temporalité du rp : juin, 1955
personnages concernés : Sujet libre, principalement pour les moldus mais les sorciers peuvent venir (mangemorts et chasseurs s'abstenir, ambiance feelgood avant tout recherché), deux ou trois personnes
trigger warnings : Légère mention de guerre
intervention autorisée du mj : [ ] oui [ X] non (cochez la case correspondant à votre choix)
autre(s) : Lieu où se déroule le rp : l'épicerie familiale des Brown (petit commerce), votre personnage s'y rends pour effectuer quelques commissions.

IN FOR THE KILL - 2021-2022

Ce n’était pas la première fois, ni la dernière, que Diana se retrouvait derrière le comptoir de l’épicerie familiale. Enfant il n’avait pas été rares pour la clientèle qu’une petite fille de huit ans ne leur rende la monnaie ou n’aille leur chercher quelques boîtes de conserves avec un grand sourire. Il en avait toujours été ainsi pour la famille Brown, tout le monde devait faire tourner ce petit commerce qui avait été bâti à la sueur de leur front – et de leurs économies.

Aujourd’hui n’échappait pas à la règle, même si Diana n’était plus une enfant, loin de là, et qu’elle exerçait son propre métier, institutrice. Plus tôt dans la matinée sa mère avait été la chercher en renfort, son père étant souffrant et son frère avait sa propre famille à gérer. Diana s’était donc retrouvée à aider sa mère à tenir la boutique qui avait acquis une clientèle fidèle au fil des années. Et même si l’endroit n’avait rien à voir avec les grands magasins londoniens, son aspect un peu rustique mais chaleureuse le rangeait immédiatement dans les lieux dans lesquels l’institutrice se sentait le plus en sécurité.

Ce qui était sans doute le cas pour les autres, sa famille mais aussi leurs clients, qui, n’avait pu s’empêcher Diana de remarquer, semblait s’attarder plus que de raison. Ce n’était pas habituel, dans ce genre de petit commerce personne n’était pressé par le temps comme dans les villes, les gens discutaient par dessus la caisse enregistreuse pour échanger commérages et banalités.
Sauf que les événements des derniers temps semblaient faire rejaillir de mauvais souvenirs liés à la guerre et Diana soupçonnait les habitants de Godric’s Hallow, non pas de craindre une nouvelle période de rationnement, mais de chercher de la stabilité et du réconfort et quoi de mieux que l’épicerie qu’ils fréquentaient au moins une fois par semaine, avec les visages familiers des employés. Sans doute s’imaginaient-ils que si le village prenait soudainement feu, l’épicerie serait épargnée et eux avec. Elle ne pouvait les blâmer de s’accrocher au moindre soupçon d’espoir quand le chaos menaçait de abattre sur eux dix ans après la fin d’une guerre si terrible que les garçons qui étaient revenus du front se réveillait encore en hurlant la nuit. Et Diana priait pour que cette pensée morbide ne reste qu’à cet état.

La matinée fut ponctuée par les allées-et-venues de clientes venues chercher de quoi confectionner le repas du midi, parmi lesquelles quelques vielles dames qui avaient connu Diana enfant et qui témoignèrent leur joie de la voir ici, elle qui avait pris une voix si différente de celle de sa mère, remarque qui fit sourire la jeune femme mais à laquelle elle éprouvait pourtant un certain désaccord. Certes elle n’avait pas suivit les pas de sa mère en continuant de travailler dans le commerce familial, mais tout comme elle, Diana s’était mise au service des gens. Sa mère leur fournissait de quoi se nourrir, elle offrait la chance d’une éducation à de jeunes enfants, avec celle, elle l’espérait, de la chance d’une autre vie pour eux. Toute personne un tant soit peu observatrice pouvait remarquer que mère et fille offraient la même expression de gentillesse, dévotion alors qu’elles étaient en plein exercice de leur métier respectif.

Les pensées sombres de la matinée s’étaient presque totalement envolées et sa joie naturelle revenue, sa mère n’avait d’ailleurs rien remarqué – la passeuse faisait tout pour garder ses proches le plus loin possible de ses activités, en sécurité – et elle était occupée à ranger quelques paquets de sucre quand la clochette de la porte de l’épicerie sonna, annonçant l’arrivée d’un nouveau client. Diana se tourna aussitôt dans sa direction, prête à l’accueillir.

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Jusqu’ici, elle avait toujours vu Godric’s Hollow comme une sorte de havre de paix. Oh, elle savait très bien que ce n’était pas réellement le cas, et pour cause, elle était parfois en première ligne des horreurs qui pouvaient s’y tramer, à soigner ceux qui en avaient besoin, à préparer des potions très spécifiques et en quantités importantes. Alors oui, elle avait une idée plutôt claire des dangers qui se tapissaient dans l’ombre. Mais ce village, c’était le lieu où son père l’avait emmenée pour que justement elle y soit plus en sécurité. C’était l’appartement qu’ils partageaient avant son départ, ces rues qu’elle avait appris à connaitre par coeur. Elle avait parfois eu un peu peur en rentrant le soir chez elle, mais pas beaucoup plus. Rien de comparable à ce qu’elle éprouvait à présent. Le spectre de la Saint Godric planait encore, aussi pesant, aussi terrifiant alors que tant de choses lui rappelaient ce qui était arrivé à Adhara Goyle. Elle en faisait régulièrement des cauchemars, un peu moins fréquemment tandis que les semaines passaient, c’est vrai. Les chose avaient changé. Elle le constatait, qu’elle avait du mal à sortir de chez elle. A part pour travailler évidemment, parce qu’elle n’avait pas franchement le choix et qu’elle pouvait transplaner, ou utiliser la poudre de cheminette. Pour le reste c’était devenu… compliqué. Elle avait du mal à passer par certaines rues, par la place où tout était arrivé, quitte à rallonger ses trajets. Ça l’inquiétait un peu parfois. Devrait-elle voir un psychomage ? Cela l’aiderait-il à surmonter tout ça, à cesser de sentir les odeurs, d'entendre les sons un peu partout ?

Elle détestait que ça lui arrive. Elle détestait se rendre compte que la peur se glissait sous sa peau, s’imprégnait dans sa chair et l’empêchait de passer la porte de chez elle avec autant d’insouciance qu’elle le faisait, avant. Dolly avait un impérieux besoin de normalité, et quoi de mieux que se rendre du côté moldu pour faire quelques emplettes ? Ses placards commençaient à être un peu trop vides et son père n’aurait pas été ravi s’il avait pu voir la manière dont elle s’alimentait; à savoir, à n’importe quelle heure, et avec à peu près n’importe quoi du moment que ça faisait le travail, à savoir calmer sa faim. Peut-être que ce serait bien d’apprendre la pâtisserie moldue, ça l’occuperait. D’ailleurs, le fils de Georgie n’allait pas tarder à revenir de Poudlard, à moins que ce ne soit déjà le cas, elle n’était pas très sûre. Ca lui ferait sans doute plaisir, si elle lui préparait quelque chose pour fêter son retour. Le problème, c’est qu’elle ne savait pas tellement quoi.

Elle dut se faire violence pour marcher jusqu’à l’épicerie Brown. Son estomac se contracta à plusieurs reprises, mais elle fit de son mieux pour ne pas reculer, renoncer et retourner se réfugier chez elle. Ce n’était pas elle ça, pas elle du tout. Elle ne voulait pas que ce soit elle. Alors, la jeune fille accéléra le pas jusqu’à enfin apercevoir la devanture des commerce. Voilà un moment qu’elle n’y avait plus mis les pieds, mais l’endroit avait des relents de familiarité qui lui mirent du baume au coeur dès le moment où elle passa la porte.

Un sourire se dessina sur ses lèvres alors qu’elle reconnut non sans surprise la femme qui se tenait derrière le comptoir. Et pour cause, toutes deux partageaient une mission, un secret que nul n’était censé connaitre. Alors, Dolly s’avança, comme si de rien n’était. « Bonjour Mrs Brown. Je ne savais pas que vous travailliez aussi à l’épicerie. » En plus de son emploi d’institutrice. Cette présence familière avait quelque chose de réconfortant et la petite brune se sentit plus en confiance. « Est-ce que je peux vous demander conseil ? J’aimerais faire de la pâtisserie, mais je n’y connais pas grand chose alors il faudrait que ce ne soit pas trop compliqué. Peut-être des crêpes ? Ou des muffins ? Ou un gâteau ? » Elle avait aussi pensé à de la brioche mais avait rapidement compris que ce serait sans doute hors de sa portée pour l’instant. « Il faudrait que ça plaise à un enfant. »  

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Un large sourire se dessina sur les lèvres de Diana alors qu’elle reconnut la cliente qui venait de franchir le pas de la porte. Une jeune – trop à son humble avis – alliée dans une cause commune.

« Bonjour Miss Desplat. Ça m’arrive de temps à autre pour aider mes parents comme aujourd’hui. »

Elle gratifia la jeune fille d’un autre sourire tandis que sa mère, occupée à réarranger le rayon dédié aux confiseries approuva d’un signe de tête non avoir saluer elle aussi la nouvelle arrivée.

« C’est une affaire de famille ma petite, peu importe nos chemins aucun de nous ne laissera tomber ce commerce ! »

Sur elle disparut pour aller dans la réserve, laissant de nouveau les deux passeuses en tête à tête. Elle n’avait pas posé de questions à sujet du fait qu’elle et Dolores semblaient se connaître. Tout le monde ou presque se connaissait à Godric’s Hollow et sa mère n’avait jamais été d’une nature trop curieuse, hormis quand il fallait échanger quelques ragots avec les commères du coin, elle se contentait de vivre sans laisser milles questions lui tourmenter l’esprit.

« De la pâtisserie ? Nous avons tout ce qu’il vous faut bien entendu. Vous pouvez essayer de commencer par de petits sablés ou un gâteau au chocolat, si c’est pour un enfant ça marche à tous les coups. »

Diana savait de quoi elle parlait, les scones et cookies, cette spécialité américaine arrivée il y a quelques années de l’autre côté de l’Atlantique faisait fureur, aussi bien chez les petits que les grands, les fournées qu’elle préparait pour Gawain ou Mr Fitzpatrick quand elle leur rendait visite s’évaporaient en un rien de temps. Quittant le comptoir, elle se dirigea vers une étagère qui présentait entre autre de la farine et du sucre.

« Quel âge à cet enfant si ce n’est pas indiscret ? Si il est en bas âge, il vaut sans doute mieux préparer quelque chose de mou pour lui. »

Elle attrapa un des sacs de farine, ainsi que de sucre, deux éléments indispensables dans la préparation de n’importe quelle pâtisserie. Profitant du fait que sa mère était toujours dans la réserve et ne pouvait donc pas les écouter, Diana s’enquit de prendre des nouvelles, non seulement de Dolores, mais aussi du monde magique, dont elle n’avait que trop peu d’informations ces derniers temps.

« Et sinon, comment allez-vous ? Tout se passe bien de votre côté ? »

Malgré le joli sourire de Dolores, Diana sentait que quelque chose semblait la tracasser. Il y avait dans ses grands yeux, de la fatigue mais aussi de l’inquiétude, quelque chose que Diana avait déjà pu déceler dans le regard de chacun des passeurs lors des réunions, mais aussi dans le sien, celui des habitants quelques années plus tôt, alors que les ondes de la BBC leur donnait les tristes nouvelles du monde. Diana était bien terminer à chasser cette lueur définitivement.

Et cette question était aussi une manière discrète pour désigner ce côté masqué de Godric’s Hollow, là où elle aurait du habiter, un monde qu’elle refusait de laisser derrière elle. Car si elle le faisait, ça voulait dire qu’elle devait laisser Matthew, l’effacer de sa vie, faire comme si il n’avait jamais existé. Et elle ne pouvait pas faire ça, tirer un trait sur cette partie de leur histoire, sur les réels moments de magie que Matthew lui avait offert.

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Il y avait quelque chose chez Diana d’infiniment réconfortant. Dolores n’aurait su définir quoi exactement, mais son sourire lui donnait à chaque fois l’impression que tous ses problèmes n’étaient en fait peut-être pas si graves, qu’il devait y avoir une solution au bout du compte. Après tout ce qu’il s’était passé, elle avait le sentiment d’être entrée dans un cocon en poussant cette porte. Cocon dont elle n’était plus certaine d’avoir envie de sortir, plus encore alors qu’elle assistait à toute cette belle solidarité familiale où on venait donner un coup de main pour la bonne marche du commerce.

« Un gâteau au chocolat pourrait-être une bonne idée… » songea-t-elle à haute voix. Fergus aimerait sans doute ça le chocolat et probablement que Georgie aussi (autant faire d’une pierre deux coups). Le problème étant qu’elle n’était pas certaine de savoir comment faire exactement. « Est-ce que vous avez des recettes aussi ? » Trouvait-on ce genre de choses dans les épiceries moldues ou devait-elle se rendre dans un autre magasin ? S’il lui semblait parfois commencer à se familiariser avec ce monde dépourvu de magie, force était de constater qu’elle n’y était encore qu’étrangère, ignorante de choses qui paraissaient sans doute très élémentaires pour Diana et sa famille. « Non, il a douze ans. » répondit-elle avec un sourire presque mélancolique. Douze ans, déjà, et sa première année à Poudlard passée. Elle s’en souvenait encore, de ses premières vacances d’été après des mois de scolarité au Chateau. A l’époque, l’âge adulte lui semblait si loin… tout était finalement arrivé à une vitesse effroyable.

Elle observa les geste de l’institutrice non sans curiosité. Dolly n’était pas non plus totalement ignare, elle connaissait quelques bases en cuisine, mais d’ordinaire quelques coups de baguette suffisaient à ce que les choses se fassent d’elles-mêmes. Ca n’avait rien à voir avec la préparation d’un gâteau de A à Z, avec de vrais ustensiles… d’ailleurs avait-elle les bons ustensiles ? Elle n’avait pas pensé à vérifier, il faudrait qu’elle fouille un peu la cuisine.

La question posée par Diana attira de nouveau l’attention de la petite brune. Par réflexe, elle jeta un regard de côté afin de s’assurer qu’elles étaient seules; précaution inutile, l’institutrice avait toujours été d’une grande discrétion. « Et bien oui… autant que possible, vues les circonstances… tout ce qu’il s’est passé… » Dolores se montrait hésitante, sans trop savoir que dévoiler ou non. Elle se souvenait avoir vu Miss Brown le jour de la St Godric, mais n’était pas certaine de se sentir prête à parler de ce sujet, comme ça, dans cette épicerie familiale. « Mon père a dû partir quelques temps… pour le travail. » Mieux valait ne pas être plus explicite, au cas où. « J’essaie de m’occuper, je me suis dit que la pâtisserie pouvait être une bonne idée. »

Elle ne se voyait pas vraiment parler de ses peines de coeur, ça semblait soudain un peu futile non ? Elle réalisa que Diana ne lisait sans doute pas les journaux sorciers et ne devait rien savoir de tout cet affreux événement à la distillerie. Du moins, elle l’espérait, elle en avait plus qu’assez de devoir expliquer à tout bout de champ que non, elle n’était aucunement fiancée. Au moins ici elle pouvait être Nicole, juste Nicole la moldue, quand bien même l’institutrice connaissait sa véritable identité. Il y avait quelque chose de libérateur à pouvoir être une autre, comme si durant au moins un temps, tous ses problèmes disparaissaient.

« Et du votre ? Comment allez-vous ? » Que pensait-on de toute cette situation, du côté moldu ? Comment vivait-on l’horreur qui avait été commise, sous les yeux de tous ? S’en était-elle remise ?

 

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Diana n’avait aucun mal à comprendre ce que la jeune Abbott faisait chez les passeurs. La jeune fille dégageait de la gentillesse et de la candeur, deux qualités qui se faisaient bien trop rares ces derniers temps.

« Malheureusement, nous n’en avons pas. Il vous faudra vous rendre en librairie. Ils doivent sûrement avoir quelques livres de pâtisserie facile. »

De mémoire, l’institutrice était sûre d’avoir vu quelques ouvrages de cuisine dans les rayons de lapetite librairie locale.

« Et vous trouverez sans-doute une recette au dos du paquet des tablettes de chocolat. Les fabricants font de plus en plus ce genre de choses. »

Diana ignorait si les sorciers faisaient ça aussi : à ses yeux et de ce qu’elle avait pu voir avec Matthew, tout lui semblait plus facile : un simple coup de baguette et la poussière disparaissait des meubles, une autre et le vase Ming était réparé, rien de plus simple pour peu qu’on connaissait la formule. Bien sûr, Diana savait que tout n’était pas si simple. La magie ne pouvait pas tout arranger ni sauver, elle pouvait parfois même tout compliquer.

« Un conseil, suivez les instructions au début et quand vous serez assez entraînée, vous pourrez essayer vos propres expériences, vos gâteaux en seront bien plus appréciés et peut-être que ce jeune garçon serait ravi de vous aider un jour ou l’autre. »

Elle ignorait quels liens unissait cet enfant de douze ans avec Dolores, suffisamment proches pour que la jeune fille eut envie de lui faire plaisir en s’aventurant jusqu’ici.

Un léger voile gris se leva sur la conversation. Comment ne pas oublier cette journée. Elle s’estimait chanceuse cependant : grâce à Gawain, elle et sa famille avaient pu rentrer juste à temps pour éviter d’assister au terrible spectacle, mais elle n’était pas restée longtemps dans l’ignorance de ce qu’il s’était passé. L’horreur de la scène lui avait donné des cauchemars pendant des nuits entières. Qu’en était-il de Dolores ? Elle était encore si jeune, tout juste sortie de l’adolescence, encore innocente, une vie devant elle qui ne devait pas être noircie par les affres d’un nouveau conflit.

La jeune femme semblait elle-même vouloir éviter le sujet, elle ne pouvait l’en blâmer et sa mère pouvait revenir à tout instant, cependant Diana se promit mentalement de s’enquérir davantage de la jeune sorcière et de lui changer les idées.

« J’espère que son voyage se déroule bien  – elle ignorait quel métier il exerçait dans le monde magique, quelque chose en lien avec des créatures ? – Et bien à son retour, vous serez bien entraînée pour lui faire un gâteau. Croyez-moi, peu importe leur âge, les hommes sont incapables de refuser la moindre pâtisserie. »


L’institutrice ponctua sa phrase d’un léger rire, espérant pouvoir en arracher un à la jeune fille, qui, malgré ses efforts, lui semblait soucieuse. Diana avait toujours eu l’œil pour ses choses là. Quand on travaillait avec des enfants, il fallait se montrer observatrice à tout instant. Les enfants avaient beau être moins prompts à cacher leurs sentiments que les adultes, ils pouvaient être très doués pour jouer la comédie également, pour cacher une bêtise, obtenir quelque chose ou bien cacher quelque chose de plus grave. Toutefois, il était difficile de pouvoir tirer les vers du nez entre les murs de l’épicerie : le comptoir avait recueilli moult confidences depuis des années, mais jamais de cette envergure, les potins et les banalités étaient plutôt de mise. Peut-être que la sorcière accepterait un jour de passer chez elle autour d’un thé et de scones.

« Je vais bien, merci. La fin de l’année approche à grands pas, les enfants n’ont qu’une hâte : que l’école se termine pour profiter des vacances, et je dois avouer que c’est également le cas pour moi. L’année a été assez mouvementée et un peu de repos nous fera du bien à tous, en espérant avoir une rentrée plus calme. »

Dolores comprendrait le double sens de sa réponse. Un sentiment d’insécurisé s’insinuait, lentement, mais beaucoup de gens encore n’accordaient pas de crédit aux derniers événements et comptaient sur une explication rationnelle tôt ou tard.

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En librairie donc. A vrai dire, ça faisait sens. Dolly acquiesça d’un signe de tête en notant mentalement de s’y rendre pour se mettre en quête d’un livre de recettes. Mais c’est alors que Diana lui apporta une autre solution, à laquelle elle n’aurait jamais pensé. « Au dos des paquets, vraiment ? » Sans attendre, elle se saisit d’une tablette et la retourna pour vérifier. La recette était bel et bien là, et quand elle lisait, ça n’avait pas l’air si compliqué en fin de compte. « C’est vraiment une bonne idée, je n’y aurais jamais pensé ! » Elle était impressionnée face à une telle ingéniosité. Voilà qui allait lui faciliter grandement la tâche. « Est-ce que je pourrais avoir les ingrédients listés sur la tablette ? » Elle la lui tendit, bien que ce soit probablement inutile: Diana devait sans doute les connaitre, les ingrédients nécessaires.

Bien sûr, elle aurait pu simplement brandir sa baguette et le préparer en un tour de main ce gâteau, avec un minimum d’effort. Mais justement, elle avait envie d’en faire des efforts, de passer du temps à une activité qui lui ferait peut-être oublier un peu la solitude qui l’écrasait. Et puis, elle était contente de faire quelque chose pour le petit Fergus et elle espérait bien entendre toutes les histoires qu’il aurait à raconter sur Poudlard et sa première année. Elle était déjà pleine de nostalgie lorsqu’elle pensait à cette période. Non pas qu’elle aurait nécessairement voulu y retourner, mais les choses étaient plus simples à l’époque et elle réalisait à quel point le temps passait, que cette étape de sa vie était bel et bien derrière elle.

Elle écouta avec attention les conseils de Diana. Ca l’amuserait beaucoup de tenter de nouvelles choses, d’ajouter de nouveaux ingrédients et l’idée de faire de la pâtisserie avec Fergus l’enchanta. Elle n’y avait pas pensé, ce serait bien plus drôle que simplement tout faire de son côté et se contenter de ramener le gâteau. « Merci pour vos conseils, c’est une très bonne idée. C’est pour le fils de mon oncle, enfin c’est pas vraiment mon oncle mais c’est comme mon oncle. Il revient de sa première année à l’école… enfin en pension, au collège, alors ça fait un moment que je l’ai pas vu. » Elle ne savait pas vraiment pourquoi elle racontait tout ça. Peut-être parce qu’elle aimait beaucoup Diana, qu’elle avait envie de faire la conversation à quelqu’un, juste pour avoir enfin un semblant de normalité.

Penser à ce qu’il s’était passé sur la place était au-dessus de ses forces et elle fut reconnaissante à l’institutrice de ne pas lui poser de questions sur ce qu’elle avait pu voir, contrairement à certains collègues venus vers elle en apprenant qu’elle avait assisté aux événements, parfois avec une fascination presque morbide qui l’avait mise profondément mal à l’aise. Penser à son père, ce n’était pas vraiment mieux, mais ça Diana ne pouvait pas le savoir. « Oui c’est vrai, ça lui fera sans doute plaisir. » répondit-elle avec un soupçon de tristesse dans la voix qui contrastait avec le rire qui suivit celui de Miss Brown. Les dimanches à cuisiner avec son père lui manquaient affreusement, mais en cet instant elle se sentit un peu plus légère.

Le changement de sujet fut plus que bienvenu et Dolly fut ravie d’écouter l’institutrice évoquer sa propre vie, entendre parler du monde moldu, de l’école et des vacances. C’était exactement ça qu’elle voulait, dans le décor chaleureux de cette épicerie qui lui donnait la vague impression que tout était absolument normal. « Oui, je l’espère aussi. Vous comptez partir en vacances quelque part ? » Elle aussi aurait bien aimé des vacances, mais avec son père elle ne savait où il était hors de question qu’elle parte où que ce soit et le travail, même si loin d’être idéal, lui donnait au moins une structure, une routine et l’occupation lui évitait de trop s’angoisser. « Miss Brown, je me demandais… est-ce que vous voudriez venir prendre le thé chez moi un de ces jours, ou même à la rentrée ? Comme ça peut-être que vous pourrez rencontrer mon père aussi. » En espérant qu’il soit rentré d’ici là. L’invitation était sortie spontanément, sans même qu’elle y pense et elle était plutôt contente de l’avoir formulée. Elle avait eu trop peu d’occasions de parler de manière plus libre avec Diana.

 

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« Bien entendu, je vous prépare ça tout de suite. »

La liste entre les mains, Diana s’affaira à rassembler les ingrédients nécessaire à la préparation du gâteau tout en songeant à quel point le monde se porterait bien mieux si il partageait le même enthousiasme de Dolores devant une chose aussi simple qu’une recette au dos d’une tablette de chocolat.

Parcourir les étagères de l’épicerie fut rapide, elle pouvait y avancer les yeux fermés : depuis qu’elle était enfin, ses parents n’avaient jamais pris la peine de changer la disposition des rayons, à quoi bon après tout, les produits vendus seraient toujours les mêmes et il valait mieux ne pas bousculer les habitudes du client répétaient-ils souvent.

« Tenez, vous avez de quoi faire un gâteau pour quatre personnes. Oh je vois, il n’y a rien de tel que des retrouvailles autour de quelques douceurs et il sera d’autant plus content de manger quelque chose que vous avez préparez pour lui, à son âge la pension ne doit pas être facile tous les jours et j’imagine qu’elle n’est pas tout près ? »

Une pension… se pourrait-il que Dolores fasse mention de Poudlard ? Matthew lui en avait longuement parlé, ainsi que d’autres écoles à travers le monde mais elle n’avait pas le souvenir de l’avoir entendu mentionner d’autres écoles ici en Grande-Bretagne. Peut-être que si il avait vécu, leur enfant y aurait été pensionnaire également et aurait été camarade avec ce garçon que Dolores semblait tant affectionner. L’idée lui arracha un léger sourire.

« Il sera content, j’en suis sûre et certaine. »

Malgré les tentatives de la jeune femme de masquer sa tristesse, Diana devinait une certaine inquiétude et tristesse dans son regard et sa voix, similaire à la sienne quelques années plus tôt alors que son fiancé lui annonçait fièrement qu’il s’engageait dans la guerre. Ce parallèle lui provoqua une sensation de pincement au coeur.

« Oh et bien je vais rester ici une bonne partie de l’été mais une de mes proches m’a proposé d’aller dans les Alpes Suisse alors je pense que je vais accepter et vous, comptez vous partir un peu ? Godric’s Hollow peut être parfois un peu trop calme pour une jeune personne. »

Si Diana recherchait avant tout le calme, elle comprenait aisément qu’une jeune personne, sorcière ou non, cherche à s’amuser, surtout en ces temps difficiles et les journaux ne cessaient de parler des changements de la capitale ainsi que de l’arrivée de la culture américaine sur le vieux continent.

Elle ne s’attarda pas longtemps sur cette pensée, tirée par une proposition de Dolores qui la surprit.

« Chez vous ? Ce serait avec grand plaisir et rencontrer votre père également – elle tendit la main pour attraper le calepin et le crayon dont sa mère se servait pour noter diverses tâches et y inscrivit son adresse – tenez, voici de quoi me contacter quelque soit le moyen, ainsi nous pourrons nous organiser plus facilement. Et vous êtes également la bienvenue chez moi, je serais ravie de vous donner quelques cours de cuisine, qu’en dîtes vous ? »

Les deux idées l’enchantait et elle sentait naître un sentiment presque sororal envers la jeune Abbott et l’institutrice était toujours enthousiaste à l’idée de se mettre derrière les fourneaux et de partager cette passion avec quelqu’un d’autre : c’était là un moyen d’avancer et de permettre de se comprendre mieux, l’essence même de ce qui faisait les passeurs.

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