temporalité du rp : mars, 1955
personnages concernés :  @Roman Borgin & Cassiopeia Rowle
trigger warnings : /
intervention autorisée du mj : [ ] oui [X] non
autre(s) : /

IN FOR THE KILL - 2021-2022

Au contact des teintes obscures, les pensées divaguaient, s’envolaient lentement vers d’autres horizons. En dépit de toute la violence vomie par les coups de pinceaux, arrachées de couleurs lugubres sur la toile, c’était bien la paix qui naissait dans la carcasse. Exutoire ô combien salvateur, tranquillité de l’esprit quand l’âme se disloquait toujours un peu plus à chaque seconde, enveloppe malmenée par ce monstre l’habitant. Un bref souffle s’arracha des lippes pincées par les émotions, les griffes relâchant enfin le pinceau s’échouant avec ses comparses dans un bocal aux vapeurs toxiques devenues fragrance transcendante. Si les sens avaient toujours été en émoi dès que le derme entrait en contact avec un crayon ou de la peinture, la louve était venue sublimer ce moyen d’expression silencieux. Parfait défouloir, jardin secret si bien gardé que même les membres de sa propre famille ignoraient tout de sa passion dévorante pour le dessin et la peinture. Les oeuvres avaient beau habiller les murs sinistres de son manoir, tentative désespérée d’y apporter un semblant de vie, une gaieté étouffée par l’étau de sa condition, qu’elle puisse en être l’artiste anonyme échappait à la plupart. La plupart sauf un. Un des rares à réellement connaître son penchant. Un des rares à l’avoir vue à l’oeuvre. Un des rares à s’y intéresser également. Roman.

La toile laissée sur son chevalet, les phalanges grossièrement débarrassées des quelques ersatz de peinture, elle glissa le chiffon dans la poche arrière de son jean avant de quitter dans un craquement sonore son petit atelier. Voûtes plantaires échouant sur le parquet sombre au contact réconfortant, son parcours était déjà tout tracé. Un arrêt obligatoire fut marqué par le petit bar épousant l’angle du salon de réception, premier verre de whisky pur feu descendu d’une seule traite avant que le suivant ne dure, du moins fallait-il l’espérer. Le cristal logé dans la paume, les lagunes vinrent enfin inspecter les trois malles imposantes trônant entre les canapés de velours. La voilà la raison de sa présence ici. Elle qui avait déserté depuis plusieurs semaines le manoir, boudant son atmosphère glaciale au profit du chalet plus réconfortant de son meilleur ami. Cinq mois que le trépas de Marcus, précipité de sa propre main, était venu assombrir l’atmosphère. Lieu déjà boudé de son vivant, plus habituée à errer ici et là qu’à flatter le manoir de sa présence, la solitude alourdissait l’esprit dès qu’elle en foulait le sol. Pas un regard pour son elfe de maison, Cassiopeia préleva une nouvelle gorgée du liquide ambré en déverrouillant d’un mouvement de poignet la première malle. Sifflement de protestation de la créature devenue libre d’aller et venir à sa guise depuis la mort de son maître, Ygor semblait rechigner à définitivement déserter les lieux, visiblement attaché à cette présence qu’il prétendait sentir.

Faisant fi de ses protestations maugrées en bulgare, la sorcière ne daigna pas lui prêter attention. Joutes verbales stériles, énergie gaspillée quand ils pouvaient tous deux s’exprimer dans des langues qu’ils ne comprenaient pas. Elle n’avait jamais fait l’effort d’apprendre le bulgare, Marcus n’avait pas daigné se mettre au grec… Pourquoi changer maintenant qu’il n’était plus ? Pour quoi ? Pour qui ? Un vulgaire elfe de maison congédié depuis des mois ? Sans-façon ! L’objet de sa convoitise extirpé de l’amoncellement de babioles, les lagunes inspectèrent une dernière fois l’artefact avant d’être interrompue par une mélopée familière. L’expert était arrivé à l’heure convenue par hibou. Une visite certes motivée par des motifs professionnels mais une rencontre amicale depuis trop longtemps repoussée… Cristal ambré à la main, la veuve vint ouvrir à son vieil ami, ignorant le regard réprobateur de l’elfe de maison. « Bonsoir Roman ! » Rictus ourlant les lippes à l’apparition de cette stature amicale ô combien appréciée. Après tout, la sorcière avait toujours trouvé un certain réconfort chez ceux dont le caractère laissait transparaître une certaine forme de dureté. Diamant à l’état pur. Aujourd’hui plus que jamais, la sensation viscérale de pouvoir être comprise, incluse et acceptée dansait dans les recoins reculés de l’encéphale. Perspective utopique, bestialité pourtant si férocement refoulée, instinct primaire qu’elle maquillait sous couvert d’afflictions passagères, mal étrange la rongeant depuis des mois maintenant. Mal qui ne portait pas de nom. Mal que même les médicomages n’expliquaient pas. Mensonge éhonté pour dissimuler l’impensable. Elle était devenue l’une des leurs. « Je te sers quelque chose ? » Question habituelle alors que ses pas prenaient déjà le chemin du salon de réception, distraction comme une autre dans cet espoir un peu fou qu’il fasse exception à la règle. Désir stérile. Rêve sans avenir. Une partie d’elle savait. Elle savait qu’il allait le sentir, le comprendre. Asher l’avait fait. Lugh l’avait fait. Pourquoi pas lui ? Il la connaissait trop bien. Il allait le sentir. La folie continuait toutefois de lui susurrer un scénario alternatif. Réalité où il se laisserait duper. Probablement par la perspective d’un artefact précieux à dénicher, par les effluves du whisky ou encore les restes de térébenthine imprégnant les vêtements portés. « Comme tu peux le voir, j’ai besoin de ton expertise sur un certain nombre d’objets… » Jusqu’à preuve du contraire, rien n’avait changé. La mort de Marcus l’avait simplement laissée avec une quantité d’artefacts importante. Stock qu’elle souhaitait faire expertiser par son ami. Rien de plus, rien de moins.

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Le temps s’écoulait, insatiable, inépuisable, grains de sables dans un sablier sans fond. Sable qui tombe et remonte pour chuter de nouveau. Chronos n’entrevoit pas de fin, seules les créatures mortelles en ont une. Il est encore jeune le lycanthrope, et pourtant, le poids des affaires, des débats stériles et des attaques persistantes à son encontre l’épuisent. Le monde contre lui, lui contre le monde. Il a eu vent d’une loi que souhaite faire passer la ministre de la magie, harpie mesquine. Une loi dont sa jeune sœur lui a parlé et pour laquelle elle semble se battre bec et ongles. Il n’en a pas encore parlé à Lugh, son alpha. Connaitre cette information ne ferait qu’accentuer la rage qu’il ressent déjà à l’intérieur de son être, de sa caboche. Inutile d’accentuer sa violence naturelle avec ce genre de nouvelles. Situation à rire ou à pleurer : un alpha qui en préserve un autre. Lugh avait bien assez à faire au sein du lupanar, Roman pouvait bien gérer tout ce qui s’en trouvait à l’extérieur, plus particulièrement tout ce qui touchait le monde magique, ce monde dans lequel le Greyback se refusait tout particulièrement à évoluer. Pourquoi ? Il n’en savait rien, mais il savait en revanche que Lugh faisait des efforts en ce sens. Lui, il faisait partie de ce monde bien avant d’intégrer celui des Greyback. Là où Lugh se voyait loup avant d’être sorcier, Roman était sorcier bien avant d’être loup. Aujourd’hui, il ne dissociait plus les deux, harmonie au creux de sa chair, de sa caboche. L’animal savait que le sorcier avait besoin de sa magie pour se défendre quand lui ne pouvait le faire. Un commun accord. D’autre part, la bête se manifestait bien assez pour qu’on ne l’oublie pas : dans les grognements, les grondements, le regard étincelant de cette lueur bestiale, dans la stature qu’il n’aurait peut-être jamais acquis sans la malédiction coulant en ses veines. Une contamination qui n’avait pas que de mauvais effets, à bien y songer. Il pouvait se targuer d’une silhouette imposante et de sens un peu plus aiguisés. Pour sûr, l’épouvantable caractère était indésirable pour qui ne savait comment gérer le Borgin. Au moins pouvait-on remercier le ciel d’une chose : Roman ne s’aventurait principalement qu’en trois lieux : sa boutique, sa maison, la meute.

Et parfois, il y avait des exceptions. On le sollicitait pour se rendre dans le pays, où ailleurs, afin d’expertiser un objet, négocier sa valeur, lui vendre d’autres artefacts ou livres susceptibles de l’intéresser. Collectionneur, il se faisait un devoir de se déplacer pour honorer un contrat, parlementer et suggérer ses intentions. Là où Burke était bien mauvais négociant, il se targuait d’un savoir-faire unique en son genre. Ce jour était de ceux-là. Le dong de l’horloge murale vint le rappeler à l’ordre, l’obligeant à lever momentanément la plume de son livre de comptes pour porter son attention vers l’heure. Expiant d’un soupir nasal, il déposa l’outil d’écriture sur le bureau, avant de fermer le carnet, le scellant d’une simple pression de phalanges le long de la première de couverture avant de l’envoyer rejoindre la multitude de livres sur l’étagère derrière lui. Il était on ne peut plus précautionneux avec les affaires de la boutique, presque aussi féroce qu’un parrain de la pègre. Il achève ce verre qui traine sur un coin de son bureau tout en se redressant, domine la pièce par sa simple stature. Il ne prend pas la peine de saluer ses employés, il n’a pas besoin de leur rappeler comment travailler, ni même leur dire explicitement où il se rend. Il n’a de comptes à rendre à personne le lycanthrope, c’est un fait établi depuis bien longtemps. Au lieu de quoi, il fait tinter la clochette de la boutique en s’extirpant de cette dernière, pour mieux transplaner jusqu’au lieu de rendez-vous.

Un manoir parmi tant d’autres, dont il ne manque pas de faire carillonner la sonnette pour signaler sa présence. Il s’attendait presque à ce qu’un elfe lui ouvre, mais la prunelle se voit agréablement surprise d’être accueillie par la dame de la maison elle-même. « Cassiopeia. » qu’il lui répond, les lippes venant s’étirer sous sa barbe taillée. La gestuelle prend le relais, la paume ne se posant pas tout à fait sur l’épaule de la dame, mais les rapprochant suffisamment pour qu’il se permette de la saluer avec le respect qu’il doit à une vieille amie d’enfance – ou presque – au moins ancienne camarade de Poudlard, demeurée dans son entourage malgré le monstre tapi en lui. « Mes condoléances tardives. » qu’il laisse échapper de sa voix rauque, presque trop bestiale. Il ne se remémore pas l’avoir fait cinq mois plus tôt. Cela dit, le veuvage lui va a ravir. Elle ne présente pas l’affliction qui maquille le visage de certaines veuves. Elle le laisse enfin entrer, et c’est avec un naturel déconcertant qu’il se débarrasse de sa veste, la laissant trouver sa place sur le porte-manteau, tandis qu’il suit la maitresse de la maison. Elle dégage un effluve qu’il ne lui connait que trop bien, fragrance subtile qu’il a suffisamment catégorisée comme étant son odeur. Mais il y a autre chose, que l’air qu’elle coupe en avançant lui apporte. Quelque chose qu’il ne lui aurait jamais associé auparavant, un parfum qui fait ouvrir un œil à son loup habituellement tapie dans l’ombre. L’odeur des pins, de la forêt, l’odeur d’un loup… D’une louve. Il hausse un sourcil dans son dos, avant qu’elle ne pose une question qui l’extirpe de ses pensées. « La même chose que toi. » qu’il répond, ayant bien reconnu le liquide ambré. Cette visite sera très certainement pleine de surprise, alors qu’ils pénètrent enfin la pièce où le collectionneur en lui trouvera certainement de quoi ravir son esprit. « Hmm. » qu’il grogne, comme à son habitude, alors qu’il ne manque pas de se mettre à son niveau, le nez venant humer son parfum sans aucune gêne. « Nous parlerons aussi de ce que tu me caches Cass’… » qu’il gronde doucement à son encontre, ses prunelles orageuses ne manquant pas de venir se perdre dans les siennes. « Tu as des tableaux à me montrer. » qu’il assène, laisse de côté la curiosité de son loup, allège certainement l’ambiance qui pourrait se montrer austère. « Voyons-voir cela. » qu’il souffle, se perd déjà dans ses pensées tandis qu’il déambule à travers les artefacts posé nonchalamment. « Voyez-vous ça…  Tu sais que tu as là un bouclier datant de la révolte des gobelins ? On raconte qu’ils les renforçaient avec une magie jusqu’alors inconnue du ministère. C’est fascinant. »

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Rapports sociaux limités au strict minimum, la créature habituée aux événements mondains dégueulant d’une rigueur étouffante s’était soudainement heurtée au silence. Enveloppe épaisse dans laquelle l’affliction bestiale l’avait drapée. Pieds et poings liés, condamnée à sombrer. Plus rien ne serait comme avant. Les interactions teintées de cette bestialité latente, louve tapie dans l’ombre de la conscience, son fiel urticant en guise de rappel de tous les instants qu’elle ne faisait plus partie de l’élite. Illusion que l’encéphale tentait de maintenir en vie, la flamme d’un espoir vivotant dans la carcasse. Mensonges éhontés dont elle alimentait les âmes assez téméraires pour graviter dans son sillage. Distorsions d’une réalité trop douloureuse pour être embrassée. Ils avaient essayé. Sans succès pour l’instant. A l’image de ses expériences aux méthodes douteuses. Autant de tentatives, vouées à l’échec, de revenir en arrière. Trouver une solution. Trouver un remède. Gommer la tare entachant la perfection jadis du liquide carmin auréolé de gloire.

Aujourd’hui encore il lui faudrait faire perdurer le voile de mystères entourant la subite disparition de Marcus et cette mystérieuse affliction ayant plongé l’enveloppe dans les affres d’une souffrance que rien ne semblait à même d’apaiser. La magie noire en excuse aisée. L’éternelle maladresse couplée à une bonne dose de stupidité pour explication irréfutable. Tour de passe-passe à la facilité déconcertante. Du moins en apparence. Chaque mensonge en épine de plus se logeant dans le myocarde, certaines échardes se paraient de venin. Faiblesse constante. Attaques pernicieuses à cette conviction qu’elle avait toujours pensé à toutes épreuves. Aujourd’hui encore l’illusion promettait un nouvel affaiblissement. Doutes férocement muselés, relégués au fond de la caboche tandis que l’épaisse porte laissait apparaître l’imposante carrure de son ami qu’elle salua avec le même entrain qu’à l’accoutumée. Ne surtout rien laisser paraître. Nouveau mensonge cette fois-ci administré en intraveineuse pour apaiser le trouble intérieur qui grondait. A ses condoléances, banal geste de la main en réponse, une brève inclinaison du minois finissant de ponctuer cette convenance. Formalité à laquelle l’héritière rechignait de plus en plus à se plier, le deuil n’ayant jamais réellement imprimé sa domination sur le masque du moins pas en dehors des cadres appropriés. L’entendre de la bouche de Roman revêtait un caractère inédit, presque trop conventionnel pour qu’il semble approprié. L’ombre d’un doute s’infiltrant dans la caboche, éventualité qu’un polynectar dissimule un tout autre personnage sous les traits si familiers du loup… Non. Peu probable… Quoique… Le démon Deimos pourrait aisément s’abaisser à pareille supercherie. Changement de registre suffisamment inédit pour lui causer de nouveaux tourments plus pernicieux que les poings dont il usait avec une facilité déconcertante.

Pas un regard lancé dans sa direction, l’habitude qu’il puisse arpenter les lieux en guise d’explication à l’abandon de ce rôle de maîtresse de maison tant méprisé. Le cristal orné des reflets ambrés épicés tendu à son visiteur et ami de longue date, la louve préleva une gorgée de la liqueur avant de lui désigner d’un geste évasif de la main la raison de sa présence ici. Grondement en alarme tonitruante de la menace pointant le bout de son museau, l’instinct semblait prendre le relais. Feindre la surprise, dissimuler cette appréhension venue gratter la confiance d’ordinaire si simple à afficher. Ils se connaissent depuis trop longtemps. Ses sens lupins la connaissaient intimement. A l’image d’Asher, de Lugh et de Gabriel, Roman avait dû le sentir. Cette note plus sauvage. Le caractère bestial teintant l’effluve de la carne. Pourtant, l’espoir continuait de distiller sa folie. « Tout est là Roman… » Simple remarque. Décontraction d’apparat alors qu’elle prenait place sur le canapé de velours faisant face aux imposantes caisses destinées à son inspection. Il en allait de sa survie, du maintien vital des apparences, de l’illusion qu’elle n’était pas devenue un de ses semblables. Ichor inaltéré, pureté jalousée. Une fois de plus les lippes se portèrent au contact du liquide, sève brûlante anesthésiant les sens en émois face au danger qu’elle pouvait sentir enfler. Maigre tentative de se voiler un peu plus la face.

Les prunelles accrochées à l’imposante carrure de l’expert, la louve laissa cet ami débuter le travail justifiant sa présence au manoir. Dans un arc tout juste intrigué, le sourcil se dressa à l’annonce formulée. Rien qui n’anime sa curiosité, rien qui ne parvienne à faire jaillir la flamme de l’enthousiasme. Bien trop habituée aux longues leçons d’histoire dont Marcus l’avait abreuvée, le pragmatisme s’imposait. « Vraiment ? Y a-t-il une utilité à ce bouclier ou c’est juste devenu une pièce de collection ? » Son défunt époux et sa fâcheuse tendance à dilapider leurs gallions pour enrichir sa collection personnelle de babioles en tout genre. Masturbation intellectuelle. Masturbation sociale nourrissant encore l’exaspération profonde de l’héritière. « Sincèrement, à moins que tu tombes sur des artefacts avec lesquels je pourrais m’amuser, je te fais un prix pour le lot et on en parle plus… » Un sifflement réprobateur ponctua ses propos, le faciès disgracieux de l’elfe toujours fidèle à son maître épiant depuis le couloir les deux sorciers. « Βγες έξω ! » Dégage ! Ordre grondé par la louve dont le courroux explosif semblait poindre le bout de son museau, enveloppant la mélopée exotique d’une bestialité à peine contenue. Barrière de la langue si aisée à percer que la créature disparut dans un craquement sonore, l’héritière pouvant rediriger son attention vers Roman non sans qu’un soupir ne soulève la carcasse. « Marcus avait tendance à accumuler des pièces historiques sans réel intérêt magique. Je vais enfin pouvoir libérer de l’espace. » En plus de se débarrasser de l’ignore elfe de maison qui s’était imposé dans la demeure…

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Il n’était pas de ceux qui s’intéressent aux autres, pas tout à fait égocentrique, mais pas non plus sociable. La tendance avait pour habitude de le laisser arpenter son bureau, à faire les cent pas tout en tenant un livre de compte, ou un grimoire nouvellement acquis. Il oscillait dangereusement dans cette solitude, entre boutique et demeure tout juste retapée de ses mains. Il ne laissait pas grand-monde approcher. L’apanage des lycanthropes que de se draper d’un manteau de rejet envers la communauté qui ne soit pas lupine, afin d’éviter les mauvais regards ou de trop s’attacher. Même ses amis autrefois les plus proches avaient fini par plier face à cette routine. Il vieillissait le vieux bougre de loup, et le caractère n’allait pas en s’améliorant. Son loup intérieur aspirait à s’appareiller avec son âme sœur, et l’humain, lui, tenait justement à n’en avoir aucune. Nulle famille qu’il pourrait blesser. C’était sans compter sur son employée qui faisait des pieds et des mains pour le pousser dans ses retranchements et l’inciter à la voir comme une femme potentielle. Il la blessait un peu plus chaque jour, mais Roman n’était pas réputé pour être un homme doux. Plus personne ne s’en offusquait réellement. Les seuls qui pouvaient encore entrevoir une personnalité agréable n’étaient rien de moins que des membres de la meute Greyback, ainsi que ses plus vieux amis, dont la Rowle faisait partie. N’en demeurait pas moins qu’il veillait à ne jamais trop approcher ces derniers, marquant un réel fossé entre eux et lui. Une fois encore, instinct de préservation, plus pour eux que pour lui. Il était, après tout, réputé dans la meute pour laisser trainer ses crocs un peu trop facilement lors des nuits de pleine lune.

Et pourtant, le voilà bien ravie de retrouver la frimousse accompagnant ses jeunes années, la Medusa de Georgie, la partenaire de bien des travaux d’astronomie et autres matières parfois trop ennuyeuses. Ils avaient bien vieilli depuis cette époque, et la logique aurait voulu qu’ils soient tous deux à évoquer les prouesses de leurs rejetons. Ni l’un ni l’autre n’en étaient dotés. Lui n’en voulait pas, ou tout du moins, en aurait voulu, si les choses s’étaient avérées différentes, si la lycanthropie ne sinuait en ses veines. Il ne souhaitait infliger cela à personne, héritage grotesque et égoïste. Pourtant, il adorait les gamins. Il lui arrivait parfois d’être le conteur autour d’un feu, d’être le loup des jeux. Même son animal intérieur ne pouvait feindre l’intérêt porté à la progéniture des autres, envieux certainement… Hélas, Roman s’interdisait bien des choses, de vivre notamment. Pour ce qui était de Cassiopeia, les choses étaient certainement différentes, peut-être n’en voulait-elle pas. Toutes les femmes ne désiraient pas être mère, et c’était un choix qu’il respectait, bien au-delà des conventions sociales. Certaines femmes étaient faites pour d’autres aspects de la vie. Cela dit, maintenant qu’il était entré dans la bergerie, il se devait de reconnaitre la fragrance qui était tout, sauf celle d’une innocente agnelle. C’était subtil, mais reconnaissable pour un connaisseur, le faciès qui se fait pensif, avant de secouer négativement le dernier. Il n’en était pas responsable cette fois. Le rabatteur de la meute le lui aurait fait savoir auquel cas. Sa dernière victime était moldue. Connaissant la veuve devant lui, ce n’était certainement pas de gaieté de cœur qu’elle avait rejoint les maudits lupins, et ce n’était certainement pas lui qui allait lui en vanter les avantages.

Récupérant doucement le verre au liquide ambré, il en préleva une gorgée avant de le poser dans un coin, s’intéressant à tout ce dont elle semblait vouloir se débarrasser, comme un tri dans sa vie. Les veuves aiment rarement conserver les affaires de leurs époux. Trop de souvenirs… ou de désintérêt. Il penchait vers la seconde option, vu le désintérêt porté. Elle n’était pas une grande férue d’Histoire, dans leur improbable duo, c’était lui qui y trouvait un certain intérêt, agrémentant leurs devoirs de diverses anecdotes qui leur avait souvent porté un Optimal ou Acceptable. Mais force était de reconnaitre que la collection de son époux était impressionnante, conséquente. Il eut un rire amusé tout en reposant le bouclier de gobelin dans un coin, passant à autre chose. « Essaie de le revendre à un Gobelin, lui y trouvera forcément une utilité… ou au moins un honneur à récupérer le travail prodigieux de ses ancêtres. » Attrape des gants dans ses poches avant de les enfiler, pour mieux attraper un médaillon qu’il inspecte avec attention, extirpe une petite loupe de son autre poche, fait tourner divers crochets pour s’intéresser de plus près aux détails du bijoux. « Hmm. » grogna t’il un instant avant de revenir à son hôtesse. « Dis-moi ce que tu entends par t’amuser, et peut-être que je trouverai ici de quoi te régaler. » qu’il souffle à son encontre, avant de s’intéresser de nouveau au bijou. « Je ne vais pas te faire l’affront de prendre un prix de gros et te voler Cass’, je prendrai le temps d’estimer tes objets… » qu’il rétorque, avant d’hausser les sourcils sous le fiel à l’encontre de l’elfe de maison. Ce n’est pas tant l’agacement perçu dans ces simples mots que le grondement de la louve qui cette fois, oblige le sien à se lever. Il repose bien évidemment le médaillon, avant d’enlever ses gants, les déposant dans un coin avec sa loupe, se dirigeant vers la nouvelle membre du club peu sélect. Il se dirige vers elle, la maitresse de maison, s’agenouillant face à elle tout en attrapant délicatement son menton entre ses paluches rugueuses. Prunelles qui se noient dans les siennes, à la recherche de sa louve peut-être. « Qui t’as fait ça Cassiopeia ? » Il ne peut pas feindre plus longtemps, le vieux bougre, pas alors que son instinct d’alpha protecteur est éveillé. « Depuis quand hurles-tu à la lune ma douce ? » qu’il continue, son pouce dérivant délicatement sur la lèvre inférieure de la blonde, délicat. Il est de son devoir d’accompagner les jeunes loups. Et s’il en oublie certains… comme les chasseurs moldus mordus… Les autres n’ont jamais eu à se plaindre de ses soins.

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La perfection en fil rouge d’une éducation à l’assise impitoyable sur la carcasse, les leçons avaient été distillées dans la souffrance tant psychologique que physique. Offrir l’illusion au monde que rien n’était à même d’atteindre le masque de marbre aux traits angéliques. Enveloppe enchanteresse d’apparence irréprochable. Sombre fumisterie qu’elle s’évertuait à perpétuer, l’ombre du paternel planant encore. Celle de Deimos en bras armé, chien féroce s’évertuant de faire respecter les enseignements cruels de leur géniteur. Théâtre des apparences risible, presque grotesque maintenant qu’elle était devenue l’esclave d’Hécate. D’un maître à l’autre. Enfant de l’un pour passer dans les bras d’une autre. Cruelle appartenance. Soumission forcée. Torture mensuelle plus éprouvante que tous les sévices du père. Le statut du sang perdu, l’espoir d’une descendance sauvagement lacérée, l’exclusion sociale qui guettait au moindre écart commis… L’obsession de maintenir le voile de ses mensonges se faisait toujours plus pressant, déni orchestré par l’encéphale pour ne pas sombrer, ne pas aggraver le tourment de tous les instants, la bataille enragée contre la louve qui hurlait sa volonté d’exister.

Un défi de taille face à ce loup si familier qu’elle avait littéralement invité dans son antre. Possédait-il les mêmes capacités que le Greyback ? Serait-il à même de la sentir ? De déceler ce subtile changement en elle ? Le conflit interne qui faisait rage entre louve et sorcière ? Était-ce là l’apanage des Alphas seulement ? Les interrogations en suspens, l’illusion devait perdurer. Le masque de la perfection si habilement revêtu, simple héritière fraîchement endeuillée, l’habitude des négociations autour de pièces historiques et autres artefacts de valeur comme couverture. Rien qui ne sorte de l’ordinaire pour eux. Rien qui ne pourrait soulever les soupçons. Sa remarque savamment éludée par la désignation des caisses peuplant le petit salon, l’enveloppe s’échoua sur l’étoffe du divan. Tempérance dans les gestes pour ne pas enivrer les sens trop brutalement. Le besoin de cette torpeur salvatrice freiné par l’obsession de garder encore le contrôle. Lutter un peu plus longtemps contre la louve pour ne pas avoir à éveiller les soupçons du loup. L’ambre liquide aurait tout le temps de venir endormir les sens une fois que la solitude aurait repris ses quartiers.

L’expert affairé à inspecter le premier objet tombant sous la corne de ses paluches, la maîtresse de maison laissait les pensées divaguer. La prison de ces murs loin derrière elle, perspective réjouissante de retrouver l’immensité sauvage ponctuée par l’adrénaline d’une traque… Divagation éphémère dont le timbre rauque de l’ami l’extirpa. A son interrogation formulée, la réponse lui fit froncer le museau. La simple idée de devoir subir la présence d’un Gobelin réveillait un puissant sentiment de révulsion, inimitié exacerbée par la louve grondant sous les côtes. « Je préfère te laisser cet honneur s’il t’intéresse… » Ou le bouclier finira bazardé dans un coin avec les autres bibelots dont Marcus avait jugé bon de les encombrer. La proposition faite de lui céder le tout semblait plus adéquate, une proposition visiblement que Roman était peu enclin à accepter. « Des artefacts à l’utilité pratique ou suffisamment imprégnés de magie pour que je puisse en faire quelque chose… Pour le reste je te le confie avec plaisir pour que tu l’expertises et revende ce qui peut l’être. » Des propos visiblement source de dissension au sifflement qui émana  de l’ignoble créature dont elle avait hérité au « tragique » décès de son époux. Invective grognée. La louve réveillée par cette incursion surprise. Si l’elfe avait aussitôt disparu, elle pouvait sentir la présence de la bête grattant avec véhémence sous le derme. Brève tentative de distraction de la sorcière. Illusion qu’elle pourrait continuer de le duper, passer outre les soupçons pesant sur la frêle carcasse. Grave erreur. Une nuance venait teinter ses gestes. Désintérêt porté au bijou. Les instruments d’inspection posés, l’attention portée sur elle. Elle avait commis une erreur. Grave erreur. Fuis ! gueulé par la sorcière. Cri de panique résonnant dans les recoins de l’encéphale. Alarme tonitruante se heurtant à la paralysie de la carcasse. Gamine au désarroi palpable, condamnée au silence par la bête alors que les orbes guettaient le loup en approche.

Elle pouvait la sentir sous la surface. Rien à voir avec Lugh. Plus doux qu’avec Asher. L’appel moins viscéral qu’avec Gabriel. La louve semblait ployer face à Roman. Reconnaissance intime, déférence de circonstance. Les armes étaient jetées au sol, inutile de lutter, pas face à lui, pas face à l’ami. Le myocarde se noua à la douceur échouée sur sa carne. Tendresse éphémère, rappel cruel de la violence ayant déteint sur son quotidien ces derniers mois. La culpabilité rongeait sa chair à la première interrogation formulée. Sa faute. Trop têtue pour ne pas l’écouter. Trop blessée pour laisser couler. Trop férocement attachée à cet autre pour comprendre ses mensonges et accepter un nouvel éloignement. Une fois de plus elle l’avait poussé à bout, elle avait provoqué l’affrontement, s’était littéralement jetée dans la gueule du loup. Les lagunes se détournèrent, honteuses. L’abîme froissé, elle ne méritait pas ses gestes, elle ne méritait pas sa clémence.  « Je n’étais pas au courant… C’était un accident… » Simple mention. Rien de plus. Rien de moins. Juste ces quelques mots laissant peser le poids de son intime accointance avec le loup ayant offert la malédiction. La simple idée de prononcer son nom lui arrachait la gargue. Trahison sonore. Accusations alors qu’ils semblaient enfin parvenir à retrouver un semblant de normalité dans leur relation. Une douceur trop longtemps écartée, polluée par le fiel que lui inspirait sa louve. Le son restait donc là, cloîtré dans l’oesophage, maintenu par la barrière des canines serrées. Protection féroce. Fidélité à toutes épreuves. « Six mois… » Souffla-t-elle enfin alors que les lagunes revenaient se plonger dans ses prunelles. Le deuil se lisait sous la marbrure du masque. Celui de sa vie passée, celui de son statut si longtemps adulé, celui imposé par les crocs de Gabriel ayant ôté l’embryon de vie qui plus jamais n’arrondirait le ventre, celui de cette condition dont elle ne parviendrait à s’extraire… L’ichor a jamais teinté par la louve. Les mutations en rythme imposé par la course céleste éternelle d’Hécate. Cohabitation encore conflictuelle. Le secret si jalousement gardé. Un profond soupir s’échappa de ses lippes comme pour dénouer le noeud venu alourdir le myocarde. La carcasse s’anima enfin alors que le besoin de s’éloigner devenait viscéral. L’amertume des confessions apaisée un instant par le liquide avalé d’une traite. Cristal vidé aussi vite rempli, les lippes s’y trempant avec avidité avant que le regard ne revienne se poser sur la silhouette du loup. « Asher et Lugh sont au courant… » Précision jugée nécessaire alors que son bras droit venait enserrer sa hanche gauche. Contact à travers l’étoffe de la marque laissée en héritage, vulnérabilité dégueulée par les gestes, par le lent déclin de l’étincelle animant d’ordinaire les orbes céruléennes.

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Professionnel jusqu’au bout de la griffe, le lycanthrope. Son pater lui a inculqué de ne jamais rien laisser au hasard, de tout examiner à la perfection pour ne pas être perdant, ni même flouer le vendeur. Le commerce est une affaire de confiance qui se créé. Un acquéreur qui n’a pas confiance en son vendeur ne permettra pas le profit. La réputation de la boutique était en jeu, la réputation de la famille, bien plus encore. Plus encore, la sienne propre. Cassiopeia était une amie, il n’allait certainement pas viser l’escroquerie pour la contenter dans son désir de se débarrasser au plus vite de ses objets, aussi peu attrayants soient-ils pour elle. Il prendrait son temps, cela leur permettrait de surcroit de passer un peu de temps ensembles, eux qui finalement, ne se voyaient plus tant que cela. La faute à personne, les aléas de la vie, des disparités sociales, des caractères respectifs. Borgin était un solitaire à beaucoup d’égards, préférant s’enfermer tantôt dans son bureau, tantôt dans sa maison, qu’il retapait à l’ancienne, sans l’aide de magie aucune. D’aucun diraient qu’il fuyait le monde. Ce n’était pas totalement faux, pas totalement vrai non plus. Son statut de créature magique n’était un secret pour personne. Il était l’être honni, il ne faisait rien pour arranger la situation. Sa cadette avait beau s’évertuer à faire changer la constitution à ce sujet, il n'accordait aucun crédit à cet espoir. Il était le monstre du placard, sous le lit, tapie dans l’ombre. Au moins, il avait la paix dès lors qu’il laisser échapper un grondement digne du monstre qu’il était persuadé d’être. Rares étaient les élus qui pouvaient le voir pour ce qu’il était tout de même pour moitié : un être humain. Laissant échapper un petit rire amusé, il eut une légère pensée au sujet du bouclier, avant de finalement hocher la tête. « Je crois que je connais justement un vieux gobelin collectionneur qui serait ravi de pouvoir t’en débarrasser. » Extirpant finalement un carnet de sa poche, ainsi qu’un crayon, il s’en vint déjà noter un prix pour ledit objet, avant de le poser dans un coin pour continuer son inspection. Il doutait de pouvoir répondre à sa requête, cela dit, sans avoir tout inspecté… Un travail qui lui prendrait certainement plus que quelques minutes…

… qui pourtant fut interrompu par la conviction d’un changement déjà pressenti. Il était un alpha, il était capable de reconnaitre un loup quand il en côtoyait un. Une louve quand elle était proche. Elle avait réussi à le duper pendant un petit temps. Activité mise de côté alors qu’il s’approche et marque pleinement sa place de leader-né. Même si elle le voulait, elle ne pourrait pas le rejeter, le jeter dehors. Son propre loup n’accepterait pas qu’on tente de le dominer. Des mots qui s’égarent, et il commence à comprendre. Le grand mensonge de la vie d’un loup, la nécessité de préserver le secret honteux. Tous ne sont pas des Greyback qui assument leur vie dénuée de civilité. Roman le premier. Il était un sorcier, sorcier bien avant d’être loup, né dans une famille lambda. La lycanthropie n’était pas un cadeau, n’était pas un don… ce n’était rien de moins qu’une malédiction détruisant la moitié de l’être humain né, imposant un animal difficile à comprendre, à accepter, à gérer. C’était une part sauvage dans un monde pourvu de civilité. « Hmm. » Fut tout ce qu’il trouva à dire. Tôt ou tard, l’information suinterait. Tôt ou tard, le nom du responsable serait dévoilé. Et quoi ? S’il s’agissait d’un Greyback, ce n’était pas son rôle de le punir pour ce manquement. D’ailleurs, personne n’était jamais vraiment puni dans cette meute : plus ils étaient en nombre… Lui-même n’était pas innocent. Il aurait très bien pu être le responsable. Ce n’était pas pour rien qu’il refusait de s’attacher à quiconque, qu’il refuser de la laisser entrer d’un autre pas dans sa vie. C’était tout ce qu’il pouvait faire pour la préserver : la regarder de loin, sa précieuse Miss Crabbe. Goûter à la saveur de son fiel frustré et se noyer dans un désespoir salvateur. Elle finirait par se détourner de lui. Il le fallait. Mais il revint à elle, la blonde nouvellement louve. Six mois. « Pourquoi n’es-tu pas venu me trouver ? » Interrogea-t-il, curieux, avant d’entendre sa réponse sous son éloignement. Bien sûr, Lugh était au courant, Lugh était au courant pour tous les nouveaux loups. Soupir d’entendement, alors que lui-même se redresse pour reprendre sa comptabilité. Il est bien plus doué avec les chiffres qu’avec les évènements sociaux. « Je suppose qu’ils t’ont proposé d’intégrer la meute Greyback ? » Le contraire aurait été étonnant. En tant que bêta pourtant, il aurait dû être au courant de cette décision… Ou personne ne l’avait encore fait ? Froncement de sourcils, alors qu’il porte son regard sur un nouvel objet, reprends son carnet et griffonne. Il peut le sentir en lui, ce loup à l’attention d’ores et déjà captivée.

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Les gestes du Borgin en hypnose de l’encéphale, l’attention se dissipait, divaguant ça et là en autant d’accroches éphémères. Excuses idéales pour ne pas s’attarder sur la succession d’événements ayant conduit le loup à fouler son plancher, à minutieusement détailler le contenu des caisses remplies des possessions du défunt époux. Rien n’aurait pu emmener Marcus à souhaiter se délester de son imposante collection. Pas même tout l’or de Gringott n’aurait été à même d’acheter les années de dur labeur passées à dénicher ces pièces auxquelles la jeune louve n’accordait pas l’ombre d’une curiosité. Les sombres parois mornes du manoir en musée vivant si souvent délaissées, une antre lugubre jamais perçue comme son foyer, bientôt elle n’aurait plus de réel intérêt à le garder. Demeure acquise par le précédent époux, depuis toujours boudée par le futur conjoint. Seul le besoin de préserver un semblant de bienséance pour les vautours gravitant autour du théâtre d’illusions si férocement maintenu par la Rowle lui ferait garder possession des lieux. Perspective réjouissante lâchée par l’ami pour la débarrasser d’un premier élément encombrant, artefact gobelin qui plus est, le cristal se délestait de l’ambre en teinte liquide. Traînée de feu laissée dans la gargue venant bien vite cracher son fiel bestial à l’encontre de l’importun. Il allait falloir s’occuper de son compte à celui-là. Brève accrochage éveillant le loup chez son visiteur.

Des confessions imprévues, offertes sciemment. La volonté vivace de ne pas venir ternir leur amitié par un pareil affront. Point de mensonges entre eux. Encore moins quand il était à même de sentir les grondements perclus dans l’étau de la gargue. Rouspétances en éternel écho, l’agitation écartelait l’abîme d’un chaos devenu torture de tous les instants. Pas même lui et sa présence apaisante ne semblaient à même de pouvoir l’apaiser, imposer tempérance chez celle qui ne réagissait que face à son créateur. Son identité gardée encore secrète pour l’heure, excuse répétée encore et encore dans un besoin viscéral de ne pas lui causer plus de problèmes qu’il ne s’en attirait naturellement, l’enveloppe préféra fuir sa proximité. Elle ne méritait pas sa douceur. Elle ne méritait pas sa clémence. Les mots s’arrachaient aux vermeilles en nouvelles fractures, lacérations béantes laissées dans l’âme encore endeuillée. Un maigre rictus emprunt de mélancolie vint ourler les charnues, les lagunes se détournant honteuses. Le sentiment destructeur de l’avoir trahi, de ne pas avoir été digne de leur amitié pourtant vivace malgré les aléas de leur existences respectives. Distance qui n’en avait que le mot sans que l’affection n’en soit diminuée. Distance imposée par les occupations, les préoccupations et cette honte portée si durement par la carcasse. Les prunelles retenaient ses eaux éternelles, féroce besoin d’apparaître forte, de ne pas céder au tourment qui rugissait encore sous les côtes. La louve rouspétait. Elle déchiquetait dans un inlassable ballet le délicat tissu des pensées se parant de noirceur. Entente entre les deux entités éternellement menacée, apaisement simplement gagné quand le cadet Lestrange naviguait dans son sillage. Même avec lui la tâche n’était pas aisée encore moins depuis que leur relation s’était nuancée de ces épanchements lubriques inédits. Le silence s’abattait telle une chape mortifère. Lourdeur assourdissante dans laquelle l’écho des reproches ricochait inlassablement, intensifiant l’amer constat. « Crois-moi, tu préfères que je ne sois pas venue te trouver… » Faible souffle douloureux s’arrachant de la paroi épineuse de la gargue, les lagunes s’évertuaient à lui échapper, fuite physique aussi bien que psychologique, la louve rouspétait à asseoir sa totale hégémonie.

A la supposition, un bref reniflement amusé vint échapper instinctivement à la carcasse. « Pas officiellement, non. » Peut-être. Peut-être pas. Elle n’avait pas voulu l’entendre si cela avait été le cas. Engluée dans le déni, immobilisée dans ce conflit déchirant, l’héritière Rowle s’interdisait à pleinement admettre et reconnaître que plus jamais elle n’aurait sa place dans l’arbre généalogique si souvent admiré dans le petit salon feutré du géniteur. Chêne aussi bien maudit qu’adulé, les lagunes s’y étaient si longtemps attardées. Elles y avaient à tant de reprises déployé leurs eaux sous les éclats de fureur du père. Pourtant, l’âme refusait de s’y résoudre. Elle refusait d’admettre y avoir perdu sa place au profit du Démon. Un bref soupir vint relâcher la tension emprunte dans la chair, les griffes écoulant l’ambre épicée dans son cristal désespérément vide. « Asher n’en a jamais fait mention. Il essaie de m’aider comme il peut bien que je ne lui ai jamais vraiment facilité la tâche jusque là… J’ignore l’ampleur de la dette qu’il a à éponger mais ça doit être un sacré morceau ! » Fausses traces d’un amusement en masque appliqué sur le marbre. Pour ne pas admettre qu’elle avait besoin d’aide. Pour ne pas avouer qu’elle était perdue. Pour ne pas faire comprendre que vomir sa rage était plus simple, que repousser les êtres aimés était moins douloureux sur l’instant. Illusions de l’esprit quand les gestes parlaient pour elle, quand le dur retour à la réalité l’écrasait d’un accablement bien plus terrible. « Quand à Lugh… Disons simplement que je me serais bien passée de le croiser… » Simple évidence formulée face à l’inimitié ayant depuis toujours gangréné les échanges des deux êtres. « Je te fais confiance pour ne pas l’ébruiter… » Les lagunes se déportèrent enfin sur le loup, océan orageux laissait percevoir son trouble interne. « Idéalement j’aimerais que ça ne se sache jamais… » Caprice enfantin en nouvelle excuse pour ne rien faire, pour ne pas que son existence se nuance de cette nature si violemment rejetée par la conscience. « Enfin, jamais c’est terriblement long, peut-être même trop long. » Bref souffle s’échouant contre le cristal qu’elle délesta d’une gorgée. « Je sais que ça n’est que repousser le problème et stupide de ma part de m’y raccrocher mais… Je préfèrerais contrôler l’instant où ça finira par se savoir. » Au moins était-elle lucide quand au fait que pareilles révélations trouvaient toujours le chemin de la vérité.

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