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une musique accompagne le poème

Ma chère Mary, je parle de toi, parce qu'avec tes jolies soies, tes superbes satins, tu fais de mes matins des bouquets de roses...

Ma belle Ministre, je chante pour toi, pour que dans dix mille ans de ça, on se retrouve toi et moi, sous un ciel aussi joli que des milliers de roses...

Je viens du ciel et les étoiles, entre elles ne parlent que de toi, d'une écrivaine qui fait jouer ses mains sur un morceau de soie, de leur histoire plus belle que le monde autour...

Ma chère Mary, je t'attends transie et toi, tu ne me vois pas. Le vent de la nuit froide me renvoie la ballade qu’un gobelin déclame pour toi...

Ma douce Ministre, tu dis que la vie est comme les bagues à tes doigts, sublimes et luisantes, et mes poches sont pleines, tout comme les tiennes, mais nos mains ne se touchent pas…

Dans la pénombre de nos vies,  ma chère Mary, me vois-tu ? Je ne vois que toi, ma douce amie...

Dans la pénombre de nos vies, ma chère Mary, m’admires-tu ? Je n’admire que toi, que ton style…

Très chère Mary,

J’imagine déjà ta surprise en voyant cette lettre et ton envie de la jeter dans le feu, mais si tu as finalement décidé de la lire, je t’en remercie. Je sais, j’aurai dû écrire avant. Sans doute même, te parler de vive voix, surtout quand on sait les conditions dans lesquelles nous nous sommes quittées. Je n’ai pas d’excuse et je ne te ferai pas l’affront de te demander de me pardonner. Tu sais, je crois, aussi bien que moi, que si une situation similaire se produisait à nouveau, je choisirai Dolores, toujours. Elle est ma fille, ma priorité et je pense, je me permets même d’affirmer que tu comprends et que tu ferais la même chose avec Meredith.
Cependant, je n’ai pas été correct et je regrette autant notre dispute que les raisons de notre rupture. Je ne me cherche pas d’excuse, je suis conscients que j’aurai pu agir différemment et que j’ai laissé mes émotions me submerger, seulement, j’avais si peur de perdre ma fille, qu’il lui soit arrivé malheur, que j’ai perdu toute faculté de réfléchir. Nous n’aurions pas du nous disputer, je n’aurai pas du avoir des mots aussi durs, mais ce qui est fait est fait et je ne peux pas revenir en arrière. Notre histoire est terminée et j’en garde un goût amer. Pourquoi ? Parce que tu étais une belle histoire, quelque chose de précieux, auquel je tenais réellement, mais nous n’avions malheureusement pas le contrôle sur tout et certaines choses nous ont dépassé. Je crois que la pression de nos fonctions mutuelles ont joué un rôle dans la fin de notre couple, autant que le drame qui s’est produit lors de la St Godric. Sache cependant que je chérirai notre relation et ses souvenirs, elle m’est précieuse autant que tu as pu l’être, autant que tu l’es encore.

Je ne te souhaite rien de mal, que de bonnes choses car je pense Mary, que tu es une belle personne, qu’importe ce qu’autrui peut en penser, qu’importe l’opinion public et la presse qui ne font que te critiquer et te dépeindre comme une harpie, je sais que tu es toute autre et que tu penses au bien de la communauté sorcière avant tout.
J’ai également conscience que tu n’as pas apprécié, j’imagine, ma démission auprès du département de la justice magique et de la fin de l’ensemble de mes fonctions auprès du ministère magique. Ce n’est pas de ta faute et je n’ai pas fait cela pour éviter de te voir. Mon exil m’a changé et pour être tout à fait honnête, je suis en colère. Pas contre toi, mais contre les magistrats, contre les directeurs, contre tous ceux qui ont acté mon exil pour avoir abandonné mes fonctions. Je comprends la nécessité d’une sanction, j’ai fauté, mais j’ai fauté pour mon enfant, pour ma fille unique. Quel père, quel parent, n’aurait pas fait la même chose ? Comment aurais-je pu revenir, après des mois où on m’a éloigné de ma famille en me donnant une mission qui m’a fait parcourir les pays de l’Est jusqu’en Transylvanie ? Tu me connais, si j’étais revenu, j’aurai forcément éclaté, comme une bouilloire sur le feu, j’aurai explosé et j’aurai pu écraser mon poing sur le visage d’un de ces veracrasses.
Pour moi, pour la carrière que j’ai eu et tout le temps que j’ai donné auprès du ministère, de ce qu’il représentait, pour ma vie que j’ai failli laisser aussi il y a des années, je me suis senti trahi par le ministère et par tous ces hypocrites en costume. Alors je ne voyais qu’une porte de sortie, démissionner. Encore une fois, cela n’a rien à voir avec toi. Cette décision a été motivée par les raisons cités précédemment et aucun cas liée à notre rupture.

Comme tu le sais, je connais les rouages du ministère, je connais la position qui est tienne, ce que tu peux faire, ce que tu ne peux pas faire. Tu es la ministre de la magie et tu es souvent bien plus soumise à ta position que décisionnaire. Tu ne disposes pas des pleins pouvoirs Mary, j’en ai bien conscience et je suis persuadé que tu étais contre mon exil. Beaucoup pensent à tord que tu peux tout faire, que d’un simple claquement de doigts, tu peux faire la pluie et le beau temps, mais ils se trompent lourdement. La grande majorité des gens, ma fille compris, n’ont pas la moindre idée de la place qui est la tienne.
À ce sujet, je te présente également mes excuses pour Dolores. Je sais qu’elle a également claqué la porte du ministère, décidément, c’est de famille… Et qu’elle n’a peut-être pas été très tendre avec toi. Ne lui en veut pas, s’il te plaît, elle est jeune, encore immature parfois, comme nous l’étions à son âge.

Pour terminer cette lettre, bien plus longue que je ne l’aurai imaginé, comme quoi, je suis bavard à l’écrit, qui l’aurait cru ? Pas moi.
Je te demande de faire attention à toi. Je n’ai pas le droit de faire cela, mais je me donne l’autorisation. J’ai vu l’arrivée de la Manitou Suprême par le biais de la presse et j’imagine bien que tu n’apprécies pas. Fais attention à toi Mary, on veut faire tomber des têtes et la tienne en premier, selon moi. L’arrivée de cette sorcière n’est pas anodin, elle est ici pour ça, pour t’évincer et cela a déjà commencé. Tu dois rester prudente, agir avec réflexion, faire attention à la moindre apparition publique et t’entourer de gens de confiance. Nous savons qu’ils se compteront sur les doigts d’une seule main, mais ne cède à aucune colère ou acte irréfléchi, ne fais pas comme moi. Ils ne te le louperont pas.

Mon encrier est presque vide, je crois que c’est le signe que je dois achever cette lettre de plusieurs pages.
Mary, ma très chère Mary, prends soin de toi et de ta famille, de ta fille Meredith et de tes proches. Les prochaines semaines seront décisives et pour ce que cela peut valoir encore aujourd’hui entre nous, tu as tout mon soutien, j’ai confiance en toi. De nous, je ne veux garder que les doux souvenirs, nos éclats de rire, nos tendres moments, comme un trésor ô combien précieux.

Affectueusement,
Ronald.