temporalité du rp : août, 1955
personnages concernés : @Enid Brontë & @Agatha Trelawney
trigger warnings : aucun pour le moment.
intervention autorisée du mj : [ ] oui [X] non (cochez la case correspondant à votre choix)
autre(s) : /

IN FOR THE KILL - 2021-2022

10h37
Un air. Une chanson qui tourne en boucle dans ta tête. Tu chantonnes le plus doucement possible, ta plume à la main. « Tu peux t’en aller, s’il te plaît ? » Outch. Ta tête se soulève brusquement, fixe Anna. Elle est installée sur le canapé avec un livre. Elle a ce petit sourire que tu détestes tant. Celui qui veut dire que ça fait déjà un moment qu’elle voulait te demander de partir, mais qu’elle n’osait pas. Celui qui revient de plus en plus souvent. Au fond de toi, tu le sais, si tu es là, dans son appartement, c’est uniquement pour ne pas te retrouver seule. Ça fait quand même mal. « T’es sérieuse là ? »  Toute la sagesse dont tu es capable est en train de s’en aller très loin. Elle se fait carrément la malle. « J’en ai marre, c’est pas la première fois que tu me fais le coup. »  Tu replies tes affaires. Tu as la mauvaise habitude de t’étaler un peu trop, alors ça prend quelques longues secondes. Puis, tu te redresses, les yeux furibonds, ton doigt pointé vers sa silhouette tout aussi énervée. « Mais ça sera la dernière. »  Tu te retournes, utilisant toute la grâce dont tu es capable pour rejoindre la porte. La tête haute, tu la refermes, en faisant plus de bruit que nécessaire. Tes affaires à la main, l’estomac noué, la colère gronde en toi. A cet instant, tu promets de ne plus jamais franchir cette porte. Ce n’est pas la première fois que tu te fais cette promesse, pourtant tu reviens à chaque fois. La solitude bien trop lourde à supporter. Anna te connait par cœur. Les années que vous avez partagées, bonnes ou mauvaises, ont créé un lien indélébile. Tu as beau frotter, ça ne part pas. Toujours là en pensée, comme cet air coincé dans ta tête. Elle te colle à la peau, malgré vos disputes et le gouffre creusé. Elle reste présente. Tu es sa roue de secours, elle est la tienne. Celle que tu appelles pour ne pas te sentir seule. Parfois, tu regrettes de ne pas avoir quelqu’un à aimer. Depuis que votre relation à évoluée, tu n’as plus jamais ressenti cette flamme brûler dans tes entrailles, ce feu enserrer ton cœur, cette lumière pénétrer ton esprit. Seule tu es, seule tu resteras, voilà ce que ton esprit à imprimé lorsqu’il y a quatre ans, tu as compris qu’Anna ne t’aimait plus. A chaque fois que vos rencontres se finissent comme aujourd’hui, tu revis votre première séparation en boucle. Tu secoues la tête, chassant chaque image nocive de ton cerveau, puis tu rentres chez toi.

16h30
La théière sifflote. Un bruit aigu qui est devenu rassurant car il ne te rappelle que les bons moments. Tablée remplie de la famille, tes petits doigts essayant d’attraper un scone. Plus grande, le thé partagé avec tes sœurs, quand les rires fusaient encore dans la pièce. Tu as le sourire aux lèvres, tu n’y peux rien. Enid a ce don-là. Un petit bonbon sucré qui apporte une dose de douceur à ton existence. Tu regardes l’horloge qui trône au-dessus du cadre qui habille le mur de ce salon de thé charmant. Tes yeux émerveillés partout où ton regard se pose. Tu n’as pas l’habitude de côtoyer le monde moldu et ton ravissement est immanquable. On dirait une gamine qui met le pied dehors pour la première fois. Pupilles illuminées par cette curiosité nourrie.

Enid ne devrait pas tarder. Voir ton amie est toujours un plaisir, car malgré tout ce qui se passe dans ta vie, elle reste une constante fiable et dénuée de mauvaises intentions. Vous ne vous connaissez pas depuis longtemps pourtant ta confiance lui est tout accordée. Son visage doux ne tarde pas à entrer dans l’établissement. Un sourire posé sur tes lèvres roses vient éclaircir tes traits. « Oh Enid si tu savais comme je suis contente de te voir ! »  Tu ne retiens pas tes émotions. Jamais. Si ta matinée a été douloureuse, Anna est bien loin de tes pensées actuelles. Presque hystérique à l’idée d’être dans ce monde inconnu et rassurée parce qu’elle t’accompagne. « Je t’attendais pour commander le thé, parce que… »  Tu rapproches ton visage du sien, complice. « J’ai un peu peur de commettre un impair. » Tu lui souris et te redresses.  

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Le temps, c’est toujours cette denrée derrière laquelle elle court, cette ressource qui semble sans cesse lui faire défaut. Enid aimerait vivre 1000 journées en une, si cela lui était permis, elle n’admet pas qu’il puisse exister une journée sans but, sans réalisation aussi petite soit elle. Enid a besoin de petites victoires, besoin de s’occuper la tête et les mains, de ne jamais s’arrêter.
Le temps qui passe est l’une des choses qu’elle regrette le plus, parce qu’il n’y a pas de retour en arrière possible, parce qu’une seconde écoulée ne pourra jamais être revécue, plus dans les mêmes conditions que la première. Peut être apprendra t’elle un jour que le monde sorcier n’est pas d’accord avec sa réalité. En attendant, la fille Brontë remplit ses journées d’engagement tandis que ses nuits s’émaillent d’insomnies. La rentrée qui approche, ce nouveau rôle de maîtresse en devenir, les difficultés qu’elle avait rencontrées pendant son stage quelques mois plus tôt, tout cela s’accumule dans un coin de sa petite tête, finissant par former un amas brouillon de pensées obscurs et de doutes envahissant. Enid appréhende de ne pas être à la hauteur, ça pèse lourd sur son petit coeur en mots qu’elle ne se permet pas de dire au monde, parce que le monde autour d’elle est déjà bien trop moche pour qu’elle ne vienne y ajouter ses tracas.
La petite blonde avait passé la journée à l’école justement, le maître qu’elle allait assister, l’ancien du cours élémentaire avec qui elle avait été en stage, avait insisté pour être son tuteur pendant l’année à venir. La décision avait été prise ainsi et Enid n’avait pas l’intention d’y changer quoi que ce soit. Non pas qu’elle n’ai pas le courage, ni l’audace suffisants pour contester auprès du directeur d’établissement, mais elle avait pesé le pour et le contre. Le choix avait été rapide, si sa présence en classe pouvait ne serait-ce qu'apaiser un peu les choses et contrecarrer le caractère irascible du vieux maître, alors, telle était sa place et ce, qu’importe les plumes qu’elle y laisserait…

Il y aurait sans aucun doute beaucoup à dire sur son sens de la dévotion, sur le déni aussi dont elle était capable… Mais, la jeune femme préférait toujours remettre ça à plus tard, un “plus tard” qui n’arrivait jamais, c’était plus simple ainsi; poursuivre la course effrénée sans jamais s’arrêter et échapper aux monstres qui la guettent dans l’obscurité.
Ce jour-là, donc, elle s’était rendue dans sa future salle de classe et patiemment, elle avait écouté le vieux maître lui expliquer la vie, tout en briquant de fond en comble la pièce et les communs qui accueilleraient les élèves dans quelques semaines. Au moins le vieux grincheux avait eu la décence de mettre la main à la pâte, à défaut de cesser de ponctuer ses phrases par des remarques sur la sensiblerie et le coeur tendre de ses collègues féminines.
A peine avait elle eu le temps de passer par la maison familiale, histoire de retirer l’excédent de poussière et de crasse contenus sur son jolie minois et ses cheveux, pris le temps de retirer tablier et foulard sales, embrasser sa mère sur le front, qu’elle faisait route à présent en direction du petit salon de thé de Godric’s Hollow où elle devait retrouver Agatha. Cette simple idée avait eu le don de chasser la lassitude qui l’avait gagné devant la misogynie ambiante de sa journée. Enid aimait beaucoup Agatha, qui, telle une petite lueur vive et audacieuse, apportait un peu de clarté dans son existence.
Agatha était une sorcière. Enid adorait cette idée et ce que cela signifiait en découvertes mutuelles de leurs univers respectifs. Voilà pourquoi elle avait lancé quelques jours plutôt la suggestion de se retrouver côté moldu, afin de lui permettre d’expérimenter son univers sans magie.

Laissant la porte se refermer derrière elle dans un tintement, elle n’avait eu aucune difficulté à repérer parmi les clients présents la jeune sorcière dont la blondeur n’était pas sans rappeler les teintes de sa propre chevelure nouée.
Elle lui avait rendu son sourire avec la même sincérité et déposé spontanément un baiser sur sa joue.

“Et moi donc ! Je n’avais qu’une hâte, te retrouver ici.”

Elle avait pris place à ses côtés et capté le regard du jeune homme préposé au service qui se tenait un peu plus loin près du comptoir; l’invitant d’un signe de tête à se tenir prêt à prendre leur commande. Puis à voix basse, elle avait ajouté.  

“Mais non voyons, tout va bien se passer…” Elle avait déposé sa main sur la sienne comme pour la rassurer mais sans s’empêcher de rigoler à son tour bien trop investie dans cette expérience loufoque. “Est ce que tu sais déjà ce que tu veux boire ? Et surtout est ce que tu as faim… Leurs pâtisseries sont délicieuses et leurs scones encore plus ! “ Il faut dire que l’étalage des douceurs présentées sous cloches de verre bien en évidence sur le présentoir un peu plus loin ne semblait pas démentir ses propos. Entre les tartes aux noix, pommes, cerises, les clafoutis divers et variés et le brownie au chocolat, il semblait difficile de faire un choix. Dire qu’Enid de son côté avait faim était un euphémisme qu’un gargouillis plaintif avait illustré fort à propos, ça l’avait fait rire et rougir un peu quand une petite dame toute mignonne passant non loin lui avait lancé un regard atterré.  

“J’avais si peur d’être en retard pour notre petit tête à tête que je n’ai pas pris le temps de manger à midi et maintenant, je meuuurs de faim dans l’antre de Gargantua” avait elle soufflé sur un ton des plus dramatiques avant de laisser échapper un léger gloussement amusé. “Je ne sais si c’est une bonne ou une mauvaise chose.” Conclusion légèrement plus circonspecte. "Commandons et après, je veux tout savoir de tes dernières péripéties radiophoniques..."
Plongeant son regard dans la sélection de thé listée à la carte, tandis que le serveur avait fini par s’approcher spontanément, elle avait repris un peu plus sérieuse devant les oreilles indiscrètes.
“Est ce que tu as déjà trouvé ton bonheur ? J’aime bien le thé à l’anglaise mais un peu d’originalité serait la bienvenue je pense…”

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L’amour est un sentiment trop fort pour ton petit cœur. Tu l’as appris à tes dépens, en aimant Anna trop fort. Tout ton être criant ce sentiment débordant. Ça s’échappait part tous tes pores. Une sensation tellement agréable. Les doutes avaient quitté ton esprit pendant ces trois années en sa compagnie. Cette sécurité que tu recherchais tant était enfin acquise. Tu ne serais plus jamais seule. Sourire aux lèvres, cœur léger et regard amoureux. Tu vivais sur un petit nuage. Trop proche du soleil qu’elle représentait pour toi. Tu n’étais pas prête à subir l’arrêt brutal de toute cette confiance trouvée. Tu n’étais pas assez solide pour endurer ces semaines, ces mois de douleur. Poignard planté dans ta poitrine. Tu avais dû apprendre à vivre avec. Faire face à la réalité, arrêter de te cacher derrière cette relation sans intérêt que vous avez essayé de maintenir. « Une relation libre », ça sonne si bien. Ça te ressemble, moderne et insoumis. Pourtant, le temps n’a fait que vous éloigner encore un peu plus. Parfois, tu te demandes encore pourquoi vous continuez à vous voir. Pour tromper l’ennui, apparemment. Pour échapper à la solitude, sûrement.

Ce que tu viens chercher dans ce salon de thé est si différent de ce que tu as connu avant. Une amitié si belle et si pure que ça te met du baume au cœur rien que d’y penser. Enid semble aussi heureuse de te voir. Vos regards pétillants de malice se croisent alors qu’elle s’installe en face de toi. Sa main se pose sur la tienne, rassurante. « J’espère ! »  Vous pouffez. Connectées par votre insouciance et votre émerveillement pour les petites choses que la vie a à offrir. « C’est bien le problème, j’ai envie de tout prendre ! »  Ce qui est absolument ridicule, ce n’est pas comme si tu n’avais pas déjà goûté un scone. Ta sœur est pâtissière et elle te ravit les papilles plusieurs fois par semaine. Pourtant, dans cet endroit, tout semble nouveau. Tu as l’impression d’être une gamine au milieu de la plus grande des fêtes foraines. Les moldus t’intriguent tant que tu aimerais pouvoir enregistrer chaque seconde de cet après-midi dans un coin de ton cerveau. Un tiroir que tu pourrais rouvrir lors des journées contrariantes. Te replonger dans cette atmosphère empreinte de douceur. Cette bulle si délicate qu’Enid arrive à créer lorsqu’elle est avec toi. « Oh, mais tu dois être affamée ! »  Un pincement vient taquiner ton cœur lorsque tu réalises qu’elle n’a pas mangé seulement pour être à l’heure à votre rendez-vous. Elle est si parfaite que parfois, tu te demandes ce que tu attends pour le lui dire. Puis tu te rappelles de toutes tes relations foireuses et de tous ces gens que tu as perdu de vue. Tu ne veux pas que ça vous arrive. Tu reportes ton attention sur la sélection de thés. « Que dirais-tu d’un thé blanc ? Le « bulle de douceur » a l’air particulièrement exquis. » Tu poses ton doigt sur la description : thé blanc aux fruits frais et zestés, associés à des notes de géranium, rehaussé de pétales de carthame. Une jolie représentation de votre amitié, fraîche et sucrée. « Oh et je vais prendre un muffin à la myrtille... et un scone ! » Tu t’es empressée de sortir ces mots comme si tu craignais que le serveur ne disparaisse devant toi. Il note votre commande sur un petit calepin, ton regard bien trop intéressé ne manque pas de l’intriguer. Tu te reprends et te concentres sur la petite nappe qui recouvre la table.  

Une fois le serveur éloigné, tu rebondis sur sa question de ton amie. « Il fallait absolument que je t’annonce un truc. J’ai réussi à avoir Celestina Moldubec pour mon émission. Je suis surexcitée ! J’ai encore quelques mois pour me préparer, mais c’est l’interview que je ne dois rater sous aucun prétexte. » Tu prends une inspiration et continues. « L’audience va être énorme, je suis attendue au tournant ! ». En plus d’être une grande fan de Celestina, tu connais l’importance de ce genre d’émission. De quoi faire découvrir « À cœur ouvert » à pas mal de monde.

« Mais pardon, je ne t’ai même pas demandé si tu n’étais pas stressée avec la rentrée qui approche ? » Ta main se pose sur son avant-bras en soutien pour cette période qui peut être assez anxieuse pour la jeune femme. À la seconde où tes doigts touchent son épiderme, tu es transportée. Le salon de thé disparaît pour laisser une vision légèrement floue apparaître.

Un homme. Il tousse. Il est probablement malade. Ses lèvres murmurent à l’oreille d’une enfant. La petite est blonde. Elle, tu la vois nettement et tu reconnaîtrais ces yeux entre mille. « Souris Enid chérie... » Il y a une suite, forcément, mais pour toi, ça s’arrête là.

Les larmes montent, la sincérité de cet amour a empoigné ton âme. Les yeux perdus dans le vide, tu chuchotes. « Souris Enid chérie. » Tu reviens à toi presqu’aussi brusquement que si tu étais tombée du Tower Bridge. Tu ne sais pas si tu as prononcé ces paroles à voix haute, tu ne sais pas si ton regard était troublé ou simplement perdu dans le vide. Ce n’est pas une science exacte. « Je… Je suis désolée… Qu’est-ce que je disais ? » Tu as parfois l’impression un peu idiote qu’autour de toi le monde s’arrête réellement lorsque tu as une vision. Dans ta tête, les questions fusent. Qui est cet homme ? Est-il mort ? Est-ce pour cela que tu surprends parfois Enid les prunelles pleines de nostalgie ?

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Agatha a ce truc qui la touche. Ça ne devrait pas l’étonner, déjà parce que de manière générale, Enid est touchée par le monde entier, parfois en bien, souvent en bien, presque toujours en bien… Elle voit le mal quand il existe, mais ne peut s’empêcher de trouver des explications qui n’excusent pas, mais qui justifient. Les exceptions étaient peu nombreuses… Mais là, c’était différent. Peut être que ça tenait au fait qu’elles se ressemblaient, même âge ou presque, petites blondes pleines d’énergie et de sensibilité. Oui, c’était peut être ça qui créait cette connexion entre elles. Comme un miroir doux, Enid avait l’impression en évidence de bien connaître Agatha. Sa présence était réconfortante surtout en contraste avec sa journée et la compagnie de l’autre grincheux, le jour et la nuit.

“Je comprends, le choix est ardu…” Enid ne savait pas choisir. C’était l’un de ces petits drames qui agaçait profondément sa mère, être capable d’arrêter son choix sur quelque chose et dire tout l’inverse une fois le moment venu de la révélation. “Mais déjà si ça te dit, tu pourras goûter mon choix… Et puis… On pourra revenir. Autant de fois que ta curiosité le nécessitera.”

La perspective de démultiplier les rendez-vous avec Agatha était aussi douce que le miel. Même si Enid ne voyait pas en quoi son petit monde somme toute très banal pouvait attiser la curiosité de sa comparse, le monde sorcier n’était il pas le monde classique en version améliorée ? La fille Brontë adorait l’idée d’échanges réguliers entre elles.

“Si tu veux on pourra aller au musée… Je ne sais pas si c’est vraiment très différent de… ton pays d’origine…”

C’était peut être mieux que de parler de “son monde”, mais c’était dit sur un ton qui allait très bien dans l’idée avec un léger coup de coude et trois tonnes de sous-entendus. La discrétion incarnée dans 1m63 d’espièglerie et de gloussements intempestifs. Il y avait sans doute mille choses qu’elles pourraient partager pour découvrir le monde l’une de l’autre… C’était une perspective qui ajoutait du baume à son petit cœur.

« Oh, mais tu dois être affamée ! »

Elle aurait voulu pouvoir prétendre que non, mais son estomac prenait la parole de manière tout à fait anarchique et autonome.
“C’est rien, juste un détail, ne t’en fais pas. Puis ça me donne un bon prétexte pour me faire un repas de dessert… La petite Enid en moi est en joie.”

Avait elle vraiment grandi… Quand elle se retrouvait à faire les gros yeux à l’encontre de Gaw avec ses poings sur les hanches et la menace planante dans le ton, oui, quand elle se faisait du souci pour leur mère qui n’arrêtait jamais, aussi, dans ses activités de passeuse, c’était évident. Et pourtant elle avait perpétuellement l’impression tout près d’elle, d’une petite gamine avec ses grands yeux émerveillés, ses joues toutes rouges, qui épiait chaque décision, chaque geste de sa part. L’insouciance de l’enfance était partie depuis bien longtemps pour ses proches en tout cas, mais pas vraiment pour elle. La nostalgie était son sentiment perpétuel, ça rejoignait sa crainte du temps qui passe. Comme les desserts sagement alignés sur le comptoir, elle aurait voulu enfermer sous des cloches en verre chacun de ses souvenirs les plus précieux, qu'ils durent éternellement et se rejouent sans cesse. Ce moment avec Agatha faisait partie de la sélection, indéniablement.
Rien que le nom du thé proposé était tellement à propos, cela avait accentué son sourire ravie.
“Parfait pour moi. Je vais vous prendre une part de clafoutis cerise, un morceau de brownie et un… non, deux scones. Merci.”

Le serveur avait pris méticuleusement note avant de se reporter vers le comptoir, les laissant de nouveau profiter d’une plus grande intimité, ce qui avait permis à Agatha de s’épancher sur son fascinant métier.

“Oh mais c’est génial !” Son enthousiasme était contagieux, suffisamment pour emporter avec lui le plus sincèrement du monde Enid, et ce, d’autant plus que vraisemblablement les enjeux étaient importants pour son interlocutrice. “Par contre… Il va falloir que tu me dises qui est exactement Celestina Moldubec ? J’ai bien peur que son nom ne soit pas arrivé jusqu’ici.” Elle imaginait déjà une petite dame toute frippée, autrice à succès avec des lunettes rondes et un chat noir comme toute bonne sorcière devait en posséder un… N’est ce pas… Ou une chanteuse de 10 ans, brune à l’air sévère. Est ce que c’était un visage connu ? Est ce qu’il était possible qu’en la voyant, Enid se rende compte qu’elle la connaissait cette Celestina ? “D’ailleurs… Est ce qu’il arrive que certaines de vos célébrités soient connues ici ?“ Ce serait fou qu’Alma Cogan, la chanteuse que sa mère adulait par-dessus tout, ait une vie cachée… Enfin. Ça aurait été le cas avant que le monde parte en vrille et que la haine se propage comme un rien entre leurs mondes.

Est ce qu’elle était stressée pour la rentrée ? Oui. Clairement oui. Mais il lui avait fallu un instant pour mesurer la sincérité de sa réponse, parce qu’il lui paraissait souvent plus simple de gérer ses difficultés seule et de surtout, surtout ne pas inquiéter son entourage… Mais elle n’avait pas eu à tenter de formuler les choses avec une vaine politesse - à peu près certaine qu’Agatha ne serait pas dupe - que la jeune femme avait  eu une réaction des plus étranges. L’espace d’une seconde, Enid s’était demandée si elle n’était pas en train de s’étouffer, mais elle n’avait rien bu, rien mangé.

“Agatha ? Ça va ?”

Elle avait posé sa main sur la sienne, avait tenté de la ramener à la réalité puisque vraisemblablement elle respirait tout à fait normalement. Est ce qu’il y avait quelque chose de magique là dessous ? Non… Oui… Enfin, peu importe, pourvu que personne ne les regarde de travers et qu’Agatha ne risque quoi que ce soit.
Les larmes lui étaient montées aux yeux, signe que quelque chose de fort était en train de se produire. Enid ne savait pas quoi, ne savait dans quelle mesure c’était dangereux pour sa compagne de tea-time.  
“Hey…Tout… Tout va bien… je suis là. Je… Agatha… Est ce que tu m’entends ?”

Avec douceur elle passait sa main sur la sienne, parlant à voix basse et avec ce calme caractéristique des personnes habituées à rassurer des enfants en cas de danger.

Oh, bien sûr qu’Enid avait entendu ces quelques mots échappés comme un rien des lèvres carmins qu’elle fixait dans l’espoir d’un signe de conscience. Bien sûr que cela l’avait ramené immédiatement aux intonations paternelles et au monde qui tourne grâce à elle et à son sourire.
Ca lui avait fait un petit choc, oui, au moins un petit choc. Est ce qu’Agatha avait vraiment prononcé ces mots à dessein, consciemment ou non ? Est ce qu’elle était capable de savoir ça ? Parce qu’Enid savait très bien en revanche qu’elle n’en avait jamais parlé, ni à elle, ni à quiconque depuis bien longtemps.
Pressant sa main dans la sienne, elle avait tenté de la rassurer d’un léger sourire tandis que leur commande allait être servie.

“Tout va bien. On parlait de la rentrée…”  

Elle avait attendu que la table soit dressée et le thé servi pour revenir sur le sujet. “Et tu as eu une sorte… d’absence ?  Oui, une courte mais néanmoins intense absence… Pendant laquelle tu as dit…” Elle s’était mordue la lèvre, plongeant avec une lueur d’inquiétude son regard dans le sien. “ Tu ne te rappelles de rien ?”

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Les choix, tu détestes ça. Grande indécise de la vie, tu aimes pouvoir papillonner d’une chose à l’autre, sans contrainte. Même décider des douceurs que tu vas pouvoir engloutir peut devenir un calvaire. Les suggestions dansent devant tes yeux, tu es presque hypnotisée. Heureusement, tu es bien accompagnée. Ton amie qui comprend ta difficulté, te propose de goûter à ses choix. Elle complète en se montrant ouverte à l’idée de revenir. Ton sourire s’agrandit à l’idée que ce petit rendez-vous soit multiplié autant de fois que vous le souhaitez. « Avec plaisir ! Il faudra que je t’amène chez Mme Guillotine aussi. » En observant son regard interloqué, tu t’empresses d’ajouter. « C’est la pâtisserie où travaille ma sœur. » La fierté pointe alors que tu imagines Enid se délecter des macarons d’Agnes. Le délice des goûts variés est sans fin. Comme les possibilités pour vous revoir qui semblent infinies. Tu es tellement curieuse à l’idée de découvrir ce monde qui n’est pas le tient, mais étonnement, tu es aussi excitée à la perspective de montrer le côté sorcier à Enid. Tu as hâte de voir les paillettes enjolivées ces pupilles d’un bleu renversant.  

La jeune enseignante évoque l’idée de te faire visiter un musée. Tu pourrais presque bondir de ta chaise tellement c’est une perspective excitante. Tu t’approches d’elle pour chuchoter. « Il paraît que chez vous les peintures sont figées, les pauvres… » Tu jettes un coup d’œil autour de toi, personne ne semble vous prêter attention. Tes yeux cherchent la confirmation de tes paroles. Cela te semble si absurde comme idée, tu as hâte de pouvoir l’observer de toi-même. Toutes ces éventualités te galvanisent.

Tu sens ton cœur se gonfler de douceur. La présence d’Enid à le don de rendre ton quotidien beaucoup plus supportable. « La petite Agatha en moi n’en pense pas moins ! » Lâches-tu accompagnée d’un rire cristallin. Sucreries à profusion, rires à gogo, tu apprécies cette bulle de légèreté. Ce moment où tu peux laisser de côté l’adulte sérieuse au profit de la femme-enfant qui célébre la vie.

Le serveur ne tarde pas à faire son apparition. Tu bafouilles ta commande, la confiance en vrac. L’impression d’être un imposteur dans ce monde qui n’est pas le tien. Pourtant, tu regardes Enid et rien ne semble vous différencier, à part la baguette que tu as soigneusement cachée dans ton sac à main. Tu souffles de soulagement, lorsque que le serveur dirige son attention vers ton amie. Tu étais déjà gênée à l’idée de commander deux pâtisseries, mais ta comparse semble effectivement être affamée. Tu l’observes noter la commande sur son petit calepin, un sourire bienveillant apposé sur les lèvres. Son stylo – tu as appris ce mot, il y a peu – gratte le papier avec frénésie. Puis, il retourne à son poste, ce qui te donne tout le loisir de t’épancher un peu plus sur ta journée. « Oh oui, pardon, j’oublie… C’est une chanteuse montante, chez nous ! »  La curiosité d’Enid, l'étincelle dans ses yeux pour cet univers qui n’est pas le sien. Tu es reconnaissante de pouvoir découvrir ce petit bout d’elle et compte bien lui rendre la pareille. « Oh, c’est une très bonne question ! » Tes lèvres se tordent sous la réflexion. « Cela doit bien être possible ! Avec le levé du secret magique, ça va sûrement devenir courant même. » Le sourire qui se dessine sur tes lèvres et empreint de nouvelles perspectives. Tes émissions radiophoniques intéresseraient peut-être les moldus ?

Tu t’intéresses à nouveau à Enid plutôt que de t’étendre sur la question. Tes doigts touchent sa peau délicate alors que tu poses ta main sur la sienne. La vision ne se fait pas attendre, te laissant dans le brouillard quelques secondes. « Hey…Tout… Tout va bien… je suis là. Je… Agatha… Est-ce que tu m’entends ? » Un chuchotement lointain, qui se rapproche. L’éclairci qui transperce un nuage. Sa paume qui caresse avec douceur, te ramenant peu à peu à la réalité. Il te faut encore quelques secondes pour reprendre le dessus sur la transe. Le monde revient à lui. Tu reviens à ce monde. Tout devient net. Petit à petit, chaque chose reprend sa place. Enid d’abord, dont tu croises les yeux inquiets. Ce qui vous entoure ensuite. Puis, le brouhaha reprend aussi sa place, tout naturellement. « Si. » Voix étranglée par l’émotion ressentie. Tu te racles la gorge avant de continuer. « Si, je me souviens, de tout, toujours. » Tes yeux rencontrent ceux d’Enid et tu ne peux pas lui mentir. Tu ne veux pas lui mentir. Tu souffles, prends ton courage à deux mains et te demandes si votre si belle relation va changer après tes révélations. « Enid, les sorciers ont parfois… Des particularités. » Tu souris légèrement et essayes d’être le plus clair possible. « J’ai un don qui est héréditaire. Je… J’ai des visions du passé. » Tu bois une gorgée du thé qui a été servi quelques minutes plus tôt et regarde avec envie le reste des mets soigneusement déposé au centre de la table. « C’était à toi, petite, qu’on a dit cette phrase n’est-ce pas ? » Puis, tu te souviens de la personne qui l’a prononcé. « Est-ce qu’il est… En vie ? » Tu n’oses pas supposer. Tu as peur de la réponse, tu as peur de lire la tristesse dans ce regard si intense. La dernière chose que tu veux, c’est faire souffrir Enid.

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Agatha a cette douceur insouciante, cette douceur lumineuse qui chasse les tracas et les appréhensions. Enid se voit en elle, retrouve ce qu’elle espère prodiguer au monde en chaleur et en sourire. La retrouver c’est une parenthèse heureuse, la petite blonde le réalise à chaque seconde plus fort, Agatha la fait sourire, mais pas de ce sourire habituel -non pas contraint parce qu’il ne l’est pas- mais en obsession de ce que son absence pourrait provoquer pour le monde ou à tout le moins pour son entourage. C’est son devoir de sourire, vérité gravée dans sa caboche d’enfant, qui a poussé avec le temps, qui est resté là, à se développer, à se ramifier au point qu’elle fonde aujourd’hui l’essentiel de sa personnalité.
Quand Enid regarde Agatha s’émerveiller devant son monde qu’elle trouve la plupart du temps un peu triste, âme d’enfant triturée dans les sales guerres, celles qui bouffent l’humanité, celle qui bouffe leurs deux mondes. C’est pourtant si simple de communiquer, de se découvrir et de finir par s’apprécier.
Ya des tartes dans la bouille qui se perdent, même si la fille Brontë n’est pas une violente, pas une violente en geste, pas en général. Mais les adultes qui dirigent le monde sont des petits cons qui mériteraient parfois que leurs mères viennent les tirer par les oreilles.
Avis tout personnel auquel elle croit dur comme fer. Auquel elle regrette que personne n’y ait encore pensé… Et s’il fallait se dévouer pour remettre le monde sur le droit chemin, la gamine de GH était toute volontaire pour cette action.
Le nom de Madame Guillotine fuse, et l’étrange patronyme lui fait écarquiller les yeux. “Sacré nom pour une pâtisserie. Oh mais oui… Ta soeur est pâtissière… Est ce que vous réalisez des gâteaux magiques ? Je veux dire…”
L’idée l’amuse, elle, petite pâtissière du dimanche, qui trouve dans l’exécution des recettes familiales une activité apaisante. Mais sans doute cela serait encore plus drôle avec des pâtisseries animées ou au goût étrange… Le monde magique qu’elle lie à l’imaginaire, à son imaginaire et Enid a un sacré imaginaire. Monde à découvrir de part et d'autre. Remarques amusantes, cocasses. Quand Agatha lui parle des tableaux, de ses tableaux bien humains, bien normaux qui ne bougent pas, la petite blonde à un gloussement. “Mais tu veux qu’ils aillent ou ? S’ils ne sont pas dans leur cadre… Ce serait absurde… Cela voudrait dire que lorsque l’on vient au musée par exemple, on ne serait pas certaine de trouver l’oeuvre que l’on est venu voir ?”
L’idée parait si folle. Et pourtant… “Non mais sérieusement… Ils font quoi vos tableaux ?” Plus incrédule, plus désireuse aussi de comprendre les tenants et les aboutissants.
Les deux petites blondes que vous êtes semblent vibrer de la même surprise, de la même curiosité. Oui décidément, tu l’aimes bien Agatha.

« La petite Agatha en moi n’en pense pas moins ! »
Remarque qui la fait sourire de plus belle, de ce sourire qui remonte aux yeux, qui colore les joues, sourire-délice, du moment, de la conversation et d’elle tout simplement. Elles font la paire, petite Agathe et petite Enid.
La perspective d’une avalanche de sucre pour accompagner ce moment vaut bien tous les repas sautés de la terre.
Le serveur prend leur commande, Agatha s’en sort à merveille, le jeune homme qui les sert est prévenant et ne semble pas faire grand cas de la timidité légère qui s’exprime dans les gestes et la parole de la jeune sorcière.
Les voilà de nouveau seules, à deviser comme si ce qu’elles échangeaient n’avait rien d’extraordinaire. Enid ne prend même plus la peine de jeter des regards à droite à gauche. Elle est toute concentrée sur les paroles de sa compagne de tea-time, trop curieuse de comprendre ce qu’elle fait, de connaître ces gens qu’elle doit interviewer, son travail à l’air tellement passionnant.Celestina Moldubec était juste une chanteuse ? Est ce qu’elle a ce petit truc qui fait qu’on sait qu’elle a quelque chose de magique ? Parce que par exemple, lorsque la fille Brontë regarde Agatha, elle sait, comme une évidence qu’il y a quelque chose de magique en elle. Seulement, peut être cela n’a t’il rien à voir avec son état de sorcière.
“S’il faut bien y trouver un avantage à la fin de ce secret.” Murmure qui plane tout doux entre elles, un peu loin, un peu vaporeux.
Une seconde d’inattention plongée dans la perspective de ce nouveau poste qu’Enid va occuper et soudain Agatha disparaît. Pas physiquement non, la jeune femme est toujours là, mais il se passe quelque chose, quelque chose qui inquiète grandement Enid. Ça dure un instant, et puis… L’absence qui se retire, sa présence qui revient. Les mots glissés par la fille Brontë pour tenter de la ramener et de comprendre aussi, ce qui s’est joué là. Là devant elle, sans que le reste du monde ne semble s’en être soucié.
“Si, je me souviens, de tout, toujours.”
Sonne comme une énigme beaucoup plus dense et beaucoup plus grave qu’espéré. Enid tente de déchiffrer dans son regard des bribes d’informations. Mais ce sont ses mots qui prennent le relai, des explications qui sonnent un peu étrange, ni dangereuses, ni menaçantes pour autant. Juste étrange…
“Des visions du passé…” Qu’elle répète peut-être un peu effrayée, mais pas pour elle, pas pour des pseudos secrets qu’elle pourrait… Instant de silence, des choses qu’elle ne voudrait surtout pas voir remonter à la surface. Mais il n’est pas question de ça pour l’instant. Non, c'est surtout pour Agatha que cela doit être difficile, étrange peut être aussi, parce que la soudaineté de l’instant, le moment choisi indiquent justement que rien ne relève d’un choix conscient.
Mais elle n’a pas vraiment le temps de s’en soucier davantage. La table s’est couverte de votre commande, Enid ne sait pas vraiment à quel moment de leur échange, mais il semble que le petit drame, la petite frayeur qu’elle a ressenti soit passé à la trappe de l’attention du serveur.
Agatha se remet petit à petit, Enid boit également une gorgée de thé sans prendre garde réellement à son goût, ni à sa température, elle n’arrive pas à la quitter des yeux.

“Oui c’est à moi.” Bouille qui se pare d’un rictus mélancolique, coudes qu’elle appuie sur la table dans une impolitesse qui aurait fait sans doute souffler sa mère gentiment. Elle se penche sur le ton de la confidence. “C’est mon père qui me l’a dit et oui. Oui il va mieux depuis.” Enfin ça elle le suppose, parce que leur père n’a plus jamais vraiment été le même après ces évènements, comme si le besoin de vivre l’avait poussé à quitter le monde étriqué de GH. “ C’est drôle que tu me parles de ça maintenant.” Ironique même, parce que sa vie reprend un peu, avec son projet de devenir maîtresse, c’est comme si une sorte de deuil prenait fin, comme si Enid était un peu moins obnubilé par le monde qui continue à tourner grâce à son sourire. Les yeux baissés qu’elle relève enfin et les questions qui se bousculent dans sa tête.
“Pourquoi… Enfin… je veux dire… Si tu me permets… Comment ça arrive et pourquoi ?” Pourquoi maintenant ? Pourquoi à ce contact là et pourquoi ce souvenir précis parmi tous les autres.
“Mes questions n’ont rien à voir avec de la défiance.” Au cas où il aurait été nécessaire de le préciser. “C’est juste que…” soupire soudain, soupire de soulagement d’une tension, la peur qu’elle a eu soudain pour Agatha et aussi le retour de ce souvenir précis, porté par les mots et l'intonation. “Je n’y avais plus vraiment pensé depuis longtemps…et ça me fait tout drôle.” Tout drôle en mots d’enfants échappés de ces souvenirs. Juste tout drôle, pas tout triste, pas tout en colère de l’injonction qu’elle ne réalise pas vraiment. Soudain, Enid a bien moins faim, soudain, le silence se fait autour d’elles, silence qu’elle imagine.

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