame, donnez-moi une chance de vous prouver que je ne suis pas une de ces âmes sensibles. » Qu'elle l'implora presque de la prendre avec elle. Alors, la Parkinson lui posa une ultime question et Natalya ouvrit grand ses yeux. Elle hésitait à lui dire toute la vérité, de peur qu'elle ne moucharde à ses parents et qu'ils s'inquiètent pour elle. « Je crois que j'ai envie de les tuer. » Qu'elle articula très lentement. Elle était mal à l'aise et tritura ses mèches blondes avec fébrilité. C'était son secret à elle et la valseuse espérait qu'elle le garderait précieusement. « Celui qui m'a fait ça et tous les autres chiens de son espèce. » Qu'elle murmura en fronçant les sourcils. Maintenant, son amie savait tout et elle pouvait décider pour elle.

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Il te semble avoir deux Natalya devant toi. La première, poupée brisée, fracassée, réduite à voir tout ce pour quoi elle a travaillé à l’état de poussière. Elle se tient là, désemparée, au-dessus des ruines de cette vie qu’elle s’était tant appliquée à construire. Pauvre enfant ravagée par la violence, l’acharnement sur ses membres frêles et son esprit encore trop juvénile, trop fragile pour pouvoir réellement riposter. Mais tu entraperçois une autre facette, une que peut-être tu n’avais pas vue venir. Ce feu qui semble la gagner, cette résolution dont elle est peut-être capable de faire preuve. Choisir de se redresser au lieu de s’écrouler lamentablement et laisser les malheureux restes de son existences choir à ses pieds tels des reliques d’un temps révolu. Tu l’écoutes, cette toute jeune femme qui semble enfin trouver la force de se lever. Un fin sourire se dessine sur tes lèvres face à la conclusion qu’elle en tire et pourtant sa question te plonge dans une réflexion certaine. L’oiselle a besoin d’être rassurée, de sentir que dans sa lutte elle ne sera pas seule. Peux-tu prendre cette responsabilité-là ? A-t-elle les épaules pour te suivre, pour effectivement aller au bout de sa quête ? A vrai dire, tu l’ignores encore et il y a un monde entre souhaiter reprendre son histoire en main et le faire effectivement, avec tout ce que cela comporte. Pourtant, c’est presque tout naturellement que la réponse te vient. « Oui, je serai là. » Elle est après tout la fille de l’une de tes plus chères amies, d’un couple de sorciers que tu estimes tout particulièrement. Si son désir est d’emprunter une telle voie et bien soit, tu l’y accompagneras.

Les larmes effacées, ce sont désormais les reflets de la haine que tu perçois dans ses yeux de biche. L’assurance et la colère te surprennent presque, mais elles donnent à la poupée blonde une vigueur nouvelle, une force et un feu dont elle manquait peut-être avant. Les pires des épreuves forgent et la danseuse qui ne l’est plus, à l’innocence sacrifiée sur l’autel de guerres qui la dépassaient sans doute, est à présent animée de quelque chose de nouveau. Quelque chose qui t’inspire, car cette haine-là, cette rage de vengeance, tu sais pouvoir les utiliser. « Tu as raison, tout ça se reproduira. Peut-être même pire encore. Nous sommes tous en danger, mais plus encore les plus jeunes et vulnérables. » Ce dernier mot vise à la piquer, volontairement. S’offensera-t-elle, se renfermant dans sa fierté ou se lèvera-t-elle pour te prouver à quel point tu as tort ?

Elle a un motif, un réel désir de protéger les siens. Ce même désir qui t’anime, toi aussi, car c’est pour eux que tu le fais, pour leur offrir un monde meilleur, moins dangereux, plus prospère. « La guerre est déjà bel et bien là, j’en ai peur. » Souterraine, à l’abri des regards pour ne s’exposer que par brefs moments, si bien que le commun des mortels n’y voit pas grand chose. La petite poupée s’enflamme, s’emballe, exprimant le désir d’ôter la vie. Ton regard se durcit, prudente que tu es face à ce qui pourrait n’être que la folie de la jeunesse. « Attention ma chère. Tu risques de t’aventurer sur des eaux dangereuses. Ce dont tu parles là, c’est un voyage dont on ne revient pas. » Tuer de sang froid, tuer par vengeance et préméditation, peu en sont capables. Voilà bien longtemps que l’idée même ne t’émeut plus, que la violence fait partie de ton être jusqu’à pulser dans tes veines. Sans doute a-t-elle été toujours là. Parce qu’elle est Natalya tu as quelques scrupules, tu souhaites être certaine. Si elle s’avère être sérieuse, elle pourrait être d’une aide précieuse, une alliée de poids et honorer de plus sa famille. Il te faudra la tester, l’éprouver, connaitre ses limites pour savoir.

« Si c’est la vengeance que tu souhaites, rassures-toi, nous y passerons le temps qu’il faudra mais nous trouverons celui qui t’a fait ça et il paiera, crois-moi. Tu n’es en rien obligée de participer. Tu pourrais reprendre ta vie là où tu l’as laissée. Je suis certaine qu’avec ton talent et du temps, tu trouveras le moyen de danser de nouveau. »

Peut-être l’ignore-t-elle, mais tu jauges à présent la moindre de ses expressions, la moindre de ses réactions face à cette suggestion, insinuant que tout ça n’est peut-être pas pour elle. Qu’elle serait bien plus tranquille protégée par ses deux parents, bien à l’abri des affres de ce monde.

Natalya a traversé le pire, mais Natalya a survécu. Cela seul suffit à éveiller ton intérêt, à envisager que peut-être, elle a des épaules plus solides que sa frêle silhouette pourrait le laisser penser. Régira-t-elle ? Admettra-t-elle piteusement que tu as raison ou viens-tu de la heurter suffisamment pour qu’elle te démontre ce dont elle est capable ?

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