temporalité du rp : juillet 1955
personnages concernés : @Albin Potter & @Adam Bagshot
trigger warnings : aucun à ce stade
intervention autorisée du mj : [ ] oui [x] non
autre(s) : /

IN FOR THE KILL - 2021-2022

Il aurait pu demander à Arthur. Mais ça aurait impliqué de parler avec Arthur. Et ça, ce n’est pas près d’arriver. Adam n’est pas du genre rancunier, d’habitude… Mais, lorsqu’on parle de son jumeau, Adam n’est plus le même. On dirait qu’il rétrécit, il se replie sur lui-même, menton dans les épaules et regard collé au sol comme un vieux chewing-gum. Le sujet n’est pas de ceux qu’il souhaite aborder, et parler à son frère, c’est clairement trop lui demander. Ce n’est pas de la rancune, le mot serait mal choisi. En fait, c’est tout le problème, ces derniers temps, les mots - qui n’ont jamais été son point fort - lui échappent. Il ne parvient plus à penser droit, il lui manque son compas. Arthur est comme un aimant, un point de lumière qui le guide même dans la nuit la plus noire, alors sans lui Adam est perdu. Paumé comme un gosse en forêt, la boussole est brisée et il ne sait plus dans quelle direction avancer.

Alors non, il n’a pas demandé à Arthur. C’est vers Bonnie qu’il s’est tourné : la Gardienne des Frelons est encore la membre de l’équipe avec laquelle il s’entend le mieux. Ils ont un caractère similaire, assez pour se comprendre et surtout savoir éviter les sujets qui fâchent. C’est donc par son intermédiaire qu’Adam a réussi à saisir l’exclusivité de l’été, cette interview que même Quidditch Magazine n’est pas parvenu à obtenir. Le blond sait déjà qu’il devra remercier Bonnie - non qu’elle ne risque de lui laisser oublier : elle a déjà mentionné qu’un de ses rêves était d’apprendre à conduire une voiture, et Adam a le début d’une idée de plan pour convaincre son patron de le laisser emprunter l’une des carrosseries en cours de réparation - mais tout ça attendra, il doit d’abord préparer ses questions.

C’est pire que de passer un examen - et pourtant, le gamin n’était pas du genre scolaire. Il est plutôt fortiche pour la pratique, la théorie ce n’est pas son truc. Se préparer longtemps à l’avance non plus. Alors il a laissé traîner, les jours ont filé. Les journées au garage, les soirées à animer l’émission la plus écoutée de la RITM, ou à emmener Dolly dans les plus jolis coins de Godric’s Hollow… Juillet a filé comme un éclair, et voilà que Bonnie revient, elle a convaincu Albin Potter d’accepter cette entrevue et il est disponible demain, est-ce qu’Adam est prêt ?

Évidemment, qu’il bluffe. Il peut être prêt en un jour, il lui faut juste quelques questions et une anecdote ou deux, et l’affaire sera dans le sac, alors ce n’est pas un mensonge, pas vraiment. Il a oublié un petit détail, cependant : le travail au garage Thackeray n’est pas du genre reposant. Pas du genre non plus qui facilite la réflexion, et puis il ne va pas écrire ses questions sur un bout de papier parce que ces choses-là ont une vilaine tendance à s’envoler. Le patron est aussi Moldu que faire se peut, et il risquerait de s’étonner que son unique employé utilise des mots comme feinte de Wronski ou Quidditch. Adam tient à ce boulot, qui n’est pas seulement une couverture. Il apprécie sincèrement le patron, aussi bougon qu’il soit, et adore réparer des véhicules. Les mains dans le cambouis, il n’est jamais aussi heureux que lorsqu’il trouve le mécanisme fautif, ou lorsqu’il parvient à fixer une courroie mal attachée. Il aime même la radio qui sert de fond sonore à l’atelier, connaît par cœur les titres qui passent en boucle sur les ondes moldues. Dickie Valentine, Bill Haley ou Johnnie Ray font passer les heures, et il lui arrive de se dandiner discrètement, imaginant qu’il tient une jolie petite brune entre ses bras - mais déjà, le patron revient et il laisse tomber ses bras, s’empare d’une clé à molette et replonge le front dans les mécaniques défectueuses.

La journée a filé, et déjà le soleil amorce sa lente descente dans le soir d’été. Pour une fois, il n’est pas en retard : il arrive même en avance au studio d’enregistrement situé dans le quartier de Merlin Square. Cela lui vaut un « Déjà ? Bah, qu’est-ce qu’il t’arrive ? » de la part d’un William étonné. « On a l’interview » répond-il dans un sourire qui suffit à illuminer la salle de rédaction. « Nan… Si ? Merde, Bagshot, t’es génial ! J’arrive pas à croire que je vais rencontrer Albin-le-meilleur-joueur-de-sa-génération-Potter ! » William est fan des Pies de Montrose depuis qu’il est assez grand pour assister à un match, alors forcément, il connaît le Potter. Plus que connaître, d’ailleurs, il l’adore. « J’aurais dû ramener un maillot à dédicacer, t’aurais pu prévenir… »

« J’ai appris la nouvelle ce matin, désolé mon vieux. Mais je suis sûr que tu pourras lui demander un autographe » relance le gamin, avant de revenir à son principal sujet de préoccupation. « J’ai pensé à quelques questions, mais je suis pas trop sûr de moi, ça t’embête de les relire ? Et bien sûr, si tu veux ajouter les tiennes… » « Je suis sur le coup, Bagshot. J’espère pour toi que ça me vaudra au moins un autographe, mais Albin Potter ! Je vais rencontrer le meilleur Poursuiveur de la Ligue, je suis refait… » Déjà, William n'est plus tout à fait avec lui. Une demi-heure plus tard, il lui tend une liste drôlement allongée, complétée et annotée. « Will, t’es au courant qu’on a une heure ? Et encore, faut compter les disques et les deux coupures pub, et le journal de dix-neuf heures dix-neuf ! »

Adam n’est pas désespéré, bien au contraire. L’enthousiasme du doyen de l’équipe l’amuse, et voir sa tête se décomposer lorsqu’il réalise que la tranche horaire est si courte n’a pas de prix. Il fait ce métier depuis vingt ans, mais c’est toujours pareil, il semble surpris qu’on lui rappelle de telles mondanités. « Allez, rien que pour toi, je vais voir si je peux pas négocier un des segments publicitaires » ajoute le gamin Bagshot. De toute façon, il a toujours trouvé ça complètement idiot de passer des pubs pour les balais récureurs de la Mère Grattesec ou l’agence de voyage Globus Mundi.

Une demi-heure de plus, et l’équipe est au complet. Sur le mur derrière lui, le signe on air est encore éteint, et l’on n’attend plus que l’invité. Le disque s’achève doucement, une chanson choisie spécialement par Adam et qu’il dédicace sans manquer à la plus jolie fille de Godric’s Hollow. Il ne sait pas si elle écoute, il espère que c’est le cas. Il espère que Dolly pense à lui autant qu’il pense à elle ; il espère qu’elle va bien, et qu’elle attend leur prochain rendez-vous avec autant d’impatience qu’il n’en ressent. Et là, tout de suite, il espère aussi que Potter ne va plus tarder, parce que la chanson touche à sa fin et que l’émission va commencer dans quelques secondes…

Juste à temps, il pousse la porte. Par Merlin et tous les saints du calendrier, il est encore plus musclé que sur les photos. Un peu plus petit que lui, sans doute - Adam frôle les deux mètres avec une aisance qui confine à l’insolence - mais les muscles tendent sa chemise bien coupée d’une manière qui lui inspire une pointe de jalousie. Il comprend pourquoi le Poursuiveur déchaîne les passions, d’autant plus que le type a l’air instantanément à l’aise. Albin Potter occupe l’espace comme s’il lui appartenait, et voilà qu’Adam balbutie comme un débutant, alors que la radio est son terrain. Pas moyen de compter sur William pour l’aider, l’aîné rougit pire qu’une adolescente en pâmoison, et c’est Chiara qui lui sauve la mise en entamant l’émission d’une voix claire. « Bonsoir les sorcières, bonsoir les sorciers. Vous êtes sur la RITM, la Radio Indépendante à Transmission Magique, les ondes libres du monde magique. Ce soir, nous recevons Albin Potter, et pour lui poser toutes les questions que vous pouvez imaginer, votre animateur préféré, Adam Bagshot. »

« Merci Chiara » parvient-il enfin à glisser. Les mots sont accompagnés d’un sourire sincère, remerciement supplémentaire que la demoiselle aux penchants littéraires saura apprécier. « Et bienvenue Monsieur Potter… Peut-on vous appeler Albin ? »

« Vous connaissez peut-être l’émission, mais si ce n’est pas le cas, sachez qu’il ne sera pas question ici d’évoquer votre figure favorite - on me dit qu’il s’agit de la Pince de Parker » entame l’animateur de radio, retrouvant petit à petit son enthousiasme instinctif, « ni votre parfum de glace préféré… Mais il est toutefois une question que nous ne pouvons pas éviter, et ce ne sera pas une surprise si je commence donc par ce que tous nos auditeurs se demandent : Albin Potter, pourquoi quitter les Pies de Montrose juste avant cette nouvelle saison ? »

MADE BY @ICEANDFIRE / IN FOR THE KILL › 2021-2022

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Il aurait dû demander à Arthur. Parce qu’au moins, son frangin ne l’aurait pas prévenu à la dernière minute - quoique… Et puis surtout, il l’aurait aidé à se préparer - sans doute en se plaignant pendant des jours du fait que ça n’était pas lui qu’on interviewait. Adam peut l’imaginer sans peine, il connaît si bien son petit frère qu’il n’a aucun effort à faire pour se représenter un Arthur indigné de ne pas se trouver au centre de toutes les attentions. Il y a là-dedans une satisfaction presque perverse, une vengeance mesquine : imaginer Arty ainsi, c’est un peu exorciser tous ces mots qu’il lui a crachés à la figure. Alors il grossit le trait, déforme le visage du frangin en y colorant des émotions qu’il ne lui a jamais véritablement connues. C’est plus facile de s’accrocher à cette colère déjà fantomatique que d’admettre qu’il pourrait juste aller lui parler. Que, peut-être, il pourrait même lui pardonner. Parce qu’Adam en a marre d’être le jumeau gentil, celui qui accepte tout parce que l’autre est une star, un petit génie auquel on passe les excentricités. Il refuse de passer ce caprice à son frère, pas cette fois. Cette fois, c’est Arthur qui s’excusera.

Mais ce n’est pas Arthur qu’il a face à lui, se rappelle-t-il. L’invité est un Frelon, lui aussi, mais il est le dernier arrivé de l’équipe - bien qu’il ne vienne à l’esprit de personne de le qualifier de petit dernier. Il a plutôt la gueule d’un éternel premier, plus charismatique qu’Arthur - plus grand aussi. Ce n’est pas la taille qui compte, mais ça fait tout bizarre à Adam de réaliser que certains joueurs de Quidditch peuvent être taillés dans le même format que lui. Il se dit d’ailleurs que le Potter a le gabarit parfait pour jouer au foot, il le verrait bien en défense - le mur de Cornouailles, il a même le surnom qui lui vient.

Ce n’est pas Arthur qu’il questionne, et les réponses du Poursuiveur le remettent rapidement à sa place. Il rougit des oreilles, et ça doit se voir parce qu’un seul des pavillons est couvert de son casque de radio… Mais tant pis, le gamin persévère, poursuit son petit discours comme si rien ne s’était passé. Albin le met à l’aise, il a le verbe facile lui aussi - et même s’il a parfois l’impression que le Potter se moque légèrement de lui et de son équipe de copains, Adam s’accroche et rebondit. Il sourit, même si ça ne se voit pas à la radio, il est sûr que ça s’entend - il pense un peu à Dolores, et l’imagine près de son poste, il veut la rendre fière et il l’imagine racontant à ses copines qu’elle est amoureuse du type qui a obtenu la première interview de la star de cette saison 1955-1956… La ruse fonctionne, il a le moral tout reboosté. Un jour, il lui dira : tu es toujours un peu avec moi, même lorsque tu n’es pas là. Pas de doute, le Bagshot est amoureux, tombé dans le panneau et fermement enferré mais c’est délicieux.

« Albin, donc : c’est entendu ! »

Il se fait un peu malmener, mais ce n’est que le début de l’interview, et l’animateur a d’autres questions en réserve… Sans compter que le Potter lui fournit de nouvelles idées. Lorsqu’il reprend la parole, c’est sans consulter les notes de William, glissant une question liée à sa première intervention. « Vos partenaires ne vous convenaient plus, et vous ne conveniez plus à vos partenaires… Y a-t-il eu un élément déclencheur à tout cela ? »

Il apprécie la référence au rock, genre naissant qu’il apprécie énormément. Albin semble à son aise, discutant de musique et de vélo comme le ferait n’importe lequel des garçons avec lesquels Adam passe ses samedis après-midis, jouant au foot lorsque le temps le permet, discutant autour d’une bière légère pendant les rudes mois d’hiver. Le blond pourrait même s’imaginer qu’il est au pub, plongé dans une conversation à bâtons rompus avec une connaissance de longue date, tant les exemples cités par Potter lui sont familiers. Cela le surprend un peu, d’ailleurs, cette aisance avec laquelle le sang-pur aborde des sujets qui peuvent rendre frileux ses auditeurs sorciers les moins progressistes.

« C’est donc une reconversion, un nouveau départ, si je vous comprends bien. On est ravis pour vous, évidemment ! Et puisque vous parlez d’adaptation : quelles sont les différences que vous avez remarquées dans le fonctionnement des deux équipes ? Qu’est-ce qui, en particulier, vous attire dans le jeu des Frelons ? »

« Et avec vos coéquipiers, comment se passe l’acclimatation ? Lorsqu’on joue à ce niveau, on le sait, les enjeux sont énormes… Et les egos aussi » glisse-t-il, davantage en référence à son frère jumeau qu’à son interlocuteur. « Comment construit-on un jeu collectif de qualité, qui permettra aux Frelons de défendre leur titre tout juste acquis au fil de cette nouvelle saison, tout en tirant le meilleur parti de chaque personnalité, de chaque type de jeu ? »

Il pose la question pour ses auditeurs et auditrices, évidemment. La pensée que peut-être Arthur est inclus dans ce groupe ne lui a même pas traversé l’esprit. La mention des egos sportifs ne lui est pas destinée, il s’agit là d’un commentaire de connaisseur : Adam sait que certaines de ses équipes de football favorites ont parfois souffert d’un déséquilibre trop important entre les velléités du capitaine et celles du gardien, ou entre défenseurs et attaquants. Non, Adam ne pense plus à son jumeau en cet instant. Il est pleinement pris dans cet autre jeu, celui du journaliste qui questionne et titille, espérant produire des étincelles de vérité.

Après les réponses du Potter, William semble enfin sortir de sa torpeur fanatique, et parvient à placer l’une de ses questions à son tour. « Monsieur P… Albin, je  n’en reviens pas, vous êtes vraiment face à moi… » Adam et Chiara lui adressent de brefs regards l’encourageant à se reprendre, et leur aîné se secoue, poursuit d’un ton plus assuré. « Certaines rumeurs ont flotté au printemps dernier, est-il vrai que vous êtes fiancé ? Pouvez-vous nous divulguer le nom de l’heureuse élue ? »

Avec cela, l’interview prend un ton mondain - précisément ce qu’Adam souhaitait éviter. Depuis l’incident de la distillerie Weasley, il sait à quel point la sphère privée des joueurs est cruciale à préserver, aussi relance-t-il rapidement que « Bien sûr, vous n’êtes aucunement obligé de répondre ! »

MADE BY @ICEANDFIRE / IN FOR THE KILL › 2021-2022

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Adam n’a jamais été très doué en Potions - ni en quoi que ce soit de très magique, à bien y réfléchir. Il est sans doute plus Moldu que sorcier, non que ça l’ait beaucoup gêné dans la vie : il a affronté sans trop broncher les quelques moqueries que sa stature imposante ne suffisait pas à dissuader, quand ses condisciples de Poudlard le prenaient occasionnellement pour cible. Faut dire que ça ne le dérange pas plus que ça, d’être meilleur en mécaniques qu’en métamorphoses : il voit bien davantage d’utilité au fait de savoir réparer un véhicule qu’à celui de pouvoir transformer un verre à vin en pantoufle d’un coup de baguette.

Mais rien de tout cela n’empêche qu’il comprend l’allégorie développée par le Potter. C’est pareil en cuisine, après tout, et ça il connaît plutôt bien. Celui qui se trompe et confond sucre et sel risque d’avoir une fort mauvaise surprise lorsque son gâteau sortira du four…

« On parie sans trop de crainte que votre ancien manager s’en mord déjà les doigts, sans parler de vos sponsors ! » réplique le gamin Bagshot, qui se dépatouille progressivement de son embarras initial. C’est que Potter n’est pas si imposant que cela, après tout : il a même l’approche facile et agréable, sans parler de sa voix qui coule comme du velours sur les ondes de la radio magique. Pas de doute, les auditrices vont adorer.

Adam se retrouve même à opiner du chef pour marquer son accord avec les propos tactiques du Poursuiveur. Potter sait ce qu’il fait et ce qu’il dit, il est habitué à ce genre d’exercice et cela se ressent. Pour autant, Adam aurait aimé obtenir davantage de détails sur la mécanique interne des Frelons, et il tente de creuser le sujet d’une question supplémentaire. « Puisque vous parlez d’entente sur et hors du terrain… Avez-vous déjà un partenaire de choix, dans votre nouvelle équipe ? On sait que les Poursuiveurs travaillent souvent de concert entre eux, mais aussi avec les Batteurs : avez-vous déjà ciblé votre personnalité préférée, celle qui sera votre parfait complément lors des premiers matches ? »

Dès que l’on s’écarte des terrains, cependant, la belle aisance de Potter fond comme neige au soleil. Son malaise est palpable, et sous la table, un coup de pied se perd en direction d’un tibia égaré. Qu’est-ce qui te prend, de poser des questions pareilles ? Le regard de Chiara est incendiaire, mais William n’en a absolument rien à fiche. Même le coup de bottine pointue ne suffit pas à le dissuader, et pour ne rien arranger, voilà que Potter choisit de répondre. Proprement, sans esquiver… Et pourtant, sans vraiment répondre. Il ferait un excellent politicien, se dit soudain Adam. Si une telle figure publique pouvait ouvertement prendre le parti des Passeurs, par exemple… Combien de soutiens pourraient-ils emporter, au sein d’une opinion publique bien plus prompte à se passionner pour le Quidditch que pour le conflit de moins en moins larvé qui déchirait la communauté des sorciers ?

« En effet, nous avons encore tous et toutes à l’esprit les derniers… exploits des Guêpes Écarlates, pour peu que le mot soit approprié. » Il en doute, le Bagshot, qui ne sait que trop bien à quel point le fanatisme des jeunes femmes qui composent ce groupe peut s’avérer nuisible. Dolores en a fait les frais il n’y a pas si longtemps que cela, et Adam en est encore tout remonté rien que d’y penser.

« Assez parlé du terrain et des potins, messieurs » relance Chiara, qui a bien capté que la discussion avait atteint une impasse. « Revenons-en à notre sujet, c’est-à-dire vous, Albin : qui êtes-vous, au quotidien ? On l’a entendu, vous appréciez le rock que nous nous plaisons à passer sur cette antenne, mais qu’en est-il de vos goûts en matière de littérature ? Y a-t-il un ouvrage en particulier que vous recommanderiez à nos auditrices et auditeurs ? »

« Et en parlant de rock, justement, avez-vous des artistes favoris ? Ce genre musical n’a pas encore fait d’émules parmi les sorciers, mais cela ne saurait tarder ! » Le Bagshot en rajoute une couche, et une fois que leur invité a pris le temps de répondre à leurs questions, il fait signe à Chiara que le disque prévu peut être lancé. La transition s’effectue en douceur, et les notes de guitare envahissent les écouteurs de chaque animateur radio. Adam repose bien vite son casque, et se tourne vers le nouveau Poursuiveur des Frelons pour entamer une discussion davantage informelle avec ce dernier.

« Encore merci, Albin, d’avoir accepté de nous accorder cette exclusivité. Comme vous l’aurez compris, les auditeurs et auditrices de la RITM sont très curieux, et nous aussi… Seriez-vous d’accord que nous abordions des sujets un rien plus politiques pour la suite de notre entrevue ? »

C’est qu’il a ses marottes, l’animateur radio. Et la politique en fait partie, parfois malgré lui : il ne peut s’empêcher de ramener le sujet sur le tapis, mais il ne souhaite pas non plus antagoniser un célèbre joueur de Quidditch - et par là même, risquer que William n’obtienne jamais l'autographe dont il rêve. Aussi précise-t-il rapidement que « Ce ne serait rien de trop polémique, si cela peut vous rassurer : juste quelques questions d’actualité, par exemple sur la récente proposition de loi qui vise à interdire les mariages mixtes ? »

En théorie, la question n’a rien de polémique. À part quelques allumés du ciboulot, comme Augustus Parkinson et ses semblables, des encroûtés du Ministère aux priorités d’un autre siècle, personne ne défend ce genre de positions s’il ne veut pas se voir mis au ban de la société fréquentable. Mais, sait-on jamais… Et si le fameux Albin Potter n’était pas aussi progressiste et terriblement cool qu’il le paraît ?

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