temporalité du rp : Juin, 1955
personnages concernés : Mary et Silas
trigger warnings : Pour l'instant, aucun.
intervention autorisée du mj : [X] oui [ ] non
autre(s) : roulette russe rp etc…

Ministère de la magie.


Première fois que j’y remets les pieds depuis que mon cœur a flanché. Mon teint légèrement plus cendreux qu’à mon habitude est certainement visible pour les autres sorciers côtoyant le ministère, mais je sais pertinemment que personne ou presque osera m’en faire une remarque. Parfois il y a du bon à avoir une réputation sanglante. Mes talons claquants sur les dalles de marbre du département de la justice magique, j’ignore ouvertement la nouvelle secrétaire qu’on m’a attribué alors que je sors de mon bureau. Y être enfermé me donne mal à la tête. Raide, je passe devant elle sans lui adresser le moindre regard, lui faisant comprendre qu’elle n’avait aucune importance pour moi. Je devais prendre l’air un peu et ce n’est pas une énième plainte venant du service d’administration qui m’en empêcherait. En cet instant même, je travaillais sur l’élaboration d’une loi spéciale à présenter devant le mangemagot sur les postes d’importance au sein du ministère de la magie et de la société magique. Sans allez sur une hiérarchisation directe des statuts de sang -chose qui viendrait hérisser le sorcier moyen prolétaire incapable de comprendre ce qui était bon pour lui- il n’en demeurait pas moins que la série de loi concoctée en viendrait à éliminer subtilement tous les sorciers au sang imparfait des postes d’influences.


Graduellement, en douceur et en subtilité.


Prenant l’ascenseur pour descendre vers l’atrium, je soupire enfin lorsqu’un peu d’air frais me fouette le visage. Dans mon bureau, j’avais eu l’impression d’étouffer, c’était bien la première fois que ça m’arrivait. De toute évidence, frôler la mort et manquer tout perdre pouvait parfois changer ses perceptions. Enfin…pour l’espace d’une seconde. Je me connaissais assez pour savoir qu’il ne me faudrait pas longtemps avant de me reprendre. Il le fallait; beaucoup de vautours traquaient le moindre signe de faiblesse venant de ma part afin de me déloger de mon poste. Autant des ennemis que des alliés, ironiquement. Un Lestrange n’a pas le droit à l’erreur et il était hors de question qu’un cœur malade m’arrache tout ce que j’ai gagné jusqu’à maintenant. Un nerf normalement à peine perceptible au coin de mon œil droit palpite lorsque je croise quelques passants aux vêtements moldus. C’est ce genre de chose qu’il faut éliminer de notre société. Nous sommes des prédateurs, des êtres magiques à la puissance illimité…pourquoi vouloir se fondre dans la masse? Parce que les moldus s’étaient transformer en chasseur? Par Merlin, quelle hérésie.


« Je vais prendre une tasse de thé avec un quartier de citron et une cuillère de miel » Lançais-je doucement en m’installant près de l’immense statue représentant un sorcier, un elfe et un centaure.


Il n’y avait pas de table, mais le rebord de la fontaine était assez large pour que je m’y installe confortablement afin d’y prendre une pause bien méritée. Force est d’admettre que j’ai peut-être un peu surestimé mes capacités physiques et que me déplacer autant avait vidé les maigres réserves d’énergie que je possédais. Par chance, mon masque imperturbable et stoïque empêchait quiconque de deviner mon état d’épuisement. Seule une poignée de sorciers et de sorcières avait réellement la faculté de voir à travers ce costume parfait de sang-pur qu’habillait mon visage en permanence lorsque je suis au ministère. Par chance, très peu d’entre eux travaillaient véritablement au ministère de la magie, donc j’avais peu de chance d’en croiser un.


« Oh parfait » Dis-je dans un murmure à peine inaudible lorsque ma tasse de porcelaine préférée apparut à mes côtés, fumante d’un liquide ambré et chaud.


Sans attendre, je me saisis de la tasse et j’esquisse un mince sourire en coin de satisfaction, lorsque je sens la chaleur du contenant réchauffer mes doigts engourdis. Depuis cette crise de cœur étrange, je remarquais que mes extrémités étaient de plus en plus froides et ce, en permanence. Un peu de thé ne me ferais pas de mal en plus de me donner une excuse adéquate pour prendre une pause. Pause que je ne prenais jamais, normalement.

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Aujourd’hui, tout semblait médiocre, sans consistance et dénué du moindre intérêt. A vrai dire, j’avais déjà éprouvé cette sensation hier. Et avant-hier aussi, à y bien penser. Comme s’il manquait quelque chose pour que les activités Ministérielles puissent retrouver une certaine saveur. Sans un mot, je pris la pile d’enveloppes que me tendait mon assistant, m’efforçant de ne pas regarder le bureau de Ronald, resté vide depuis notre rupture il y avait de cela quelques jours. Bien-sûr qu’il manquait quelque chose. Quelqu’un.❝ Ce sera tout, Yaxley.❞ décrétais-je prématurément en le laissant là, sans tenir compte des autres doléances qui étaient déjà prêtes à m’être transmises.
Le drame de la Saint-Godric avait inévitablement engendré son lot de conséquences, ajoutant au fardeau administratif déjà loin de désemplir depuis l’implosion du secret magique et l’assassinat de la jeune Churchill. Des condoléances à la famille Goyle aux conférences vindicatives face aux détracteurs, il n’y avait pas l’occasion de s’appesantir sur la cassure de mon couple. Excepté dans des moments comme celui-ci, où le silence de mon bureau finissait par peser sur mes épaules. Moi qui d’ordinaire, désespérais de devoir composer avec le bruit incessant des conversations et les éclats de voix environnants, me voilà à déplorer un quelconque manque d’effervescence, qui aurait été propice à masquer cette solitude devenue trop lourde.
La porte de mon bureau se referma derrière moi et, posant le paquet d’enveloppes sans m’y intéresser davantage, je pris une longue inspiration. Bien-sûr, je me doutais que les prochains jours seraient difficiles, il ne fallait pas avoir le troisième œil pour ça. Mais le fait est que la présence de Ronald était encore palpable, que ce soit dans les différents Départements de ce Ministère ou dans chaque centimètre carré de ce bureau. Car si j’avais au départ mal accueilli le fait de le savoir dans mon dos, je m’étais finalement habituée à le savoir près de moi. Une présence rassurante, voire même essentielle lorsque le quotidien devenait trop éprouvant. Rien de ce que nous partagions en-dehors de ces murs n’avait jamais franchi l’enceinte de l’établissement -c’était un point sur lequel nous n’avions jamais dérogé l’un comme l’autre, tenant à ce que notre relation reste confidentielle- mais pour autant, cette proximité imposée par ses fonctions d’auror de corps était une convenance qui nous arrangeait bien. Jusqu’à ce qu’elle s’évapore, aussi soudainement que les espoirs que j’avais placé dans notre relation. Ne reste plus que ce profond et douloureux sentiment de déréliction, une fois encore.

D’un bref mouvement de la main, je refoulais les picotements menaçants sous les paupières. Faiblesse. Ce n’était ni le lieu et ni d’endroit pour se laisser aller à ce genre de déboires sentimentaux. Ce n’était pas ce que l’on attendait d’une dame, d’une Ministre. En particulier dans ces temps de crise. Cette fois encore, le temps travaillera pour moi, il patinera de son vernis antalgique les affres de ces nombreux tourments. Il faut croire que ces choses-là ne m’étaient vraisemblablement pas destinées. Toutes ces belles histoires romanesques ne sont là que pour nourrir l’imaginaire des plus naïves et pour infuser de douces pensées idéalistes aux jeunes femmes novices du monde. Deux séparations en moins d’un an, il faut se rendre à l’évidence : certaines personnes ne peuvent s’épanouir en binôme…
Une lueur écarlate me ramena à la réalité, mon attention se focalisant sur le Rappeltout¹ posé sur le manteau de cheminée. L’épaisse fumée qui envahissait son centre me fit froncer les sourcils alors que l’horloge comtoise sonnait l’heure nouvelle. Reposant l’objet, je soupirais. Lorsque l’on me l’avait offert, c’est-à-dire durant l’hiver dernier après le licenciement de mon précédent assistant, il m’avait été très utile car il ne se passait pas un jour sans que je sois littéralement noyée sous les rendez-vous et la paperasse désorganisée. Mais aujourd’hui, c’était différent. Car aujourd’hui, il me suffisait de❝ Yaxleyyy !❞ appelais-le en élevant la voix pour être entendue à-travers la pièce.

Quelques minutes plus tard, je descendais les escaliers de marbre noir, toujours aussi réfractaire à l’idée d’utiliser le système d’ascenseur du Ministère. Un épisode qui avait bien évidemment fait le tour de l’ensemble des services², mais il était réconfortant de savoir que cette petite peste de Avery avait eu ce qu’elle méritait. Peu importe celui ou celle qui s’en était occupée d’ailleurs : où que soit cette personne, j’avais une dette envers elle. Descendant encore vers l’Atrium, je replaçais inutilement une mèche de cheveux : quiconque fréquentait Mary Travers savait qu’aucun plis, aune malfaçon ou aucun autre défaut ne trouverait jamais de place sur cette silhouette avantageuse, quelque soit le profil sous lequel on la regardait. En tous les cas, c’est sans la moindre trace d’effort et impeccablement apprêtée que je me présentais dans le hall de mon institution. Déposant la lettre cachetée qui m’avait value le déplacement au guichet de contrôle des baguettes magiques, je marquais un bref temps d’arrêt en reconnaissant le collègue non-loin de moi.
Silas Lestrange. Le retour du sorcier prodigue, après une semaine passée loin du bercail. Cela n’était jamais arrivé, aussi bien ces dernières années que lorsque je le précédais encore au département de la Justice magique. Evènement inattendu en entrainent un autre, je fus surprise de le voir installé sur la fontaine de la Fraternité magique, une tasse de thé à la main.❝ Nous en reparlerons plus tard.❞ fis-je au guichetier, mes escarpins martelant déjà le sol vers mon ami de longue date. Je m’arrêtais à sa hauteur :❝ Si c’est une fontaine comme celle-ci que vous vouliez dans vote bureau, il suffisait de le demander.❞ souriais-je en guise de salutation. ❝ Ravie de vous voir de retour, Silas.❞ exprimais-je avec sincérité en le dévisageant minutieusement. Il avait le teint aussi blême que la pierre sur laquelle il avait posé son séant, et quelques cernes sculptaient son visage aussi fermé qu’à l’ordinaire. Mais puisque j’étais munie d’un tact légendaire et d’une bonne dose de courtoisie -même envers la gent masculine- je ne fis aucun commentaire et gardais les nombreuses remarques que cela m’évoquait pour moi. Du moins, pour le moment. Si quelqu’un a une sale tête, il faut qu’il le sache. C’est pour son bien…après tout, on est pas responsable de la tête qu’on a, mais c’est à nous d’essayer d’en faire quelque chose de plaisant à regarder.

1. Le Rappeltout a été offert par Euca aux Olympiades.
2. Mary fait référence à son incident avec Hestia, qui en avait profité qu’elles ne soient que toutes les deux dans l’ascenseur pour la rouer de coups. (NB - trigger du personnage).

IN FOR THE KILL - 2021

Dernièrement, tout semble bouger à une vitesse incroyable. Actes de barbaries, coups d'État, manipulation de la masse populaire; il était impressionnant et ce, même pour un œil aguerri, de voir à quel point notre monde se transformait au rythme des jours. Personnellement, je me relevais à peine d’une faiblesse cardiaque qui m’avait fait prendre un léger retards sur quelques dossiers de moindres importances, mais cette courte convalescence avait eu le bénéfice de me faire réfléchir à un stratagème qui contribuerait à faire augmenter la paranoïa environnante, contribuer à la haine et à la peur provenant de la menace moldue tout en aidant à l’éradication de quelques pommes pourries au sein de notre société. Sérieusement, j’ignorais si mon plan était possible, mais y réfléchir avait eu le bénéfice de m’occuper. Trouver des “larme à feu” moldue et apprendre à s’en servir ne devrait logiquement pas être très difficile…il fallait juste trouver un sorcier assez naïf pour accepter la mission. Par chance, ce n’était pas pour l’immédiat, il me fallait discuter avec mon joyau avant, le jeune Riddle.


Assis sur la fontaine dans l’Atrium comme s’il s’agissait là d’un siège tout à fait normal, je réfléchissais aux projets futurs du département alors que mon regard remarqua au loin le parcours d’une silhouette gracieuse et royale. Il me faudrait parler rapidement à Pandora afin d’établir un plan sur l’inspection des différents départements du ministère afin de purifier les espaces de travail de la racaille sans que ça ne soit perçu comme de l’ostracisme. Le moindre faux pas pouvait m’être fatal et trop de vautour surveillait le moindre signe de faiblesse de ma part pour me faire tomber dans les abîmes de l’oubli. Foi de Lestrange, il était hors de question que je laisse de jeunes arrivistes m’enterrer alors que j’avais encore de longues années lucratives devant moi. Je n’avais pas encore montré mon potentiel de machiavélisme.


Parlant de machiavélisme, mon regard suivit la démarche ferme, autoritaire et pourtant élégante de la ministre de la magie alors qu’elle se rapprochait de mon perchoir improvisé. Un sourire courtois, mais bien authentique se dessina sur mon visage alors qu’elle plaisantait sur mon emplacement. Peu aurait eu le courage de m’asticoter de la sorte, mais nous étions amis depuis si longtemps qu’elle faisait partie des rares qui avaient le droit de s’octroyer ce genre de privilège à mon endroit. “Voyons Mary, vous savez bien que mon humilité légendaire m’a interdit de vous demander une telle chose” Rétorquais-je du tac au tac alors que je me levais pour la rejoindre. Ma remarque se voulait ironique vu toutes les demandes que j’avais effectuées auprès de la maintenance lorsque j’ai été nommé à la tête de mon service afin que mon nouveau bureau satisfasse mes exigences. Doucement, je me suis légèrement courbé pour la saluer et j’ai saisi sa main afin de la baisée, selon les plus vieilles traditions sang-pur. “Je suis heureux de constater que vous vous portez bien, malgré tous les événements qui secouent notre monde. Vous êtes magnifique, comme à votre habitude” Rajoutais-je d’une voix suave en me redressant. Flagornerie? Flatterie? Non, pas cette fois. Il fallait être aveugle ou être doté d’une redoutable mauvaise foi pour ne pas voir la beauté de cette femme de pouvoir.


“Vous aurez bien le temps de boire une tasse de thé en ma compagnie? Normalement, je savoure mes breuvages dans mon bureau face à mes dossiers, mais ma nouvelle secrétaire allie de façon incroyable son incompétence phénoménale à une étonnante capacité pulmonaire, ce qui fait qu’elle discute de façon incessante tout en adoptant un discours empli de stupidité” Expliquais-je, lui offrant ainsi une réponse à sa question implicite quant à ma présence près de la fontaine. Je serais bien curieux de découvrir qui avait été le traître qui avait embauché cette cruche, d’ailleurs. “Vous semblez préoccupé, ma chère” Fis-je doucement remarquer dans un murmure afin que personne ne nous entende. Cette remarque était sans doute personnelle, mais nous nous connaissions depuis si longtemps que je me donnais le droit de m’inquiéter un peu pour mon ancienne chef de département. Eh oui, il m’arrivait parfois de faire preuve de trace d’humanité lorsque j’affectionnais mon interlocuteur.

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Depuis sa création en 1692, le Ministère a toujours été perçu comme une source sûre et inépuisable de commérages et de rumeurs. Si certaines s'avéraient être vraies, d'autres en revanche, ne relevaient que de la fabulation pure et simple. Mais une chose était sûre, l'Institution continuait de faire parler d'elle et ce n'était rien comparé aux bavardages irrationnels qui sillonnaient les couloirs de marbre. Parmi les plus déraisonnables persistait encore celui de l'accointance inhabituelle entre le Directeur du département de la justice magique et l'actuelle Ministre. Une amitié de longue date, que certains aimaient à teinter d'un soupçon de tendresse imaginaire.

Bien évidemment, je m'évertuais à démanteler ces clabauderies fantaisistes dès qu'elles me venaient aux oreilles. Il ne s'était jamais rien passé d'inconvenant entre Silas  et moi et ce, depuis notre rencontre sur les bancs de Poudlard. Ces allégations n'étaient que le fantasme de secrétaires simplettes qui, las de leur existence morose et terne, n'avaient d'autre loisir que celui de pimenter inutilement la vie privée des autres. Toutefois, j'avais cru comprendre que tous ces efforts pour faire taire les nuisances ne trouvaient pas écho chez Silas, et qu'il ne perdait pas de temps à démentir quoique ce soit. Et il fallait bien l'avouer : je ne savais pas quoi en penser. Peut-être était-ce lui qui avait raison ? Après tout, le meilleur moyen de dissiper une rumeur c'était encore de ne pas y faire attention et de laisser les choses s'essouffler d'elles-mêmes. D'ordinaire, les gens finissaient par se décourager. D'ordinaire. C'est à dire, tout ce que je ne suis pas.

Je lui offris l'un de mes rares sourires, alors qu'il plaisantait à son tour de la situation.❝Votre modestie vous perdra.❞ commentais-je avec légèreté, me remémorant les nombreuses requêtes émises par le nouveau Directeur du département après mon départ. Plus qu'une passation, cela s'était transformé en une véritable réfection ; tant et si bien que le budget ministériel consacré aux fonctionnement s'était vu impacté du quart de sa valeur cette année-là. Où alors était-ce à cause de la réfection de mon propre bureau au poste de vice-ministre ? Nous ne le saurons jamais, mais le fait est que Silas et moi possédions maintenant les deux offices les plus fastueux et agréable de l'établissement. Et c'était tant mieux. Vu tout le mal que nous nous donnions pour faire tourner cette boutique, c'était la moindre des choses.

A lors que j'arrivais à sa hauteur, il se redressa et prit délicatement ma main, l'effleurant d'un baisemain poli. J'avais beau le savoir, ce genre convenance tendait à me déstabiliser quelque peu, en particulier lorsqu'elles étaient entreprises de manière aussi spontanée. Pour autant, je me laissais faire, entretenant ainsi ces anciens protocoles de bonne lignée. Jusqu'ici imperturbable, je ne pus m'empêcher de tressaillir, accueillant maladroitement le compliment que je savais sincère. Silas n'était pas de ceux qui s'exprimaient à la légère, ou partisan des bavardages sans consistance. Aussi, rien ne l'obligeait à m'encenser de la sorte, sinon une initiative personnelle.❝ Allons Silas veuillez arrêter cela je vous prie, vil flatteur que vous êtes.❞ ripostais-je doucement, sans pour autant me dérober. De telles éloges étaient devenues si rares qu'elles méritaient qu'on les apprécient à leur juste valeur. Et au vu de la situation affective dans laquelle je me trouvais actuellement, cela contribuait à me mettre un peu de baume au cœur. Une délicate attention dont le sorcier ne pouvait mesurer les effets mais qui pourtant, m'atteignait positivement.

❝ On a le temps que l'on se donne et je dois bien admettre que jusqu'à présent, nous en avons cruellement manqué vous et moi.❞ fis-je en acceptant son invitation. Guidée jusqu'au socle de la fontaine, je sortis machinalement ma baguette, lançant un sortilège informulé visant à nous protéger de toute éclaboussure éventuelle. Hors de question que cette petite récréation improvisée ne compromette mon apparence et ma dignité.❝ Si tant est que nous ne soyons pas interrompus...❞ ajoutais-je en lançant un regard accusateur aux nombreux autres employés traversant Atrium pour vaquer à leurs occupations. C'était d'ailleurs l'une des raisons pour lesquelles on ne me voyait jamais m'attarder ici, par crainte d'être importunée à tout-va et de ne pouvoir faire mon travail comme il se doit, faute de devoir répondre aux sollicitations malvenues.
M'installant élégamment au côté de Silas, je me contentais de lancer un coup d'œil impatient au sorcier de marbre qui composait la structure de la fontaine et celui dernier cilla, comprenant ainsi qu'une seconde tasse de thé était désormais nécessaire. Je reportais mon attention sur le Sang-pur, qui visiblement, avait su lire entre les ligne malgré tout et qui s'inquiétait de me savoir contrariée.❝ Bien-sûr que je le suis. N'est-ce pas le travail d'un Ministre que d'être constamment préoccupé par les affaires du quotidien ?❞ répliquais-je avec une certaine vivacité, croyant ainsi détourner l'attention de mon collègue de mes états-d'âme. Je n'avais pas prévu de me confier ainsi sur mes derniers échecs sentimentaux, et certainement pas juchée sur mon piédestal de pierre au beau milieu des badauds de l'immense hall du Ministère.

Je changeais précipitamment de sujet. ❝ Je suis navrée d'apprendre que tout ne se passe pas selon votre souhait au sein de votre département. Il n'y a effectivement rien de plus pénible que de devoir composer avec un ou une assistante aux capacités limitées, croyez-en mon expérience.❞ déclarais-je en faisant allusion aux cinq sorciers ayant prétendu m'assister au cours de la dernière année. La preuve étant qu'ils n'étaient aujourd'hui plus là pour remplir cette fonction. Dieu merci.❝ Souhaitez-vous que je provoque un nouveau recrutement  ? Il y a suffisamment à faire ici pour reloger votre secrétaire, aux archives ou dans un autre service subsidiaire, qu'importe. Là où elle ne pourra plus vous nuire et où elle se fera décemment oublier.❞ proposais-je, prête à prendre les mesures qui s'imposaient pour rendre service. Une seconde tasse de porcelaine fumante apparut soudainement à côté de sa jumelle, attendant d'être consommée. Sans un regard pour la statue qui de toute manière, n'aurait pu s'attendre à un quelconque remerciement, je me contentais de remuer délicatement la cuillère d'argent pour en faire baisser la température. 

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