temporalité du rp : 1st nov. 1981.
personnages concernés : @LORNA PREWETT & @CHARLES MOODY
trigger warnings : mention de mort.
intervention autorisée du mj : [ ] oui [X] non
autre(s) : défi rp des jeux d'iftk 2024.

IN FOR THE KILL - 2021-2022

La sorgue s’étirait en volutes bleutées, tantôt mouchetée de teintes pastels à mesure que le scintillement des astres se meure pour laisser place au jour. La nuit du trente-et-un octobre 1981 avait été agitée, sommeil houleux et draps froissés tandis que les songes se paraient de l’ombre du tourment. Mauvaise augure tordant les entrailles, réminiscence à l’orée de la caboche alors qu’il tournait et retournait dans sa couche, l’épuisement le guettant sans pour autant le bénir du repos des sages - déjà s’était-il glissé auprès de la douce avec ce goût de cendre dans la gueule, l’humeur contrariée d’un je-ne-sais-quoi, et alors que les lumières de la chambrée s’éteignaient pour les offrir à l’obscurité, les pensées s’étaient esquintées contre la boîte crânienne. Les jours derniers avaient été particulièrement sombres - à vrai dire, les dernières décades l’avaient été tout autant. La carcasse du vieux Moody s’était certes écrasée du poids des âges, tissant l’indécrôtable tignasse hirsute de ses fils d’argent et creusant rigoles sur la carne ébréchée - mais les affres qui déjà le tourmentaient trente ans plus tôt n’avaient eu de cesse de peser toujours plus lourd dans les entrailles, fardeau englouti serrant la gorge alors qu’au dehors, le monde s’ébranlait.

Ce qu’il avait toujours redouté avait fini par se produire : trop peu réactifs à l’époque où Riddle n’était qu’un môme qui se s’étranglait pas de mégalomanie, les aurors s’étaient laissés déborder par l’ascension fulgurante de celui qui se faisait désormais appeler Voldemort, fragilisés par un Ministère corrompu. Discours gorgés de haine cheminant insidieusement dans les esprits, vipère déversant son poison dans les âmes fragiles et apeurées, pouvoir arraché dans la terreur, rien n’avait pu arrêter le Seigneur des Ténèbres, plongeant le monde sorcier dans un chaos brûlant. Alors il avait observé les siens crever la gueule ouverte - collègues, ami.es, connaissances proches et moins proches, des êtres froidement assassinés pour la seule faute de n’avoir eu l’ichor pur, de s’être souillé auprès des sans magie, d’avoir trahi leur sang. Lendemains devenus incertains, avenir que l’on ose plus dépeindre - quel autre pleurerais-je demain ? comme un disque enrayé, un soupir suspendu.

Alors que l’aurore pointe à grand peine, la vieille carne s’extirpe à sa couche, pose les pieds sur le sol glacé. L’épouse en vis-à-vis ne dort plus depuis longtemps, elle aussi. Ils se drapent de cette indéfinissable propension à partager leurs maux dans un silence entendu, dans une oeillade trempée d’émoi. Sous sa paume, il sert tendrement ses doigts, le coeur lourd, avant de quitter la chambre conjugale. Dans le salon, un silence de mort. Les portraits amoncelés sur le rebord de la cheminée se murmurent d’inaudibles mots sous le couvert de leurs doigts en parapet. Lorna a sitôt fait de descendre à son tour que dans un craquement, la porte d’entrée s’ouvre brutalement, laissant apparaître dans son encadrement la stature du rejeton. « Avez-vous entendu la nouvelle ? » Il claque sans plus de cérémonie, referme la porte derrière lui. Froissement de sourcil sur la gueule du pater, la poitrine écrasée d’une angoisse nouvelle. Alastor entame déjà de longue enjambées en long et large de la pièce - la trogne auréolée de fatigue, de larges ombres viennent cercler les prunelles de ses teintes violines, la chevelure en bataille héritée de son père.

« Aly ? Tu n’es pas rentré cette nuit, on s’est fait un sang d’encre… » Le benêt le coupe d'un geste de la main, élude les inquiétudes du père. « Il est venu à Godric’s Hollow cette nuit, Voldemort. » Tressaillement secoue l’échine du sexagénaire, afflue en frissons sur la carne abîmée. Il était là, Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom, arpentant les ruelles autrefois si paisibles du petit hameau. Était-il passé aux pieds de leur minuscule bicoque, se glissant sous leurs fenêtres tandis qu’ils tremblaient au creux de leurs draps ? « Je suis venu dès que j’ai su, le Ministère s’agite, on dit qu’il a été détruit. » Cavalcades cardiaques dans la poitrine, un vertige l’assaille alors qu’il se laisser tomber dans son fauteuil. « C’est impossible… Comment… » il souffle en cherchant de l’azur la présence de l’épouse, l’attire à son rivage pour apaiser le palpitant vrombissant. « Lily, James, ils… » le môme s’étrangle, trémolo dans les intonations fébriles. Ils restent interdits, mutiques, tristesse comme une vague à l’âme.

Alastor enferme déjà son visage dans le creux de ses paumes - il connaissait les Potter depuis l’enfance, avait couru les corridors de l’antique école de magie à leurs côtés. Ensembles, ils avaient gonflé les rangs des aurors, s’étaient engagés dans l’Ordre du Phénix quand le patriarche les sommait plutôt de faire profil bas. Téméraire et têtu qu’il était le jeune Moody, animé de cette même fougue dont été taillé son propre père, il n’avait fait que fi de ses recommandations, s’était jeté à coeur et corps perdu dans cette bataille. James et Lily Potter étaient faits du même bois - et cette nuit, ils avaient perdu la vie. « Et Harry ? » Il ose dans un murmure, terrifié que l’enfant ait été frappé du même sort que ses parents. « Dumbledore l’a mis en sécurité. » Goulée d’air dans les poumons atrophiés. « Pauvre petit… » ne sait que dire l’ancien, ne peut se résoudre à exulter - dans cette victoire, ils ont trop perdu, trop souffert. Et si la communauté magique ne saurait tarder à se réjouir d’une telle nouvelle, ce jour funeste marque au fer la vie du jeune Potter. La carcasse se hisse lentement, atteint les hauteurs du fils dévasté, paume étreignant l’épaule secouée de sanglots ravalés. « Je suis désolé fils… »

900 mots
DÉFI HEBDO 01 S2 : 2/2 écrire un rp de minimum 800 mots.
DÉFI HEBDO 02 S2 : écrire un rp décrivant la réaction à la défaite de Voldemort

MADE BY @ICEANDFIRE / IN FOR THE KILL › 2021-2022

Les ténèbres s'étirent, enlisent le village dans une nuit sans fin. Les songes se parent de cruauté, chassent le sommeil hors de portée et ne laissent dans leurs sillages que ses inquiétudes pour la tarauder. Un mauvais pressentiment dévore ses entrailles. De ceux qui refusent de disparaître malgré les heures qui défilent. Une agitation partagée par son époux qui ne cesse, lui aussi, de bouger. Elle n'ose pourtant pas le réveiller, se retient à grand peine d'étendre la main pour venir lisser ses sourcils qu'elle devine froncés. Tout, pour ne pas lui voler les rares minutes que Morphée pourrait daigner lui accorder. Elle donnerait cher pour pouvoir effacer ce poids qui pèse constamment sur les épaules du sorcier, de faire voler en éclat toutes ses inquiétudes d'un simple claquement de doigts. Un phénomène qu'elle songe presque héréditaire, alors qu'Alastor semble suivre la même voie, incapable de supporter l'injustice et ce besoin dévorant de sauver le monde, quitte à mettre sa propre existence de trop nombreuses fois en danger. Ce même fils aux abonnés absents depuis la nuit dernière, la laissant en plein désarroi. Est-il en mission ? Chez des amis ? Ou encore dans une de ces quêtes périlleuses pour le compte d'Albus ?  Au diable Azkaban, la sorcière se promet de le transformer en dindon et de l'offrir au plus offrant si son enfant ne revenait pas indemne d'elle ne savait où. Ou en rat, la solution presque plus alléchante. Elle ne doutait pas une seconde qu'elle trouverait quelques alliés pour l'aider le cas échéant.

Les premières lueurs de l'aube viennent décorer la chambrée de couleurs pastelles. Le minois se tourne pour observer sa moitié se redresser, laisse le silence continuer de les envelopper lorsqu'aucun mots ne leur serait utile en cette occasion. Un faible sourire répond à sa douce étreinte, avant qu'elle ne se redresse à son tour, s'enroulant dans sa robe de chambre pour le rejoindre au salon. A peine a-t-elle le temps de descendre les marches que la porte s'ouvre à la volée pour sous la force de l'autre homme de son existence. Les céruléennes se posent sur le plus jeune, cherche par instinct la trace d'une quelconque blessure. « Aly, mais qu'est-ce que... » N'a pas le temps de finir sa phrase qu'il continue, assène la nouvelle sans le moindre tact. La sorcière se fige, accepte tant bien que mal ce qu'elle apprend. Que l'ennemi est passé à quelques pas à peine de leur maison, qu'il n'est plus, maintenant. Sa silhouette se glisse près de son époux, sa main trouvant son épaule, le contact comme une ancre dans la réalité.

Lily et James. Coup de poignard dans les entrailles. Alastor n'a pas besoin d'en dire plus, sa peine est trop évidente pour ne pas deviner le funeste destin dont le jeune couple n'aura pu échapper. Deux nouveaux noms à ajouter à une liste bien trop longues de fantômes qui viendront la hanter et qu'elle enferme soigneusement dans le fin fond de sa psyché. Tout près de Fabian et de Gideon. Tous membres de cet Ordre se battant contre la montée en puissance du mage noir. Tous membre d'une organisation qui n'aura su les protéger, envoyer les plus jeunes, à peine adulte, mener des batailles au prix de leurs vies. Tous sous le commandement d'un homme traitant ses comparses comme des pièces d'un jeux d'échec, maître du jeu charmant au charisme rassurant, mais qui n'hésiterait probablement devant aucun sacrifices pour le bien du plus grand nombre. Le nouveau directeur de Poudlard était peut-être aussi dangereux que l'adversaire qui vient de disparaître. Sa seule grâce étant de se battre du bon côté de l'histoire. La colère gronde face à l'injustice, réchauffe ses artères, avant de s'étouffer tout aussi violemment face à la détresse de son fils. « Oh mon ange... » La renarde s'éloigne de son époux pour attirer son rejeton dans ses bras. Qu'importe son âge, son rang au sein du Ministère, ou même cette fierté propre au Moody qu'elle envoyait valser, ses phalanges venant caresser les mèches désordonnées dans un geste tendre. « Je suis terriblement désolée. » De cette injustice. De cette guerre. Même de cette victoire aux relents amers. Pour ce pauvre enfant dont on a arrachés les parents, l'innocence bafouée avant même qu'il n'ait pu apprendre à courir. Toutes ces horreurs commises sous la directive d'un seul monstre. D'un seul homme. D'une langue vipérine ayant su s'attirer les faveurs des familles les plus puristes. Les pions placés aux plus hauts rangs du Ministère pour lui permettre de garder plusieurs coups d'avance sur une justice considérablement essoufflée. La tête de l'hydre, pourtant, vient de tomber. Le début de la fin, dernière levée de rideau pour pouvoir s'assurer de la chute fatale de ses plus grands fidèles.

843 mots
DÉFI MENSUEL 01 : 1/6 écrire un rp de minimum 800 mots.
DÉFI HEBDO 02 S2 : écrire un rp décrivant la réaction à la défaite de Voldemort

MADE BY @ICEANDFIRE / IN FOR THE KILL › 2021-2022