temporalité du rp : juillet 1955
personnages concernés : @ERHEŸBE ROWLE & @EMILE ROSIER
trigger warnings : décès, enterrement
intervention autorisée du mj : [ ] oui [•••] non
autre(s) :

IN FOR THE KILL - 2021-2022

Le couperet était tombé aussi rapidement que la lame de la guillotine sur le charmant cou de Marie-Antoinette. Thaddeus Rowle avait passé l’arme à gauche, trépas indue à la maladie dont personne, pas même ses enfants, n’était au courant. De ses descendants pourtant, il ne restait bien que la cadette, dont le visage était voilé de dentelle aussi sombre que le cœur de la nuit, cachant toute émotion susceptible de transparaitre dans ses prunelles couleur lagon. Pour autant qu’on le sache toutefois, même sans cet accessoire de mode, nul n’aurait été capable de dire ou prédire une quelconque empreinte de ressenti sur son minois, le pater y avait veillé, des années durant, depuis l’enfance, qui tendre, ne le fut pas le moins du monde. Pourtant, il y avait bien eu quelque chose venant se glisser dans sa chevelure ordinairement noire de jais, lorsque l’elfe de maison de la famille était venu frapper à la porte de la petite demeure en bordure du village. Todky, de son nom, s’était pointé, les mains se tordant l’une contre l’autre, comme s’il redoutait tout simplement la réaction de la dernière-née de la famille. Jamais pourtant, la ténébreuse n’avait donné matière à l’elfe de maison de la craindre. Concernant ses demi-frères aînés… c’était tout autre chose. Quoi qu’il en demeure, c’était à la petite créature pourvue d’une taie d’oreiller aux armoiries Rowle qu’était revenue la tâche d’annoncer la triste nouvelle à la dernière descendante trouvable de Thaddeus. Nul ne savait où s’en étaient allés les fils, et à dire vrai, Erheÿbe s’en moquait bien comme de la dernière croquette de miam’hibou ingéré par la chouette la moins rapide du service postal de Godric’s Hollow. Pour en revenir à la nouvelle toutefois, le gris anthracite n’avait pas manqué se faufiler à travers plusieurs mèches de sa chevelure unie, unique réaction visible quand le visage se voulait neutre tout en appréhendant la sentence. Le pater n’était plus, et puisqu’elle était la seule enfant à proximité, c’était à elle qu’il revenait la lourde tâche de préparer les funérailles et de mettre de l’ordre dans les affaires du défunt. Une tâche somme toute aisée, puisque le vieil homme – pas si vieux pourtant – s’en était chargé pour la plus grosse partie.

Service sobre, intimiste. Seuls les proches avaient été admis et quelques amis estimés, très estimés même. Moins de quinze personnes en réalité, et le portrait du Rowle pour s’en assurer, l’œil circonspect en perpétuelle alerte, comme l’aurait certainement fait l’ancêtre Greengrass si elle avait été encore de ce monde. Manquaient évidemment à l’appel les fils, introuvables, mais sans doute fallait-il avouer – et sans honte – que la cadette n’avait pas mis tant d’efforts à leur recherche. S’ils revenaient un jour avec la colère en drapeau, nul doute qu’elle se ferait un plaisir de railler qu’il fallait laisser une adresse où les trouver en partant. Cérémonie courte, somme toute, destituée de toute fioritures hypocrites sur le vide laissé derrière soi. Qui regretterait réellement l’homme allongé dans le cercueil d’excellente manufacture ? Certes, il était le père de l’orpheline, un homme qui l’avait vu grandir, un homme qu’elle avait un temps admiré, avant de se rendre compte du seuil d’amour de celui-là, préférant miser sur le bon placement de ses pions que de se laisser attendrir par un sentiment qui ne ferait que révéler un point faible à ses ennemis. Avait-il seulement aimé ses enfants ? La question resterait sans réponse. Pour terminer, la Rowle avait remercié ceux qui étaient venus, sans jamais lever le voile sur son visage. Ne rien montrer, ne pas donner ne serait-ce qu’un indice sur son état d’esprit. Elle avait cru pouvoir s’en sortir, que la journée s’achèverait sur la mise en terre du pater et qu’elle pourrait rentrer chez elle. Ce n’était pas le cas. Un notaire était venu la trouver à l’instant même où la cérémonie s’était achevée. Pas d’après, pas de repas, de verre pour se remémorer les souvenirs avec l’homme trépassé. Ce n’était pas dans ses souhaits. Ça n’avait pas même été une réelle surprise que de trouver l’homme avec son chapeau melon. Logique plutôt. Thaddeus possédait un patrimoine conséquent, mais… elle n’était pas légitime à posséder plus que ne serait-ce une maison secondaire, voire tertiaire. Et pourtant. La lecture du testament avait été une surprise au-delà de toute espérance. Héritière désignée, légitime, par-delà le fils aîné. Là se trouvait la stupéfaction, venant de nouveau colorer sa chevelure ci-et-là, avant qu’elle ne reprenne le contrôle total sur sa personne, sur son don, sur ses émotions. Il ne faisait pas de doute dans sa caboche que si le fils aîné revenait un jour, sa rage serait… dévastatrice. Et Merlin savait qu’elle était partagée à cette idée : avoir peur de ce croquemitaine de toujours, ou le railler avec toute l’intensité d’une héritière méritante.

Depuis lors, les jours s’étaient succédé, ne laissant qu’un maigre répit à la nouvelle matriarche. Chaque matin, elle guettait l’éventuel retour de l’aîné, qui aurait fini par apprendre la nouvelle du décès du pater, et chaque soir, elle se couchait à peine rassurée de ne pas en voir poindre le bout du nez. Situation presque insoutenable, d’autant plus avec l’elfe de maison revenant chaque matin sur le seuil de sa petite demeure pour recevoir ses ordres, petits caractères en bas du testament. Non pas qu’elle n’appréciait pas l’elfe de maison… mais dans sa petite demeure, elle n’en voyait pas vraiment l’utilité ? Pour autant… elle ne se voyait pas offrir un vêtement à la créature, la pauvre n’y survivrait certainement pas. À cœur balançant, la sorcière n’eut d’autre choix que de finir par se rendre au manoir situé dans Mandrake Alley, habitation supposée être provisoire, et qui avait presque remplacé le manoir familial situé à Londres. Demeure tout aussi austère, reflétant parfaitement le caractère des trois hommes de la famille. D’un soupir, observe tout autour d’elle avant de finalement s’attaquer à la première pièce, vide les meubles de leur contenu. Qui irait se soucier de vieilles coupures de journaux, de souvenirs sans queue ni tête ? Ordres avaient été donnés à l’elfe de faire le tri des affaires inutiles, et de les déposer dans des cartons devant la maison. Nul doute qu’un Fletcher ne manquerait pas de passer devant et y fourrer son nez. Bon débarras. Et le manoir dans toute cette histoire ? La Rowle ne savait qu’en faire en réalité. Le revendre ? S’y installer ? Il était certes d’une taille bien plus conséquente que son cottage, il y avait là suffisamment de pièces pour pouvoir entreposer les souvenirs de ses voyages… mais… Merlin lui en était témoin, cette petite maison à la bordure du village était son havre de paix, son refuge. Pensée vagabonde, alors qu’elle dépose un carton plein de vieilleries devant le portail du manoir, sans réellement se soucier des commères tapies derrière leurs rideaux, à surveiller ses allées et venues. Assurément, d’ici peu, on vanterait son ingratitude. Et puis une ombre dans le coin de l’œil, silhouette familière. « Emile ? »  

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1250 mots

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Si d’ordinaire, les grains du sablier s’écoulaient à une lenteur mortelle, minutes et secondes se dilatant en interminables heures, patience élimée dans l’attente d’un lendemain, cette fois, en un clignement de paupières, le temps s’était bousculé et les semaines avaient passé, trop pressées. Depuis son retour à Godric’s Hollow, quelques mois plus tôt, le Rosier s’était animé d’une volonté nouvelle, flamme fébrile au creux des entrailles. C’était une lueur timide, vacillant sous l’inflexion des doutes et des espérances craquelées, nourrie des mille velléités qui allaient et venaient par le flot des pensées incertaines, menaçant de s’éteindre à jamais alors qu’il observait le monde flancher, sans bouger - mais si gracile soit-elle, cette lueur persistait, bientôt muée en brasier de détermination. Trop longtemps demeuré spectateur de cette valse mortifère, marionnette empêtré dans les fils de ses propres tourments, l’obsession à la quête de réponses qu’il n’obtiendrait guère dans l’inaction, les récents évènements avaient fini par heurter sa conscience avec la force d’une tempête s’écrasant à son rivage.

Il y avait d’abord eu l’entrevue nocturne avec la jeune Rowle. S’il s’était traîné, vague à l’âme, jusqu’au cottage à l’orée des bois, havre de paix en bordure de tout, avec une réticence affirmée à venir en aide à la ténébreuse, celle-ci désireuse de chiader ses propensions à pénétrer les murailles friables de l’esprit, il s’était cependant gargarisé de la tournure qu’avait prise leur rencontre. Entreprise difficile que de dévoiler les éclats d’une mémoire tourmentée à celle qui avait toujours tant compté, l’inquiétude obstruant la gargue quand il ne savait dire si ses fragments d’âme seraient utilisés à bon escient, leurs allégeances respectives oscillant dangereusement au bord du vide. Confessions jetées dans l’âtre à la faveur de la nuit, promesses murmurées tandis que les chaires s’acoquinaient d’une tendresse jusqu’alors pudiquement contenue. Il ne l’avait quittée qu’une fois la rondeur de l’astre haut sur la voûte du jour, espoir en étendard rugissant de concert avec le palpitant en cavalcade. Les illusions l’avaient trop longtemps étranglé, carcasse repliée dans une attente passive que les choses s’améliorent d’elles-même - aussi les balayait-il d’un revers tempétueux, bien décidé à prendre à bras le corps les décisions, jusque là restées en suspend, nécessaires à la protection de ce(ux) qui trouvai(en)t affection à ses yeux.

Frank faisait partie de ceux là, plus encore, il était la principale raison de ce revirement d’esprit - prunelle à préserver quoi qu’il en coûte, il en allait d’avantage que la promesse faite tantôt à Augusta. Le chérubin, installé depuis peu dans le minuscule appartement sur Bezoar Street, force d’entêtement et d’insistance face au patriarche Longbottom, son grand-père, avait comblé les fêlures sur le coeur du Rosier. Écarté des cinq premières années d’existence de son garçon, il lui avait fallu apprendre à devenir père alors que son propre modèle de paternité s’était ébréché d’imperfections - l’enfant ne méritait pas ce que lui même avait subi dans son enfance, cruauté d’une exigence sectionnant l’affection et la fierté qu’il éprouvait alors pour Aldric, paternel érigé en bourreau d’insatisfaction. En enveloppant sa progéniture de tout l’amour qu’il possédait, apaisant les terreurs de son sommeil d’une caresse dans ses boucles blondes, ainsi soignait-il du même temps le môme qu’il avait été jadis. Et même si Augusta avait fini par reparaître alors qu’il ne l’attendait plus, énergie déployée à une autre quête que celle de retrouver sa trace, la jeune femme s’auréolait de tant de douleurs et de mystères, secrets s’agglutinant une nouvelle fois dans le spectre de leurs rapports émiettés, la seule priorité allait aux promesses qu’il s’acharnait à vouloir tenir.

Les tergiversations muettes l’avaient alors mené à rencontrer la veuve Trelawney - heureux hasard de trajectoires qui se croisent dans une constellation brouillée, l’entraînant dans son apesanteur cotonneuse. Il s’était longtemps questionné sur ce qu’on aurait pu penser de lui Emile - quel saint d’esprit aurait bien pu tendre la main à une âme égarée, héritier déchu de sa couronne, dont les innombrables erreurs avaient mené aux geôles sinistres d’Azkaban ? Sa réputation le précédait, et bien qu’il ait été exempté de sa peine, les oeillades ascardamyctes pesaient dans son sillage, condamnant le sorcier pour des crimes qu’il n’avait pas commis. Le petit Brontë lui avait pourtant soufflé, au détour d’une rencontre sur les pavés jouxtant le Red Lion, qu’il trouverait en Agnès la bondé d’âme suffisante à écouter ses revendications, et que si ses intentions étaient pures elle lui accorderait cette confiance que d’autres lui refusaient. Enid ne s’était pas trompée - la blonde ramassait les voyageurs égarés comme des chatons abandonnés sur le bord de la route, aussi n’avait-elle pas fait exception pour le Rosier. À son vis-à-vis, écoutilles toutes disposées à recueillir les raisons de ton approche, il avait été aisé de déverser les peurs qui ankylosaient la couenne - pas xyloglotte pour un sou quant à la situation de ce nouveau venu, l’avertissant que patte blanche il faudrait montrer pour que ces autres lui accordent ne serait-ce que le bénéfice du doute, il avait cependant trouvé à son rivage un apaisement certain. Si la Trelawnay savait voir en lui cet éclat de lumière enfoui, sans doute serait-elle amène d’écouter ce qu’Erheÿbe Rowle aurait à dévoiler à son tour.

C’est en ce sens, qu’en cette matinée de juillet, le sorcier s’était rendu à la rencontre de la ténébreuse. - porte close avait pourtant répondu à son appel alors qu’il transplanait sous le porche de la petite bicoque, déception de ne l’y trouver froissant la gueule. Ses propres machinations ayant occupé tout l’esprit dernièrement, l’esprit s’était délesté dans l’oubli de quelque évènement ayant noirci les pages de la rubrique nécrologique du torchon local : Thaddeus Rowle avait expié son dernier souffle et avait été mis en terre quelques semaines plus tôt. Aussi, sans doute sa progéniture s’était-elle rendue dans les beaux quartiers qu’elle prenait tant de soin à éviter d’ordinaire, préférant la quiétude de sa demeure reculée aux mondanités séant à Mandrake Alley. Dans un craquement sonore il transplane à nouveau, reparait dans les allées trop bien taillées. Le manoir des Rosier se trouve là, à quelques pâtés de maisons, affleurant la grande maison des Longbottom, quelques ruelles en contrebas. Maintes fois a-t-il arpenté ces jardins et ces allées, alors qu’il vivait sous ces toits, avant qu’il ne claque la porte et se refuse à fouler à nouveau les parquets cirés de la propriété de ses aïeuls.

Le domaine des Rowle ne lui est pas inconnu - à l’époque où Caïn et lui se fréquentaient, il n’était pas rare que le jeune garçon soit invité à passer quelques jours en ces lieux, au plus fort de l’été, alors que leurs familles respectives fuyaient la moiteur et l’effervescence de Londres. Souvenirs d’enfance affluant sous la caboche tandis qu’il remonte la rue, aperçoit enfin la nymphe brune, dans l’entrebâillement du portail. À ses pieds, un amoncellement de cartons à débarrasser, des vieilleries poussiéreuses qui s’entassent, chargées d’une mémoire douloureuse - des choses et d’autres qui disparaîtront certainement la nuit venue. « Erhy. » il l’appelle en arrimant son rivage. « J’ai appris pour ton père. Tu dois être soulagée, en quelque sorte… » il avoue, céruléennes dardées à l’ambre de ses orbes - il n’est pas désolé pour elle, ne prétendra pas l’être pour plaire à l’étiquette et la bienséance. Thaddeus était un monstre de cruauté, dénué de toute affection envers ses enfants, liberté enchaînée derrière les barreaux dorés de leur jolie cage. Les doigts étreignent sa main avec douceur, affection timide quand il sait les harpies cloitrées dans l’embrasure de leurs rideaux, épiant leurs moindres faits et gestes. Par Merlin, si l’héritière Rowle venait à se compromettre avec le fils déchu d’Aldric Rosier, il sait d’avance que cette histoire ferait la une des choux gras dès le lendemain. « Veux-tu qu’on entre ? Je pourrais t’aider avec tout ça ? » Désigne du menton le monticule de boites laissé sur le trottoir - au moins, à l’abris des murs du manoir, seraient-il enfin en paix.

1309 mots
DÉFI 02 DU 28.04 : placer les mots chiader, ascardamycte & xyloglotte dans son rp.

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