temporalité du rp : La fin du mois de juillet de l'année dix-neuf cent cinquante-cinq
personnages concernés : @Ephraïm Schalit ψ Natalya Yaxley
trigger warnings : propos crus, drogues dures, overdose, trouble de stress post-traumatique, détresse psychologique, pensées suicidaires
intervention autorisée du mj : [ ] oui [X] non (cochez la case correspondant à votre choix)
autre(s) : -

La pourrie-gâtée déforme la réalité et c'est plus joyeux comme ça. Maintenant, elle est dans un état d'apesanteur et ne veut plus jamais le quitter. Le monde est devenu tout beau, on y croit même dans les rues cracra de Bezoar Street. Elle plane et elle a vraiment peur que ça s'arrête. C'est pour bientôt et la valseuse passe encore la langue sur ses lèvres desséchées. Elle ne veut pas rebrousser chemin et elle a besoin d'une dose. Alors, la jouvencelle flâne dans ce sale coin et elle est vulnérable. Mais elle, elle ne voit plus rien. Puis elle s'en fiche parce qu'elle sait bien que le pire est derrière elle. Sa vie a été épargnée et elle le regrette à chaque instant. Il n'y a pas de fin à son calvaire. C'est affreux de vivre comme ça. Alors, la ballerine se drogue et elle est tombée si bas. Elle se donne en spectacle et ça fera la une d'ici quelques jours ou semaines. Mais c'est pas grave puisque ça lui manquait tant d'être sur le devant de la scène. Puis la vedette se trouve jolie parce qu'elle n'a jamais été aussi maigre. C'est ce qu'elle pense mais ça n'existe que dans sa tête. Une étoile n'est jamais assez mince. La poupée flotte dans sa robe noire dos nu en crochet et sequins. Elle est pas belle comme ça et ses pupilles sont dilatées.

Ça fourmille dans les petits doigts de la ballerine. Elle n'est plus si stone parce qu'elle se sent engourdie de partout. C'est la descente et ça lui fait atrocement mal. La coquette est dégoulinante de sueur et c'est tout son corps qui tremble. On est quel jour ? Maintenant, elle est paumée et ne sait plus depuis combien de temps elle erre ici. Elle ne veut pas penser à toutes ces choses-là. Elle ne veut pas manger et elle ne veut pas dormir. Puis Natalya ne veut surtout plus danser. C'est pour ça qu'elle s'enfile toujours plus de petites pastilles. La valseuse ne veut plus jamais que ça s'arrête. Alors, elle déambule devant le Golden Dragon Casino puis accoste ce jeune homme qu'elle croit reconnaître. « Je me souviens de toi... » Qu'elle murmure en s'approchant tout près de lui et de son visage. Alors, la coqueluche titube et le dévisage avec ses gros yeux globuleux. Elle est désinhibée et tend son index pour lui toucher le front. Est-ce que t'es bien réel ? Il est là, lui aussi, aux stupides réunions à l'hôpital, celles où Zorah l'oblige à assister. Pour parler à des inconnus de son traumatisme, de son enlèvement par les chasseurs au mois de mars derniers. Les autres aussi sont des traumatisés. Puis, il y a ce stupide psychomage qui pose toujours les mêmes stupides questions. Elle les déteste tous mais surtout sa maman pour cette stupide idée. Quand est-ce qu'elle comprendra qu'elle est fichue ? « Toi, t'es le clown de la bande… Je parie que tu sais vraiment comment t'éclater… » Qu'elle minaude à voix basse. La pourrie-gâtée est accro et elle se dandine devant lui. C'est sexuel et un peu vulgaire, la blondasse sait bien qu'elle est attirante. Et on ne dit jamais non à une si belle femme. La poupée se mordille la lèvre inférieure et lui murmure à son oreille : « J'ai beaucoup d'argent… Mais si c'est pas ce que tu veux, on peut toujours s'arranger… » Qu'elle lui propose sans aucune subtilité. Petite salope monstrueuse. C'est encore la voix d'Augustus qui l'insulte dans sa tête. Et ça lui donne envie de la cogner contre les murs.


Ce gus, c'est pas sa came. La favorite les préfère plus vieux et plus riches. Le vagabond est un raté et elle n'a que du mépris pour lui. Mais la poupée de porcelaine n'est pas dans son état normal et elle fait n'importe quoi. Natalya est défoncée et ça ne lui donne que de sales idées. Puis ça ne ressemble pas à la plus sage de toutes les ballerines. Elle qui ne consommait jamais rien parce qu'elle préférait garder le contrôle. Désormais, elle en a plus rien à foutre et c'est si inquiétant. Ça l’excite de se mettre en danger et de flirter avec la mort. Tu veux ou tu veux pas ? « Je... Je me sens pas très... » Qu'elle bredouille en devenant si blême. C'est tout son visage qui change et on voit bien qu'elle déguste. « Je... » Qu'elle commence sa phrase sans jamais la finir. La ballerine se casse violemment la binette vers l'avant, s'écroulant sur ses genoux puis de tout son petit corps sur le sol.

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TW : bad trip, consommation d’alcool, de tabac et de stupéfiants, folie, hallucinations

Dégringolade pharamineuse. Tout semblait se casser la gueule, s’écrouler, partir en vrille sous chaque pas apposé à même le pavé de Rome en proie aux flammes. ‘Quoi que…’ c’était pas dans sa tête ça ? ‘Ptet bien…’ Qui sait…? Qu’importe…! ‘P’tain mais qu’est c’qu’on s’en branle !’ Remous marin transportés jusque sur la terre ferme, tout tanguait, valsait d’un rythme effréné qui lui collait la gerbe. ’T’vas pas poser un pâté ici quand même, pauv’ merde que t’es ! ‘Toi ferme bien ta gueule !’ La bile remontait en brûlure acide au fond de la gargue, elle lacérait l’oesophage, embrasait tout le buste d’une étreinte inconfortable. Comme le besoin, l’envie macabre, de s’arracher la viande à grands coups de griffes, de se lacérer le derme pour aller s’extirper le liquide poisseux et verdâtre des entrailles. Une pensée. Une seule. Et voilà qu’elle se gaussait à nouveau de son éclat lugubre. Hilarité horripilante lui lacérant la raison. Elle avait la folie dans le chant. Mélopée chimérique élancée dans l’air. Silencieuse à quiconque ne savait entendre, à tous ceux qu’elle épargnait de son baiser en fer rouge apposé sur la conscience. Elle continuait, encore et encore… ‘Cette grosse connasse.’ À s’en éventrer le gosier, à s’en décrocher la glotte d’une vibration endiablée. Son insanité croissante dégueulait le trouble dont elle écartelait les abysses du pauvre marin de fortune à la dérive. Ô Lyssa… Cruelle amante à la compagnie devenue poison de l’âme.

Tout prenait des contours sombres, se distendait, se muait en créatures sorties des bas-fonds. Apparitions cauchemardesques qu’il pensait abandonnées au fond de son cachot, elle régnait en maîtresse impériale. Elle et ses perles luisantes larguées dans leurs orbites trop larges, trop profondes, trop angoissantes pour être humaines. Abysses fascinantes, envoûtantes dans lesquelles on se laissait aspirer. On s’y perdait, s’y noyait. Les repères disloqués. On asphyxiait, paniquait. Hurlements écrasés par un silence de plomb. C’était trop tard. Tout était perdu. Sa seule apparition, rictus de Cheshire apposé en promesse lugubre, son don rôdait dans son sillage. Douce étreinte que celle de la folie. Partenaire éternelle que les substances magiques apaisaient quand elles ne l’accentuaient pas. Là, maintenant, tout de suite il en avait le squelette qui chantait. Craquèlements résonnant au fond de la caboche, ça tirait, grattait, lançait d’affres à en rendre jaloux le plus appliqué des chasseurs. Il y était peut-être à nouveau. À chanter sous leurs lames. À se tordre d’une danse désarticulée sous les coups portés. ‘Ptet bien…’ Encore elle et ses charmes, elle et ses visions enchanteresses pour toujours plus brutalement le ramener à la misère de sa réalité. Pourtant… Pourtant il aurait juré glisser à l’écoutille son petit flocon qu’il allait rejoindre la douce Greyback quand la langue s’était fleurie des plus grasses réprimandes à l’encontre du capitaine et de ce vieux Jack sous les regards contrits du petit mousse et de sa vieille camarade de classe. Il avait la géhenne qui suintait de chaque pores, dégueulait des labres en vomissures acides. Ça lui retournait les sens, excitait chaque molécule de l’âme dans une fuite perpétuelle. Un besoin devenu viscéral de se sentir vivant, d’oublier, d’avancer quand la carne suppliait que tout s’arrête. ‘Qu’on en finisse, bordel !’

Un peu plus il sombrait. Bad trip des moisissures gobées, Lyssa en périphérie oculaire. Capturer les molécules d’air se muait en parcours du combattant. Lutte de tous les instants pour rester en vie. ‘Mais pour quoi faire ?’ Un réflexe. Rien de plus. Un sale écho de cette étincelle de vie qui refusait à l’abandonner, qui s’accrochait telle la plus gourmande des tiques à sa carne, les crocs plantés dans la chair pour éveiller tout le système de sursauts vitaux. ‘Chier…’ Les visions pullulaient. Elles dansaient devant les rétines usées, embrumées par l’océan salé qui ne demandait qu’à déborder, noyant les prunelles de miel sans éclat. Ici on ne viendrait pas le trouver. Ici peu de chances de les croiser quand les sens s’enivraient des vapeurs intoxicantes de ces liquides tant honnis. Ça schlinguait la gnôle. Ça embaumait le tabac. Ça se vautrait dans les pires vices et lui… Lui il avait la sensation de flotter, de danser, porté par le feu du liquide ambré lui coulant sous la chair. Une apparition au loin. Nymphe égarée dont l’univers entrait en collision avec le sien, les plis décoraient son regard à la reconnaissance de la gamine. ‘Petit oiseau’ Poupée au mental brisé. Comme le sien. Comme son corps. ‘Bordel mais non… J’vais bien !’ ‘Cause toujours va… « Ouai ? T’me remets ? » Gausserie au bord des vermeilles, l’haleine chargée du feu du whisky, son océan scruté sans vraiment la voir, sans parvenir à comprendre si tout ceci n’était pas qu’un délire de plus. Elle était pas dégueu la gosse… Peut-être juste un peu trop jeune. ‘Ça t’a jamais arrêté… Gros porc que t’es… Et voilà que la proposition glissait de ses bonbons, suggestion crue, note dissonante dans chant usuel. Pas normal… Quelque chose clochait et ça lui retournait le bide. Ça résonnait un peu plus fortement là haut jusqu’à lui en coller des sueurs froides. Amorce insidieuse d’une nouvelle descente dans un des neuf cercles. « Qu’est-c’tu baves p’tit oiseau… ?! T’me fais sérieusement c’coup-là ?! » Elle était pas vraiment là. C’était pas possible. C’était trop… étrange.

L’urgence semblait soudain cogner, gratter dans les recoins de la conscience à la gueule désenchantée de la princesse. « Hey… T’es toute pâle… Ça va ? » Plouf Pas le temps de réagir. Les membres comme dans une mer de coton réagissaient une fois l’oisillon tombé de son nid, écroulée sur le pavé. « מְזוּיָן… » Putain de… À la pliure de l’échine, un décharge éveillait tout le système nerveux, crachant son feu délétère pour signer le retour à la réalité. « חרא ! » Merde ! Phalanges en accroche de ses éclanches pour la soulever. Poids plume de la gamine, l’amorce d’une contrariété lui peuplant l’encéphale alors que les pulpes dégageaient avec douceur ses fils dorés de son minois. « Oh ! Tu m’entends ?! » Rien de plus qu’une caresse contre le carré délicat de sa mâchoire, tentative un peu maladroite de la ramener parmi cette chienne de réalité. « P’tain comment qu’tu t’appelles déjà ?! » Tout pataugeait là haut. Les rouages mal graissés s’enrayaient, crissaient d’un caprice à reprendre leur marche. « Chier… ‘Tain… » Les ambres larguées autour de leurs carcasses accroupies dans la fange, il semblait y chercher réponse, guetter un indice. « T’es une ruskoffe toi aussi… Bordel… Na… quelque chose… Natrouschka ? Nanaschka ? Un truc en ‘Na’ et ‘schka’… » Manie de toujours accoler des surnoms aux créatures croisant son chemin, les substances ingurgitées n’aidaient en rien, plongeant dans une léthargie inquiétante toute amorce de réflexion. « Oh ‘pi merde hein… Ça va p’tit oiseau…? »

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TW : détresse psychologique, pensées suicidaires


La valseuse plane à quinze mille dans les ruelles crasseuses de Bezoar Street. Elle a englouti toutes les pilules éparpillées sur la table basse, mais ce n’est jamais assez. Les voix persistent, inlassables. Celles de ce salopard d’Augustus, de la cocue d’Emma, de la beauté fade de Perseus, et même celles de ses chers parents… Elles murmurent, l’écrasent, et ne lui laissent aucun répit. Elles sèment le doute, la font sombrer dans la folie. La poupée de porcelaine a si longtemps résisté à leurs chuchotis, endurant des tourments qu’aucune âme ne pourrait supporter. Elle a défié la Mort, mais la Mort l’emporte toujours. Natalya a succombé à ses belles promesses, surtout à celle où tout s’arrête enfin. Désormais, seule la Mort lui parle, sa unique amie. « C'est quoi ton prénom, déjà ? » demande-t-elle, les yeux grands ouverts, presque démesurés. La ballerine tapote son front du bout de l'index, comme pour s'assurer qu'il est vraiment là. Le gus, lui, a aussi souffert, mais il choisit de s'en amuser. C'est un imbécile, un pecno de la pire espèce. Comment Zorah a-t-elle pu croire un instant que côtoyer ce genre d'énergumènes à l’hôpital allait l'aider d'une quelconque façon ? La matriochka a détesté chacune de ces séances de groupe avec le psychomage. Elle n'est pas comme eux, et il lui est impossible de s’identifier à cette bande de ratés. La favorite préfère le déni, celui qui l’entraîne toujours plus bas, plus profondément que tous les autres.

La jouvencelle l'aguiche salement, car elle pense que ses poches sont bien garnies. Que ce soit de l'argent ou du sexe, il peut bien chaparder ce qu'il veut. Après tout, elle n'en a plus rien à foutre. « Je ne te plais pas ? » s’offense-t-elle faussement, inclinant légèrement la tête sur le côté et faisant une moue désinvolte. Les hommes ne lui résistent jamais, surtout pas les tocards comme lui, qui dégagent l’odeur âcre du mauvais whisky à plusieurs mètres. Comme s'il aurait eu une chance quelconque dans d'autres circonstances. La coqueluche lui pisse au visage. « Ce n'est pas tous les jours qu'une fille comme moi s'intéresse à un type comme toi. » minaude-t-elle en essuyant son menton d'un revers du poignet. La mousse blanchâtre qui s'écoule de sa bouche trahit un trouble inquiétant, tandis que sa tête lui tourne et qu'elle titube misérablement. Elle se sent partir et n’essaie même pas de résister. « Tu crois que t'as l’air plus… en forme que m-moi ? » bagarouine-t-elle avant de s’effondrer au sol comme une masse.


Natalya reste inconsciente quelques secondes. Elle n'entend plus la voix du garçon, pas plus qu'elle ne sent ses caresses. Et c'est tant mieux parce qu'il est la dernière personne au monde qu'elle veut à ses côtés. Il n'y a plus personne, pas même la Mort avec ses fichues promesses. Il ne reste que son  petit cœur qui bat la chamade, menaçant d'exploser dans sa poitrine. « Nanouchska... » murmure-t-elle enfin, un léger sourire aux lèvres. C'est le surnom que lui donne sa maman, mais elle est encore dans les vappes. Ses yeux clignent difficilement, et elle lutte pour rester ancrée dans le monde des vivants. « T’es pas drôle… Ce qu'il nous est arrivé, à toi et à moi, c'est pas... drôle du tout. » articule-t-elle péniblement, avec une note de reproche dans la voix. La valseuse le hait, ce saltimbanque avec son rire idiot. Elle n’a jamais compris à quoi il jouait pendant la thérapie et le déteste pour être si à côté de la plaque. La poupée ballerine le déteste, mais pas autant qu’elle se déteste elle-même.

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