temporalité du rp : Janvier 1955
personnages concernés : @Roman Borgin & @Aoife Crabbe
trigger warnings : RAS, modifiable en fonction de l'avancée du rp
intervention autorisée du mj : [ ] oui [X] non
autre(s) :

IN FOR THE KILL - 2021-2022

Poids incommensurable du quotidien qui reprend ses droits à mesure que les fêtes et leur atmosphère s’estompent. Un goût de rêve qui s’efface de ses lèvres alors que ses yeux papillonnent au réveil. Bribes qu’elle craint d’avoir imaginé. La douce chaleur qui lui échappe alors que le froid qu’il impose reprend ses droits. Distance et mur qu’il pense infranchissables retrouvant leurs places alors que cette parenthèse prend fin. Mais alors que les jours passent et qu’elle guette le moindre signe prouvant qu’il fléchirait d’une façon ou d’une autre, pour mieux se heurter aux limites retrouvées. Les sourcils ont beau se froncer, il ne semble n’en avoir cure. Tortionnaire qui s’ignore alors que par deux fois il lui a fait gouter à ce qu’elle pourrait avoir s’il n’était pas si entêté. Juste assez pour l’intoxiquer, quelques miettes pour la faire languir davantage. Une étreinte, un baiser… Autant de contact qu’elle recherche alors que dans la boutique elle observe ses mouvements du coin de l’œil. La frustration monte de manière graduelle alors qu’il reste le nez plongé dans son livre de compte, l’ignorant presque. Et si l’envie de lui lancer un maléfice cuisant vient à plusieurs reprises lui effleurer l’esprit, elle garde cette malicieuse idée de côté. Au cas où le bon sens ne suffirait pas. Virilité enlevée qui pourrait peut-être le forcer à l’écouter si d’aventure il la poussait dans ses derniers retranchements. Attente qui en vient à surprendre la sorcière, patience qui n’a jamais été son fort alors pourtant qu’elle lui laisse le temps, laisse s’égrener les jours de supplice. Ce n’est que lorsque la veille elle s’est surprise à attendre qu’il sorte de son antre pour pouvoir profiter de son parfum qu’elle a décider de passer à l’attaque. Reprenant les rennes de ce jeu qui n’avancerait de toute évidence nulle part si elle lui laissait le loisir de choisir. Qu’il n’était tout simplement pas dans la nature de la sorcière de se retrouver dans ce genre de situation, enamourée se lamentant de l’absence d’affection provenant de l’objet de ses inclinations.

Même peine que lors du marché de Noël. Extrémités encore repoussées pour peu qu’il lève enfin les yeux. La tenue n’est pas outrancière, ce qu’elle dissimule l’est bien davantage, tout en restant évocatrice. Soin avec lequel elle s’est préparée avant de venir travailler pendant que l’elfe à son service surveiller le doux sommeil de sa tendre Inna. Toutes les armes étant bonnes à prendre avant d’aller le confronter. Loup qu’elle s’apprêtait à aller sortir de force de sa tanière. Faisant fi du froid de ce mois d’hiver, sa fierté étant bien suffisante pour chasser les frimas indésirables venant se glisser entre sa chevelure de jais et la peau de son dos découverte et offerte aux regards. La sorcière se pavanant en arrivant juste assez en retard à la boutique pour que cela soi remarqué par le propriétaire des lieux. Talons hauts claquant contre les pavés irréguliers de l’allée des Embrumes alors qu’elle s’y rend, le visage dressé avec arrogance, défiant quiconque, sorcier ou chasseurs dissimulés de s’en prendre à elle. Prédatrice en chasse, prête à faire couler le sang la première. Son regard ne dévie pourtant pas de la porte de la boutique en approche, qu’elle ouvre ensuite sans cérémonie. La clochette retentit pour annoncer son arrivée, la porte vite refermée et le panneau aussitôt retourné pour éviter, un temps du moins, toute visite indésirable. Elle ne sait que trop bien où il se terre le loup. Le pas est assuré et rapide alors qu’elle traverse la boutique pour se diriger vers son bureau. Porte qu’elle ouvre sans frapper, pas une salutation, pas un mot alors qu’elle ferme la porte en se retournant, verrouillant le battant derrière elle. Elle se retourne vers Roman, assis comme à son accoutumée à son bureau, son précieux livre ouvert devant lui. « J’imagine que tu n’irais pas jusqu’à lancer un bombarda sur ta propre porte et me laisser libre de venir ici à ma guise… » Le loup aimant bien trop son antre, la paix que ce bureau pouvait lui apporter. Elle s’avance alors, glissant la clé dans son décolleté, avant d’apposer ses mains sur le bureau, le fixant du regard. « Tu vas bien m’accorder un moment ou deux non ? » Comme un goût de déjà vu de venir l’acculer ici pour obtenir des réponses.

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La nouvelle année venait de débuter, et avec elle, les mêmes et inlassables résolutions du fils Borgin. Promesses qui n’avait plus besoin d’être rappelées, tant elles étaient ancrées dans sa caboche depuis l’âge ingrat des quatorze ans. Pas d’épouse, pas d’enfant. Il l’avait juré à son paternel à l’instant même où sa condition lui avait été imposée. Parfois, le serment lui pesait, mais cela ne durait pas. Il comprenait l’importance de ne pas transmettre une telle malédiction. Lui-même refusait de transmettre ce fardeau sciemment. Et s’il prenait parfois des femmes pour soulager le poids de la solitude, aucune n’avait eu l’honneur de se faire passer la bague au doigt. Il comptait sur le petit frère pour perpétuer la lignée. Lui, se contentait de certains privilèges à être l’aîné. Principalement la boutique en vérité. Ses biens, il les partagerait équitablement entre ses nièces et neveux, dès lors que sa fratrie s’occuperait de lui faire l’honneur d’être oncle. Cela se résumait à une collection plutôt douteuse, une maison qu’il était en train de retaper, et l’argent dormant dans son coffre à Gringott’s. Suffisamment pour contenter les heureux élus. Une promesse, c’était bien ce qui l’empêchait finalement de mener sa propre vie comme il l’entendait. Il ne s’en plaignait jamais, faisait en sorte de ne décevoir personne, était toujours très clair sur ses propres attentes, et sur ce qu’il pouvait accorder : rien de plus que des nuits sans lendemain. Il n’avait droit à rien d’autre. Son loup lui-même comprenait l’importance de leur solitude. Si cela devait lui peser un jour, il y avait des louves au sein de la meute. L’une d’elle saurait contenter le loup, mais certainement pas l’homme. Et puis il y avait Aoife. Sa chère miss Crabbe. Il ne pouvait décemment pas accorder à une autre ce qu’il se refusait à lui offrir. Là encore, les deux entités étaient en accord. L’un comme l’autre aimait la femme qui ne lui était pas destinée, l’un et l’autre savaient qu’il leur fallait se détacher d’elle pour lui permettre d’avoir une vie meilleure. Raison pour laquelle, de nouveau, il l’évitait dans les moments solitaires. Borgin se bornait à ne la rencontrer qu’à la boutique, jamais ailleurs. Il avait tenu sa promesse envers elle, il ne pouvait en faire plus, il n’en avait tout bonnement pas le droit.

Chaque jour pourtant, devenait un calvaire. La croiser, se remémorer les moments d’égarements… Certes, il ne lui avait pas pleinement cédé. Il savait pertinemment que s’il le faisait, il perdrait définitivement la manche. Aoife avait une manière bien à elle de jouer, et de chercher à gagner. Il ne tenait bon que par une volonté de fer, qu’elle veillait à émousser à chaque jour que Merlin autorisait. Il redoutait sa présence autant qu’il l’attendait. Elle le stimulait, le rendait fou, tout à la fois. Mais il ne pouvait être avec elle. Pas s’il tenait à honorer la promesse faite à son père. Alors il rongeait son frein, comme toujours, se plongeant dans le travail, les comptes, les commandes. Ce jour ne différait pas d’un autre. Il était arrivé avant elle, comme régulièrement ces derniers temps, pour mieux s’enfermer dans son bureau. À la différence que ce matin, il n’était pas seul. Assis en face de lui, @GEORGIE WEASLEY, son vieux comparse de Poudlard, et l’un de ses fournisseurs occasionnels d’artefacts. Il était bien tôt pour siroter un vieux vin doré, ce qui ne les empêchait pourtant nullement de le faire, tout en discutant du prix de l’objet posé entre eux deux, son livre de compte en plus. Ce fut pourtant lui qui se redressa le premier dès lors que sa porte s’ouvrit pour mieux se refermer… à clé. Haussant un sourcil, il observa la jeune femme dans toute sa splendeur, avant d’étirer ses lèvres d’un rictus moqueur. Il attendit qu’elle se rende compte de sa sottise, à venir ainsi sans frapper, sans prévenir, tout en se calant dans son propre fauteuil de cuir et l’observant cacher la clé dans son décolleté, où elle serait obligée de replonger la main pour faire évacuer le Weasley. Il savait l’animosité entre son employée et son ami, mais pour ce jour, il ne pouvait qu’en rire d’avance. « Miss Crabbe… On ne vous a jamais appris à frapper avant d’entrer ? » Il ne manqua pas d’attraper son verre, manquant de s’étouffer de rire sous la petite lampée qu’il s’accordait. « Georgie, j’ai bien peur que tu ne sois coincé ici jusqu’à ce que mon employée retrouve la clé de ta liberté… » Vint-il souffler, amusé de la situation. Sans doute pas autant que son comparse cela dit.

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La retraite n’était plus une option. Elle l’avait balayée avec l’aisance qui frappe les audacieux. L’instant même où il lui avait offert ne serait-ce qu’une once de ce qui pourrait lui laisser entrevoir une quelconque félicité, sa résolution avait trouvé une nouvelle ferveur. Portée par le manque qu’il avait su faire naitre par ces instants dérobés. Un avant-goût ayant comme un gout de bonheur qu’il ne pouvait pas lui refuser avec obstination pour une excuse qui s’envolerait bien rapidement s’il daignait ouvrir les yeux. L’aveugle volontaire qui s’obstine à les plonger dans une misère qu’un rien pourrait enlever. Guerre de volonté qu’elle n’abandonnerait pas tant qu’un souffle de vie venait animer sa carcasse. Bien trop d’années perdues pour ses yeux sombres. Du gâchis, rien de plus, rien de moins. Offense qu’il laisser gonfler à mesure que les jours passaient sans un mot, un geste de sa part. Les rixes habituelles lui manquant bien plus que de raison alors qu’il s’efforçait de l’éviter. Les échanges en étant arrivés à leurs minimums depuis les fêtes de fin d’année, juste assez pour ne lui laissait nulle autre option. Oh, elle ne savait que trop bien où le trouver Roman. Bien décidée à le coincer ce matin là pour qu’il réponde enfin. Utiliser toutes les armes à son arsenal pour qu’il s’aperçoive que ce qu’il voyait comme une impossibilité ne lui importait guère.

Elle avait donc déboulé dans son bureau telle une tornade bien décidée à tout détruire sur son passage. Faisant fi du reste, elle s’était apprêtée et était allé jusqu’à mettre le parfum qu’elle avait laissé sur ses oreillers lors de leur escapade française. Pas un regard ne fut lancé en direction du Weasley qu’elle ignorait sciemment en s’approchant du bureau du maître des lieux. Les mains vissées sur le plateau du meuble, elle ne quitta pas un instant Roman des yeux, pas même lorsqu’il s’adressa à son ami encore confortablement installé sur son fauteuil, un verre de liqueur en main. « A quoi bon frapper ? Tu en aurais sans doute profité pour te planquer derrière un meuble en espérant que je déguerpisse en ne te voyant pas vissé sur ton fauteuil. » La voix est posée, calme, dissimulant bien la tempête qui l’animait. Elle avait part de bien trop nombreuses reprises dû venir le chercher dans le trou où il se terrait. Elle n’avait jamais baissé les bras, elle n’allait certainement pas le faire maintenant. « Oh la clé va rester là où elle est, bien au chaud, ne t’en déplaise. » Elle incline légèrement son visage sur le côté, ne quittant pas le visage du Borgin de vue. « Si M. Weasley se plaint de la vue, viens la chercher toi-même. » Qu’elle continue, en bougeant juste assez pour souligner sa silhouette chaloupée. « Et j’ose imaginer qu’il a plus de capacités magiques qu’un élève de deuxième année pour sortir d’ici par ses propres moyens. » Elle se penche davantage vers Roman la brune, bien décidée à ne pas se laisser impressionnée par cet impair. Elle était entière, assumant pleinement ce qu’elle était, prête à le hurler sur les toits pour que le monde l’entende ou plie sous sa volonté incandessante. « Je n’ai absolument rien à cacher Roman. Tu devrais savoir que je n’aurais aucun problème à dire ce que j’ai à te dire, ou faire ce que j’ai à faire devant témoin. Qu’il s’agisse de Georgie ou non. » Par Merlin, elle serait même tentée d’aller plus loin juste pour mettre le rouquin mal à l’aise pour le faire déguerpir la queue entre les jambes. Propos qu’elle appuie en se redressant juste assez pour venir sur le bureau, placée entre les deux hommes, laissant sa main venir erreur du côté de Georgie pour lui subtiliser son verre qu’elle vide d’une traite avant de le lui rendre, vide.

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Il avait l’odorat assez fin pour capter les effluves du parfum qu’elle portait, celui-là même qu’elle avait eu tendance à laisser traîner sur son oreiller lors de leurs vacances en France. Elle ne reculait devant rien, la Crabbe, pour annihiler sa volonté. Il devait lui reconnaitre sa ténacité. Fort heureusement, elle n’avait pas été plus loin. Pas cette fois en tout cas. Mais il se méfiait de toutes les petites attentions qu’il décelait chez elle. Elle était bien capable de faire la poussière sur un escabeau devant lui juste pour qu’il ait un aperçu de sa lingerie, chose avec laquelle il lui était plus d’une fois arrivée de la taquiner auparavant. Quand il était certain qu’elle ne lui cèderait jamais, lui, le monstre. Il avait beau ne pas aimer les hommes qui lui tournaient autour : son ex-mari, son amant… ils avaient eu le mérite d’être un garde-fou. Elle avait le regard déterminé, plus que jamais, et identique à celui qu’elle avait eu lorsqu’elle était venue le chercher jusque chez lui. Il allait passer un sale quart d’heure, il s’en doutait fort bien. On peut dire ce que l’on veut d’un homme, mais face à une femme, il n’est pas mieux qu’un enfant qui vient de se faire surprendre en train de voler des bonbons. Et Merlin, cette femme-là, malgré tout, Roman la craignait au moins autant qu’il l’aimait. Pas de peur, mais d’une méfiance assez accrue pour savoir qu’elle finirait par obtenir ce qu’elle désirait. Il se tait, ne tente pas un instant de faire le malin en lui soufflant qu’il utiliserait certainement le sortilège de désillusion plutôt qu’une planque : le fait est pratiquement le même. Quoi que… Il l’évite plus qu’il ne se cache finalement. Son travail est prenant après tout.

Il sent parfaitement la colère qui l’anime, et la détermination à le punir pour sa passivité notable. Une nouvelle manche va se jouer, et comme de coutume, le résultat en sera le même. Son loup aurait bien une solution à lui proposer, mais soyons honnête : les femmes de la meute sont pour la plupart des arrivistes avides d’une position non-négligeable dans la meute. Il le voit bien avec l’épouse de Lugh. Il ose un regard vers Georgie, surtout sur ses prunelles. Il y a des limites à ce que lui, l’animal possessif peut supporter, et des yeux baladeurs ne font pas partie du lot. Mais il en sait suffisamment sur son ami de longue date pour savoir que ses prunelles ne vont pas aller trainer là où elles ne sont pas invitées. Il finit par grogner, comme il sait si bien le faire, avant de se racler la gorge, sa tête tournée vers le rouquin. « J’ai bien peur, Georgie, que nous devions remettre à plus tard notre entrevue. Je t’enverrai un hibou. » qu’il capitule, laissant aux bons soins du quarantenaire de disparaitre comme il l’entends. On ne peut transplaner de l’extérieur à son bureau, mais l’inverse est permis. Question de sécurité. Une fois les cheveux roux de son ami disparus, il reporte toute son attention vers son employée, l’invitant à prendre place dans le siège en face de lui. Il range la bouteille, évidemment, pas question de picoler plus d’un verre le matin. « Je t’écoute Aoife. » Quand bien même il se doute des propos qu’elle va lui souffler – que dis-je – lui reprocher à l’oreille. « Je peux supputer sans problèmes que tu vas me reprocher la distance que je mets entre toi et moi, et que tu es fatiguée de m’attendre. Ce à quoi je vais te répondre Aoife, que je ne briserai pas la promesse faite à mon pater : pas de femme, pas d’enfants. Et même sans cette promesse, ma douce et furieuse tempête, je ne le ferai pas. Je ne prendrai pas le risque que mon loup puisse devenir un danger pour les personnes que j’aime. » Il est on ne peut plus sérieux, le lycanthrope, alors qu’il plante ses prunelles fatiguées dans celles de sa belle. Que Merlin lui pardonne, elle était trop belle et trop bien pour lui. « Ne t’accroche pas à une illusion, Aoife. Je ne peux pas t’offrir mieux qu’une amitié à toute épreuve. »

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Drôle de guerre qu’elle mène la brune. Grapiller chaque avancée, se battre pour ne pas lâcher de terrain. Parce qu’elle sait fort bien que si cela devait arriver, elle ne s’en remettrait pas. Qu’elle pourrait le lui clamer devant l’entièreté du Ministère, elle ne se cache pas, n’a aucune honte à assumer ses inclinations. Le port de tête est fier alors qu’elle tient sa position sans se soucier du cadre et de l’entourage non désiré. Son manque de considération pour l’ami du propriétaire se devant d’être assez éloquent. Ce n’est pas pour le rouquin qu’elle est présente ce matin et elle le fait comprendre de la manière la plus limpide qui soit. Parce qu’elle n’est pas prête Aoife. Ne le sera jamais, à l’idée de laisser les moments partagés s’effacer dans un passé qu’elle ne pourrait jamais retrouver. Qu’il y a eu des mots qu’il a laissé s’échapper il y a de cela des mois sur lesquels il ne s’est jamais expliqué. Elle a besoin de savoir, de creuser, d’être certaine quitte à mettre le monde en branle et de tout bousculer sur son passage. Car il ne peut pas avoir passé ces jours avec elle, avoir osé mettre le genou à terre il y a de si nombreux mois pour ensuite lui infliger le silence pour toute réponse. Qu’il se soit joué d’elle lorsqu’elle était venu le débusquer sur son toit, ou qu’il n’ose agir, elle ne lui demande que de l’honnêteté. La vérité. Comme tel avait été le cas le jour où elle lui avait offert son cadeau d’anniversaire. Le point de rupture de son existence. Car de cette simple journée avait découlé un changement, un avant et un après. Celle qui avait cru qu’elle n’avait jamais eu la moindre chance, qu’elle n’était pas assez, avait enfin aperçu l’ombre d’un espoir auquel se raccrocher.

Alors elle pousse Aoife, taquine, agace les nerfs en allant jusqu’à le mettre au défit de plonger sa pogne dans son décolleté s’il voulait vraiment récupérer son bien pour libérer le pauvre Weasley piégé avec eux. Vide son verre sans se soucier des conséquences, un sourcil arqué une fois la balle dans le camp du Borgin. Elle pouvait vider son sac devant témoin, elle s’en fichait. Par Merlin, cela l’arrangerait presque qu’un témoin assiste à la scène et puisse abonder dans son sens. Mais il joue la sécurité le loup, congédie son ami jusqu’à une prochaine fois, le laisse s’éclipser sans que la brune ne porte plus d’importance au rouquin, ne faisant pas la grâce à Roman de dévier son regard. Et s’il l’invite à s’approprier le siège encore chaud occupé encore il y a peu, elle ne bouge pas, le séant résolument vissé sur son bureau. Piètre avantage, position plus élevée que cela lui accorde, mais avantage tout de même. Elle l’écoute la brune. Prend le temps de digérer les paroles énoncées et ce qu’elles impliquent. « Tu n’as toujours pas compris alors… » Qu’elle aventure, les mains venant sagement se positionner sur sa cuisse après avoir croisées les jambes. Juste assez pour laisser deviner de la dentelle courant sur sa peau là où la fente de sa jupe vient de s’agrandir. « Ou tu ne veux pas comprendre. » Elle n’ira pas lui retenir le discours tenu il y a de cela des mois. Discussion laissée en suspens, désaccord sur la question qui n’avait pas été solutionné. Elle connait sa condition, ayant partagé la demeure de son frère avant qu’il ne quitte, lui aussi, son existence. « Mais il n’y a pas de question de fatiguer ou de me lasser de t’attendre Roman. » Parce qu’elle l’attendrait, le temps qu’il faudrait. « Car je ne vais nulle part, tu devrais le savoir. » D’autant plus avec les mots qu’il vient de lui tenir. Qu’elle a encore le goût sucré des jours passés ensemble sur les lèvres, qu’elle ne devine que trop facilement ce qui pourrait être n’ne déplaise à son entêtement déraisonné. Une promesse qui ne devrait pas être, pourquoi se vouer à une vie de solitude pour un autre que soi. « Une illusion ? Ce n'est pas moi qui ai lâché la première le verbe Aimer Roman. Tu viens de le faire. Et que cela me semble plus tangible qu’une promesse que tu as faite il y a des années à un autre que toi. » Subordination qu’elle ne comprend pas. Elle ne lui demande pas de voir si grand, pas si vite. Mais les enterrer sans leur donner une chance est une faute qu’elle se doit de lui reprocher. « Tu devrais savoir ce dont je serais capable pour toi. Et ce n'est certainement pas à une illusion que je m'accroche. » Depuis le temps, après ce qu’ils ont traversé. Elle, dont l’affection est restée immuable au travers des années, se transformant à mesure qu’elle grandissait. Du crush adolescent vers quelque chose de plus profond, vitale. Ne posant jamais de questions, l’acceptant pour qui il est, dans son entièreté. Reconnaissant les ombres qui le façonnent aussi bien que la lumière, et embrassant l'ensemble. « Et tu sais déjà ce que où je me positionne par rapport à ton loup, je ne vais pas épiloguer éternellement. Et je te prierais de ne pas prendre des décisions à ma place. Je te l'ai déjà dit il me semble, je suis assez grande pour savoir ce que je veux. »

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Il sait fort bien ce qui l’attends le loup, acculé dans son bureau par une chasseresse tenace. Si l’homme peut se remettre d’un tel affront, ce n’est pas tant le cas du loup qui n’aime guère que les positions soient inversées. Il est le prédateur, certainement pas la proie. Borgin le sent gronder à l’intérieur de sa caboche, au travers de son poitrail. Il n’est pas loup soumis, et cette parade nuptiale ne devrait pas être lancée sous la directive de la jeune femme. C’est agaçant, et en même temps, grisant. Mais il sait pertinemment qu’il n’a pas le droit le lycanthrope, qu’il n'a pas le droit de ruiner sa vie. Cause désespérée. Elle n’a pas l’intention de jouer dans les règles du jeu, se montre sauvage, têtue, comme elle l’a toujours été. Soit, alors qu’il se cale dans son fauteuil et croise les mains sur son abdomen. Il a l’allure du patron, juste distance professionnelle, mais la conversation a tout de personnelle. Il n’a même pas l’audace de se renfrogner, il sait ce qu’elle veut. Il a parfaitement compris. C’est elle qui refuse de comprendre, d’intégrer la triste réalité des choses. C’est elle qui refuse d’entendre raison. Comment diable, une femme, une mère de surcroit, peut-elle à ce point refuser de voir la réalité en face ? De jauger réellement le danger qu’il peut représenter à tout instant ? Ne voit-elle que l’homme en lui, repoussant la bête comme si elle n’existait pas ? Comme s’il n’était qu’un simple cabot ? Il l’observe, cherchant à déceler la faille qui la fera enfin abdiquer, mais il n’y a rien dans son regard noisette, sinon la détermination à le faire plier lui. « Aoife… » qu’il laisse entendre dans un soupir, jouant comme toujours la carte de sagesse. Il se sent vieux le loup, alors qu’il n’a que quarante ans. Il préfère encore qu’elle se lasse plutôt que de la laisser attendre indéfiniment. Il n’a jamais compris ce qu’elle pouvait bien lui trouver, lui, l’ours mal-léché, le bougon à bien trop d’heures, le mercenaire aux mains bien plus sales que les siennes. Il se renfrogne alors qu’elle joue sur les mots qu’il a employé, attrape son verre encore plein pour s’accorder une gorgée de plus, une lampée de courage. « Tu sais très bien ce que je veux dire Aoife. » Il tient à ses proches, à elle, peut-être plus encore. Il n’encourage personne à demeurer auprès de lui. Ses amis, il a su les tenir à l’écart pour que jamais il ne leur vienne l’idée de le rejoindre les soirs de pleine lune. Ses conquêtes, il les a toujours abandonnées sciemment à cette période. On croit toujours pouvoir apprivoiser la bête en lui, il sait que ce ne sera jamais le cas. Il ne court pas même avec les siens lors des nuits de pleine lune. Trop instable, accord tacite avec l’alpha. « Tu t’accroches à une illusion Aoife, basée sur un espoir que je t’ai certes donné, élucubration d’un homme qui n’en est pas complètement un. » Il tape du doigt sur la surface du bureau, appuie sur les mots qu’il veut lui faire entrer dans la caboche. « Si j’avais été un homme à part entière, bordel, oui, les choses seraient peut-être, je dis bien peut-être différentes. Mais ce n’est pas le cas, et ce ne sera jamais le cas. » Parce qu’il sait parfaitement que Sainte-Mangouste ne fait pas tant l’effort de trouver un remède à la lycanthropie. De toute manière, il est contaminé depuis bien trop longtemps, et il n’est pas près de vouloir tuer son loup. Si les choses avaient été différentes… sans doute serait-il déjà marié et père en réalité… mais il doute sincèrement que ce serait avec la femme qui se dresse devant lui. Parce que le rang n’est pas le même, et parce qu’il est plus âgé. La vie aurait été différente, bien plus douce. Elle, elle aurait été le fantasme auquel il n’aurait peut-être pas résisté. Les hommes sont faibles, il l’accorde bien volontiers, mais il n’est pas qu’un homme. Il soupire le loup, achevant son verre d’une traite, le faisant glisser sur la surface de bois avant de quitter son fauteuil dans un crissement de cuir et de bois. « Je ne serai jamais l’homme que tu rêves d’avoir Aoife. Je n’ai jamais été cet homme-là. » Il se dirige vers elle, ses paumes ne manquant pas d’accrocher tendrement son visage, alors qu’il la domine. « Je t’ai toujours dit la vérité, et je comprends maintenant que toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire… Ne m’oblige pas à commencer à te mentir maintenant pour te protéger. »

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